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Sur la Route des Gorges de la Vézère
(Corrèze, France)
Heure locale


Lundi 10 octobre 2016

 

Il est une partie de la Corrèze qui longe les gorges de la Vézère, rivière française qui travers no seulement la Corrèze mais également la Dordogne et le Périgord. Une partie de sa vallée est d'ailleurs classée au patrimoine de l'Unesco et constitue une remarquable voie touristique par la beauté des paysages qu'elle traverse. Je pars ainsi à la découverte de villages qui comptent parmi les plus beaux de France. Mais au fait, d'où vient ce nom de Vézère ? Il provient de l'antique hydronyme Vizara signifiant le cours d'eau de la vallée creuse. Cette rivière prend sa source dans la tourbière de Longéroux, sur le plateau de Millevaches, dans le Massif central et à 887 mètres d'altitude. Son principal affluent est la Corrèze. La Vézère, qui mesure 211 kilomètres de long, est un cours d'eau abondant bien que son débit présente des variations saisonnières.

 

Je fais une halte à Varetz, situé à seulement quelques kilomètres de Brive-la-Gaillarde. Les habitants de cette commune sont gâtés puisqu'il sont surnommés les Gracieux-divins. N'est-ce pas ravissant ? La place du village accueille la statue d'Henri de Jouvenel depuis 1933, mais aussi l'église Saint Julien, en grès rouge, avec ses deux chapiteaux romans datant du XII ème siècle. Je m'arrête aux Jardins de Colette, créés en hommage au célèbre écrivain, qui aimait tant la nature. Ces jardins, qui ont ouvert leurs portes en 2008, n'ouvriront pas aujourd'hui car la saison est terminée (voir infos pratiques). Les cinq hectares occupés par ces jardins sont une ode à la nature, à travers six tableaux-paysages qui représentent les six « vies » et régions où vécut l'écrivain. On peut aussi jouer à se perdre dans un grand labyrinthe en forme de papillon sur un demi-hectare, labyrinthe à la fois végétal et littéraire.


 

A quelques minutes des Jardins de Colette, se dresse le Château de Castel Novel (ci-dessus) sur un parc de douze hectares. L'histoire de ce château remonte à l'époque romaine mais celui-ci servit probablement de castel fortifié au Haut Moyen Âge. La demeure devint la propriété de la famille d'Aubusson vers la fin de 1500 et cette famille le conservera trois siècle durant. Puis, le Baron Jacques-Léon de Jouvenel, alors député de Corrèze, racheta le domaine dont héritera Henri de Jouvenel en 1886. Et l'endroit de devenir alors un centre politique, mondain et littéraire, grâce, entre autre, à l'écrivain Colette. Cette dernière épousera en effet Henri de Jouvenel en 1912, devenant ainsi baronne, titre dont elle ne manquera pas de se moquer. L'écrivain laissa de nombreuses traces au Château, comme sa chambre. L'édifice a traversé les siècles tout en gardant son apparence d'antan, avec ses façades de pierre rose, ses tourelles, son escalier à vis de pierre...De nos jours, le Château de Castel Novel est depuis quarante ans sous la direction de la famille Parveaux, qui l'a transformé en un lieu de réjouissance pour les hôtes de passage à la recherche d'un havre de paix.


 

Il est encore tôt mais la journée s'annonce superbe, avec un grand ciel bleu et un soleil éclatant qui va peu à peu réchauffer la campagne limousine. Je prends la direction de Saint Viance, petit village traversé par la Vézère (ci-dessus). L'église Saint-Viance, romane du XII ème siècle, et inscrite au titre des monuments historiques depuis 1972, flirte avec le pont jeté au XIX ème siècle sur la rivière et qui facilite bien les choses, puisqu'auparavant, les habitants ne disposaient que d'un bac pour franchir l'autre rive. L'embarcadère se trouvait alors à l'endroit de l'actuel lavoir. Mais revenons à la petite église car celle-ci possède une châsse exceptionnelle (ci-dessous) en émail de Limoges du XIII ème siècle, elle aussi classée en tant que monument historique depuis...1891. Dérobée, puis retrouvée à New York, la châsse est aujourd'hui sous bonne garde mais peut être admirée par les touristes de passage. C'est l'une des plus grandes châsses du Limousin qui fut vraisemblablement commanditée par le baron le Lasteyrie du Saillant car les armes de cette famille figurent sur l'écu d'un soldat. La châsse relate, sur l'une de ses faces, le miracle de l'ours de Saint-Viance (deuxième photo ci-dessous). Ce saint personnage, élevé à la cour du roi d'Aquitaine au VI ème siècle s'était retiré dans une forêt proche de Limoges pour y vivre en ermite et y mourir. Un de ses amis, le prêtre Savinien fera élever une église à Alvoca Curtis qui deviendra Saint-Viance. Un ange apparaitra alors au prêtre, lui demandant d'aller chercher le corps de son ami, ce qu'il fera. Mais, pendant le transport, l'attelage sera attaqué par un ours qui tuera l'un des bœufs. Et le miracle se produisit, puisque cet ours devint si docile qu'il prit la place du défunt bœuf dans l'attelage pour tirer le sinistre convoi. La même vitrine permet également d'admirer un très beau coffret en émaux limousins (troisième photo)


 

Non loin de là se trouve Ayen, petite commune de Corrèze. Ayen fut un ancien comté, érigé en duché en février 1737 pour Louis de Noailles. Le village abrita aussi l'une des plus importantes commanderies des Chevaliers de Malte de la région dans un petit temple de la commune. Les Anglais feront aussi une incursion à Ayen puisqu'ils récupéreront le château occupé par Richard Coeur de Lion. Mais ce qui me conduit aujourd'hui sur place est l'église Sainte-Madeleine qui fut déménagée de la partie basse de la commune à sa partie haute. La précédente église fut en effet démolie afin d'en réduire les couts mais on en récupéra les matériaux pour en rebâtir une nouvelle. L'ancienne église possédait pourtant un superbe choeur, agrandi au XIV ème siècle dans un style gothique remarquable. Certains qualifieront d'ailleurs à l'époque d'acte de vandalisme cette démolition, dans un article de presse paru en 1894. Parmi les matériaux récupérés, on compte un certain nombre de décors sculptés comme les modillons (en photo ci-dessous) à figures grimaçantes, ou encore certains enfeus ou des pentures sur la porte principale (deuxième photo) de la nouvelle église.


 

 

Juste en face d'Ayen, perché sur une colline, se dresse le charmant village de Saint-Robert. Cité millénaire inscrite à l'association des plus beaux villages de France, il est implanté au sud-ouest de la Corrèze, sur un large plateau qui culmine à 350 mètres d'altitude. L'originalité du lieu tient dans le changement de nom du village à trois reprises : l'endroit s'appela d'abord Murel, puis Saint Robert et enfin Mont Bel Air. Le village a finalement repris son nom de Saint Robert, en hommage à Robert de Turlande qui fut d'abord un ermite puis prédicateur itinérant guérissant les malades au cours du XI ème siècle. Ce saint homme est à l'origine d'une cinquantaine d'églises et de prieurés à travers le pays, et aussi à l'origine de la création de la Chaise-Dieu. Le village sera une place forte de choix compte tenu de sa position géographique, bloquant ainsi le passage vers le Périgord. Là se déroulèrent des combats entre Huguenots et Catholiques tout au long des guerres de religion au XVI ème siècle. Un siècle plus tard, la Fronde des Princes mutilera encore l'édifice, puis l'église (ci-dessous) deviendra un magasin à bois jusqu'à sa restauration par les monuments historiques au XIX ème siècle. Cette église est édifiée sur le principe d'une église de pèlerinage puisqu'on se trouve ici sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Saint-Robert fut très longtemps un village très animé avec ses foires, ses concerts, ses fêtes et ses habitants. Aujourd'hui, l'endroit est particulièrement calme et je descend la vieille rue, avec ses constructions en pierres calcaires de pays, dotées de couvertures de tuiles plates ou d'ardoises (deuxième photo). J'y croise le château Verneuil et sa chapelle, franchis une porte fortifiée datant du XII ème siècle, avant de déboucher sur la place Seguin. Je croise quelques touristes qui, comme moi, découvrent les lieux. De la place Seguin, on distingue la maison du même nom, celle d'un ancien maire de la commune, puis le pavillon de Noailles et la château d'Aragon. A condition de bien chercher, on observe également un superbe pigeonnier du XVII ème siècle, en haut de la vieille rue. Sur la place de l'église se dresse une croix en fer forgé, qui comporte les six attributs de la Passion : le coq, la couronne d'épine, la lance, le marteau, les tenailles et l'échelle.


 

Je me dirige maintenant vers Allassac, qui tient ses origines du Mésolithique. Occupée par les Romains, la commune possède déjà plusieurs carrières d'ardoise qui permettront le développement rapide de la cité. L'endroit deviendra au Moyen Âge une seigneurie de l'abbaye de Saint-Martial de Limoges, avant de se doter, au XIV ème siècle, d'une deuxième enceinte comportant 17 tours, huit portes et six châteaux. L'exploitation de l'ardoise et les salaisons feront les beaux jours d'Allassac durant les XVI ème et XVII ème siècles. Même le paysan local travaillera l'ardoise à cette époque. Seule l'épidémie du phylloxera mettra un terme à cette double économie , obligeant l'agriculteur à se tourner vers la culture fruitière et du tabac pour subsister.

Allassac possède quelques endroits incontournables, dont la Tour César (ci-dessous) : appelée aussi la vieille tour, cet édifice du XIII ème siècle est l'une des rares tours circulaires du Limousin. Elle mesure trente mètres de haut, dix mètres de diamètre et comporte six niveaux. A quelques encablures, se dresse le manoir des Tours (deuxième photo), caractéristique des manoirs bâtis aux XVI ème et XVII ème siècles dans le Bas-Limousin. La plus petite des deux tours possède un escalier de pierre à vis qui permet l'accès aux étages. A cet endroit, s'est installé depuis l'un des trois derniers taillandiers de l'hexagone, Pascal Lavaud, qui active sa forge régulièrement pour rénover ou créer des armes anciennes (infos pratiques).


 

Dernière étape de ma visite, Donzenac est labellisé village-étape depuis 1998. Ses habitants, les Donzenacois sont aussi appelés Gamadous. Son histoire remonte au Paléolithique, puis au Néolithique avec les Pierres Noires. L'église Saint Martin (ci-dessous) abrite deux statues étonnantes, celle de la Madeleine et celle de Saint Jean. Ces deux sculptures surprennent lorsqu'on les observe attentivement puisque la première statue, celle de Saint Jean, est vêtue de la melote, c'est à dire d'une peau de chameau, et porte sur le bras du saint un vêtement dont le fin travail de la pierre calcaire donne l'impression d'avoir été tricoté. Madeleine, elle, est charmante et légèrement déhanchée, tenant un flacon d'onguent. Donzenac abrite enfin la chapelle des Pénitents blancs (ci-dessous sur la deuxième photo), une confrérie confirmée en 1670 par une bulle papale. Laïcs, ces confrères devaient aide et assistance aux indigents et autre membres, en organisant des cérémonies religieuses et des processions lors desquelles les hommes portaient une longue tunique blanche à capuchon, d'où leur nom.


 

INFOS PRATIQUES :

  • Les Jardins de Colette, à Varetz. Tél:05 55 86 75 35. Ouverts du mercredi au dimanche de 14h00 à 18h00 (avril, octobre, novembre) et tous les jours, de 10h00 à 18h00 durant les vacances de la Toussaint et de Pâques. Du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00 en mai, juin et septembre. Tous les jours de 10h00 à 19h00 en juillet et en août. Entrée adulte : 7,50€. Site internet : http://www.lesjardinsdecolette.com
  • Château de Castel Novel, à Varetz. Tél : 05 55 85 00 01. Hôtel d'une capacité de dix chambres au cottage, 22 autres chambres et cinq suites. Piscine extérieure, Tennis, vélos à disposition,parc de douze hectares et collection de chênes. Restaurant gastronomique (60 couverts). Site internet : http://www.castelnovel.com

  • Il est facile d'admirer la châsse de Saint-Viance (située à gauche du choeur), puisque l'église Sainte-Madeleine est ouverte tous les jours. Le bouton de la minuterie se trouve en haut et à gauche de la vitrine, et un petit moulinet en bois permet de faire tourner la châsse sur elle-même afin de l'observer sous toutes les coutures.

  • Office tourisme , Place de la Prévoté, à Saint-Robert. Tél : 05 55 25 21 01.

  • Forge d'armes anciennes La Bombarde, Manoir des Tours, rue de la Grande Fontaine, à Allassac. Tél : 06 10 64 00 99. Ouvert de 14h00 à 18h00, de juin à septembre , ou sur RDV toute l'année.

  • Office du tourisme du Pays de Donzenac à Vigeois : 05 55 85 65 35

  • Pays d'Art et d'histoire Vézère Ardoise, rue de la Grande Fontaine, à Allassac : 05 55 84 95 66. Site internet : http://

    www.vezereardoise.fr

  • Les Pans de Travassac, Autoroute A20, sortie 48, à Donzenac. Tél : 05 55 85 66 33. Un bon moyen pour découvrir le monde de l'ardoise. Site internet : http://www.lespansdetravassac.com










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