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Sud Corrézien
(Corrèze, France)
Heure locale

Dimanche 9 octobre 2016

 

Après une bonne nuit de sommeil, je prends la route pour me rendre dans le sud corrézien. Mon parcours comporte une liste exhaustive de lieux présentant un intérêt certain mais je me limiterai cette fois à quatre communes. Me voici parti pour Turenne, petit village de 800 âmes baptisées Viscomtins ou Turennois, c'est selon. L'endroit est perché sur une butte , seulement à trois kilomètres du Lot. Il y a très longtemps, sous la seconde ère géologique, cette butte était entourée par la mer et un cimetière de fossiles de coquilles Saint-Jacques fut même découvert au pied du village. C'est au IX ème siècle qu'apparurent les premier seigneurs de Turenne. Le village devint ensuite un véritable Etat féodal, à la suite des croisades, puis l'un des plus importants fiefs de France durant le XIV ème siècle. Jusqu'en 1728, les vicomtes successifs rendront honneur au roi et seront exemptés d'impôts. Turenne verra ainsi se succéder quatre familles de vicomtes qui occuperont le célèbre château (ci-dessous). Ce dernier domine les maisons environnantes du haut de sa falaise imprenable de vingt mètres. Seule une pente raide jadis fermée par trois portes successives y donnait accès. Sur une plate-forme ceinte de murailles ponctuées de tours arasées, se dressent deux tours, ultimes vestiges des anciens bâtiments. La Tour César, au nord, est une tour cylindrique du XIII ème siècle qui servait à recevoir les signaux des tours relais de Nazareth à l'ouest et de la Gardelle au nord, vers le Limousin et le Périgord. Le donjon, ou Tour du Trésor fut quant à lui bâti au XIV ème siècle, à la veille de la guerre de cent ans, et représente plus le symbole de la puissance vicomtale qu'un ouvrage défensif. Ce château n'était pas assez grand pour accueillir les personnels du Vicomte. On installa donc ceux-ci dans la ville Haute entourée d'une muraille médiévale, percée par les trois portes nommées plus haut. Seule la Porte de Mauriolles (deuxième photo ci-dessous) subsiste encore de nos jours. Au XVI ème siècle, lors des guerres de religion, Turenne deviendra une place forte protestante et le Vicomte, Henri de la Tour d'Auvergne, compagnon d'armes d'Henri IV, la dotera de nouveaux ouvrages défensifs, dont les vestiges sont, entre autres, la Tour du Calvaire reliée à une casemate qui se trouve au tournant de la petite route menant au château.


 

Je passe devant la Collégiale de Turenne (appelée également Notre-Dame Saint Pantaléon) qui fut bâtie de 1660 à 1680 dans un style roman très élevé mais sobre. A l'intérieur, on note la présence de 18 stalles en bois qui permettaient aux chanoines d'offrir leurs chants et leur apparat lors de l'office. Au moment où je monte vers le château, les cloches se mettent soudainement à sonner. Il est neuf heures et des bancs de brume dominent la vallée en contrebas (ci-dessous) et je me sens bien dans cette France authentique. Au pied du château se dresse toujours la Chapelle des Capucins, désormais classée aux monuments historiques. Le village offre une succession de petites rues escarpées, avec, ici et là, des jardins aménagés dans le goût des années Trente. Chut ! Tout le monde dort encore en ce dimanche matin.


 

Collonges-la-Rouge est ma seconde étape : les Collongeois s'éveillent tout juste en ce début de matinée lorsque j'atteins ce village surnommé la Cité aux vingt-cinq Tours. Il est difficile de stationner à l'entrée du village sans utiliser les parkings payants mais je trouverai tout de même une petite place pour mon véhicule. Collonges tient ses origines grâce aux moines de l'abbaye de Charroux en Poitou qui y fonderont un prieuré au VIII ème siècle, prieuré qui attirera sous son aile une population de paysans, d'artisans et de commerçants. Peu à peu, une communauté va prospérer autour de ce prieuré, accueillant au passage les pèlerins en route pour Compostelle via Rocamadour. En 1308, le Vicomte de Turenne accorde à la petite ville une charte de franchise et le droit de juridiction, moyenne et basse, lui est accordé. Collonges, qui se caractérise par ses maisons de pierre rouge, traversera les guerres de religion sans encombres, puisque les deux nefs de l'église (ci-dessous) seront utilisées à la fois pour les cultes catholique et protestant. Plus tard, s'élèveront les nobles logis qui coïncideront avec la montée en puissance de la Vicomté. La vente de ce vicomté à la couronne de France, en 1738, signera la fin des privilèges fiscaux et la Révolution française aboutira à la destruction du Prieuré. Et Collonges de perdre petit à petit ses habitants, de devenir une carrière de pierres, avant de retrouver une prospérité relative au début du XIX ème siècle.


 

Une promenade dans les ruelles du village séduit instantanément les plus réticents. Les nombreuses maisons jalonnent le parcours, parmi lesquelles la Maison de la Sirène (première photo ci-dessus). Il existe aussi quatre petits châteaux sur la commune, des manoirs et des ramades (maisons de maitres) comme celle de Friac (ci-dessous en photo), souvent classés monuments historiques. Collonges-la-Rouge servit aussi de refuge à notre Bibi national, le regretté Maurice Biraud. Celui-ci y avait une petite maison, à proximité du restaurant des Pierres Rouges (deuxième photo ci-dessous). L'acteur humoriste, décédé en 1982, contribua beaucoup à la renommée de ce petit village. Il repose désormais au cimetière de Collonges, à deux pas de là. L'église Saint-Pierre offre un joli portail, mais aussi un superbe clocher et un tympan de style roman. A l'intérieur, la clôture du choeur attire l'attention tout comme les très belles volutes sculptées et l'étonnant Christ Mort. Face à l'entrée de cette église se dresse la Halle (troisième photo) avec son four.


 

Je file maintenant à Curemonte, l'un des plus beaux villages de France. Ses habitants, les Curemontois, possèdent une histoire ancienne puisque l'existence de leur commune sera attestée dès 860, même si le village ne connaîtra un véritable essor qu'au XI ème siècle, dans la mouvance des vicomtes de Turenne. L'endroit possède trois châteaux : le château des Plas, le château de Saint-Hilaire et celui de la Johannie. On y trouve également trois églises, l'église de Saint-Barthélémy (dans le bourg), celle de Saint-Hilaire de la Combe et l'église de Saint-Genest, un peu à l'écart du village. Cette dernière a depuis été réaménagée en petit musée d'Art sacré, et est ouverte tous les jours (voir infos pratiques). Je m'y arrête quelques instants, le temps d'admirer le superbe corbillard (ci-dessous), le seul véhicule qui vous conduit à tous les coups à votre ultime demeure. Ce véhicule appartient au patrimoine national car il est inscrit au titre des monuments historiques. Souvent remisés, oubliés dans des granges, ou parfois brûlés, ces véhicules connurent pourtant leurs jours de gloire à une certaine époque. Le corbillard de Curemonte est probablement du aux Frères Paul et Antonin Peyridieux, charrons et forgerons de Marcillac-la-Croze, un village voisin, et daterait de 1900. Restauré en 2002, il fut introduit dans cette chapelle grâce à la création, pour l'occasion, d'un ingénieux système d'autel démontable.

Quant à l'église Saint-Hilaire de la Combe, citée plus haut,, elle se trouve entre Branceilles et Curemonte et rappelle le souvenir d'un village qui fut rasé sur ordre de Louis XI, en signe de représailles car le seigneur local avait voulu intriguer contre le roi. Toutefois l'église subsista miraculeusement et les villageois durent plus tard reconstruire leurs habitations non loin de là. Ce bâtiment vaut le détour car il serait le plus vieil édifice de la contrée.

L'entrée du village de Curemonte offre de voir, sur la droite, une curieuse grotte artificielle faite d'un empilement de pierres trouées par le temps, près de laquelle s'élève une croix de mission depuis 1935. Je n'aurai pas l'occasion cette fois de goûter à l'apéritif local réalisé à base de fleurs de pissenlit, vendu sous le nom de Lou Pé dé Gril. Curemonte offre aussi une spécialité de gâteau aux noix, à ne pas manquer, mais les gourmandises, çà sera pour une autre fois !

Sans attendre, je me rends au château de Saint-Hilaire (ci-dessous), construction du XIII ème siècle, qui fait partie d'une co-seigneurie rassemblant en fait deux châteaux dans la même enceinte. Le château de Saint-Hilaire est au centre tandis que le château des Plas, lui, se trouve près de l'entrée de l'enceinte. Les premiers propriétaires furent la famille de Saint-Hilaire, mais vit se succéder bien des familles au fil du temps. L'écrivain Colette y passa aussi pendant l'Occupation, pour séjourner chez sa fille corrézienne et Curemontoise.

 

Dernière étape de ma visite dominicale : Aubazines. Lorsque j'entre dans le bourg, les Aubazinois doivent être à table ou en famille car l'endroit est bien calme. Le village est remarquable grâce à son église abbatiale Notre-Dame (ci-dessous) qui offre d'admirer des armoires médiévales. Cette ancienne abbaye, qui relevait de l'Ordre de Cîteaux, fut fondée par Etienne d'Obazine. L'une des deux armoires insignes qui sont visibles à l'intérieur de l'église (deuxième photo) serait la plus ancienne d'Europe. Elle est conservée dans le bras nord du transept, au pied de l'escalier qui menait au dortoir des moines, et impressionne par sa taille, mais aussi par son poids (près d'une tonne!). Faite en bois de chêne, elle devait présenter autrefois un décor de lignes de clous et de bandes métalliques dont il ne reste aujourd'hui que quelques traces. Les coffres de cette armoire (qui est datée de 1176) servaient à conserver les biens les plus précieux (chartes, objets liturgiques,vases sacrés...) des moines.

Je n'aurai pas la chance de pouvoir visiter le monastère masculin (une visite a généralement lieu à 15h30), ni le canal des moines (troisième photo) dominé par le rocher du saut de la bergère (paroi rocheuse de 70 mètres de haut d'où, selon la légende, se serait autrefois jetée une bergère afin d'échapper au déshonneur). Datant du XII ème siècle et d'une longueur de presque deux kilomètres, ce canal fut bâti par les moines pour alimenter en eau le monastère et le village, classé depuis 1965. Cet ouvrage est le seul de ce type encore en activité en Europe, et domine les gorges du Coiroux.


 

Le sud corrézien offre encore bien des curiosités :

  • Oradour de Ligneyrac

  • Le village-rue de Jugeals-Nazareth

  • le gouffre de La Fage (05 55 85 80 35)

  • Le lac du Causse

  • Beaulieu sur Dordogne

  • Branceilles

  • Cosnac

  • Vegennes....

     

 

INFOS PRATIQUES :

 


 

 

 

 



 



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