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A l'Ouest de Chania
(Ile de la Crète, Grèce)
Heure locale


Mardi 24 novembre 2015

 

Mes pas me conduisent aujourd'hui à l'ouest de Chania, à la découverte de Kissamos et de sa région. La pointe nord-ouest de la Crète resta longtemps une route maritime stratégique sur laquelle se dressaient cités antiques prospères, monastères fortifiés et forteresses imprenables. Kissamos fait partie de ces forteresses. Ancienne place forte génoise, la ville est posée dans la baie du même nom et contrôle deux promontoires. Son économie est principalement tournée vers les vergers et les oliveraies. Je peux, au passage, apercevoir de nombreux habitants en train de cueillir les olives dans leurs champs en cette période de l'année. Les fruits seront ensuite mis dans de grands sacs de jute, conduits à la coopérative, puis pressés pour en tirer une huile délicieuse. Kissamos est aussi parfois appelé Kastelli à cause précisément de son ancienne forteresse vénitienne dont il ne reste plus désormais que des vestiges (ci-dessous), tout près de la Place Tzanakaki. Sur cette même place se dresse le musée archéologique, qui a trouvé refuge dans l'ancien palais du gouverneur (deuxième photo), bâtiment érigé par les Vénitiens, puis modifié par les Ottomans. L'endroit est richement documenté et présente plusieurs collections d'objets issus de fouilles effectuées dans la ville même, mais aussi à Falassarna et Polirinia. On peut y admirer la statuaire gréco-romaine, particulièrement fournie et passionnante. Une grande mosaïque se trouve à l'étage et représente des scènes d'un rituel dionysiaque, avec, au milieu, Dionysos le Victorieux, dressé sur un char tiré par deux tigres. Quelques beaux bronzes meublent également l'espace.


 

En face du musée, de l'autre côté de la place, j'emprunte une petite rue qui me conduit, quelques minutes de marche plus tard, à l'église Agios Spiridon (ci-dessous), nichée au fond d'une impasse. Sa façade blanche rectangulaire et son clocher se dressent majestueusement sur un parvis panoramique. L'ensemble est extrêmement bien entretenu, y compris à l'intérieur où je découvre de très beaux ornements. Juste avant d'atteindre cette église, je m'arrête au pied d'une fontaine vénitienne datant de 1520. Celle-ci se trouve sur la gauche, dans une impasse en contrebas. Je ne m'attarde pas plus longtemps dans cette petite ville fort sympathique et prends la route pour Falassarna, dans l'espoir d'y découvrir son site archéologique. Cet endroit ne se trouve qu'à une dizaine de kilomètres de Kissamos, mais le dernier kilomètre n'est accessible que par une piste traversant des champs d'oliviers.


 

J'avais initialement projeté de me rendre au lagon de Balos (ci-dessous) mais la voiture n'est malheureusement pas le meilleur moyen d'accéder à ce paradis perdu tant la piste est difficile (sur 8 kilomètres) suite à de récents éboulements. Il faut ensuite marcher à pied sur deux kilomètres, avant d'apercevoir le célèbre lagon, en contrebas. Ne disposant pas d'un 4X4, j'ai évité de me lancer dans cette aventure. Sachez toutefois que l'endroit vaut le déplacement mais qu'il faut mieux s'y rendre par bateau (voir infos pratiques) par souci pratique et pour profiter d'une vue plus jolie. Dénudée, escarpée et encore préservée, la péninsule de Gramvoussa forme la pointe nord-ouest de la Crète. A son extrémité, le cap Vouxa est cerné par deux îlots : Agria Gramvoussa et Imeri Gramvoussa. Ce site naturel sert d'étape aux oiseaux migrateurs, dont on a déjà dénombré une centaines d'espèces. Le phoque de Méditerranée y fait aussi escale , dans les grottes marines, pour mettre bas, et la tortue marine vient s'y nourrir. Ce dernier îlot sera choisi par les Vénitiens pour l'accueil des navires venant de Venise. En 1579, ils y érigeront un fort planté tout au sommet de l'endroit (à 140 mètres au-dessus du niveau de la mer). Le fort explosa en 1588, suite à la foudre qui s'abattit sur le dépôt de poudre. Le château sera reconstruit en 1630, mais les Turcs s'en empareront en 1691, suite à une trahison. On connait désormais l'esprit de résistance des Crétois qui reconquirent le château en août 1825, lors de la guerre d'indépendance. Et la forteresse d'être habitée par des réfugiés de l'île entre 1826 et 1828. Le lieu servira aussi de base à une flotte de pirates grecs dont les navires seront capturés puis détruits par une flottille franco-anglaise en janvier 1828. Jadis, cette pointe nord-ouest vit fleurir, pendant l'Antiquité, trois cités d'importance, et chacune d'entre elles battait sa propre monnaie. Il y eut Kissamos, cité commerciale florissante de l'ère romaine, Polirinia (située plus à l'intérieur des terres) la plus puissante et la mieux fortifiée des trois. Elle se servait des deux autres comme débouché portuaire. Et puis, Falassarna, puissante cité navale et balnéaire, qui connaitra son apogée sous l'ère hellénistique (deuxième photo ci-dessous). Malheureusement, le site archéologique que constitue cette ancienne ville de Falassarna est fermé. Il ne me reste plus qu'à rebrousser chemin.


 

Je reviens sur mes pas et me rends à Kolimvari, pour visiter le monastère de Gonias (ci-dessous). Dressé sur un promontoire surplombant la mer, celui qu'on surnomme le monastère de l'Angle affiche sa silhouette aux allures de place forte à l'entrée de la péninsule de Rodopou, et ce, depuis le XVII ème siècle. Je suis merveilleusement reçu par le personnel de l'Académie (centre de rencontres de l'église orthodoxe autonome de Crète) située à quelques centaines de mètres de là, dont Catherine, de nationalité grecque, qui pratique avec talent notre langue. L'histoire du monastère débute au milieu du IX ème siècle lorsque les moines zélotes (moines mus par une foi profonde et par un enthousiasme religieux à toute épreuve) fondent un monastère dédié à Saint Georges, à l'endroit même où se dressait autrefois le temple de la déesse Dictynne. Mais les fréquentes attaques corsaires contraignirent ces moines à se réfugier dans un endroit plus sûr. Ils érigèrent alors un autre petit monastère (qui fait office, de nos jours, de cimetière du monastère actuel), puis le monastère actuel, qui fut élevé vers le XVII ème siècle par le moine chypriote Vlassios. La construction débuta en 1618 et l'église, dédiée à la Dormition de la Vierge, fut achevée en 1634. L'existence du monastère ne sera pas toujours de tout repos puisque celui-ci connaitra ses pires moments en 1645, 1652, 1822, en 1887 et en 1941. C'est en effet depuis ce site qu'en 1645, les Ottomans débuteront leur conquête de la Crète en détruisant le monastère. Chania allait tomber aux mains des troupes ottomanes deux mois plus tard. En 1887, le colonel de l'armée grecque, Timoleon Vassos débarquera avec ses soldats et prendra possession de la Crète au nom du roi des Grecs. Il installera son bureau de commandement à l'intérieur même du monastère. En 1941, à la suite de la prise d'Athènes par l'armée allemande, sera fondée l'Ecole de l'Armée pour cadets à l'intérieur même du monastère. La même année, les moins furent arrêtés par les Allemands puis conduits à la prison d'Agyia, avant d'être heureusement amnistiés le 9 septembre. Une visite des lieux permet d'admirer plusieurs objets précieux comme des icônes de l'Ecole crétoise et d’iconographes célèbres du XVII ème siècle, des livres anciens et des actes historiques comme, par exemple, le codex du fondateur, mais aussi des habits et des objets ecclésiastiques.

Juste à côté de l'Académie orthodoxe se trouve une pancarte discrète qui annonce le musée de la flore crétoise. Ce minuscule musée, inauguré en 2008, est issu de la donation de 9000 échantillons de plantes sauvages de Crète par le botaniste français Jacques Zaffran, cinq ans plus tôt. On peut entre autre y voir la tulipe crétoise (deuxième photo ci-dessous), plante vivace à bulbe de la famille des liliacées. Cette espèce endémique se trouve sur les îles du sud de la mer Egée, en bordure de champs, sur les pentes rocheuses, ou sur les éboulis, bref, dans des endroits où la pierre est toujours présente mais jamais au-delà de 900 mètres d'altitude.


 

Avant de rentrer à Chania, je m'arrêterai à l'église de l'Archange Saint Michel, située dans la montagne, non loin du village de Spilia. Peu d'information sur cette petite église sinon qu'elle date du XIV ème siècle et que son architecture est particulière et peu commune aux autres églises orthodoxes de l'île.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Musée archéologique, Place Tzanakaki, à Kissamos. Tél : 28220 83 308. Ouvert tous les jours, du mardi au dimanche, de 8h00 à 15h00. Entrée : 3€. Prise de photos interdite.
  • Strata Tours, Place Tzanakaki, à Kissamos. Tél : 28220 24249. Stelios et Angela vous proposent de vous guider dans la région, et de vous conduire au lagon de Balos. Site internet : http://www.stratatours.com/

  • Le site archéologique de l'ancienne cité de Falassarna est apparemment accessible en été, de 8h00 à midi. Entrée libre.

  • Monastère de Gonias, à quelques centaines de mètres (suivre les panneaux) au nord du village de Kolimvari. Tél : 28240 22313/518. Entrée libre. Ouvert en été, tous les jours de 9h00 à 14h00 et de 16h00 à 19h00. En hiver, ouvert tous les jours de 8h00 à 12h30 et de 15h30 à 17h30 (le samedi, de 15h30 à 17h30). Prise de photos interdite dans l'église. L'Académie orthodoxe de Crète se trouve quant à elle, à 200 mètres du monastère et propose séminaires et conférences dans un site dédié, avec hébergement possible. Les thèmes abordés concernent la littérature, l'orthodoxie et le dialogue inter-religieux, la foi et la vie dans les domaines de l'éducation et de la science, théologie et écologie, les femmes en religion et dans la société... Tél : 28240 22245/22500. Site internet : http://www.oac.gr/en/

  • Musée de la Flore, à l'Académie orthodoxe de Crète. Visite sur rendez-vous au 28240 22500, le matin de préférence. Entrée libre. Site internet de Jacques Zaffran : http://www.jacques-zaffran.fr/

     

 



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