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Jaén
(Andalousie, Espagne)
Heure locale


Mardi 25 novembre 2014

 

Ma dernière halte, c'est à Jaén que j'ai choisi de la faire. Cette ville, qui se veut la capitale mondiale de l'huile d'olive (on compte en effet soixante millions d'oliviers dans la province, soit presque autant de Français qu'en France, mais, curieusement aucun musée sur ce fruit) rassemble près d'un sixième de la population de la province du même nom. Lorsque j'arrive à Jaén, j'observe aussitôt une grande avenue qui descend longtemps vers le centre-ville, bordée de très nombreux immeubles, sans charme d'ailleurs et plutôt austères. J'aperçois au loin la Colline Sainte Catherine au sommet de laquelle se trouve perché le Château de Santa Catalina (ci-dessous), une forteresse construite il y a très longtemps par le Carthaginois Hannibal, puis par les Musulmans. Lors de la Reconquête, au XIII ème siècle, celle-ci sera transformée en trois enceintes successives : le Château de Abrehuy, l'Ancien Château et le Nouvel Alcazar. Les deux premières constructions seront rasées en 1965 pour ériger un nouveau parador national de tourisme, mais l'on épargnera le nouveau palais.

La forteresse est entourée de murailles, et est située à l'écart de la ville. Autrefois, cet endroit accueillait la résidence du gouverneur et les quartiers des troupes. Le tracé de l'ensemble suit les vestiges d'une muraille romaine. On trouve donc le château, au sommet de la colline, et la forteresse à proprement dite, dont il reste toujours les ruines. Celle-ci était de forme rectangulaire et possédait un patio fermé. On pense que ce lieu a servi de palais et de résidence aux gouverneurs de la ville, durant le règne des émirs et califes. Lors des XI è et XIIè siècles, la forteresse sera abandonnée.

Revenons quelques instants sur l'ancien château de Abrehuy (la première enceinte) : celui-ci était plus petit, et servait d'antichambre au second château, surnommé l'Ancien château, qui occupait alors le restant de la colline. On trouvait à l'extérieur plusieurs citernes, puis, à l'extrémité Est (endroit le plus élevé et le plus stratégique), le palais richement décoré d'atauriques (arabesques de feuillages polychromes) à profusion. Sur place, on trouvait petits commerces, cuisines, caves, et ravitaillement en eau.

Après la reconquête chrétienne de 1246, le roi Fernando III décidera de la construction d'un nouveau palais, l'Alcazar, située sur cette zone la plus stratégique, en remplacement du précédent édifice islamique. En réalité, ce seront les rois Alphonse X et Fernando IV qui s’attelleront plus tard aux travaux de construction. Ce nouvel Alcazar a la forme d'une forteresse triangulaire et est défendu par quatre tours (deuxième photo), dont deux albarranes, et une tour d'hommage. On conservera au passage l'une des tours de l'ancien château ainsi que les murailles à la maçonnerie irrégulière. C'est lundi et il m'est malheureusement pas possible de visiter l'intérieur. Je fais toutefois le tour (enfin presque!) du propriétaire en me rendant jusqu'à une immense croix qui domine les environs. Elle symbolise l'endroit culminant de la colline, et fut offerte par la famille Balguerias.


 

Je me rends à présent au centre historique de Jaén, qui n'est pas très grand mais offre un terrain accidenté, qui grimpe souvent. De plus, mieux vaut ne pas se perdre dans le dédale de petites ruelles à la nuit tombée. La réceptionniste de mon hôtel m'a averti que des gens mal intentionnés pouvaient y rôder le soir. Je ne rencontrerai pas beaucoup de touristes sur mon chemin, mais je n'ai jamais ressenti d'insécurité en journée. Il m'est par contre arrivé de croiser vendeurs ou mendiants de qui vous savez dans certaines rues. J'arrive bientôt au Centre culturel du Palais de Villardompardo, lieu d'accueil de deux musées : le musée international d'art naïf « Manuel Moral » et le Musée des Arts & Coutumes populaires de la Province de Jaén. A vrai dire, mon guide ne parlant pas de ce dernier musée, je ne le découvrirai qu'une fois sur place et me contenterai de le parcourir. Ce musée, qui fut inauguré en 1930, offre de voir, sur plusieurs étages, des objets et des collections présentant la culture et les ambiances populaires de la Province de Jaén, avant l'industrialisation. On y trouve ainsi des pièces de céramiques, des outils agricoles, des costumes typiques, des jouets, du mobilier, des métiers à tisser, des objets d'art religieux...le mieux étant de regarder mes photos afin de vous faire votre propre opinion, mais attention, on peut facilement passer une journée sur place tant il y a de choses à voir !


 

Ce qui m'a conduit ici sont en fait les Bains arabes (ci-dessous). Construits au XI ème siècle, après la disparition du califat de Cordoue, et l'apparition des royaumes taifas, ils seront restaurés un siècle plus tard par les Almohades. Les bains continueront à fonctionner après la conquête de Jaén par le roi Fernando III en 1246, jusqu'à ce que les habitants de la ville y installent quelques tanneries au XV è siècle. Fin XVI ème, Don Fernando de Torres y Portugal, et Vice-roi du Pérou, comte de Villardompardo édifiera son palais au-dessus de ces bains arabes qui restèrent oubliés jusqu'au début du XX è siècle. C'est par le plus grand des hasards, lors d'une inspection programmée du palais dans le but de le classer en tant que monument historique régional, qu'un expert découvrit une partie des bains, en 1913. Et l'endroit, d'être aussitôt classé comme monument national. Les premiers travaux de restauration de ces derniers intervinrent en 1936, juste avant le début de la Guerre civile qui empêchera la poursuite des travaux. Ces travaux reprendront en 1970, sous l'égide de la direction générale des Beaux-Arts, jusqu' à offrir ce que nous pouvons voir aujourd'hui.

Le vestibule des bains se trouvait à l'entrée (première photo) et son sol était composé de marbre blanc. Sur les murs, on peut encore apercevoir quelques traces de peintures anciennes de ce lieu qui servait autrefois à se déshabiller avant d'entrer dans les pièces suivantes. La pièce voisine était surnommée la pièce froide, et servait d'anti-chambre à l'autre grande pièce, la Salle voûtée (deuxième photo). Cette grande salle était la salle principale des bains, qui mesurait environ 100 m2. Le bassin central servait probablement de piscine ou de fontaine. La coupole centrale est soutenue par de gros piliers. Au fond, à droite, se trouvait la pièce chaude (troisième photo) dans laquelle on chauffait l'eau pour en faire de la vapeur. Des trous étaient aménagés dans les murs afin de faire circuler cette vapeur d'eau. Un endroit est prévu pour s'asseoir, et juste à côté, on peut encore voir deux anciennes baignoires (quatrième photo)


 

Je file ensuite au Monastère de Santa Clara, qui fut fondé au XIII ème siècle, juste à la suite de la Reconquête de Jaén par les Chrétiens. Il fait partie des plus anciens monastères de la ville et son beau cloitre fut bâti vers 1581. L'église possède quant à elle un superbe plafond à caissons et se distingue par l'effigie du Christ en bambou, originaire d'Equateur. On peut, dit-on, acheter sur place de délicieuses pâtisseries. Manque de chance, tout était fermé au moment où j'ai débarqué sur place et aucune information (ni horaires, ni liste de pâtisseries) n'était donnée non plus. Dommage ! Le Couvent des Soeurs franciscaines, lui , fut plus accueillant (ci-dessous). L'église était ouverte , et les gourmandises vendues par les sœurs, accessibles. J'ai ainsi ramené une boite de pestinos, une spécialité locale, ressemblant à un petit beignet enduit de sucre. A déconseiller pour ceux qui suivent un régime !


 

Je me rends plus tard à la Cathédrale de l'Ascension de la Vierge, située face à l'Hôtel de ville et au Palais épiscopal. Sa construction qui débuta en 1249 sur les ruines d'une ancienne mosquée, sera consacrée en 1724. Endommagée à plusieurs reprises deux siècles durant, et jusqu'au XVI ème, plusieurs architectes contribueront à son érection dont Andrès de Vandelvira qui participera activement à la restauration du site. Sa façade (ci-dessous) est l 'élément le plus frappant de l'édifice. Celle-ci fut dessinée par Eufrasio Lopez de Rojas puis sculptée par Pedro Roldan. Contrairement à d'autres édifices religieux, ici, je ne relève l'existence d'aucune visite, ni de musée (contrairement à ce qui est annoncé dans les infos pratiques ci-dessous). Une clarification serait souhaitable. Je pénètre à l'intérieur puisque la porte est ouverte. Aucune messe n'a lieu mais plusieurs panneaux affichent clairement qu'il est interdit de prendre des photos. Je dérogerai tout de même à la règle, ne pouvant m'empêcher de photographier la magnifique coupole au-dessus de ma tête.


 

Jaén ne m'a pas offert l'image d'une cité touristique, et d'ailleurs, je vous le disais plus haut, je n'ai pas rencontré beaucoup de touristes: la ville ne date pourtant pas d'hier puisqu'elle remonte à l'époque chalcolithique. Un minuscule village se serait dressé là, 2500 ans avant J.C. De nombreux restes archéologiques attestent aussi d'une période ibérique, dan le voisinage du château de Santa Catalina. Située à un point de passage stratégique, Jaén a eu très tôt la visite des Phéniciens et des Grecs. La conquête carthaginoise du Guadalquivir aurait débuté en 237 avant J.C, pour se prolonger jusqu'en 231. D'où l'exploitation des gisements de minerais de la Sierra Morena. Jaén deviendra ainsi une place forte pour Hannibal et son peuple. Vers 207 avant J.C, Scipion l'Asiatique arrachera la ville aux Carthaginois. A l'époque, la cité n'était pas très grande mais vivait déjà de manière opulente. Jaén connut également la présence des Wisigoths à partir du VI ème siècle, période qui se révèlera peu glorieuse pour la ville. Il lui faudra attendre l'arrivée des Arabes pour occuper sa place de jadis. Mosquées, fortifications et palais s'élevèrent alors, classant Jaén parmi les villes importantes. D'ailleurs, Jaén ne signifie t-il pas « lieu de relâche pour les caravanes » en langue arabe? C'est Abderraman III qui conquit la ville au X ème siècle. Les Almoravides l'incorporèrent à leur empire en 1091, puis les Almohades la conquièrent en 1148. Sous le règne musulman, les terres environnantes étaient irriguées, et donc cultivées abondamment. En 1225, les troupes du roi Fernando III pénétrèrent dans la ville et d'atroces combats s'y déroulèrent alors. Jusqu'à la reconquête définitive de Jaén, par le roi Fernando III, en 1246.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Site internet de la Mairie : http://www.aytojaen.es
  • Château Santa Catalina à Jaén. Horaires d'ouverture en téléphonant au (953) 12 07 33. ou 953 19 04 55.

  • Museo de Jaén, Paseo de la Estacion,27, à Jaén. Tél:(+34) 953 10 13 66. Ouvert du mardi au samedi de 10h00 à 20h30 et le dimanche de 10h00 à 17h00 (du 16 septembre au 31 mai). Du mardi au samedi de 9h00 à 15h30 et le dimanche de 10h00 à 17h00 (du 1er juin au 15 septembre.

  • Palais de Villardompardo, Plaza de Santa Luisa de Marillac, à Jaén. Tél:(+34) 953 24 80 68. Ouvert du mardi au samedi de 9h00 à 14h30 et de 16h00 à 21h30. Le dimanche, de 9h00 à 14h30. Entrée gratuite.

  • Musée des Arts & Coutumes populaires de la Province de Jaén (à l'intérieur du centre culturel du Palais de Villardompardo, ci-dessus). Entrée gratuite. Prise de photographies sans flash. Cafétéria.

  • Bains Arabes, à l’intérieur du Palais de Villardompardo ci-dessus. Site internet : http://www.banosarabesjaen.es

  • Covento de las Bernardas, Puerta del Angel, 2, à Jaén (pas loin de la Plaza de Toros). Tél:(+34) 953 24 38 54. Ouvert tous les jours de 9h30 à 12h45 et de 17h00 à 18h30. Vente de pâtisseries : de 9h00 à 12h45 (le reste du temps, vous pouvez toujours sonner à la porte du couvent!)

  • Cathédrale de Jaén : ouverte tous les jours de 8h30 à 14h00 et de 16h00 à 19h00. Visite culturelle, du lundi au vendredi de 10h00 à 14h00 et de 16h00 à 19h00. Entrée : 5€ (avec audioguide)

  • Hotel Infanta Cristina, Avenida de Madrid, à Jaén. Tél:(+34) 953 263 040. Vrai hôtel 4****, très bon accueil du personnel et chambre bien équipée et confortable. Site internet : http://www.hotelinfantacristina.com

  • Un autre hôtel (même propriétaire) existe également à Linares (Andalousie) : Hôtel Santiago, Calle Santiago, 3, à Jaén. Tél:(+34) 953 693 040. Site internet : http://www.hotel-santiago.es

  • Hotel IBIS Madrid Aeropuerto Barajas, Avenida General, 49, à Madrid. Tél:(+34) 913 010 999. Hotel situé à 5 minutes des terminaux de l'aéroport (navette offerte). Bien placé, avec restaurants, supermarché à proximité. Chambre très confortable et silencieuse. -10% sur le prix de la chambre sur présentation de la carte IBIS Business (60€ par an) mais aussi sur le petit-déjeuner, repas, et consommations prises au bar. Boisson d'accueil offerte (avec la carte IBIS Business)Site internet : http://www.ibis.com/es/espana/index.shtml

  • Restaurant AL TRASTE, Avenida General, 47, à Madrid. Tél:(+34) 913 29 37 99. Menus très copieux de 10 à 15€. Accueil chaleureux. A une minute de l’hôtel IBIS. Site internet : http://www.altraste.com

  • Location de véhicules Entreprise Rent-a-Car, Aéroport Barajas (Terminal 1), à Madrid. Tél:(+34) 912 750 995. Très bon service. Site internet : http://wwwenterprise.es

     










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