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Le Château de Pompadour et ses Ecuries
(Arnac-Pompadour, Corrèze, France)
Heure locale


Jeudi 13 octobre 2016

 

Il était une fois un roi, Louis XV, qui mettra fin aux querelles en offrant le château de Pompadour à sa maitresse, la favorite madame Lenormant d'Etiolles, née Jeanne-Antoinette Poisson. En prenant le titre et les armes de la ville d'Arnac-Pompadour, petite cité de Corrèze, cette dernière deviendra marquise de Pompadour. C'est à la découverte de ce château, et de ses écuries, que je vous emmène aujourd'hui. Mais revenons sur l'histoire de ce morceau de France : au X ème siècle, le Limousin est fragmenté en plusieurs vicomtés. En 1026, Gui de Lastours, dit « Le Noir » construit une première forteresse à Pompadour (alors situé sur l'axe de circulation Limoges-Brive) afin de lutter contre son voisin et ennemi, le vicomte de Ségur. Gui de Lastours érige alors trois forteresses au cours de sa vie : Lastours (en Haute-Vienne), Pompadour, et Hautefort (Dordogne). Et cette famille de rester propriétaire du domaine avant de le céder à la famille Larons, puis aux Flamenc de Bruzac. Il ne reste désormais aucun vestige de ce premier château de Pompadour.

En 1182, le château aurait subi les assauts des mercenaires du roi anglo-normand Richard Coeur de Lion, alors opposé au roi de France. Il semblerait que la forteresse ait été incendiée durant les troubles qui suivirent la mort du roi Richard, à Chalus (Haute-Vienne), en 1199.

Au début du XIV ème siècle, c'est entre les mains des Hélie que passe le château de Pompadour, famille originaire de Ségur (près de Pompadour) et la demeure de prendre rapidement le nom d'Hélie de Pompadour. Cette famille seigneuriale connait alors une forte ascension au sein de la haute noblesse limousine et, à la fin du XV ème siècle, les Pompadour sont maitres de très nombreux châteaux et figurent parmi la haute noblesse de la province.

C'est à deux hommes de cette prestigieuse famille, Geoffroy de Pompadour, puis à son frère ainé et successeur Jean II, que l'on devra la construction d'un nouveau château (ci-dessous en photo), celui que nous connaissons actuellement. Il n'en subsiste plus qu'une partie et c'est l'aile sud que je m'apprête à visiter avec vous.

 

A l'origine, le château est de plan quadrangulaire avec une cour intérieure flanquée aux angles de fortes tours circulaires. Les vestiges sculptés et les descriptions du XVIII ème siècle montrent l'aspect raffiné de cette construction, au point que des historiens de l'art ont pu comparer cette forteresse au château royal de Blois. L'aile nord (aujourd'hui disparue) était autrefois occupée par le grand logis, la grande salle d'apparat, le grand escalier d'honneur et la chapelle castrale. Il n'en subsiste désormais que les caves. Les deux ailes nord et sud étaient reliées par une galerie flanquée d'un châtelet à deux tours en amande, et munies d'archères-canonnières. C'est par là que s'effectuait l'entrée qui comportait un pont levis et sa herse et un fossé, comblé depuis. Quelques années plus tard, les guerres de religion nécessiteront la construction d'une grande enceinte extérieure, flanquée de huit tours rondes munies de très nombreux trous ronds de canonnières, et d'un second châtelet d'entrée. Cet ensemble, encore visible, forme un terre-plein autour du château et est relativement rare. Après avoir élevé leurs terres au titre de vicomté, puis de marquisat la lignée des Pompadour s'éteignit. Et les grandes familles seigneuriales des Conti et des Lavallière se disputèrent alors l'héritage du domaine.

La nouvelle marquise , elle, se montrera plus attachée au titre sous lequel elle passera à la postérité qu'au fief, qu'elle n'aurait d'ailleurs jamais visité. Au plus a t-elle doté quelques jeunes filles et donné des secours aux plus démunis, comme à son habitude. On lui devra toutefois la création d'un haras privé, en 1751, à l'instar de ceux que possédaient les grandes familles limousines. La marquise, désireuse d'acquérir le domaine de Ménard, proche de Versailles, revendra le château de Pompadour en 1760 au banquier Jean-Joseph de Laborde, lequel le revendra un an plus tard au duc de Choiseul, qui, à son our, l'échangera contre les terres d'Amboise, propriété royale. Rendu à la couronne de France par le biais de ces transactions financières, le roi Louis XV y créera un haras royal qui prospérera jusqu’à la Révolution française. Ainsi le château sera t-il saccagé en 1791 et une grande partie des bâtiments ruinée en moins de trois ans, dont l'aile nord. Seule survit alors l'aile sud qui hébergera dès le début du XIX ème siècle les logements des personnels du haras. En 1834, un incendie ravagera les combles et les charpentes de cette aile sud entrainant la destruction des archives les plus importantes. Puis, le château sera à nouveau la proie des flammes en 1906, avant d'être restaurée par Georges Postel-Vinay, architecte du ministère de l'agriculture, attaché au service des haras et dépôts d'étalons. Les couvertures furent alors entièrement refaites, les charpentes remaniées, des archères, cheminées et crénelage restaurés, les volets supprimés, et les meneaux et croisillons restitués.


 

Ma visite débute par le salon (ci-dessus), salle d'inspiration XVIII ème, avec une suite de fauteuils de style Louis XV signés Péridiez et brodés au petit point, représentant le thème des fables de Jean de La Fontaine. La marquise de Pompadour est ici représentée sur deux supports. Celle-ci accède en effet au titre grâce au domaine de Pompadour, domaine acquis par la couronne le 15 juin 1745 auprès du Prince de Conti, avant que le roi en fasse don à la marquise.

La pièce suivante est la salle à manger, pièce faisant partie des appartements d'apparat du directeur du haras, aménagés au XIX ème siècle dans les anciennes cuisines du château, les parties nobles se situant au premier étage. La salle à manger servait au directeur pour y recevoir ses hôtes de marque. On peut y admirer un service en faïence datant de la fin du XVIII ème – début XIX ème. Cette faïence est dite « faïence de Vermont », du nom d'un revendeur parisien qui se trouvait avenue de l'Opéra à Paris. Figure également dans cette pièce un tableau de la marquise de Pompadour.


 

Je pénètre ensuite dans la Tour des Comptes (ou de Forville) (en photo ci-dessus) d'après des plans respectifs du château de 1731 et 1762. Espace de communs, cette pièce aménagée au XIX ème siècle faisait aussi partie de l'appartement d'apparat du directeur et servait entre autres de petit salon. On y découvre un service en porcelaine de Limoges de Philippe Deshoulière, service commandé par Monsieur Baratoux, directeur du Haras de Pompadour dans les années 1990. Cette porcelaine est décorée du blason des Pompadour, blason d'azur à trois tours d'argent maçonnées de sable et représentant le patronyme de la famille de Lastours, et aussi les trois châteaux de la seigneurie de Lastours.


 

Située à l'étage de la Tour des Comptes, dans l'ancienne chambre des comptes, se trouve la chambre du directeur du haras (ci-dessus), pièce qui faisait partie, avant la Révolution française, de l'étage noble des appartements seigneuriaux. Elle fut réaménagée en chambre à coucher au cours du XIX ème, avec une alcôve pour le lit. Notons que les meubles (commode, guéridon tripode, table de chevet et lit) qui sont visibles dans cette pièce ont été restaurés en 2007 par les élèves de la formation d'ébénisterie d'art de l'AFPA de Limoges. A côté du lit est exposé un tableau figurant l'empereur Napoléon 1er en uniforme des grenadiers de la Garde.

La salle suivante est la salle des tapisseries (ci-dessous). Celles-ci étaient affectées au XVIII ème siècle aux appartements de Madame, d'après un plan du château daté de 1731. Sont présentées quatre grandes Verdures, réalisées au XVIII ème selon la technique de la basse-lice, spécialité de la manufacture royale d'Aubusson (Creuse). Ces tapisseries ne sont pas liées les unes aux autres et présentent une histoire, une scène ou un épisode différent.

 

Les inspecteurs du haras avaient aussi leur chambre (ci-dessous). Cette pièce correspondait jadis à l'appartement de Monsieur. On compte désormais deux chambres d'inspecteur reconstituées telles qu'elles pouvaient encore fonctionner à la fin du XIX ème siècle.

Les deux pièces suivantes exposent plusieurs modèles d'uniformes offerts par les personnes qui les ont portés : l'uniforme noir, porté par les agents du Haras en hiver, l'uniforme beige correspondant à la tenue d'été de ces mêmes agents, la tenue d'apparat, avec veste rouge encore portée de nos jours lors des grandes manifestations comme par exemple les spectacles nocturnes, et la tenue en lin blanc (rare !) qui fut en vigueur jusque dans les années 1950, tenue portée par le directeur quand il partait dans les stations de monte situées dans les protectorats français (Maroc et Tunisie), mais aussi par les agents en poste dans ces protectorats.


 

La pièce suivante est la bibliothèque et le bureau du directeur (ci-dessous). Située dans la tour dite « de la prison », cette pièce était affectée sous l'Ancien Régime, aux communs. Et fut transformée en bibliothèque à l'époque des haras puis réservée au directeur. Comme le reste du rez-de-chaussée, elle est de style XIX ème. Le meuble de la bibliothèque fut réalisé sur mesure en 1865. Cette bibliothèque est constituée d'un ensemble d'ouvrages relatifs au cheval et au patrimoine équestre en général. Toutes les autres archives écrites du château, comme celles des haras, ont été déposées aux Archives départementales de la Corrèze, à Tulle. On trouve aussi dans cette pièce une carte hippique de France, datée de 1862, qui fut dressée par l'administration générale des Haras et qui présente les circonscriptions.

 

Je poursuis ma visite en me rendant aux écuries de la marquise (ci-dessous). Ces écuries, aussi appelées écuries de service, étaient les anciennes écuries du château et témoignent de l'importance et du prestige de cette puissante seigneurie. Construites à la fin du XVI ème siècle, elles sont représentatives de l'architecture équestre de l'époque (deuxième photo) et font partie des rares exemples de ce type encore disponibles en France. On trouve ainsi un vaste vaisseau vouté au rez-de-chaussée qui accueillait les chevaux, et des étages réservés au stockage des fourrages et de la paille. La voûte en pierre était préférée au plancher pour éviter la propagation des incendies et pour permettre une bonne régulation des températures, en évitant les amplitudes thermiques trop fortes pour les chevaux. Cette écurie pouvait contenir un maximum de 44 juments avec leurs poulains. D'importants travaux de restauration eurent lieu dans les années 1890, sous l'égide de l'architecte Ernest Bardon. Dans le même bâtiment que ces écuries, se trouvent cinq calèches d'époque (troisième photo ci-dessous). On accède à cette remise de voitures par une grande porte située sur le côté du bâtiment.


 

Je parcours maintenant les quelques centaines de mètres qui me séparent des écuries de l'Orangerie (ci-dessous), résidence des chevaux présidentiels. Je rencontrerai d'ailleurs le cheval du président actuel de la République, qui me paraitra bien triste. Son box est confortable (et aussi grand que ma chambre d'hôtel), c'est dire le confort qui est offert à ces chevaux. Ces écuries, aussi surnommées « écuries de l'entrainement » présentent ainsi des chevaux de traits, des chevaux anglo-arabes et ceux des artistes équestres en résidence.

Revenons quelques instants ur l'origine du Haras de Pompadour : en 1745, Louis XV acheta le château et son domaine pour l'offrir à sa favorite. Celle-ci créera le premier haras en 1751, c'est à dire un haras privé. Dix ans plus tard, Louis XV récupérera ce même haras qui deviendra donc royal, mais pour peu de temps, puisque les haras seront supprimés à la Révolution française. C'est Napoléon Ier qui rétablira des haras impériaux en 1806, haras qui deviendront nationaux en 1872. Les écuries de l'Orangerie doivent leur nom aux orangers cultivés en contrebas du château au cours du XVIII ème siècle. En 1785, l'Orangerie sera affectée au haras, puis transformée en écurie. Dans ces écuries modernisées en 1998, seront élevés les poulains nés au domaine de Chignac, afin de recevoir un enseignement de base et de débuter la compétition. On trouve ici de superbes chevaux fruits d'une longue sélection.


 

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