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La Karlsplatz
(Quartier du Belvédère, Vienne, Autriche) |
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Dimanche 18 janvier 2015
Vienne est bien entendu constituée de plusieurs quartiers, dont celui du Belvédère. On y trouve des immeubles anciens splendides qui prirent forme (comme d'ailleurs ce quartier) après l'échec du siège ottoman de 1683. Le fameux Prince Eugène fut largement responsable de cette situation et s'y fera également construire une demeure en 1714. Les deux palais du Belvédère abritent ainsi trois musées d'art. Autre chef-d'oeuvre du baroque à la même époque, l'église Saint-Charles, bâtie par J.F von Erlach, domine la Karlsplatz, avec son parc agrémentée de statues. Ce lieu de culte (qui possède aussi un minuscule Musée Borromée) est l'un des plus beaux exemples d'architecture baroque du XVIIIè siècle en Europe centrale. L'église fut commandée en 1713 par l'empereur Charles VI suite à une épidémie de peste, et fut dédiée à Charles Borromée, évêque canonisée en 1610, car ce religieux porta secours aux malades, lors de la peste de 1576 qui sévit à Milan (Italie). L'église Saint-Charles est marquée par un portique à six colonnes et à fronton triangulaire. Deux colonnes l'entourent , coiffées de clochers bulbeux et de magnifiques aigles et rappelant la colonne Trajane (colonne triomphante romaine située sur le forum de Trajan, à Rome). Ces colonnes furent érigées à cet endroit afin de marquer la grandeur impériale de Vienne, capitale des Habsbourg. Ces colonnes sont couvertes d'une spirale de bas-reliefs (deuxième photo ci-dessous) illustrant à gauche la constance de Charles Borromée et à droite, son courage. Un peu en retrait, s'élève la coupole magnifiée de l'intérieur par une superbe fresque, malheureusement en travaux actuellement. Ce fut la dernière commande de Johann Michael Rottmayr, qui fut peinte entre 1725 et 1730, et représente l'apothéose de Saint Charles Borromée. J'admire également la chaire dont les dorures et les angelots qui la décorent sont, là encore, des ornements typiquement baroques. N'oublions pas le maître-autel, qui consiste en un relief en stuc d'Albert Camesina et qui montre Saint Charles Borromée emporté au ciel par les anges.
En face de cette église, se trouvent les sculptures « Hill Arches » conçues par Henri Moore en 1978. L'artiste offrit son œuvre à la ville et celles-ci se dressent désormais au milieu du bassin de la Place Karlsplatz. A deux pas de là, se trouve, sur la droite le musée de la ville de Vienne, que je ne visiterai pas cette fois, mais qui offre d'aborder, sur trois niveaux, à la fois art et histoire, depuis l'âge néolithique jusqu'au début du XX è siècle. On y trouvera par exemple des vitraux originaux et des sculptures provenant de la Cathédrale Saint-Etienne. Cartes, vues urbaines et maquettes montrent le développement de ce qui fut au Moyen-Âge une ville marchande, avant de devenir par la suite la capitale impériale qu'on connait de nos jours. Le XIX è siècle n'est pas oublié puisque le musée expose des meubles, des vêtements des peintures et des arts décoratifs datant de cette époque. A ne pas manquer ! A deux pas de là, j'observe la statue de Johannes Brahms (ci-dessous). Compositeur, pianiste et chef d'orchestre allemand, né à Hambourg, il sera l'un des plus importants musiciens de la période romantique, apparaissant même pour beaucoup comme le successeur de Ludwig van Beethoven. Brahms fera la plus grande partie de sa carrière à Vienne où il demeurera une figure importante de la scène musicale. Perfectionniste et intransigeant, il détruira les travaux dont il était insatisfait pour ne garder que le meilleur. Il composera des œuvres pour piano, musique de chambre, orchestre symphonique et pour voix et choeurs. Il ne composera par contre aucun opéra. Il mourra dans la capitale viennoise le 3 avril 1897, un an et demi avant l'impératrice Elizabeth.
Karlsplatz est un peu le lieu de la musique (ci-dessous): de l'autre côté du boulevard, se dresse en effet la Maison des Amis de la musique, une salle de concerts qui fut édifiée dans le style historiciste du Ring, et qui est réputée pour sa qualité acoustique. Sur cette place subsiste aussi deux pavillons qui constituaient jadis la station de métro de l'endroit (deuxième photo). Ces anciennes stations furent construites par Otto Wagner. Architecte autrichien né à Vienne en 1841, ce dernier oeuvra surtout dans la capitale et se forgea une réputation mondiale grâce à ses constructions de style Art nouveau. Son père était notaire de la cour auprès de la Chancellerie de Hongrie et sa mère était issue du milieu grand-bourgeois. L'artiste perdra son père à l'âge de cinq ans et fréquentera un temps le lycée académique de la ville, avant d'étudier à l'Académie royale d'architecture à Berlin et à Vienne, puis à l'Académie des Beaux-Arts. Son premier succès restera sa victoire au concours pour la construction du Kursalon dans le Stadtpark de Vienne. Il réalisera également en 1879 la décoration de la célébration des noces d'argent du couple impérial. La Groszstadt (grande ville) est alors le concept de l'architecte, qui représente sa conception de la ville moderne (fondée sur les plans de la ville de Vienne). Il s'agit alors d'une ville à croissance illimitée, formée par un centre et des voies qui partent de ce même centre pour se prolonger indéfiniment. A cette époque, le principal problème restant celui des transports, Otto Wagner intégrera un tramway dans le plan qu'il avait conçu pour le réaménagement de sa ville. Il mourra en 1918, dans un immeuble de Neubau qu'il avait d'ailleurs fait construire six ans plus tôt, et après une vie sentimentale très mouvementée.
Près de l'église Saint-Charles, se trouve l'Université technique (ci-dessous) reconnaissable par sa façade néoclassique datant de 1816, qui domine le Resselpark. Fondée en 1815 par l'empereur François 1er d'Autriche qui voulait créer un Institut polytechnique, son premier directeur sera Johann Joseph von Prechtl. L'endroit sera rebaptisé en 1872 Grande Ecole Technique. Les femmes seront quant à elles autorisées à s'y inscrire à partir de 1919. Mais e n'est qu'à partir de 1975 que le bâtiment prendra le nom d'Université technique, dont on peut toujours aujourd'hui admirer les magnifiques sculpture de son fronton. De nos jours, l'université dispose de huit facultés, chacune d'entre elles étant divisées en instituts (au nombre de soixante) et comptent 3000 enseignants-scientifiques qui sont en charge de 30000 élèves.
Face à la façade de cette université, trône la statue de Joseph Ressel (ci-dessous), chercheur au destin malchanceux. Né à Chrudim (Bohême) en 1793, Joseph Ressel fut d'abord garde-forestier avant de devenir ingénieur naval autrichien et inventeur. Et justement, c'est lui qui inventera la propulsion par hélice des navires puis créa le premier bateau propulsé par une hélice inspirée de la vis d'Archimède, en 1826. Il effectuera ses premiers tests sur une barque mue par une hélice en bronze tractive actionnée par manivelle. La Civetta fut le premier navire qui servit ensuite à cette application. Machine à vapeur de seulement 6 chevaux, l'embarcation fila à 6 nœuds grâce à son hélice propulsive en bronze d'1,58 mètre. Malheureusement, faute de fiabilité de la machine à vapeur elle-même, son invention tombera...à l'eau. L'ingénieur se fera dépouillé de son invention par des marchands français qui déposeront un brevet à leur nom. Faute de toucher le fruit de son invention, Joseph Ressel deviendra ingénieur forestier.
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