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Croisière sur Arthur's River
(Tasmanie, Australie)
Heure locale

 


Dimanche 20 novembre 2016

 

Je vous emmène cette fois en croisière, sur la Arthur River. Basé à Smithton, il me faudra 50 minutes de route pour rejoindre Arthur River Cruises avec qui j'ai choisi d'embarquer en ce beau dimanche ensoleillé. Les petits animaux ont encore cette nuit payé un lourd tribu, car je relève ici et là quelques cadavres le long de la route. C'est que nous sommes ici, à la lisière de la réserve de Tarkine où j'ai prévu de vous transporter demain, et plus exactement dans la zone protégée d'Arthur-Piernan. Pour l'heure, je m'apprête à faire connaissance avec Leslie et Greg (en photo ci-dessous). Notre couple parcourt tous les jours le fleuve, pourvu qu'ils aient au moins deux clients inscrits, et çà tombe bien, aujourd'hui nous serons sept, trois couples et votre serviteur. Leslie sera notre charmante hôtesse durant cette sortie, qui nous offrira des boissons pendant la croisière et installera le repas dans le petit coin de forêt prévu pour midi. Greg, lui, est le capitaine, et le commentateur (en anglais) de cette mémorable journée. J'engage rapidement la conversation avec un couple britannique à la retraite, qui vit désormais à Malaga (Espagne). Lise et Jeff pratiquent bien sûr la langue espagnole et nous jonglerons d'une langue à l'autre, en évoquant entre autres nos préférences gastronomiques.


 

J'arrive à l'embarcadère vers 9h00, une heure avant le départ prévu (pour un retour à 15h00) et Leslie m'accueille en me suggérant de me rendre au bout du monde. Dans le cas présent, The Edge of the World dont me parle Leslie n'est pas si bout du monde que cela, puisqu'il s'agit de traverser le pont franchissant Arthur River, puis de prendre la deuxième route sur la droite. Bien. Je repars et deux minutes plus tard, m'engage sur une piste de quelques centaines de mètres qui me conduira sur un bout de littoral peu hospitalier (ci-dessous) où la mer est agitée, et la côte souvent encombrée de troncs d'arbres morts charriés par le fleuve lors de précédentes crues. Leslie m'avait prévenu : En face, c'est la Patagonie ! Je regarde bien mais ne vois rien. Bah, mon hôte voulait certainement parler de la latitude de l'Argentine qui est identique à celle où nous nous trouvons maintenant. Des panneaux d'information me révèlent qu'avant l'arrivée des Européens dans le nord-ouest de la Tasmanie, vivaient ici les Aborigènes. Quatre clans se partageaient ce vaste territoire : les Peerapper, les Manegin, les Tarkinener et les Peternidic. On n'en connait pas le nombre exact mais on suppose qu'ils devaient être près d'un millier dans les années 1800, entre la rivière Piernan et West Point. Il ne faudra que quarante ans à peine aux Européens pour faire disparaître ces peuples, de maladies diverses, ou par assassinat pur et simple. Et les Aborigènes survivants d'être fortement encouragés par le conciliateur George Robinson (c'est aussi le nom de notre bateau!) de quitter leurs terres pour s'exiler sur l'île Flinders dans le Bass Strait. Or, ces tribus vivaient déjà ici il y a 40000 ans, et plus particulièrement sur ce littoral depuis la fin de l'ère glaciaire il y a de cela 6000 ans. Et parce qu'il est important de connaître ses ancêtres, les enfants des écoles avoisinantes de Forest et de Redpa apprennent désormais qui furent les Aborigènes de Tasmanie et quel était leur existence. Les Aborigènes locaux avaient par exemple pour coutume de bâtir des cabanes permanentes afin de se prémunir contre le rude climat. Celles-ci mesuraient généralement 2,5 mètres de haut ou davantage, et était faites de branchages attachés les uns aux autres. Des villages de cabanes furent découverts sur cette côte ouest, qui permettaient de vivre en groupes jusqu'à quarante personnes. Le littoral fournissait en effet à ces tribus de quoi subvenir à leurs besoins en nourriture et d'anciens camps furent ainsi mis à jour dans le nord-ouest, riches d'enseignement sur les conditions de vie de ces êtres humains.


 

Je reprends la route à l'issue de cette visite et retourne à l'embarcadère. Les autres passagers ne tardent pas à venir et chacun s'installe à bord après avoir payé sa place. Nous levons l'ancre à dix heures précises et Greg remonte le fleuve Arthur en commentant au fur et à mesure les paysages traversés. Nous remonterons ainsi Arthur's river sur quatorze kilomètres à bord de notre bateau baptisé M.V.George Robinson (ci-dessous). Ce dernier fut longtemps le protecteur des Aborigènes. Né en 1791 à Londres, et passionné de lecture, il s'intéressera dès 1822 à l'émigration et son premier voyage sera effectué aux Amériques, puis vers l'Australie après l'annonce de la création de nouvelles colonies sur place. On le dit homme de compassion, croyant, et sérieux dans son comportement. Arrivé à Hobart en janvier 1824, il décrochera aussitôt un travail qui lui permettra de mettre quelques 400£ de côté. Il deviendra bientôt membre de la Société amicale des Marins, rendra visite aux détenus mais ne parviendra pas à convaincre le reste de sa famille de le rejoindre. A cette époque les relations entre Aborigènes et Européens étaient déjà tendues et George Robinson embarquera alors pour l'île de Bruny afin d'en apprendre plus sur ces peuples originaires de Tasmanie. Et d'être par la suite pris de compassion pour ces tribus aborigènes peu à peu condamnées à disparaître.

 

Greg nous montre un aigle à poitrine blanche (ci-dessous) qui a repéré notre embarcation et nous survole à basse altitude. A vrai dire, il connait déjà Leslie et Greg qui leur apportent un peu de poisson en guide d'hors-d'oeuvre. Et les oiseaux de plonger sur l'appât, sous les yeux de l'assistance. Arthur River accueille ainsi de nombreuses espèces d'animaux au milieu d'une forêt extrêmement dense. Les aigles s'y plaisent tout particulièrement puisqu'ils ont construit un nid géant (deuxième photo) au sommet d'un grand arbre. Chacun scrute alors l'horizon afin de tenter de repérer tel ou tel animal le long de ce fleuve qui a reçu le nom de George Arthur, jadis vice-gouverneur de la Tasmanie, de 1824 à 1836. Arthur River a aussi donné son nom à un minuscule village de quelques 120 âmes, et situé tout près du pont traversé tout à l'heure. Le fleuve Arthur River, lui, est alimenté de plusieurs affluents, dont la Frankland River (du nom de son découvreur, qui deviendra par la suite géomètre en chef de l'île).


Au fur et à mesure de notre avancée, la forêt se révèle et nous offre le mariage parfait entre eau et végétation (ci-dessous). Soudain, Jeff (alias Oeil de lynx) a repéré un martin-pêcheur le long de la berge. Moi, je n'ai rien vu, comme d'habitude. Et Greg de manoeuvrer le bateau afin de se rapprocher d'un tout petit oiseau aux teintes bleutées. Ces oiseaux sont aussi appelés martins-chasseurs. De temps à nature, la berge offre un banc de sable, mais sans crocodile car ici, il n'y a pas d'animaux dangereux. Ouf, me voici rassuré car la question me taraudait avant le départ, surtout lorsque Leslie fit la démonstration du gilet de sauvetage. Et de lui poser le cas du naufrage éventuel (silence complet dans l'assistance...). Il y avait bien autrefois d'énormes écrevisses (de la taille des crabes géants norvégiens) que les pêcheurs locaux venaient attraper mais l'espèce est désormais protégée.


 

C'est précisément juste avant de franchir l'affluent de la Frankland River que Greg accoste sur la rive et nous conduit à son refuge favori, en forêt. A cinq minutes de marche du bateau, notre couple a aménagé un petit havre de paix avec barbecue, tables et bancs. Pendant que Leslie prépare le repas, sous l'oeil attentif d'un gros oiseau noir (ci-dessous) quémandeur, Greg convie notre groupe à une balade en forêt et nous fera découvrir la végétation locale. Si je ne distingue pas les oiseaux, j'entends leurs chants et le dépaysement est complet. Il ne manque plus qu'un hamac et une bonne sieste pour un bonheur complet, enfin presque, car les moustiques sévissent le long du cours d'eau.

Une demi-heure plus tard, nous regagnons le camp et nous mettons à table. Deux pademelons (deuxième photo) nous ont rejoint. Il s'agit de la mère et de sa progéniture qui se sont habitués à la présence régulière de Leslie et de Greg et viennent leur tenir compagnie. Leur nom de pademelon provient de la langue aborigène de la région de Port Jackson (Nouvelle-Galles-du-Sud) qui signifie « petit kangourou de la forêt ». Effectivement, les pademelons sont plus petits que les wallabies. Leur queue est plus courte, plus épaisse et avec des poils clairsemés. Nos deux amis ne se laissent pas caresser facilement mais viennent manger dans ma main lorsque je leur tends un morceau de pain, de salade ou de tomate. Ce sont en fait de gros gourmands, mais ils sont si irrésistibles....


 

Le repas achevé, nous embarquons à nouveau à bord du George Robinson et entamons le chemin du retour. Il fait un peu plus chaud qu'à l'aller et le ciel a revêtu la couleur bleue. L'heure est à la détente et chacun de contempler une dernière fois la nonchalance d'Arthur River.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Huit kilomètres environ avant d'atteindre Arthur River, des ralentisseurs matérialisés par des bandes blanches sur la route sont disposés dans les deux sens de circulation mais aucun panneau routier ne les signale. Franchissez-les à 30 km/heure car ils sont rudes pour les amortisseurs !
  • Arthur River Cruises se trouve au pied du pont qui franchit Arthur River (sur la gauche, lorsqu'on arrive de Smithton). La compagnie est reconnaissable à son bateau rouge.

  • Les croisières ont lieu tous les jours de l'année (minimum : deux clients à bord) sauf en juin, juillet et août (à cause des crues hivernales du fleuve). Départ à 10h00 et retour à 15h00. Prix par adulte : 95 AUD$ (boissons chaudes et petits gâteaux à bord + repas de midi avec boissons incluses).Paiement en liquide ou par CB (sauf American Express).

  • Pour contacter Arthur River Cruises, composez le 0427 885 792. Site internet : http://www.arthurrivercruises.com.au/ et facebook :https://www.facebook.com/pages/Arthur-River-Cruises/162812767065844






 



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