Revoir le globe
Top


Cloncurry
(Queensland, Australie)
Heure locale


Jeudi 1er février 2018

 

Avec l'impulsion économique provoquée par l'exploitation des gisements de cuivre découverts par Ernest Henry, Cloncurry devint LA ville de référence dans l'Etat du Queensland. Très vite, la compagnie aérienne Qantas y développera son premier vol régulier et John Flynn fera de la petite ville la première base du Royal Flying Doctor Service. Bien qu'à l'intérieur de l'Outback, le petit aéroport de Cloncurry deviendra ainsi incontournable aussi d'un point de vue civil que militaire, lors de la seconde Guerre mondiale, et il s'en fallut de peu pour que cette ville ne devienne plus importante que Mount Isa, sa voisine à une centaine de kilomètres près. Elle garde toutefois aujourd'hui une position stratégique, à mi-chemin entre Townsville, le Golfe de Savannah, Winton, Longreach et Mount Isa.

A mon arrivée en ville, je franchis un pont sous lequel coule la rivière Cloncurry (ci-dessous en photo) : ce cour d'eau s'écoule sur près de 900 kilomètres depuis le Mont Boorama, dans la Selwyn Range et draine avec lui argile, sable et gravier. Il devra son nom à l'explorateur Robert O'Hara Burke qui le nommera ainsi le 1er janvier 1861. La ville, elle compte actuellement 3500 âmes et possède aussi sa propre histoire et son patrimoine immobilier : la ville tire son nom de la rivière Cloncurry, elle-même dénommée en hommage à Lady Elizabeth Cloncurry, originaire du Comte de Galway (Irlande). A 300 mètres de la rivière se trouve un point de vue panoramique sur le désert alentour (deuxième photo), mais aussi un petit lac formé par une retenue d'eau.

Dès mon arrivée, je me rends à l'office du tourisme qui est situé dans le Mary Kathleen Memorial Park. Mary Kathleen est encore de nos jours une ville (fantôme) abandonnée depuis la fin de l'exploitation d'un gisement d'uranium sur place qui apporta la richesse dans les années 1950 et qui se trouve sur la route pour Mount Isa. Cette ancienne cité avait été bâtie par la MK Uranium Ltd lors de la découverte du précieux minerai par un certain Walton McConickie. Le parc qui accueille l'office du tourisme abrite également un certain nombre de machines ayant été jadis utilisées pour l'exploitation des mines locales. On aura bien sûr une pensée émue pour les explorateurs Burke et Wills qui furent les premiers Européens à mettre les pieds sur ce territoire.

De bon matin, j'entame une promenade à pied dans cette cité encore endormie où règne malgré tout une chaleur stagnante. La température atteint localement les 45°C en milieu de journée et je m'efforce donc de sortir très tôt le matin pour profiter d'une chaleur encore supportable. Je m'arrête devant le tribunal de Cloncurry (photo ci-dessous), érigé en 1898 et inscrit depuis sur la liste du patrimoine national. Dès 1882, un policier magistrat avait été dépêché sur place, puis une cour de district avait été créée en 1889. C'est en mars 1900 que se tint finalement la première audience de ce tribunal. Auparavant, la justice avait été rendue par un contingent de police de quatre hommes et d'un inspecteur , tous logés sous des tentes, dès 1870. Plus généralement, la ruée vers l'or, débutée dès les années 1800, puis la découverte de cuivre dans les années 1900, avaient rendu indispensable l'installation d'un tribunal dans cette petite ville très vite devenue le seul centre administratif de la région.

 

Un premier bureau de poste fut aussi créé en 1871 sous la forme d'un petit bâtiment de bois, mais le bureau situé sur le site actuel fut, lui, bâti en 1885. A noter qu'un comptoir de retrait d'argent fut instauré deux ans plus tôt, tout comme d'ailleurs la station de télégraphe (qui assura sa première liaison avec Boulia, plus au sud, avant que ne soit instaurée une liaison entre Cloncurry et Normanton, en 1888). L'édifice que nous voyons aujourd'hui date de 1906. Non loin de là se dresse toujours l'hôtel de la Poste (deuxième photo), lequel porta d'abord le nom de Union Hotel avant d'être détruit par un incendie en 1914. Cet hôtel fut longtemps le plus chic établissement du nord du Queensland.


 

Face à l'hôtel, de l'autre côté de Scarr Street se trouve un grand magasin, Mitre 10, ancienne construction de bois qui fut transportée, puis remontée ici en 1928, tel un mécano. A l'origine, cet édifice se trouvait à Normanton et était la propriété de A.J Smith & Co, qui opéra des affaires là-bas dans les années 1890. La mairie de Cloncurry vaut elle aussi le détour d'abord parce qu'on y trouve le Shire Hall (ci-dessous) décoré dans un style art-déco datant de 1939, mais aussi la chambre des conseillers (deuxième photo), la bibliothèque, la galerie du Dr David Harvey-Sutton et la salle de réception Ernest Henry. Jadis, une école des Arts avait été construite à côté du Shire Hall sous la forme d'un superbe édifice doté de vérandas qui ouvrira ses portes en 1915. L'endroit abritait aussi la bibliothèque ainsi que Madame Benson, la bibliothécaire, qui recevait 56AUD$ par an et 10% de commission sur tous les abonnés. Une toute autre époque. Un petit coup d'oeil s'impose du côté de l'hôtel Leichhardt (troisième photo) dont la façade originale a été classée au National Trust et se trouve aussi sur Scarr Street.


 

Il existe pas moins de trois cimetières à Cloncurry, dont le cimetière chinois qui abrite de nombreuses sépultures de mineurs venus de Chine au moment de l'exploitation des gisements d'or et de cuivre, mais aussi de marchands de quatre saisons et de jardiniers, qui contribuèrent à leur façon au développement de la cité. Le tout premier cimetière est de loin le plus ancien et abrite les dépouilles des tout premiers pionniers de Cloncurry. Difficile de déterminer de manière exacte le nombre de ces hommes et la date de leur disparition. Le troisième cimetière accueille lui aussi des pionniers de la ville remontant aux années 1880, dont la sépulture de Mary Allen, première institutrice de Cloncurry qui mourut ici en 1899 mais aussi les tombes de plusieurs chefs caravaniers afghans arrivés en Australie avec leurs dromadaires pour transporter les minerais. Certaines de ces tombes sont tournées vers la Mecque.

 

Dame Mary Gilmore repose aussi dans ce dernier cimetière : à la fois auteur, journaliste, poète, patriote et plus généralement militante contre l'injustice et la privation de liberté, celle-ci naquit à Cotta Wella (près de Goulburn) et devint d'abord professeur à Wagga Wagga. L'intérêt pour la réforme sociale l'ayant saisit très tôt, Mary Gilmore écrira sous plusieurs noms de plume. D'abord séduite par la pensée socialiste utopique de William Lane, elle partira pour le Paraguay en novembre 1895 où elle fondera son premier journal Cosme Evening Note. Deux ans plus tard, elle épousera William Alexander Gilmore qui lui donnera un fils. Retour des Gilmore en Australie en 1902, avant que Mary ne parte avec son fils à Sydney dix ans plus tard. Notre héroïne jouira d'une réputation flatteuse auprès du grand public grâce à ses publications dans The Australian Worker, l'auteur militant en faveur de réformes sociales et économiques comme le droit de vote pour les femmes, l'établissement de pensions pour les personnes âgées et invalides, l'adoption d'enfants, le combat contre la pauvreté ou encore le traitement équitable des peuples aborigènes. L'auteur publiera aussi plusieurs recueils de poèmes jusqu'à devenir si populaire qu'elle deviendra la première femme à se voir offrir en 1937 le titre de Dame Commandeur de l'Empire britannique en remerciement pour ses contributions littéraires. Durant la seconde Guerre mondiale, Mary Gilmore touchera profondément le public australien par son appel à l’héroïsme à travers son poème No Foe Shall Gather Our Harvest (Aucun ennemi ne prendra le fruit de notre récolte). Lors de sa disparition, le 3 décembre 1962, l'Australie lui accordera des funérailles nationales. Ses cendres reposent désormais avec celles de son époux, au cimetière de Cloncurry.


 

Pour terminer ce tour d'horizon, je me rends à l'aéroport de la ville qui abrite encore le hangar original (ci-dessous) de la compagnie australienne QANTAS (Queensland And Northern Territory Aerial Service) ayant servi aux premier avions qui s'envolèrent de là dès 1923 pour assurer le vol régulier Cloncurry- Charleville. Compte tenu de l'emplacement stratégique de Cloncurry, la Royal Australian Air Force renforcera cet aérodrome durant la seconde Guerre mondiale afin de pouvoir être utilisé comme base aérienne au cas où le Japon aurait envahi la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les Forces armées américaines y basèrent aussi des troupes en 1942. Le même endroit fut surtout témoin du lancement en 1928 du Royal Flying Doctor Service, puis, servira plus tard d'étape pour les participants aux grandes courses aériennes de 1919 et 1934. C'est qu'il s'en passe des choses dans cette bonne ville de Cloncurry : 1996 aura ainsi vu la célébration du 75 è anniversaire de la Royal Autralian Air Force. De même le 15 juillet 2001 se tenait le Federation Airshow qui rassemblait 19 aéroclubs australiens et donna lieu à des figures aériennes acrobatiques sous le regard ébahi de plus de 5000 spectateurs. 2009 aura quant à elle accueilli le Jim Telford Memorial Rotary Airshow, histoire de célébrer le 150è anniversaire de la création de l'Etat du Queensland à travers la scission de l'Etat de la Nouvelle-Galle-du-Sud. On se souvint aussi cette même année de la mémoire de Jim Telford, homme d'affaires et passionné d'aviation lors de cette fête qui rassembla 3000 personnes.

L'aéroport de Cloncurry, c'est enfin des dates clés comme en 1922, l’embarquement ici même d'Alexander Kennedy comme premier passager de la compagnie Qantas. 1943 verra le bitumage de la piste pour un montant de £54 000 de l'époque. D'autres importants travaux suivront l'année suivante (drainage, construction d'un parking et aménagement d'un local radio...) devant conduire en 1947 au classement de l'endroit en tant qu'aéroport international (et non plus un simple aérodrome). On installa sur place un mémorial en hommage au Révérend John Flynn en 1954, tandis qu'on re-promulguera les 2 et 3 novembre 1992 le service régulier de courrier postal qui avait été inauguré 70 ans plus tôt en 1922.

 

INFOS PRATIQUES :

 

 

 

 







Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile