Revoir le globe
Top


Karumba
(Queensland, Australie)
Heure locale

 

Mercredi 31 janvier 2018

 

Le mot Karumba signifie endroit en langage aborigène. C'est également le nom du charmant petit port de pêche où je vous emmène aujourd'hui, au bord de la rivière Norman qui se jette non loin de là dans le golfe de Carpentarie. Ce cours d'eau prend sa source dans la Gregory Range, à 200 kilomètres au sud-est de Croydon, puis s'étire sur 420 km jusqu'à terminer sa course dans le golfe. Actuellement le cours d'eau semble endormi mais il peut aussi de déchainer en sortant de son lit et provoquer de graves inondations comme en 1974, à Normanton, où son niveau monta de 8,80 mètres et inonda les malheureux riverains.

Qui dit rivière dit poisson, et le barramundi est la star locale ici, à Karumba. Mais plus généralement en Australie où l'on répertorie jusqu'à seize différentes espèces de ce poisson aux grandes écailles. C'est en effet ainsi que les Aborigènes du Queensland surnomme l'animal en utilisant un terme de leur langue, barramundi. Karumba abrite un centre dédié à ce poisson mais, une fois sur place, j'apprends que l'endroit a fermé ses portes en novembre dernier et attend sa réouverture prochaine au mois d'avril, dans des locaux flambant neufs (ci-dessous en photo) situés de l'autre côté de la route. Mendy m'accueille toutefois très gentiment et m'explique que le barramundi fait partie des plus gros poissons prédateurs au monde et peut atteindre 60 kg et mesurer 1,80 mètre. Il est pêché abondamment à cet endroit pour sa chair délicieuse et sa bonne conservation. Les pêcheurs sportifs apprécient également de se trouver en face d'un poisson combattif au bout de leur hameçon.

Bien qu'il se reproduise dans des conditions particulières, à savoir durant la saison des pluies, le barramundi vit aussi bien en eau douce qu'en eau de mer, et privilégie les embouchures de fleuves, les estuaires et les littoraux côtiers. La fraie commence dès octobre dans le golfe de Carpentarie et dans le nord australien, avec des pics de reproduction lors des pleine lune et nouvelle lune. Le barramundi s'installe alors au bord des cours d'eau afin de permettre aux larves de se fixer sur les crevettes ou dans les lagons pour se développer. A noter que ce poisson n'a qu'un genre à sa naissance, le genre mâle. Sa maturité sexuelle sera atteinte en 2-3 années et la transformation en genre femelle n'interviendra quant à elle qu'à l'âge de 5 à 7 ans. L'élevage en milieu contrôlé fonctionne bien si l'on respecte certaines conditions environnementales comme une lumière adaptée et une bonne température. Une hormone synthétique est alors injectée à la femelle fertile pour enclencher la fraie qui peut durer un jour et demi. Le même poisson peut frayer plusieurs fois par an et produire de 3 à 6 millions d'oeufs par saison. Les larves sont ensuite conservées dans des réservoirs ou des grands bassins et sont nourries d'algues. Plus tard, les alevins sont triés par taille chaque semaine (afin d'éviter que ces poissons carnivores ne se mangent entre eux) puis sont nourris cinq à six fois par jour dans un premier temps, puis une à deux fois seulement lorsque les poissons augmentent de taille.

Le Centre Lee Wilson est l'unique endroit au monde où l'on élève le barramundi de souche locale. Ce lieu ouvrit pour la première fois ses portes au début des années 1990 à l'initiative d'un groupe de pêcheurs. Une première unité d'élevage fut inaugurée en 1993 dans le but d'ensemencer les rivières et les retenues d'eau dans le golfe et d'assurer ainsi les ressources futures. Des alevins furent donc relâchés dans des lacs comme celui de Moondara (Mont Isa) et Belmore (Croydon). Les rivières Norman et Albert furent également ensemencées.

 

Karumba est une toute petite ville de 550 habitants qui voit bien sûr décupler sa population en pleine saison, à partir d'avril. Les pêcheurs furent très tôt attirés dans le coin par les eaux très poissonneuses du golfe proche, faisant d'abord de Karumba un petit village de pêcheurs tranquille. Puis l'endroit s'est clairement divisé en deux parties : d'un côté le port, avec ses pêcheries et le centre Lee Wilson et de l'autre, l'office de tourisme avec autour un motel 4 étoiles, des terrains de camping, des cafés et la Sunset Tavern où l'on vient admirer la rivière Norman au soleil couchant. Je m'arrête au port, au niveau de la rampe à bateau, histoire d'admirer le paysage offert par la rivière et ses eaux boueuses. Ici, on pêche non seulement le barramundi mais aussi le saumon, la crevette et le crabe de vase. Désireux de développer l'industrie de la pêche, le gouvernement local contribua au lancement des pêcheries du golfe dès 1954 avec le concours de Lloyd Clarke qui fut en quelque sorte pionnier en la matière, puisqu'il est à l'origine du premier vol ayant transporté les produits de la pêche en novembre 1954, avec le concours de Qantas : le poisson partait de Karumba à Normanton en camion réfrigéré puis était embarqué à bord d'un avion pour filer jusqu'à Mount Isa. De là, les produits étaient distribués dans tout l'Etat du Queensland. Depuis, les choses ont bien changé pour ces pêcheurs qui utilisaient jadis des filets en lin, propices au développement des bactéries, et qui ont, un beau jour, découvert le nylon, cette fibre révolutionnaire. La construction de routes et le développement des moyens de transport permettent désormais à Karumba d'exporter le produit de sa pêche dans toute l'Australie.

 

Bien avant la pêche, Karumba chercha son salut dans l'industrie de la viande :John Edward Burke avait eu l'idée avant tout le monde. Propriétaire de la société de négoce Burke & Sons, notre homme crut très tôt à l'essor économique du golfe de Carpentarie et investit dans une coopérative de conditionnement de viande en boite. Et John de poursuivre son activité sur le quai du port de Karumba jusqu'à la seconde guerre mondiale. Puis, The Shand Brothers se lanceront à leur tour dans cette industrie en 1934, puis revendront leur affaire à un certain Anderson, qui deviendra pour un temps le roi local de la saucisse. Un feu gigantesque dans le bush voisin mettra toutefois un terme à cette aventure industrielle au cours des années 1960. Une autre page s'ouvrira alors avec la création d'une usine de transformation du poisson par Craig Mostyn & Co. Une usine bâtie sur les décombres de l'industrie précédente. Cette entreprise embauchera jusqu'à cent personnes au plus fort de la saison de pêche de la crevette locale connue sous le nom de Banana Prawn. Cette affaire sera plus tard reprise par les pêcheries Markwell en 1976, puis revendue à Raptis & Sons un an plus tard.


 

Ce ponton en béton le long duquel on peut maintenant se balader en toute quiétude fut à l'origine construit par la Royal Air Force australienne qui s'en servit pour mettre à l'eau ses hydravions. Nous sommes alors au début des années 1940 et le second conflit mondial vient d'éclater. Les fameux hydravions Catalinas décollaient de cet endroit, chargés de vivres et de munitions pour mener à bien leurs missions d'observation. A deux pas de là, des logements avaient été bâtis pour accueillir les aviateurs: Les bâtiments A et B formèrent ainsi un complexe dédié au 43è escadron lancé à Bowen (Queensland) le 1er mai 1943. Cet escadron fit décoller de Karumba le premier hydravion Catalina le 8 septembre de la même année. Cet avion était alors principalement destiné à assurer des missions de reconnaissance, des mouillages de mines ou des bombardements à destination de l'Indonésie, du Timor et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Après son séjour à Karuma, ce 43è escadron sera muté à Darwin en avril 1944 puis finalement démantelé en avril 1946. Quant aux bâtiments A et B du port, ils furent rachetés en 1963 par Craig Mostyn & Co et une école accueillit huit élèves au sous-sol du bâtiment B jusqu'en 1968, avant que Karumba ne dispose enfin d'une vraie école un an plus tard. Puis le bâtiment B, jadis centre de contrôle radio pour hydravions, opéré par les compagnies Qantas et British Airways, passa dans les mains des pêcheries Supreme. Un incendie détruisit l'ensemble, y compris le Lodge d'origine, qui sera plus tard rebâti (actuel Karumba Lodge). L'endroit est désormais occupé par un centre dédié à la chasse et à la pêche et destiné aux membres du Hunting & Fishing Club de Melbourne.

 

Le parc Sunderland offre un endroit reposant sur les bords de la rivière Norman. Là se dresse un cénotaphe à la mémoire des soldats disparus. La Karumba Heritage Walk offre par ailleurs aux visiteurs de découvrir un avant-gout de ce charmant petit port de pêche : cette promenade est disponible sous la forme d'une carte mentionnant le plan de la ville et les différents centres d'intérêt locaux, document que vous pouvez vous procurer auprès de l'office de tourisme. On se souviendra qu'avant de s'appeler Karumba, la petite ville porta le nom de Norman Mouth (embouchure de la rivière Norman). On pourra débuter sa balade depuis l'Esplanade (Ward Street) jusqu'au centre du Barramundi, ou vice-versa. Ces quatre kilomètres de marche permettent d'admirer au passage la plage du bout de Karumba (Karumba Point Beach). Non loin de là, sur Colonel Kitching Drive, se tenait autrefois la première ferme aux crocodiles d'Australie créée par Krys et Ron Pawlowsky, les célèbres chasseurs de crocodiles, en 1965. Le lieu est aujourd'hui devenu une station-service. Des sorties en mer sont aussi organisées depuis Karumba pour s'exercer à la pêche sportive ou pour observer les oiseaux ou les crocodiles. Là encore, l'office du tourisme pourra vous informer sur ces sorties, de quoi occuper ses journées agréablement.

 

INFOS PRATIQUES :

  • The Lee Wilson Barramundi Discovery Center, 148 Yappar Street, à Karumba. Tél : 07 4745 9359. Site internet : http://www.carpentaria.qld.gov.au
  • Office du tourisme, Walker Street à Karumba. Tél : 07 4747 7522. Ouvert du lundi au vendredi de 9h00 à 13h00. Sur place, vous pouvez vous procurer la revue « Karumba, The Outback by the Sea » pour 10 AUD$ (photo ci-dessous)













 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile