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De la Vallée du Derwent aux Central Highlands
(Tasmanie, Australie)
Heure locale


Jeudi 10 novembre 2016

 

Je quitte aujourd'hui Hobart après y avoir passé une semaine, et pars à la découverte des Central Highlands, du côté de Hamilton, petit village rural. J'ai prévu de descendre à Roslyn House (en photo ci-dessous), un Bed & Breakfast perdu dans la campagne tasmanienne traversée par la rivière Derwent. L'établissement m'ouvrira ses portes par l'entremise de Vince, le maitre des lieux. Vince a récemment racheté cette vaste et superbe demeure aménagée avec goût. Cette maison portait autrefois le nom de Coombe et fut bâtie en 1859, par le colon William Blyth, arrivé à Hobart à bord du navire Wave, en 1835. Ce dernier avait fait l'acquisition en 1850 de Humphreyville, qu'il renomma Bushy Park, du nom du village actuel. Roslyn House fut d'abord occupée par les trois demoiselles Browning avant 1960, et à cette époque la maison ne disposait d'aucun sanitaire. Aujourd'hui, l'établissement est équipé de belles et grandes salles de bains, d'un salon confortable et de chambres qui n'ont rien à envier au confort des meilleurs hôtels.


 

C'est sous le soleil que je quitte Hobart, en direction de Bridgewater. L'endroit est célèbre pour son pont qui se levait jadis pour laisser passer les bateaux. Ce dernier (ci-dessous), enjambe la rivière Derwent et relie Bridgewater à Granton. Il fut l'un des premiers ouvrages de ce type à être construit en Tasmanie après la colonisation britannique de 1803. Et prit le nom de Bridgewater qui était alors un des quartiers de la ville tout proche de Hobart. C'est le gouverneur George Arthur qui ordonna la construction du pont, construction dont les travaux débutèrent en 1829. 200 bagnards construisirent d'abord une chaussée et n'utilisèrent que leurs bras pour charrier les deux millions de tonnes de matériaux alors nécessaires. Le pont actuel, lui, qui se lève à la verticale, fut conçu en 1939 et inauguré en 1946. Il est le seul ouvrage de ce type encore existant dans l'hémisphère sud et l'unique pont de cette taille en Australie. Jusqu'en 1984, la papeterie Newsprint Mills (aujourd'hui Norske Skog) basée à Boyer à quelques kilomètres de là le long du Derwent, transportait sa production par la rivière, en utilisant des barges. Et le pont de se lever afin de laisser passer les convois fluviaux.

 

A cet endroit, la rivière Derwent offre une grande largeur (ci-dessous). Le cours d'eau prend naissance au lac Saint Clair, dans la région de Central Highlands (région des lacs de Tasmanie), et s'étire sur 200 kilomètres, en passant progressivement de 700 mètres d'altitude au niveau de la mer, pour atteindre la Storm Bay et se jeter dans la Mer de Tasman. Les rives de la rivière Derwent étaient occupées par les Aborigènes Mouheneener depuis 8000 ans, avant que les colons européens ne transforment ces terres en fermes agricoles, et n'élèvent petit à petit des barrages sur le cours tumultueux de la rivière. Le Derwent constitue un véritable poumon pour la ville de Hobart qui s'y approvisionne en eau, et 40% de la population de Tasmanie vit à proximité de ce cours d'eau et de son estuaire.


 

C'est l'explorateur John Hayes, alors officier de la Marine indienne rattaché à la British East India Company qui explorera le premier ce cours d'eau an 1793. Et baptisera du nom de Derwent (qui signifie Vallée remplie de chênes) la partie supérieure de la rivière, avant que Matthew Flinders n'attribue cette même appellation à tout le cours d'eau. En remontant à sa source, on découvre que le Derwent est le fruit de deux rivières, Narcisus et Cuvier, qui se rejoignent dans le lac Saint Clair en donnant naissance à une nouvelle rivière. La rivière (ci-dessous) coule ainsi sur 187 kilomètres avant d'atteindre New Norfolk, puis de s'engager dans son estuaire, dernière portion de 52 kilomètres, jusqu'à Hobart.


 

Je remonte vers New Norfolk, puis atteins un nouveau relief alors que je me dirige vers Hamilton. Un panneau routier m'indique que je pénètre dans les Central Highlands, aussi appelée la région des lacs de Tasmanie (on en compte une douzaine). Des collines de la vallée du Derwent, je passe au relief montagneux de cette région (ci-dessous) où paissent de nombreux troupeaux de moutons, et au pied duquel serpente ici et là le Derwent. L'endroit offre aussi plusieurs parcs nationaux. Pour ma part, je me rendrai à Hamilton, l'un des plus anciens villages de l'île, puisqu'il vit le jour en août 1863. D'abord nommé Sorell Plains, par le gouverneur Macquarie, puis Macquarie, et Lower Clyde, le village recevra le nom de Hamilton du gouverneur Arthur en 1824. Zone rurale par excellence, l'exportation de la laine de mouton fera la fortune du village vers 1835. On comptait alors près de 55000 ovins, 4400 bovins et 410 chevaux...pour une population locale de 789 colons et 856 détenus. Il y avait aussi onze auberges à cette époque, des établissements qui portaient toutes sortes de noms. Les années 1860 laisseront la place à la culture intensive du houblon. En 1844,Hamilton abritait alors deux brasseries, un moulin à farine, une mine de charbon, six auberges, un forgeron et plusieurs fermes. Viendront plus tard les industries hydro-électriques et papetières. Située sur la petite rivière Clyde, et désormais classée comme village historique, Hamilton offre une impression de quiétude. Ma première visite sera l'église anglicane Saint Pierre (deuxième photo), juchée au sommet d'une colline, avec, à ses pieds, le cimetière. L'édifice ne dispose qu'une d'une porte, afin d'éviter autrefois que les détenus ne s'enfuient durant l'office. Une habitante, affairée à son jardin, m'apprend qu'il existe un petit musée dans ce village. Je reprends donc la route, et m'arrête à la mairie locale pour en demander la clé. Quelques minutes plus tard, je fais connaissance avec Lise, qui m'ouvre la porte de ce petit univers (troisième photo) rassemblant en son sein toute l'histoire locale. Cette minuscule maison de deux pièces seulement, servit autrefois d'abri pour les prisonniers.


 

Hamilton mérite qu'on déambule dans ses quelques rues car celles-ci offrent toujours de belles et vieilles maisons, comme l'ancien bureau de poste de 1835 (Franklin Place Lyell) et plusieurs autres cottages, dont certains abritent désormais des cafés. Wild Fennel Café est l'un d'entre eux (voir infos pratiques). Un autre cottage, un peu à l'écart du centre-ville, mais à moins d'un kilomètre du petit musée, mérite qu'on s'y arrête pour son jardin extraordinaire à plusieurs tableaux (jardin à treillis, italien, circulaire...en photo ci-dessous), un véritable havre de paix en pleine campagne. La maison fut bâtie par un certain James Triffett, en 1824, puis agrandie plus tard par Dr John Sharland, alors chirurgien du district.


 

Hamilton vit naitre Elizabeth Orr le 8 septembre 1860 (ci-dessous). Cette jeune femme était la dernière d'une famille irlandaise d'au moins sept enfants, dont les parents étaient fermiers. Après sa scolarité à Hobart, celle qui se faisait appelée familièrement Lizzie passa beaucoup de temps à monter à cheval, puis partit à l'hôpital général de Hobart, comme infirmière stagiaire. Ce travail devait devenir pour elle une vocation puisqu'elle visitera ses premiers patients à dos de cheval, avant de travailler à l'hôpital de Hobart. Entre temps, la guerre sévissant en Afrique du Sud, Lizzie s'en alla sur place comme infirmière volontaire en janvier 1900, et oeuvra dans un hôpital militaire. Plus tard, elle fondera un hôpital privé à Maitland (Nouvelle-Galles-du-Sud). En 1914, elle retournera en Angleterre et prétendant être plus jeune de treize années, réussira à partir en Egypte où elle sera responsable des transports pour les zones de Galipoli et de Salonique, tout en exerçant en tant qu'infirmière à bord de navires hôpitaux. Elle servira ensuite dans un hôpital du golfe Persique, rejoindra l'ANZAC en 1916 au Caire (Egypte) et servira même lors de la campagne de Palestine dans un hôpital constitué de 2500 lits sous des tentes. Malheureusement, Lizzie, pourtant inépuisable, souffrira de la malaria, et rentrera en Angleterre en mars 1919. Remise sur pied, elle repartira bientôt pour la Tasmanie où elle s'occupera de maladies infectieuses, avant de prendre sa retraite en 1931. Cette femme, enfant de Hamilton fut grande non seulement par son dévouement pour les autres mais aussi par la taille (elle mesurait 1m83!)


 

INFOS PRATIQUES :

  • Pour visiter le musée de Hamilton (Heritage Centre), Tarleton Street (à côté de Hamilton Inn), appelez Lise Fraser au 03 6286 3381.
  • Wild Fennel Café, rue principale, Hamilton. Tél : 04 0207 1580. Ouvert tous les jours sauf le mercredi, de 8h00 à 16h00. Le couple de propriétaires est charmant, fait de l'excellent café et de délicieux gâteaux (fait maison). Accès internet (wildfennel)

  • Prospect House Garden, 485 Mill Road, Hamilton. Tél : 03 6286 3233 ou 0413 683 684. Le jardin est remarquable et mérite une visite (ouvert d'octobre à mars). Pousser le portail, déposer 5 AUD$ dans la boite en fer rouge (droit d'entrée), et se munir d'un dépliant (plan du jardin).

  • Roslyn House Bed & Breakfast, 233 Uxbridge Road, Bushy Park. Tél : 03 6286 1287. Courriel : vince@fotomemoriesforever.com.au Chambre à 90 AUD$ la nuit (petit-déjeuner inclus). Diner à 30 AUD$. Très bon accueil et maison très confortable.

 










 



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