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La Vienne Médiévale
(Vienne, Autriche)
Heure locale


Mercredi 14 janvier 2015

 

Je suis arrivé hier après-midi à Vienne, capitale de l'Autriche. Située dans l'est du pays, et traversée par le Danube, la ville fut la capitale du Saint-Empire romain germanique, de l'Archiduché d'Autriche, de l'Empire d'Autriche, puis, plus tard, de la double monarchie appelée Autriche-Hongrie (vous savez, du temps de Sissi!). Mon premier contact avec l'Autriche m'offre l'image d'un aéroport très propre, ordonné et agréable. Ici, on parle l'allemand, ou, à défaut, l'anglais. Je monte à bord du train qui va me mener à Vienne et découvre un train propre, à la différence du RER B parisien. Au dehors, apparaissent rapidement des raffineries. Celles-ci semblent, là aussi, bien entretenues, tout comme la gigantesque gare de triage que nous traverserons plus loin. Pas de décharges publiques le long de la voie mais seulement quelques tags pas si laids que cela d'ailleurs. Mon hôtel est idéalement situé à 500 mètres de la station Pratern. Voilà pour mon premier contact avec la république autrichienne.

En ce qui concerne l'histoire, on retiendra que dès le 1er siècle, la garnison romaine de Vindobona succèdera à une colonie celte sur ce même site alors placé le long du Danube, fleuve déjà devenu une grande artère de communication. Vindobona (appelée aussi la ville blanche) fut à l'origine un établissement celtique développé en camp romain. Du temps des Romains, elle faisait partie de la province de Pannonie, et l'on retrouve encore aujourd'hui, à Vienne, son plan asymétrique (et peu typique pour un camp romain) si l'on suit les rues Graben, Naglergasse, Tiefer Graben, Salzgries, Rabensteig...Le nom de Graben renvoie au « fossé » qui entourait probablement le camp militaire romain. Vindobona restera entre les mains des Romains jusqu'au Vè siècle, moment où les migrations germaniques perturbèrent la paix. Ces invasions barbares, qui se dérouleront à partir du VI ème siècle (et jusqu'au VIII ème) mettront les Avars en position dominante dans la région. Charlemagne réussira toutefois à les maitriser et créera la Marche de l'Est, l'Ostarrichi, qui sera par la suite acquise par la dynastie allemande des Babenberg, en 976. Comtes puis ducs d'Autriche, la Maison de Babenberg reste l'une des maisons nobles qui gouverna le Margraviat d'Autriche (ou Ostarrichi), puis le Duché d'Autriche. Vienne deviendra ainsi, au cours du Moyen-Âge, le siège des Babenberg puis des Habsbourg. En 1273, Rodolphe de Habsbourg, alors élu Empereur du Saint Empire germanique, revendiquera l'Autriche en tant que fief. Ses successeurs agrandiront ainsi leur domaine créant peu à peu un puissant empire héréditaire qui subira par contre plusieurs invasions au cours du XVIè siècle.

L'Autriche, et à plus forte raison sa capitale, possède une histoire très riche. Mes premiers pas dans Vienne me conduisent à découvrir la Vienne médiévale. Protégé des destructions ottomanes par l'enceinte qui se dressait jadis à l'emplacement de l'actuel Ring, le cœur de la capitale a conservé son plan médiéval, un dédale de ruelles (en photo ci-dessous) et de passages qui débouchent parfois sur des cours intérieures.


 

Petite déception ce matin lorsque je demande un grand café crème. On me sert dans un grand verre un lait chaud dans lequel on incorpore l'équivalent d'une tasse de café expresso, autant dire que cela n'avait pas beaucoup de goût. Mon petit-déjeuner avalé, je me rends en métro à la station StephanPlatz, là où se trouve le vieux Vienne. En surface, se dresse la cathédrale Saint Etienne : de style gothique, celle-ci fut construite à partir de 1137, consacrée en 1147, avant d'être achevée en 1160. Elle sera agrandie de 1230 à 1245. C'est de cette époque que datent le mur Ouest et les premières tours romanes. En 1258, un gros incendie détruisit une bonne partie du bâtiment et l'on reconstruisit alors le bâtiment en élevant une deuxième structure plus large que la précédente, elle aussi romane, sur les restes de l'ancienne. Cette dernière sera consacrée le 23 avril 1263. En 1575, la cathédrale subira un bombardement effectué par les Ottomans puis par Napoléon. L'édifice est situé au centre du quartier baroque viennois et abrite un bourdon (cloche), die Pümmerin, de vingt tonnes. Sa toiture est composée de 250 000 tuiles vernissées, disposées en motifs linéaires et en diagonale. Le toit de la partie Est représente l'emblème de l'Empire d'Autriche-Hongrie, un aigle à deux têtes. L'édifice sera gravement endommagé durant la deuxième guerre mondiale et nécessitera une restauration qui durera sept années. Depuis sa création, l'édifice religieux vit passer de nombreuses personnalités : les Habsbourg (dont les viscères reposent ici) mais aussi le Pape Benoit XVI qui s'y rendit en 2007. Cette cathédrale sera également le lieu de célébration du mariage de Wolfgang Amadeus Mozart avec Constanze Weber. Sa flèche, s'élevant à 137 mètres au-dessus du sol, est de style gothique et reste encore aujourd'hui le point de repère le plus célèbre de la capitale autrichienne. On y accède par une plate-forme panoramique accessible depuis la loge du Sonneur. A l'extérieur, on peut voir une chaire gothique accrochée à un mur (deuxième photo ci-dessous), d'où le franciscain italien Saint Jean de Capistan, évangélisateur de l'Europe centrale, aurait appelé en 1451 à la croisade qui permit de vaincre les Ottomans à Belgrade cinq ans plus tard. Une statue baroque du XVIIIè siècle le montre triomphant d'un envahisseur ottoman. La façade principale de l'édifice comporte la porte du Géant (appelée ainsi car un os de mammouth fut pris pour celui d'un géant et donna le nom à l'entrée principale), surmontée des deux tours des Païens.

L'intérieur de l'édifice me paraît un peu triste. Et l'accès est réglementé. Contrairement à d'autres édifices religieux ailleurs en Europe, il faut payer pour faire une visite complète des lieux (incluant les catacombes, les deux tours nord et sud, et le Trésor). On peut admirer sur place un superbe maitre-autel décoré d'une lapidation de Saint Etienne, œuvre de Tobias Pock, et des sculptures créées par Johann Jakob Pock. On trouve également le portrait de maitre Pilgram (troisième photo ci-dessous), un sculpteur qui a peint son autoportrait, tenant une équerre et un compas, sur le pied de l'orgue. Pilgram apparaît aussi à l'une des fenêtres d'une chaire portant son nom. L'orgue, abrité dans une tribune, surplombe l'entrée depuis 1960, mais la cathédrale en compte un autre, plus récent, dans son aile sud. Enfin, un retable polychrome (quatrième photo) situé au-dessus de l'autel, et commandé par Frédéric III en 1447, décrit les effigies de 72 saints révélant des scènes de la vie de la Vierge et du Christ comme par exemple, ici, l'Adoration des Mages.


 

Je pars maintenant à la découverte de la Vienne médiévale, tout autour de cette StephansPlatz. Il fait froid dehors et le soleil peine à percer les nuages qui recouvrent la ville ce matin. Cette partie de la capitale fut protégée des destructions ottomanes grâce à l'enceinte qui se dressait à l'époque à l'emplacement de l'actuel Ring. On peut ainsi retrouver le plan médiéval d'autrefois. Autour de la cathédrale s'implantèrent de nombreux ordres religieux (jésuites, dominicains ou Chevaliers teutoniques). Je m'arrêterai ainsi à l'église dominicaine (ci-dessous en photo) qui fut consacrée une première fois en 1237. Mais celle-ci ne survivra pas au siège ottoman de 1529. L'édifice actuel fut érigé par Antonio Canevale de 1631 à 1634 et dresse sa splendide façade baroque sur la rue de la Poste (Postgasse). Voûtes et murs intérieurs sont ornés de fresques, dorures et stucs. Non loin de là, se dresse l'église des Jésuites (deuxième photo) dont la Compagnie de Jésus fut fondée en 1540 par Ignace de Loyola. Cette dernière deviendra le fer de lance de la Contre-réforme, ce mouvement de reconquête catholique face au protestantisme, à la suite du Concile de Trente (en 1545-1563). Au début du XVIIè siècle, Ferdinand II confiera aux Jésuites le contrôle de l'université (voisine de l'église). Ne vous y trompez pas ! Malgré sa façade austère, cette église vaut la peine qu'on y pénètre, ne serait-ce que pour ses fresques en trompe-l'oeil, sa chaire à incrustations de nacre (troisième photo ci-dessous) et ses colonnes de marbre typiquement baroques. Sur la chaire, on peut apercevoir l'apôtre Saint Matthieu, un livre à la main. Je comptais visiter le musée archiépiscopal mais celui-ci est malheureusement fermé pour travaux de rénovation. Situé au pied de la cathédrale, il présente habituellement une partie du trésor de celle-ci, avec entre autre, un évangéliaire carolingien du IX è siècle, un portrait du duc Rodolphe IV (1365) des plaques émaillées datant du XIIè siècle et le reliquaire de Saint Léopold décoré d'armoiries et de saints par les joailliers viennois en 1592. A suivre.


 

En comparaison avec d'autres pays, je trouve la rue plutôt austère. Aucune fantaisie ne semble se dégager chez ces passants viennois concentrés sur leur destination. Nous sommes en Autriche, et les gens ne sont pas aussi expansifs que dans l'Europe du sud. Rue Domgasse, au N°5, se trouve la Maison de Mozart, où l'on peut visiter l'appartement de l'artiste (en photo ci-dessous). On peut ainsi imaginer comment le célèbre musicien vivait autrefois en compagnie des siens. On peut aussi y découvrir son univers musical , et à quoi ressemblait Vienne à cette époque. A deux minutes de cet endroit, se trouve un superbe salon de thé, Haas & Haas, sur la Place de la cathédrale. Avis aux amateurs ! La rue Blutgasse, que je viens de traverser (ci dessous, en deuxième photo) a quelque chose d'effrayant : selon la légende, cette rue fut appelée la rue du sang à la suite d'un massacre des templiers qui fut commis en 1312 lors d'un affrontement si violent que le sang aurait, dit-on, coulé à flots. Les hauts immeubles qui la bordent, datent, pour la plupart, du XVIIIè. Ici et là, dans les cours d'immeubles se trouvent parfois de petits jardins.


 

Une autre rue, la rue de la belle lanterne, Schönlaterngasse (ci-dessous) permet d'admirer une lanterne en fer forgé, située au N°6. Vous n'en verrez qu'une copie car l'original, qui date de 1610, n'est visible qu'au musée de la Ville de Vienne. En face, au N°7, on peut voir la maison médiévale du Basilic, ornée d'une sculpture de 1740 qui représente un animal fantastique né d'un œuf de serpent qui fut couvé par un crapaud. Ce dernier aurait empoisonné le puits de la maison en 1212. Sur une fresque voisine, on peut apercevoir un jeune boulanger qui fait mourir le monstre de honte, en brandissant un miroir pour que l'animal prenne conscience de sa laideur. Le compositeur Robert Schumann vécut au N°7A entre 1838 et 1839. Au N°9, se trouve le musée du Fer forgé.


 

A côté de l'église des Jésuites et en face de l'université, se dresse l'Académie des Sciences (ci-dessous en photo), fondée le 14 mai 1847 par le roi Ferdinand 1er d'Autriche. En 1857, l'Académie acquiert le droit d'utiliser l'ancienne Université de Vienne qui fut construite par l'architecte français Jean-Nicolas Jadot de Ville-Issey, de 1753 à 1755. La Phonogrammarchiv commença à archiver les voix de poètes germanophones à l'aide de phonographes, dès 1899. Et de constituer aujourd'hui la plus ancienne archive audiovisuelle du monde. L'Académie possède également un Institut de l'histoire de la culture antique, issu de la recherche archéologique. En 2004, fut enfin créée la Fondation Hannes Andrisch, avec pour but de soutenir les recherches scientifiques ayant pour thème le travail et le renforcement de l'égalité sociale et de la paix. Vaste programme !


   

INFOS PRATIQUES :


  • Depuis l'aéroport, évitez d'emprunter la ligne de train City Airport qui ne met que 16 minutes pour arriver à destination mais vous fait payer 12€ l'aller (ou 19€ l'aller-retour). Préférez la ligne S7 (direction centre-ville) à 4,40€ l'aller. Durée de ce trajet : 30 minutes.

  • Les Viennois sont charmants et n'hésitent pas à vous aider si vous le leur demandez car ils pratiquent l'anglais. En revanche, les fonctionnaires du bureau d'information du métro (station Pratern) ne parlent pas un mot d'anglais et sont peu aimables !

  • Payez votre ticket de métro en argent liquide dans les machines, plutôt que par carte bancaire (l'écran de ce moyen de paiement ne s'affiche qu'en...allemand).

  • Si vous restez, comme moi, une semaine à Vienne, sans sortir de la ville, vous pouvez achetez un ticket de métro hebdomadaire à 16,20€ (que vous ne composterez pas mais présenterez uniquement sur demande)

  • L'écran des distributeurs de tickets de métro s'affichent en plusieurs langues (dont le français)

  • Cathédrale Saint-Etienne, StephanPlatz 3, à Vienne. Tel : 515 52 35 26. Ouverte du lundi au samedi de 6h00 à 22h00 (le dimanche, de 7h00 à 22h00). Le billet incluant l'audioguide, la visite de la cathédrale, des catacombes, du Trésor et des tours coûte 13,90€. Boutique. Photos autorisées. Site internet : http://www.stephanskirche.at/

  • Eglise dominicaine, Postgasse 4, à Vienne. Tel : 512 91 74. Ouverte du lundi au samedi de 7h00 à 19h00, et le dimanche de 7h00 à 21h00.

  • Eglise des Jésuites, place du Docteur Ignace Seipel, 1, à Vienne. Tel : 512 52 32. Ouverte tous les jours de 7h00 à 18h30.

  • Eglise Deutschordenskirche, Singerstrasse 7, à Vienne. Tel : 512 10 65. Ouverte tous les jours de 7h00 à 18h00. Le Trésor des chevaliers Teutoniques est accessible les mardi, jeudi, et samedi de 10h00 à 12h00, les mercredi et vendredi de 15h00 à 17h00. Photos interdites.

  • Maison de Mozart, Domgasse 5, à Vienne. Tel : +43 1 512 17 91 30. Ouverte tous les jours de 10h00 à 19h00. Entrée : 10€. Audioguide en onze langues. Boutique. Site internet : http://www.mozarthausvienna.at/

  • Musée archiépiscopal, StephansPlatz 6, à Vienne. Tel : 515 52 33 00. Fermé actuellement. Site internet : http://www.dommuseum.at/home.php?il=6&l=en

  • Salon de Thé Haas & Haas, StephansPlatz 4, à Vienne. Tel : 512 97 70. Ouvert du lundi au vendredi de 9h00 à 18h30 et le samedi de 9h00 à 18h00. Site internet : http://www.haas-haas.at/en

  • Académie des Sciences, Dr Ignaz-Seipel Platz 2, à Vienne. Ouverte du lundi au vendredi de 8h00 à 17h00. Site internet : http://www.oeaw.ac.at/austrian-academy-of-sciences/











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