Revoir le globe
Top


Au Pays d'Uzerche
(Corrèze, France)
Heure locale


Mercredi 12 octobre 2016

 

Le pays d'Uzerche est un pays vallonné et verdoyant, avec son ardoise et ses ruisseaux. Situé à l'Est du Limousin, on y dénombre des communes comme Condat-sur-Gavaneix, Espartignac, Eyburie, Lamongerie, Masseret, Meilhards, Orgnac sur Vézère, Perpezac-le-Noir, Saint Ybard, Salon-la-Tour, Uzerche et Vigeois. J'en visiterai quelques unes aujourd'hui après vous avoir fait découvrir Uzerche hier. Dans cette partie de la Vallée de la Vézère, la rivière (ci-dessous en photo, à Vigeois) s'est adaptée aux obstacles du relief, en dessinant des courbes charmeuses.

 

Je fais d'abord une halte à Vigeois, qui eut pour abbé Geoffroy du Breuil, de 1170 à 1184, resté célèbre pour nous avoir laissé une chronique sur le Limousin médiéval et les première croisades. Il fait un froid de canard ce matin et je file en direction de l'abbatiale (ci-dessous), qui fit autrefois partie de l'Abbaye Saint-Pierre du Vigeois, au XII ème siècle. Cette ancienne abbaye bénédictine existait dès le VI ème siècle, fut dévastée par les incursions des Vikings au IX ème, puis relevée, avant d'être ravagée par un incendie vers 1070. A nouveau saccagée lors de la Guerre de Cent ans, elle sera rebâtie en 1489, mais subira encore bien des dommages au cours de son existence. L'abbatiale, elle, fut érigée aux XI ème et XII ème siècles. Elle offre des sculptures de chapiteaux ainsi que de remarquables modillons.

Vigeois est située sur une colline en rive gauche de la Vézère et possède aussi un vieil if vieux de 1400 ans. Cet arbre monumental se déploie avec majesté sur 16 mètres de hauteur et 9,95 mètres de circonférence, à l'intérieur de la cour de l'école communale (qui correspondait au VI ème siècle, c'est à dire lors de sa plantation, au cimetière de l'abbaye). De sa base massive part une multitude de ramifications, ce qui la preuve de sa bonne santé.

 

La commune abrite aussi un vieux pont médiéval, appelée également « Pont des Anglais ». Celui-ci (en photo ci-dessous) enjambe la Vézère au niveau d'un ancien passage à gué. La date de sa construction reste incertaine mais ses caractéristiques apparaissent comme antérieures au XIV ème siècle. L'ouvrage mesure 45 mètres de long et est composé de quatre arches épaisses alternées en amont par des avants bec en amande, et par des contreforts plats en aval.

Rappelons que Vigeois reste le berceau de Marcelle Praince, actrice française née ici même le 9 juin 1882. Elle débutera au théâtre vers 1905 avant de se lancer dans le cinéma sept ans plus tard, se faisant une spécialité d'interpréter au fil du temps des rôles de grands-mères, concierges, vieilles comtesses et même chiromancienne.


 

J'emprunte de petites routes pour me rendre maintenant à Orgnac sur Vézère, dont l'histoire tourne autour de la vicomté de Comborn, l'une des plus anciennes du Limousin. Le château n'existe plus en tant que tel mais on peut encore observer des lourdes structures de défense en pierre avec triple enceinte, un corps de logis du XVII ème siècle, une tour maitresse du XI ème, des salles souterraines, des ruines du château remontant au XV ème siècle, et une chapelle. Il est par contre nécessaire de réserver à l'avance car l'endroit n'est pas toujours accessible (infos pratiques). Je m'arrête sur la place de l'église Saint-Martial,minuscule édifice paroissial qui eut Arnaldus pour curé. La bâtisse fut érigée au XI ème siècle, sous la protection du vicomte de Comborn, avant d'être rattachée à la Chartreuse de Glantier jusqu'à la Révolution française. Ce lieu de culte connaitra des hauts et des bas tout au long de son histoire, avec des embellissements successifs, mais qui aurait imaginé qu'un prêtre d'origine coréenne magnifierait un jour cet espace ? Le Père dominicain Kim en Joong, artiste-peintre et créateur de vitraux reconnu dans le monde entier, se posa pourtant quelques temps à Orgnac sur Vézère afin d'y créer les onze superbes vitraux qui ornent l'église d'une expression non figurative mais très lumineuse (ci-dessous). Notre prêtre avoue d'ailleurs peindre des sensations, et non des choses rationnelles.


 

Espartignac me tend à présent les bras. Les Espartignacois(es) aussi. Mais le temps passe et je ne me rendrai pas cette fois jusqu'au dolmen, qui fait pourtant la fierté de la commune mais se trouve à vingt minutes de marche du bourg. En fait, on surnomme « dolmen » l'ancien poste de guet, dit aussi « la Maison du Loup », classé depuis Monument historique. Cet abri permettait autrefois la surveillance d'un passage à gué sur la Vézère, situé sur l'itinéraire de la route des métaux.

Madame le Maire m'ouvre très aimablement l'accès à l'église Saint-Martin, qui contient un sarcophage du VII ème siècle (ci-dessous). L'église en question passe déjà pour être la plus ancienne du canton et est mentionnée dans le second testament de Saint Yriex, daté de 572, où il la confie à l'abbaye de Vigeois. Elle est du vocable de Saint Martin mais on y célèbre pourtant Saint-Martial, culte associé à la fontaine qu'il fit autrefois jaillir face au refus d'une femme de le désaltérer, selon la légende. Et pan sur le nez de la mégère qui n'avait pas daigné s'arrêter pour répondre à la requête du saint (on ne sait jamais qui on a devant soi!). A noter que l'eau de la fontaine Saint-Martial est réputée souveraine contre la gale et les maladies de peau. Quant au sarcophage, il fut découvert par hasard en 1977, sous une dalle de granite, et contenait un squelette d'homme. Un autre, découvert à la même date, contenait les restes d'une femme. Ces sarcophages remonteraient à l'époque mérovingienne.

Un autre lieu gagne à être connu, l'arboretum Al Gaulhia, qui s'étend sur dix hectares et offre plusieurs espaces enchanteurs ordonnés pour certains, et plus naturels pour d'autres: tourbières, prairies arborées, zones boisées et plans d'eau se succèdent ainsi, en offrant une palette végétale extrêmement riche et variée pour le plaisir des yeux. On y observe plus de 500 variétés d'arbres et d'arbustes, 70 espèces de bambous, graminées, fougères, nymphéas, nelumbos ou lotus.


 

Je me rends maintenant à Salon la Tour, autre petite commune du pays d'Uzerche. Ce village subit la répression allemande en juin 1944, de la part du 4è Régiment SS « Der Führer » alors en route pour la Normandie. Et Violette Szabo, qui fut une résistante et agent secret britannique d'y être arrêtée par les Allemands en 1945, déportée en camp de concentration et exécutée. C'est lors de sa deuxième mission en France, lors de laquelle elle devait coordonner les maquis locaux en vue du sabotage des lignes de communication allemandes. Sous le nom de guerre « Louise », la jeune femme est parachutée dans la nuit du 7 au 8 juin 1944, mais tombe dans une embuscade allemande le 10 juin.

La Tour (ci-dessous) est le dernier vestige d'une ancienne forteresse du XI ème siècle, bâtie sur une motte féodale, et ayant jadis appartenu aux vicomtes de Limoges. Elle sera détruite par Richard Coeur de Lion. Non loin de l'école des filles, à la sortie du village, se dresse encore la maison forte Freysset (deuxième photo) du XV ème siècle qui n'a jamais été remaniée depuis l'origine. C'est l'une des quelques demeures limousines qui étaient venues se blottir au pied de la tour protectrice. La maison Freysset, elle, présente un plan rectangulaire avec une tour d'escalier en façade.

Sur la route pour Masseret, se trouve enfin, enfoui dans les bois, le magnifique Château de la Grènerie (troisième photo), qui est fermé au public. Le château primitif fut bâti vers 1450 par Les Lesbolières, originaires de Masseret. En 1774, les Ardant, riches négociants de Limoges le rachetèrent, puis la demeure passera de main en main par la suite. Cet imposant château est constitué d'un bâtiment d'origine de plan rectangulaire, avec quatre tours aux angles à l'ouest, de l'édifice qui abrite la chapelle à l'Est et un bâtiment intermédiaire. La partie la plus intéressante reste la construction primitive qui date du XV ème siècle, car elle a conservée ses petites baies initiales, tandis que les tours furent restaurées au XIX ème, avec portes et fenêtres de style néo-gothique. L'intérieur du château présente également le même style architectural. Quant aux dépendances, elle furent bâties à la fin du XIX ème siècle, dans un souci d'unité de construction et de décor : étables, entrepôt du fourrage, remises à voitures, logement du gardien, anciennes écuries et lavoir.


 

Je me tourne à présent vers Masseret, dernière étape de ma visite dans le pays d'Uzerche. Ce bourg est lui aussi situé sur une colline dominant le col permettant le passage entre le Haut et le Bas Limousin. Au centre du village, s'élève une tour (ci-dessous) au sommet de laquelle a été dressée une table d'orientation. Du haut de cette tour, on peut profiter d'un superbe panorama sur les environs (demander la clef à l'hôtel-restaurant de la Tour). Masseret tient son nom d'une modeste famille du même nom, apparue au XII ème siècle, et la présence d'un château au sommet de la colline du bourg est attestée dès le siècle suivant. C'est en effet au bas Moyen Âge que Masseret se substitue à Salon comme chef-lieu d'une châtellenie contrôlée par le Vicomte de Limoges. Ce château incluait une tour quadrangulaire et un corps de logis, protégés par un système de fossés. La position de cette forteresse qui commandait alors le passage entre Haut et Bas Limousin, fut essentielle durant la Guerre de Cent ans. On recueillera plusieurs fonds de creusets ayant servi à fondre du métal rare (d'anciennes mines d'or et de plomb argentifère se trouvent près de Masseret) dans les ruines de cette forteresse, lors de la construction du château d'eau en 1954.

En contrebas de cette tour se trouvait jadis le foirail, ou champ de foire (deuxième photo), à deux pas de l'église Sainte Catherine qui offre quant à elle un très joli portail (troisième photo). Bâtie au XII ème siècle, elle a été remaniée pour la dernière fois en 1969, avec le remplacement du clocher en bois par un clocher-mur.


 

A quelques kilomètres de Masseret, se trouve le bourg de Benayes, où se trouve une ancienne maison, en contre-bas sud de la place de l'église. Celle-ci possède encore un volet (ci-dessous) que l'on peut dater de la fin du XVIIème siècle (1686). Si vous passez par là...


 

D'autres villages méritent aussi d'être visités :

  • Saint Ybard, sa chapelle et sa fontaine miraculeuse de Saint-Roch, son nouveau parc de Garaboeuf (avec son château, la fontaine Saint-Eparche...)

  • Meilhards et sa chapelle Sainte Radegonde, le château de Lachaud, et le tombeau de la famille Meilhards

INFOS PRATIQUES :

  • Orgnac sur Vézère : site communal (http://www.orgnac.fr) et site des Amis de l'église (http://www.eglisedorgnac.free.fr)
  • Les restes du château de Comborn sont visibles sur rendez-vous du 20 juin au 20 septembre les vendredi, samedi, dimanche et lundi à 14h et à 16h et les mardi, mercredi, jeudi à 14h. Autres dates et horaires possibles sur réservation au 05 55 73 77 23.

  • Le livre « Orgnac sur Vézère et son église Saint-Martial » est en vente à la mairie de la commune (05 55 98 94 01), au prix de 19,50€ (+ 4,50€ de frais de port éventuels). Il est possible de le commander par correspondance auprès de l'association des Amis de l'église.

  • Site officiel de Kim en Joong : http://www.kimenjoong.com

  • Espartignac : s'adresser à la mairie pour accéder à l'église. Celle-ci se trouve à une centaine de mètres de l'église, est ouverte les lundi, vendredi et samedi de 9h à 12h30 et les mardi, mercredi et jeudi de 9h à 12h30 et de 15h à 17h. Tél : 05 55 73 23 02. Site internet : http://www.espartignac.correze.net

  • A Espartignac, se trouve l'arboretum Al Gaulhia au lieu-dit Ceyrat (à 1,5 km de la sortie 45 sur l'A20, à 3 kms d'Uzerche, sur la D920E), parc de près de 10 ha. Visites libres ou guidées et commentées. Espace pique-nique, du 15 juin au 30 août, les mardi et jeudi à 14h30, les 14 juillet et 15 août à 14h30, et sur rendez-vous (05 55 73 21 53 ou 06 82 23 53 94) pour autres jours et périodes. Entrée : 4€

  • Hotel-restaurant de la Tour, 7 Place Marcel Champeix à Masseret. Tél : 05 55 73 40 12. Menu à 24€ bon rapport qualité prix, service rapide, plats délicieux. A recommander !









Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile