Revoir le globe
|
Le Centre Historique
(Cordoue, Andalousie, Espagne) |
|
Vendredi 21 novembre 2014
Cet article est consacré aux incontournables dans le centre historique de Cordoue. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le centre historique de cette ville est l'un des plus grands d'Europe. En 1984, l'Unesco inscrivait la Mosquée-Cathédrale au patrimoine mondial, avant d'en faire autant, dix ans plus tard, pour la plus grande partie de la vieille ville. On ne la présente plus tant elle est exceptionnelle : la Mosquée-Cathédrale est l'endroit qu'il faut visiter en priorité, une fois sur place. Ancien temple, puis église, puis mosquée, avant de devenir cathédrale, avouez que c'est peu commun. L'édifice, qui est le symbole le plus éclatant de la domination musulmane sur notre continent, subira plusieurs modifications après l'érection de la mosquée originelle par Abd Al-Rahman 1er, entre 785 et 787. Certains des aménagements les plus remarquables seront réalisés au X ème siècle par al-Hakam II comme le superbe mihrab (cette niche orientée vers la Mecque) et la maqsura (espace réservé au calife). Après la Reconquête, une cathédrale sera finalement érigée au cœur même de cette mosquée.
Dans le quartier juif, la Juderia, je m'arrête quelques instants pour visiter la Synagogue, librement accessible. Edifiée vers 1315 par Alarife Moheb, elle demeure l'une des trois seules synagogues du Moyen âge qui subsistent en Espagne. L'intérieur de ce cet édifice de style mudéjar est orné d'inscriptions hébraïques et de magnifiques stucs (ci-dessous). Située à moins de 200 mètres de la Mosquée-Cathédrale, c'est aussi l'unique synagogue existant en Andalousie. Après l'expulsion des Juifs en 1492, l'endroit devint un hôpital, puis, en 1588, le lieu de vénération de San Crispin et San Crispiniano, les saints patrons des cordonniers. Elle sera même utilisée comme école. En 1884, alors que des réparations étaient réalisées à l 'intérieur du bâtiment, on découvrit des traces d'écriture hébraïque, ce qui permit, l'année suivante, son classement en tant que bien culturel. L'édifice fut ensuite restauré à plusieurs reprises, grâce, entre autre, à l'architecte Don Felix Hernandez (en 1928), jusqu'à sa réouverture au public en 1985, à l'occasion du 850 ème anniversaire de la naissance de Maimonides, rabbin et théologien juif d’Al-Andalous du Moyen âge.
Le palais de l'Alcazar (ci-dessous), nous l'avons vu, est une autre curiosité du centre historique de Cordoue. Erigé par plusieurs rois catholiques, dont Alphonse XI de Castille, cette forteresse servit de résidence à ces rois conquérants durant la guerre contre les Maures de Grenade. Plus tard, l'Alcazar deviendra le siège de l'Inquisition et servira de prison. Situé près du fleuve Guadalquivir, et à quelques minutes de marche de la Mosquée-cathédrale, ce palais-forteresse offre murailles et tours en bon état de conservation. A l'intérieur, on y découvre deux salles (dont une présente de nombreuses mosaïques), des galeries, sans oublier des bains arabes, localisés à proximité du patio mudéjar. Le clou : les immenses jardins agrémentés de sculptures végétales, de bassins et de fontaines, qui rendent la promenade inoubliable.
D'autres bains, qui se trouvaient autrefois à l'intérieur du palais d'Umayyad, attirent mon attention. Je me rends à quelques minutes de l'Alcazar, sur la place Campo Santo de los Martirez, mais ne les trouve pas. En réalité, cet ancien hammam (ci-dessous en photo) se trouve sous terre et l'entrée modernisée banalise tellement l'endroit qu'on peut passer à côté sans même s'en apercevoir. Une fois à l'intérieur, je suis déçu par la présentation de cet hammam qui reflète toutefois la disposition classique des bains romains. Ces derniers ont certes bien conservés, avec leurs salles voûtées et éclairées par des ouvertures en forme d'étoile mais j'ai déjà vu cela ailleurs. Un musée recrée l'histoire sociale et religieuse, et les usages des bains mais de manière trop ludique à mon goût. Je n'y passerai qu'une vingtaine de minutes.
Cordoue dispose bien sûr de musées : le musée archéologique, abrité dans un palais de style renaissance présence pour sa part des antiquité romaines, dont des mosaïques, des poteries et des bas-reliefs, mais également de jolis objets datant de la période islamique. Ce musée changera d'endroit à plusieurs reprises : en 1844, les artefacts des monastères de la cité seront rassemblés au musée des Beaux-Arts. C'est en 1868 que sera créé le musée actuel. Et ce n'est qu'à partir de 1959 qu'il élira domicile sur son lieu actuel. Les musées des Beaux-Arts et Julio Romero de Torres sont quant à eux rassemblés, au même endroit, Plaza de Potro (ci-dessous). Logé dans un ancien hospice de charité, le musée des Beaux-Arts n'est en effet séparé de son voisin que par un joli patio (deuxième photo). Créé en 1844, il abrite des collections d'art baroque cordouan et d'art moderne espagnol. Juste en face, le musée Julio Romero de Torres présente des œuvres de ce peintre connu pour avoir le mieux restitué l'âme de Cordoue et la beauté de ses femmes. N'oublions surtout pas le musée Al-Andalus, qui a déjà fait l'objet d'un précédent article et qui est abrité dans la Tour de la Calahorra (pont romain).
Ce pont romain (ci-dessous) que je franchirai à plusieurs reprises durant mon séjour cordouan fut érigé sur le Guadalquivir, par les Romains, après la bataille de Munda, 45 ans avant J.C. Les califes maures le restaureront au X ème siècle, avant que les Espagnols n'en fassent de même après la Reconquista. Ce pont relie le quartier Campo de la Verdad à celui de la Cathédrale. Il est composé de seize arches (dont deux seulement, les 14è et 15è, sont d'origine) et fit partie intégrante de la Via Augusta (voie romaine). A l'une de ses extrémités se dresse la Tour de la Calahorra, porte fortifiée du XII ème siècle,et à l'autre, la Porte du Pont (anciennement, porte romaine, puis maure). Au milieu du pont, on trouve un mémorial dédié à l'Archange San Rafael, datant du XVII ème. Ce pont est réservé aux piétons. Près de la Mosquée-cathédrale se dresse une statue du XVIII ème siècle honorant Saint Raphaël (deuxième photo), le patron de la ville de Cordoue.
A deux minutes à pied de la Plaza del Potro, se trouve une autre place, immense celle-ci, et emblématique de la ville : la Plaza de la Corredera (ci-dessous). C'est la seule place en Andalousie à posséder une telle forme quadrangulaire. On y entre par l'arc bas ou l'arc haut, les deux seules issues existantes. Successivement utilisée comme place des fêtes, puis pour les courses de taureaux, elle fut classée comme bien culturel en 1981. Longue de 113 mètres (sur 55 mètres de large), elle est l'oeuvre de l'architecte Antonio Ramos Valdez, originaire de Salamanque, et sera construite en plusieurs étapes. Furent par contre préservées la Maison du Consistoire et l'ancienne prison.
INFOS PRATIQUES :
|
