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Promenade angevine
(Angers, Maine-et-Loire, France)
Heure locale

Samedi 9 mai 2015

 

En mai, fais ce qu'il te plait ! Cela fait longtemps qu'une cousine, Véronique, m'invitait à venir la voir à Angers (Maine-et-Loire) mais je reportais toujours ce déplacement par manque de temps. Cette fois, je me décidais à embarquer à bord d'un TGV pour goûter à la « douceur angevine ». Il faut savoir qu'Angers constitue la troisième plus grande ville du grand Ouest, avec ses quelques 150 000 habitants , après Nantes et Rennes. Le retour du soleil se prête aux sorties et Véronique m'emmène marcher dans cette cité dont la plus ancienne trace d'occupation humaine remonterait à ...400 000 ans avant J.C. Au Vè siècle, le peuple celte des Andes (ou Andécaves) s'installera au nord de la Loire et donnera son nom à la ville. Peuplée au début d'artisans, Angers devient plus résidentielle par la suite. La ville romaine de Juliomagus comportait de nombreuses villas gallo-romaines et l'on retrouvera d'ailleurs les traces d'un temple dédié à Mithra ainsi que des thermes romains. Le développement du christianisme autorisera une nouvelle période d'expansion de la cité : le premier évêque est mentionné dès 372, lors de l'élection de Martin à l'évêché de Tours.

Nous nous arrêtons quelques instants à la Cathédrale Saint Maurice (ci-dessous en photo). Située dans l'angle nord-est de la cité gallo-romaine, cette cathédrale est le siège de l'évêque d'Angers depuis le IV ème siècle. Sa première mention remonte à 470 lors de son incendie par les Francs. C'est au VIIIè siècle que cette église fut dédiée à Saint Maurice mais on manque d'informations sur les reconstructions successives jusqu'à celle opérée depuis ses fondations par l'évêque Hubert de Vendôme au début du XI ème siècle. Vers 1900, des fouilles effectuées par Louis de Farcy, mirent en évidence un édifice à nef unique. On peut encore apercevoir en partie la maçonnerie dans la cour de l'ancien évêché. Suite à l'incendie de 1032, il faudra attendre le milieu du XI ème pour que l'église soit rétablie. Je suis surpris par la taille modeste de cette cathédrale. Si on la compare à d'autres, de type gothique, elle est en effet plus petite. Parmi les points intéressants, je note ses murs épais qui permettent l'aménagement d'une coursière (promenade) intérieure au niveau des grandes fenêtres jumelées. La nef romane est quant à elle surélevée et doublée à l'intérieur de grands arcs et de faisceaux de colonnes, soutenus à l'extérieur par de gros contreforts. Sous l'évêque Normand de Doué, on débuta la construction de trois grande voûtes bombées aux larges et puissantes ogives d'une hauteur de 25 mètres, qui furent les premières de l'architecture gothique angevine. Le transept est éclairé par deux grandes rosaces (nord et sud) et le choeur est, lui, l'oeuvre du grand évêque Guillaume de Beaumont. Le plus ancien vitrail conservé date de 1165 et représente l'Enfance du Christ. De nouveaux vitraux furent posés pour la nef, et on y trouve entre autre aujourd'hui le martyre de Saint Catherine d'Alexandrie. Véronique et moi admirons les grandes orgues, mais aussi la chaire en bois sculpté qui est remarquable.


 

Véronique me guide ensuite à travers les ruelles du vieil Angers, en direction du Château du roi René. Jusqu'à atteindre la promenade du bout du monde, laquelle offre, depuis le château situé en hauteur, une superbe vue sur la Maine et le pont de la Doutre. Si mon bout du monde à moi est généralement plus lointain, j'admire tout de même cet énorme château (ci-dessous) qui est situé à l'endroit où le cours de la rivière, en contrebas, connait son plus fort rétrécissement, ce qui permettait un contrôle efficace du réseau fluvial et des voies terrestres. Dès le Mésolithique, l'homme était présent à cet endroit et taillait déjà le silex. Entre 4500 et 4000 avant J.C, une tombe monumentale du type « cairn » fut construite. Elle reste aujourd'hui la trace la plus ancienne de l'utilisation ostentatoire de ce lieu. C'est là que les Andes (cette tribu gauloise de la région d'Angers) avaient leur oppidum principal (lieu établi sur une hauteur) que des fouilles ont permis de retrouver sous la cour seigneuriale. Du temps des Romains, le site du château était occupé par une vaste terrasse quadrangulaire qui comportait un temple dédié à l'empereur. Vingt siècles plus tard, le château garde toujours la trace de cet ancien théâtre antique à l'emplacement de l'actuelle cour bordée par la galerie de l'Apocalypse, la salle comtale, le logis royal, la chapelle et le Châtelet. Au Bas-Empire, l'enceinte urbaine fut bâtie vers la fin du III ème siècle après J.C. Et passe sous la forteresse en longeant le rempart sud. La courtine (mur de rempart joignant les tours) est encore visible avec la base d'une tour sous la galerie de l'Apocalypse dans la nef de la chapelle Saint-Laud et subsiste sur plus de 5 mètres de hauteur et 4 mètres d'épaisseur. Construit au XIII ème siècle, le château domine et verrouille le cours de la Maine, tout en intégrant les systèmes de défense de la ville, dont l'imposante enceinte est édifiée pour protéger aussi bien les quartiers de la rive gauche de la rivière que ceux de la rive droite. Le schiste ardoisier nécessaire à sa construction sera prélevé sur place, tandis que le creusement des fossés, tout comme la création de l'escarpe (talus), côté Maine, fourniront la plus grande partie des matériaux nécessaires. On pense que les carrières de Saint-Nicolas (devenues depuis, l'étang du même nom) et situées à environ un kilomètre de là, auraient servi à compléter la fourniture des matériaux de construction. L'enceinte du château offre un périmètre de près de 800 mètres, ainsi que 17 tours de 12 à 13 mètres de diamètre. Ces dernière offrent une impression de puissance à l'ensemble de la forteresse. Il existe deux portes : la porte de Ville (par laquelle les visiteurs accèdent à la forteresse par le côté nord-est), et la porte des Champs (ultime possibilité de fuite du château permettant d'échapper à une éventuelle menace côté ville). Les XIV et XV èmes siècles virent l'utilisation , par les ducs d'Anjou, des bâtiments laissés par leurs prédécesseurs. Mais ces ducs-là en reconstruiront également de nouveaux. La grande salle comtale sera alors dotée de grandes fenêtres à meneaux et à traverses. La chapelle sera érigée vers 1403, et le logis royal et le Châtelet, vers 1450. En 1480, le roi René décédera sans descendance et Louis XI rattache alors l'Anjou au domaine royal, mettant ainsi fin à près de six siècles de vie palatiale sur ce promontoire rocheux. Lors des guerres de religion, au XVI ème, l'endroit servira de lieu de détention pour de nombreux protestants. Henri III comprend alors l'avantage de posséder ce point fort défensif susceptible de tenir la province. Et Donadieu de Puycharic, nommé capitaine du château par le roi en 1585, de renforcer le front nord du château, malgré le désir des habitants de le détruire. Murs renforcés et redoutables terrasses d'artillerie sont bientôt tournées vers le centre urbain et sur le passage de la rivière, comme un signe d'avertissement. La monarchie disposera ainsi à Angers d'une véritable enceinte de sûreté. Ce château servira aussi de lieu d'incarcération, pour trois mois, du surintendant des Finances Fouquet, en 1661, à la suite de son arrestation à Nantes. Des centaines d'autres prisonniers de guerre y arriveront en 1717, tandis, qu'entre 1779 et 1781, 600 à 700 marins anglais occuperont plus tard tous les endroits possibles de la forteresse. Lors de la Révolution, l'endroit sera transformé en prison départementale jusqu'en 1856. Pendant les guerres napoléoniennes, des centaines de prisonniers, de toutes nationalités, y seront incarcérés jusqu'en 1814. Malheureusement, l'aménagement du château, pour l'adapter à l'artillerie, occasionnera la disparition de bâtiments médiévaux. En 1947, l'armée cédera la forteresse aux Monuments historiques.


 

Véronique insiste pour me conduire Place Sainte Croix, où se dresse une superbe maison ancienne, la maison d'Adam (en photo ci-dessous). Celle-ci, qui constitua autrefois la demeure d'un apothicaire, reste la plus exceptionnelle réplique de maisons à pans de bois de la ville. On compte encore aujourd'hui une quarantaine de ces maisons à Angers. Les dimensions imposantes, sa structure complexe, son décor énigmatique et son homme couillu (deuxième photo ci-dessous) en font une véritable curiosité. La demeure doit son nom aux figures d'Adam et Eve qui encadraient l'arbre de vie, sur le poteau d'angle du rez-de-chaussée. On date à 1491 les derniers abattages relatifs à la charpente du toit, ce qui permet d'envisager la date de la construction de cette maison. La qualité de cette dernière trahit le statut social des propriétaires successifs qui seront tous apothicaires, d'après un document fiscal datant de 1526. Les outrages du temps avaient détérioré l'ensemble vers 1814, mais des travaux de restauration entamés dans les années 1950 permettront de sauver le décor sculpté des façades. La dernière restauration date de 1995. A l'origine, la maison d'Adam se trouvait au croisement de deux rues étroites,bordées de logis commerçants tout aussi étroits. Cette position privilégiée permit le développement de deux belles façades sur six niveaux (au lieu des quatre traditionnels). Le pan de bois fut, à Angers, un mode de construction très développé jusqu'à la fin du XVI ème siècle. On l'utilisait pour les façades, mélangé à la pierre locale, et essentiellement le long des grandes rues marchandes. Notre balade nous permettra d'admirer quelques autres vieilles demeures similaires mais pas aussi remarquables que celle-ci.


 

Le Musée des Beaux-Arts est quant à lui installé dans l'Hôtel particulier du Logis Barrault (ci-dessous) qui date du XV ème siècle. Il offre 3000 m2 d'exposition et deux parcours de visite : les Beaux-Arts (peintures) et l'Histoire d'Angers. Cette demeure abrita autrefois un grand financier, en la personne d'Olivier Barrault, vicomte de Mortain, grand serviteur du roi, trésorier de Bretagne et Maire d'Angers à trois reprises, qui la fit construire entre 1486 et 1493. L'endroit connut une période faste mais courte, et accueillit des personnages illustres comme César Borgia, ou Marie de Médicis. L'ensemble sera plus tard subdivisé, puis acquis par le Grand Séminaire en 1673, avant de faire l'objet de profondes transformations au tournant des XVII-XVIII èmes siècles. La Révolution transforma l'ensemble en école centrale, puis en musée (à partir de 1801).

A deux pas, se trouve la galerie David D'Angers (ci-dessous), abritée dans ce qui fut jadis une chapelle édifiée au XI ème siècle qui offrait aux pauvres sans cimetière un lieu d'inhumation. L'abbatiale Toussaint sera ensuite bâtie au même endroit, deux siècles plus tard, par les Chanoines de Saint-Augustin. Le XVII ème siècle vit l'ajout de bâtiments conventuels dont il ne reste aujourd'hui que le logis du prieur et le cloitre. C'est en 1980 que la ville d'Angers décida de la réhabilitation de ce lieu qui tombait en ruine.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêterons quelques minutes devant une autre demeure splendide : l'Hôtel des Pénitentes (deuxième photo). Construction architecturale des XV-XVI èmes siècles, ce logis superbement restauré sert désormais de lieux pour réceptions et séminaires. Il est entouré de jardins à la Française et sa cheminée de style Renaissance rend l'endroit particulièrement remarquable.


 

Le dimanche sera l'occasion pour moi de faire un tour sur les bords de Loire, accompagné de Véronique et de son époux Antoine. Le soleil radieux transforme cette promenade en un véritable moment de plaisir. Nous faisons une halte à La Pointe, un ancien village de mariniers, situé à la confluence de la Maine et de la Loire. Cet endroit charmant attirera dès le XVII ème les bourgeois angevins, avant que trains puis tramways, ne rendent l'accès plus facile à ce quartier désormais résidentiel où fleuriront non seulement glycines mais aussi des petits édifices particuliers. Un petit muret permet de longer le fleuve et d'atteindre ainsi Nantes. Nous n'irons pas jusque là cette fois mais profiterons un temps de la Loire et des maisons résidentielles qui la longent avant de rebrousser chemin. Cette balade me permettra de découvrir plusieurs embarcations qui étaient autrefois utilisées pour naviguer sur ce cours d'eau imprévisible : le chaland, grand bateau plat, le fûtreau, petite embarcation des riverains du fleuve utlisée pour se rendre d'une rive à l'autre, la gabare, embarcation à voile et à rames, qui servait à décharger les plus gros bateaux, et la toue, bateau plat utilisé comme bac ou bateau de pêche. Après cela, comment ne pas se souvenir qu'Angers et ses environs figurent parmi les régions françaises qui offrent le plus de douceur de vivre, la douceur angevine !


 

 

INFOS PRATIQUES


  • Cathédrale Saint Maurice, Place Monseigneur Chappoulie, à Angers. Tél : 02 41 87 58 45. Ouverte tous les jours de la semaine, de 8h30 à 19h00. L'ancien Palais épiscopal peut être visité au 2, rue de l'Oisellerie, lors des journée du patrimoine.


  • Angers Loire Tourisme, 7, Place Kennedy, à Angers. Tél : 02 41 23 50 00. Site internet : http://www.angersloiretourisme.com

  • Château du roi René, 2, Promenade du bout du monde, à Angers. Tél : 02 41 86 48 77. Ouvert du 2 mai au 4 septembre de 9h30 à 18h30 et du 5 septembre au 30 avril, de 10h00 à 17h30. Le château abrite la tenture de l'Apocalypse, l'une des plus belles œuvres de la tapisserie médiévale encore existante de nos jours.

  • La maison d'Adam, Place Sainte Croix, à Angers. Tél : 02 41 88 06 27.

  • Musée des Beaux-Arts d'Angers. Tél : 02 41 05 38 00. Ouvert toute l'année de 10h00 à 18h00.

  • Galerie David d'Angers, 31bis, rue Toussaint, à Angers. Tél : 02 41 05 38 90. Site internet : http://musees.angers.fr/les-musees/galerie-david-d-angers/le-lieu/index.html

  • Hôtel des Pénitentes, 23 boulevard Descazeaux, à Angers. Tél : 02 41 05 40 73.









 



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