Revoir le globe
Top


Exposition "Les Grands Ducs de Bourgogne"
(Musée de la Tour Jean sans Peur, Paris, France)
Heure locale

 

Vendredi 4 décembre 2015

 

Connaissez-vous les Ducs de Bourgogne ? L'exposition qui est actuellement proposée par La Tour Jean sans Peur (Paris) vous donne l'occasion d'en apprendre davantage à leur sujet. Nous sommes en 1356, plus exactement le 19 septembre, et la bataille de Poitiers fait rage. Notre roi de France, Jean II le Bon, alors entouré de soldats anglais, se retrouve en bien mauvaise posture. Certes, depuis 1337, le roi d'Angleterre contestait les droits du roi de France à la Couronne, faisant valoir ses liens de parenté avec les Capétiens. Et la célèbre « Guerre de Cent ans » de bien mal commencer pour la France, déjà vaincue à l'Ecluse en 1340, puis à Crécy, en 1346. Mais revenons sur ce 19 septembre 1356, date à laquelle Philippe, le plus jeune fils du roi de France, fait montre de grand courage en soutenant son père face aux Anglais. Ce jeune homme n'évitera certes pas la défaite mais gagnera entre temps un surnom, celui de « Hardi ». Et recevra, peu après son retour de captivité, en 1363, la Bourgogne en apanage. Ainsi débute une épopée de 114 ans qui verra la puissance et la richesse des ducs de Bourgogne dépasser celles des plus grands princes d'Occident.


 

Ainsi, le nouveau roi, Charles V, confirmera t-il, en 1364, le don de la Bourgogne à son frère Philippe le Hardi (ci-dessus en photo), et négociera son mariage avec la riche héritière de Flandre, la princesse Marguerite de Male, mariage qui renforcera considérablement la position politique et la puissance du duc de Bourgogne. Vingt ans plus tard, à la mort de son beau-père, Philippe recevra un héritage de grande ampleur comprenant les comtés de Bourgogne (Franche-Comté), de Nevers, de Rethel, d'Artois et de Flandre, incluant la « Flandre gallicante » (c'est à dire les châtellenies de Lille, Douai et Orchies). A cette époque, deux groupes de seigneuries formeront donc l'ensemble territorial bourguignon, à savoir, au sud, les « deux Bourgognes » (duché et comté) et, au nord, l'Artois et la Flandre.

Dès 1380, année de l'avènement de son neveu Charles VI qui le considère comme un père de substitution, Philippe le Hardi jouera un rôle de premier plan au sein du gouvernement royal, en n'hésitant pas à mettre les ressources du royaume au service de sa propre politique, jusqu'à ce qu'en 1388, le roi Charles VI gouverne par lui-même. Malheureusement, cette gouvernance durera peu de temps car le roi sera affecté par une première crise de folie en août 1392, crise qui deviendra récurrente jusqu'à son décès, trente ans plus tard. Et c'est à Philippe de Bourgogne, ainsi qu'à son frère Jean de Berry, de reprendre alors la tête du gouvernement, tandis qu'un nouveau rival pointe déjà le bout du nez : Louis d'Orléans. Celui-ci, frère d'un roi fou et oncle d'un dauphin malingre, s'imagine déjà roi de France.


 

Le second duc de Bourgogne (ci-dessus) portera le nom de Jean sans Peur (un nom bien connu de notre musée!), surnom de Jean Ier de Bourgogne. Notre homme entrera dès son avènement en conflit avec son cousin Louis, duc d'Orléans, mentionné plus haut, car ce dernier avait profité de la mort de Philippe le Hardi, en 1404, pour renforcer son contrôle sur le gouvernement de la France et sur le trésor royal. Jean 1er de Bourgogne est le fils ainé de Philippe le Hardi et de Marguerite de Male. Auréolé du prestige du Croisé, malgré le fait qu'il ait été défait et capturé à Nicopolis en 1396, il assistera son père jusqu'à sa mort et offrira ainsi sa meilleur image, en se révélant juste, charitable et doux. Nous le verrons, son comportement évoluera quelque peu par la suite. En effet, pratiquement exclu du pouvoir, Jean décidera de régler le problème par la force, en faisant assassiner son rival, Louis d'Orléans, en plein Paris, le 23 novembre 1407, puis en prenant le contrôle du gouvernement du dauphin, à savoir le pouvoir. C'est alors que s'ouvre la « querelle des Armagnacs et des Bourguignons », qui s'avèrera être la plus grande guerre civile de France, entre 1408 et 1435. Jean sans Peur parviendra toutefois à conserver le pouvoir jusqu'en 1413, année où il devra fuir, menacé par les désordres de sa propre milice, la Caboche (constituée de bouchers et autres écorcheurs). Cette Caboche, dirigée par Simon Caboche, tiendra ses partisans principalement des classes populaires de Paris, et parmi les bouchers, mais aussi des gens riches et des notables. La milice se livrera à des massacres dans les prisons et les rues de la capitale, commettant des assassinats, s'emparant de la Bastille et prenant même un temps le pouvoir dans Paris. Pendant ce temps, les Anglais profiteront de la division française pour débarquer en Normandie. Et Henri V, vainqueur à Azincourt (en 1415), de soumettre le nord-ouest de la France. Jean sans Peur, lui, sera assassiné sur le pont de Montereau le 10 septembre 1419, alors qu'il tentait de se rapprocher du dauphin.


 

Philippe III de Bourgogne (dit Philippe le Bon, en photo ci-dessus) succédera ainsi à son père Jean sans Peur (dont il était l'unique fils). Par réalisme politique autant que par désir de venger son père, notre nouveau duc s'alliera avec les Anglais pour se liguer contre le dauphin Charles et les Armagnacs. Il sera ainsi, en 1420, l'artisan du « honteux » traité de Troyes qui, après le déshéritement du dauphin, prévoyait que le roi anglais Henri V et ses héritiers succèdent à Charles VI sur le trône de France. Cette entente avec les Anglais durera tout de même quinze années, années durant lesquelles elle deviendra de plus en plus pesante, à partir du début des années 1430. Un tournant décisif s'amorcera en effet avec l'épisode de Jeanne d'Arc (1429-1430), lorsque les Anglais, jusqu'ici toujours victorieux, commenceront à connaitre des revers. Et puis, en 1435, il y aura la signature du traité d'Arras qui réconciliera les princes français en déterminant une certaine autonomie politique, militaire et diplomatique du duc de Bourgogne, ce qui déplaira aux Anglais.

De son côté, philippe le Bon s'avérera être un grand rassembleur de terres. En plus d'importantes cessions territoriales dues au dédommagement lié au meurtre de Montereau (Picardie...), le duc fera l'acquisition de territoires (comme Namur), héritera d'autres (comme le Brabant..), en conquerra certains (comme le duché du Luxembourg) ou s'imposera ailleurs (comme au Hainaut ou en Hollande...). De plus, il créera l'Ordre de la Toison d'Or en 1430, dans le but de consolider ses réseaux issus de la haute noblesse. Sage précaution. Heureux bilan que le sien à la fin de son principat, puisqu'il détiendra alors la quasi-totalité des grandes principautés laïques des Pays-Bas. Et les principautés ecclésiastiques de se trouver placées sous son influence.


 

Son successeur, Charles le Téméraire (ci-dessus), deviendra duc de Bourgogne en 1467. Et se lancera dans une politique hostile au roi de France, profitant de circonstances favorables, à Péronne, pour séquestrer et arracher un traité humiliant à Louis XI, lequel n'aura de cesse par la suite d'éliminer son cousin rival. Charles se révèlera efficace lorsqu'en 1473, il renforcera la centralisation administrative et judiciaire de ses pays en créant notamment une Chambre des comptes et un Parlement, compétents pour l'ensemble des Pays-Bas bourguignons, juridictions qu'il installera à Malines. Mais ce Parlement ne sera guère du goût du roi de France qui le considérera comme un crime de lèse-majesté.

Durant le règne de Charles le Téméraire, la moitié au moins des principautés ducales était de mouvance impériale : le Brabant, Limbourg, Luxembourg, Hollande, Zélande...tout comme d'ailleurs le comté de Bourgogne (Franche-Comté). Ainsi, cette même année 1473, Charles le Téméraire rencontre t-il Frédéric III à Trèves pour essayer de le convaincre de favoriser son accession à la dignité des rois des Romains. Mais, malgré la présence de la couronne et la cérémonie fin prête, cette entrevue de Trêves restera un échec. Et Charles le Téméraire ne sera jamais roi, ni empereur du Saint-Empire romain germanique...La débandade de Grandson, puis la cuisante défaite de Morat inciteront aussi adversaires et anciens alliés à se liguer contre Charles, lequel perdra la vie le 5 janvier 1477, lors d'une ultime mais brève et violente bataille devant Nancy.


 

Et Marie de Bourgogne, fille unique de Charles le Téméraire, de se retrouver dans uns situation périlleuse, car, dès la mort de son père, le roi Louis XI prendra des mesures militaires en faisant saisir le duché de Bourgogne par ses troupes, sans tenir compte des droits de Marie. Louis XI se justifiera en déclarant qu'il s'agira d'un apanage royal, et prononçant dans le même temps le rattachement au domaine de la couronne. Parallèlement, les provinces bourguignonnes des Pays-Bas se révolteront contre l'autorité de l'héritière, laquelle décidera de s'unir à Maximilien 1er de Habsbourg, archiduc d'Autriche, et fils de l'empereur Frédéric III. La célébration de ce mariage liera désormais le destin de la Maison de Bourgogne à celui de celle des Habsbourg.

Durant toute cette épopée des grands ducs de Bourgogne, la grandeur des Valois s'appuiera sur les fastes et l'apparat, car le luxe et l'ostentation apparaissaient alors comme des instruments politiques. La cour et l'hôtel jouaient à l'époque un rôle essentiel dans la politique de prestige des ducs de Bourgogne. Il convenait de porter des vêtements de luxe, de posséder des montures, des armes, de faire montre de résidences somptueuses, d'abondance de vivres et de boissons, et d'exhiber ses richesses lors de fêtes grandioses. Un bon moyen pour impressionner les partisans et de se faire craindre de ses adversaires. C'est ainsi qu'en 1454, Philippe le Hardi fera organiser le célèbre « banquet du Faisan », dont le luxe devait servir à donner au vœu de croisade du prince le plus grand retentissement, car la cour de Bourgogne était en ce temps-là l'un des grands centres de promotion de l'idéal de croisade. Philippe le Bon, nous l'avons vu, fondera l'Ordre de la Toison d'Or qui, dans une pompe majestueuse, saura renforcer les liens de fidélité et de vassalité envers le prince. Les plus grands artistes se mettront au service des ducs, comme les peintres (Jean Van Eyck), les sculpteurs (Claus Sluter, Claus de Werve...), les enlumineurs (Guillaume Vrelant...), les orfèvres (Gérard Loyet...), ou les écrivains (Philippe de Mézières, Christine de Pizan...) Et les Valois de Bourgogne de manifester leur richesse et leur puissance jusque dans leurs tombes, en se faisant bâtir de superbes sépultures. Passionnante exposition en perspective !

INFOS PRATIQUES :

  • Exposition « Les Grands Ducs de Bourgognes», jusqu'au 3 avril 2016, à La Tour de Jean sans Peur, 20 rue Etienne Marcel à Paris (2è). Métro : Etienne Marcel. Tel : 01 40 26 20 28. Ouvert du mercredi au dimanche, de 13h30 à 18h00. Droit d'entrée : 5€.
  • Un livret de l'exposition est disponible au prix de 7€ (en photo ci-dessous)




 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile