Revoir le globe
Top


Sur la Grande Route du Nord, de Broome à Perth
(Australie-Occidentale, Australie)
Heure locale


Samedi 28 mai 2016

 

La date de mon départ n'est plus si lointaine, et ma préoccupation depuis trois jours est de redescendre depuis Broome vers le sud, pour rejoindre Perth. Plutôt qu'emprunter la route côtière de l'aller, j'ai opté pour la route intérieure du Grand Nord (Great Northern Highway), depuis Broome, en passant par Port Hedland, celle-ci bifurquant plein sud à une quarantaine de kilomètres après la cité minière, pour passer par Newman, autre cité minière, Meekatharra, Mount Magnet, puis direct jusqu'à Perth. Je vais désormais parcourir en moyenne 500 kilomètres par jour afin de regagner mon point de départ, sans précipitation, en appréciant au passage les paysages défilant sous mes yeux, et passant la nuit dans les relais routiers.

J'avais d'abord pensé m'arrêter au parc national de Karijini, parc situé dans les monts Hamersley (son ancien nom était d'ailleurs le parc national d'Hamersley), mais avec un demi-plein dès l'entrée dans ce parc, et sans être sûr de pouvoir refaire le plein à une station-service sur place, je n'ai pas osé m'y aventurer. De plus, ayant déjà parcouru 450 kilomètres depuis le matin, j'avais peur de ne pas apprécier l'endroit à sa juste valeur. Je m'étais en effet arrêté la veille au relais routier de Pardoo (voir infos pratiques) afin de dormir, avant de repartir sur les coups de 7h30 le lendemain. 600 kilomètres m'attendaient depuis cette station jusqu'à Newman, ma prochaine étape. Pas pressé, j'ai depuis réduit mon allure et ne roule plus qu'à une moyenne de 89 km/heure, à tel point que même les road trains me doublent allègrement, mais courtoisement, sans queue de poisson. Le fait de prendre son temps a plusieurs avantages : admirer la nature environnante même si je suis frustré de ne pas pouvoir mieux photographier ce qui m'entoure, puisque je suis au volant, être plus attentif pour m'arrêter ou ralentir urgemment si besoin (il arrive que des vaches traversent la route sous mon nez, à seulement quelques centaines de mètres de mon véhicule) et voir à temps les panneaux indicateurs au cas où quelque chose d'intéressant serait en vue. Malheureusement, je ne remarquerai pas grand chose. Je passerai bien à proximité des Monts de Chichester, une chaine montagneuse de la région de Pilbara que je traverse, qui est surtout formée de collines, d'escarpements, de crêtes déchiquetées, de gorges et de cours d'eau sinueux bordés d'arbres. Le point culminant est le mont Herbert, à 367 mètres. On peut visiter l'endroit mais ce sera pour une autre fois. Ce sommet est aussi l'itinéraire de la piste des chameaux, longue de 8 km, qui traverse la chaine en se terminant au point d'eau de Python Pool où l'on peut se baigner. C'est l'explorateur Francis Thomas Gregory, qui donna en 1861 le nom de Chichester à cette chaine, en hommage au sous-secrétaire d'Etat britannique Chichester Samuel Fortescue. Les aborigènes locaux appartiennent au peuple Bailgu (ou Palyku) qui parle la langue Yinjibarndi.

 

Le parc national de Karijini, lui, est le deuxième plus grand parc d'Australie-Occidentale avec ses 6274 km2, et le pays d'origine de trois tribus aborigènes : Banyjima, Kurrama et Innawonga. Le parc est très apprécié pour la beauté de ses paysages dans une région vieille de 2 500 millions d'années, avec ses cascades, ses gorges dangereuses et ses gouffres (surtout au nord du parc). De nombreuses espèces y ont trouvé refuge, comme le kangourou, le wallaroo (autre espèce de kangourou), les échidnés, les geckos, les goannas (très gros lézards) ou les chauve-souris, sans oublier bien sûr oiseaux et serpents. Il existe également de tas de variétés de fleurs qui apparaissent, en été, à la suite d'un orage. En hiver, les fleurs dominantes sont plutôt les mimosas et les canneliers, les cynoglosses et les mumma-mulla violettes. Le climat y est tropical semi-désertique en été, avec des températures dépassant souvent les 40°C et des précipitations orageuses ou cycloniques. En hiver, le temps est chaud et ensoleillé, comme aujourd'hui, mais avec des nuits fraiches.

 

Lorsque j'atteins Newman, en milieu d'après-midi, je suis exténué. Ma priorité est alors de refaire le plein pour le lendemain, puis de trouver où me poser pour la nuit. Newman abrite 9000 habitants mais est la seule petite ville existante à des kilomètres à la ronde. Et comme dans tous ces genres d'endroit, on trouve de quoi survivre. Il n'y a par contre rien d'intéressant à visiter, si ce n'est la vue panoramique de la ville (ci-dessous) que je découvrirai du sommet de la colline Hill Radio. Au loin, depuis cette même colline, j'apercevrai des nuages de poussière s'élevant au-dessus des puits miniers exploités par plusieurs compagnies. Située dans une zone désertique, et simple petit hameau agricole à l'origine, Newman devra son développement à la providentielle découverte de gisements de minerai de fer non loin de là, au Mont Whaleback, en 1960. L'exploitation du mont démarrera en 1970 et le minerai sera expédié par longs convois ferroviaires jusqu'à Port Hedland (port duquel le minerai sera ensuite exporté dans le monde entier). Ainsi, à titre d'exemple, le 21 juin 2001 un convoi formé de huit locomotives et de ...682 wagons (le tout mesurant 7353 mètres!) relia t-il les deux villes. C'est en 1957 que le prospecteur Stan Hilditch, alors à la recherche de manganèse, découvrira une grande quantité de minerai de fer, désormais exploitée par la société BHP Billiton Mine. Un consortium formé par Mt.Newman Mining Co.Pty ltd prit forme, puis les premières livraisons de minerai de fer pour Port Hedland auront lieu en avril 1969. Newman connaitra ensuite une forte croissance durant les années 1970 et 1980, « vendant » la gestion de sa ville pour 1 dollar australien, au Comté Est de la région de Pilbara, en 1981.

Les Aborigènes occupaient déjà la région il y a 26000 ans de cela, et le peuple Nyiyaparli est le propriétaire traditionnel de 36000 m2 de terres se trouvant dans l'est de Pilbara, son fief se situant au sud de la petite ville de Marble Bar, périmètre incluant la ville de Newman, ainsi que les stations d'élevages de Roy Hill, Balfour Downs, et Ethel Creek. Peu d'Aborigènes appartenant à ce peuple vivent actuellement à Newman (une bonne partie de ces Aborigènes ayant rejoint Port Hedland au cours des années 1980 et 1990) et la langue du peuple Nyiyaparli n'est parlée que par 200 personnes, tandis que beaucoup d'autres ne comprennent ou ne pratiquent cette langue que partiellement.


 

Même si, depuis quelques jours, ma visite devient plus monotone et se cantonne à conduire la majeure partie de mon temps, je ne m'ennuie pas un seul instant. Certes, les lignes droites auraient parfois tendance à provoquer de la somnolence, mais les nombreuses aires de repos placées le long de la route nationale permettent de se détendre quelques instants les jambes avant de repartir. Côté radio, c'est le désert puisque les émetteurs locaux et nationaux n'émettent que dans les agglomérations. J'apprends alors à apprécier le ronronnement de mon Mercedes. Sur la route, règne la plus parfaite courtoisie, entres les différents usagers. Il est courant de se saluer d'un geste de la main lorsqu'on se croise sur la route, chose impensable chez nous. Et pourtant...

Ce matin, histoire de faire une pause au bout de deux heures de route, je fais une halte au relais routier de Kumarina (voir infos pratiques). Le panneau routier donne l'impression qu'il s'agit là d'une agglomération, même petite. Rien de cela, mais juste une station-service, avec restaurant, café, hébergement et terrain de camping. Je serai accueilli à mon arrivée par une colonie de superbes perroquets (ci-dessous) gris et rose. Pas farouches du tout, ils se laisseront approcher de près pour la photo. Je dégusterai sur place une tranche d'un gâteau aux raisins et à la mangue accompagné d'un cappuccino et en route !

 

Ma prochaine étape, Meekatharra, m'apportera le repos du guerrier, avant de nouvelles aventures. Cette bourgade fut, elle aussi, au rendez-vous de la ruée vers l'or dans les années 1890. Son nom vient du mot aborigène « endroit avec un peu d'eau ». Là commence l'Outback, presque inaccessible, mais Meekatharra ne manque pas de ressources entre sa base de Royal Flying Doctor Service, sa School of the Air (pour les enfants éparpillés dans le bush), et son ancien tribunal bâti en 1912 et classé depuis par le National Trust.

Connue comme la Reine du Murchison, la petite ville de Cue, elle, se trouve à 650 kilomètres au nord-est de Perth et doit son nom à Tom Cue qui y découvrit le premier un gisement d'or. L'endroit accueillera très vite jusqu'à 10 000 habitants au plus fort de son activité, avec quelques-unes des constructions les plus impressionnantes de l'Australie d'antan, toutes situées dan la rue principale. Je pense à la Poste, au bureau de police, au tribunal (construit entre 1895 et 1897 et qui est encore parfois utilisé), ou encore à cette Rotonde (en photo ci-dessous) qui se dresse sur Austin Street et qui fut bâtie en hommage aux pionniers, et pour protéger le puits qui se trouve en-dessous.

 

Ma route me mènera naturellement jusqu'à Paynes Find, ma prochaine destination. Sur la route, je croiserai d'importants convois et devrai me garer sur le bas-côté. Puis, je rejoindrai Perth, non sans faire une nouvelle halte à New Norcia, à la fois pour ses délicieux croissants et le vin de la petite ville bénédictine.


 

INFOS PRATIQUES :


  • Pardoo Roadhouse,Tavern & Caravan Park, Great Northern Highway, à 140 kilomètres de Port Hedland. Tél:08 9176 4916. Vous trouverez sur place du carburant, de quoi vous ravitailler et vous restaurer. Vous pourrez même dormir sur place : l'emplacement avec eau et électricité ne coute que 15 AUD par jour pour un camping-car. Site internet : http://www.pardoo.com.au

  • Parc national de Karijini : https://www.parks.dpaw.wa.gov.au

  • Office de tourisme de Newman, à l'angle des rues Fortescue Avenue et Newman Drive à Newman. Tél:08 9175 2888. Ouvert tous les jours de 8h00 à 17h00. Site internet : http://newman.org.au/fr/

  • Peuple et langue Nyiyaparli : http://www.wangkamaya.org.au/pilbara-languages/nyiyaparli-overview

  • Kumarina Roadhouse & Tavern, entre Newman et Meekatharra, sur la Great Northern Highway. Tél:08 9981 2930. Ouvert tous les jours de 6h00 à 20h30. Station-service, plats préparés, hébergements (chambres simple et double), emplacements pour caravanes/camping-cars. A découvrir pour sa colonie de perroquets et son délicieux gâteau. Accueil chaleureux !

  • Meekatharra Accommodation Centre, 64 Main Street, à Meekatharra. Tél:08 9981 1253. Ouvert tous les jours de 5h00 à 22h00. Station-service (150 cents le litre de gazole!), restauration, location de studios cabines, emplacement pour camping-car (25 AUD). Site internet : http://wwwmeekatharraaccomodation.com.au

  • Entre Meekatharra et Perth, il existe d'autres stations-service : à Cue (tous les jours de 5h00 à 22h00), Mt Magnet (carburant H24), Paynes Find (du lundi au samedi de 6h00 à 23h00 et le dimanche de 6h00 à 22h00), Wubin (du lundi au vendredi de 5h00 à 1h00 du matin, et les samedi et dimanche de 5h00 à minuit), et New Norcia (de 9h00 à 17h00 tous les jours de la semaine). Bonne route !

 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile