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Balade en Haute-Corrèze
(Corrèze, France)
Heure locale


Dimanche 16 octobre 2016

 

Pour entamer ma deuxième semaine dans le département, je décide de partir me promener en Haute-Corrèze. Cette partie du département de la Corrèze est noyée dans la verdure, les montagnes, les rivières et ses sources omniprésentes. L'altitude moyenne de cette région est de 650 mètres et çà se sent : je ressentirai nettement plus le froid humide et pénétrant ici que dans le reste du territoire, sans parler des bancs de brume qui se développent ici et là en ce début de matinée.

Je me dirige vers Bort les Orgues dont les habitants sont surnommés les Bortois. Peu avant d'entrer dans ce bourg, j'aperçois sur ma gauche le barrage local (en photo ci-dessous) qui se trouve sur la Dordogne et a modifié fortement le paysage lors de sa construction en 1952. Plusieurs villages furent en effet noyés pour l'occasion lors de la montée progressive de l'eau à l'intérieur de l'ouvrage. C'est qu'il fallait bien cela pour domestiquer la furieuse Dordogne et alimenter quatre autres barrages situés en aval : Marèges, L'Aigle, le Chastang et Argentat. Sa retenue de 1070 hectares qui s'étire sur 21 km de long a été en partie aménagée pour les loisirs. Ce barrage constitue l'une des plus grandes retenues françaises pour un barrage en béton. Les premières études de faisabilité débutèrent en 1939, avec, déjà, le projet d'engloutissement de trois villages et même du Château de Val. Les premiers travaux commenceront en 1942 avec un chantier de 300 personnes qui éviteront ainsi le STO (Service du Travail Obligatoire) en pleine seconde guerre mondiale. La progression du chantier connaitra des aléas avec les crues de la Dordogne, et de multiples avaries qui occasionneront 23 morts. On découvrira également en cours de route que les conditions géologiques seront un peu différentes de ce à quoi les ingénieurs s'attendaient, et il sera nécessaire de renforce les fondations du barrage. Et de porter le nombre de travailleurs sur le chantier à..1500 en 1949. Après dix ans de travaux, l'ouvrage se remplira peu à peu d'eau et pourra être inauguré. D'une hauteur de 120 mètres, celui-ci possède trois turbines électriques de type Francis.


 

En face du barrage de Bort les Orgues, on peut apercevoir le Château de Val, avec ses nombreuses tours (ci-dessous), qui se trouve dans le département voisin du Cantal, sur la commune de Lanobre. Château fort du XIII ème siècle, il est classé aux Monuments Historiques depuis 1946. Avant la construction du barrage, la forteresse dominait la vallée et, ce qui longtemps s'appela le fief d'Enval, appartint d'abord aux familles de Tinières, puis à Pierre de Pierrefort. C'est Guillaume IV d'Estaing, seigneur de Cheylade, et chambellan du roi Charles VII, qui achète Val et fait construire le château actuel. Puis la famille d'Estaing en deviendra propriétaire et habitera cette demeure jusqu'à Guillaume d'Estaing. A l'origine, il était prévu que ce château soit noyé par le barrage mais celui-ci réchappa au désastre, mais la famille d'Arcy, dernier propriétaire, en fut expulsée en 1946 et le château, livré à lui même, sera pillé jusqu'à ce que le syndicat d'initiative de Bort les Orgues y installe un gardien. Et EDF de revendre la forteresse à la ville de Bort les Orgues pour un franc symbolique en 1953. Désormais, il est possible de visiter l'endroit.


 

Parmi les choses remarquables de la région, figurent les Orgues de Bort les Orgues (ci-dessous), une formation géologique constituée de phonolite qui contient des cristaux de haüyne bleus à noirâtres. Les Orgues, appelées ainsi à cause de leur forme en longs tuyaux, doivent précisément leur forme à des coulées de lave volcaniques refroidies. Situées à près de 750 mètres d'altitude, au-dessus de Bort les Orgues, et de la Vallée de la Dordogne, ces formations rocheuses offrent aux randonneurs 29 voies praticables pour pratiquer l'escalade.


 

Je traverserai encore d'autres petits barrages durant mon périple. Ceux-ci, bâtis entre 1937 et 1957 devaient permettre l'électrification du chemin de fer et continuent encore de nos jours à susciter parfois des débats contradictoires, opposant les producteurs d'énergie propre et les défenseurs de l'environnement. De grands noms de l'architecture et du génie civil oeuvrèrent sur ces monstres de béton armé. Ainsi le polytechnicien André Coyne construisit-il le barrage de Marèges, dans un style Art déco, tandis que Georges Labro, architecte de l'aéroport du Bourget, menait à bien les travaux du barrage de Chastang, et Léon Dubois, patron de la Société d'Entreprises Métropolitaines et Coloniales, ceux du barrage de Bort les Orgues.

On fait parfois des rencontres insolites, c'est mon cas au cimetière de Sarroux, petit village du coin, où certaines tombes portaient des animaux sculptés (en photo ci-dessous). Ainsi, au siècle dernier Léon Charbonnel, originaire du village du Chassang, avait-il été marqué par les expéditions de vaches de Salers qui, au XIX ème siècle, partaient en convoi vers les Charentes et le Poitou, accompagnés par des chiens. D'où son idée de se confectionner une tombe « vachement » bien (et qui m'éMeuhhh encore!) ornée des sculptures d'une vache de Salers et d'un chien, taillées dans la lave, que notre homme avait fait exécuter avant sa mort. Autre pratique des cimetières corréziens : accoler le nom de la famille à celui du village où le défunt était établi. Parfois, chaque village avait même son quartier dans le cimetière de la paroisse.


 

Petit tour de piste à Neuvic qui obtint le statut de ville au XIII ème siècle. S'y établiront un couvent de cordeliers, au XV ème, et une confrérie des Pénitents Blancs, en 1766. Aujourd'hui, Neuvic vit de l'agriculture et du tourisme, surtout l'été, grâce à l'existence d'un grand lac, actuellement à sec pour travaux (ci-dessous), qui permet la présence d'activités nautiques. Seule la rivière Triouzoune coule actuellement dans ce lac. Un musée de la Résistance existe également mais il est malheureusement fermé ce dimanche. La ville elle-même est bien déserte et je ne distinguerai que deux tours (ci-dessous respectivement les tours des cinq pierres et de Saint Mexant).

 

Je m'enfonce dans la campagne pour rejoindre le petit village de Liginiac afin d'y découvrir son église romane Saint-Barthélémy (ci-dessous). Cette église constitue, avec la mairie voisine, constitue un joli ensemble architectural sur les hauteurs du village. L'actuelle mairie est hébergée dans ce qui fut jadis le Château de la famille Masson de Saint-Félix (au XIV ème siècle). Quant à l'église romane, elle fut classée en 1930. Ayant la forme d'une croix latine, son clocher mur initial fut remplacé au XIV ème par un clocher porche, carré et élevé, parfaitement indépendant de l'église. C'est le seul clocher de ce type dans le canton. Quant aux vantaux, ils sont garnis de pentures (ferrures, sur la deuxième photo ci-dessous) du début du XIII ème siècle, considérées comme les plus belles de France et classées en 1908. Ces pentures furent placées là par un maître-forgeron et forment des entrelacs dont les extrémités se terminent souvent par des têtes peu amènes, comme des serpents, des animaux féroces, mais aussi des têtes humaines dont certaines tirent la langue. Le heurtoir, lui, montre un ours, et le loquet se termine par une tête humaine tonsurée. A savoir que l'église Saint-Barthélémy était autrefois une dépendance du prieuré casadéen du Port-Dieu. Terminons avec la corniche du très beau chevet roman de la petite église (troisième photo ci-dessous) qui offre la plus riche collection de modillons des églises de la Haute-Corrèze. Ces modillons offrent cependant des scènes pas forcément du goût de tout le monde. Venez et découvrez !


 

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