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Exposition "Les premiers jours de Burnie"
(Musée Régional de Burnie, Burnie, Tasmanie, Australie)
Heure locale


Jeudi 24 novembre 2016

 

De passage au Musée Régional de Burnie, je m'intéresse à l'exposition consacrée aux débuts de Emu Bay (ancien nom de la ville), premier port primitif pour les fermiers de la compagnie Van Diemen. En fait de port, il ne s'agissait en réalité que d'une simple jetée agrémentée d'un cabanon, d'un petit magasin et d'un forgeron, un endroit uniquement fréquenté par les gardiens de bétail et les bûcherons locaux. Suite à des difficultés, la compagnie Van Diemen fera des fermiers ses bailleurs, alors que tout restait à inventer sur place (routes, défrichage...). L'épaisse forêt qui recouvrait alors la région nord-ouest était au début occupée par les Aborigènes. Ces derniers avaient leurs coins de côte favoris où ils pêchaient de quoi se nourrir, puis, l'été venu, s'enfonçaient à l'intérieur des terres pour chasser le kangourou, le wallaby et l'émeu, utilisant éventuellement le feu pour rabattre les animaux. Ces feux permettaient aussi à la végétation de repousser plus vivement en assainissant le sol, même s'ils avaient tendance à remplacer la forêt par de la plaine.

La Baie de l'émeu, actuelle ville de Burnie, tira son nom du grand oiseau tasmanien qui proliférait à cette époque. Chassé par les Aborigènes, celui-ci constituait un mets de choix pour ces indigènes, mais également pour les premiers Européens. L'oiseau était chassé à l'aide de flèches et les femmes récupéraient ses œufs. S'il arrivait à fuir devant la majorité de ses prédateurs, il avait plus de mal à semer les chiens, ce qui contribuera à sa raréfaction dans l'île.


 

Il faudra la persévérance des nouveaux venus pour tracer les premières routes à travers cette nature dense : des chemins seront progressivement tracés de Emu Bay aux collines du Surrey et en direction de l'Hampshire. Une première grande route sera tracée de Launceston vers Westbury, Mole Creek, les plaines du Middlesex et le val de Belvoir. Un autre chemin destiné aux chevaux deviendra plus tard la route du postier et reliera Circular Head à Emu Bay. La route allant de Emu Bay aux collines était, elle, si boueuse que les attelages de bœufs (ci-dessous) ne l'utilisaient que quatre mois par an. Il fallait alors deux jours au convoi pour parcourir vingt miles, et encore, en changeant d'attelage à mi-chemin. Seul le cheval parvenait à acheminer les provisions le reste du temps. Le climat était rude, surtout l'hiver et la pluviométrie importante dans cette région. Au début, la compagnie Van Diemen, créée en Angleterre pour alimenter en laine l'industrie textile britannique, pariera sur l 'élevage de moutons mérinos avec le succès limité que l'on sait, et malgré les vertes étendues de plaines décrites par l'aventurier Henry Hellyer dans ses écrits. Mais, c'était sans compter sur les conditions climatiques difficiles, et les attaques répétées des troupeaux de moutons de la part des thylacines (deuxième photo). Ainsi, sur un troupeau de moutons de 5500 têtes envoyé dans les collines, seules quelques centaines d'animaux survivaient. Et la compagnie Van Diemen d'encourager l'abattage du thylacine, animal pourtant responsable que d'un petit nombre d'attaques des moutons. Les chasseurs reçurent ainsi plus de 80 gratifications de la part de cette compagnie,pour l'abattage de ce qu'on surnommera le tigre de Tasmanie, sans compter les primes versées par le gouvernement.


 

L'exposition en question tient dans une seule salle mais est extrêmement documentée. Je tombe ainsi sur une mallette de médecine homéopathique (ci-dessous) qui appartint à John Dowling, un fermier européen travaillant pour la compagnie Van Diemen et installé dans le district de Table Cape. Ruiné, il laissera derrière lui cette mallette en 1832, fuyant les collines du Surrey avant de se refaire en 1855, à travers l'acquisition de cent acres de bonnes terres à Table Cape, faisant de lui l'un des plus riches propriétaires de Wynyard. En l'absence d'autre médecine, l'homéopathie était à l'époque très populaire au XIX ème siècle.

 

Le courrier était quant à lui acheminé à dos de cheval, à l'aide d'un trieur adapté aux tournées du facteur (ci-dessous). Ce facteur se déplaçait à cheval, muni d'une sacoche contenant les lettres précédemment triées par commune. Chaque village avait son propre compartiment : Smithton, Jonction de Wiltshire, Stanley, Mawbanna, Rocky Cape et Myalla. Et cette sacoche d'être encore utilisée au siècle suivant, bien après la construction de vraies routes et l'apparition d'un véritable service postal.


 

Au fil du temps, la simple jetée laissera la place à un vrai port. A l'ère de la marine à voile, les estuaires protégés deviendront des lieux privilégiés pour l'accostage des navires, contrairement au port d'Emu Bay, ouvert à tous les vents. Il faudra alors de nombreux aménagements pour en faire un port à la mesure de l'essor économique de la région. Dès les années 1830, des mouillages seront aménagés pour permettre aux navires de faire relâche dans la baie en cas de mauvais temps. Et devant le peu d'enthousiasme déployé par la compagnie Van Diemen pour aménager le port, les aventuriers devront se débrouiller par eux-mêmes. Les choses évoluèrent toutefois en 1872, lorsque la compagnie céda à la couronne un morceau de terrain tout près des quais, permettant ainsi aux investisseurs de développer le port. Et l'endroit d'offrir un accès aux eaux profondes en 1890. Au fur et à mesure que les navires augmentaient de tonnage, le port accroitra son activité et entrainera le développement de la ville de Burnie. Parallèlement, la découverte par James Smith du plus grand gisement d'étain jamais trouvé en Tasmanie, contribuera non seulement à l'essor économique de la région, mais de l'île toute entière. Et le chemin de fer d'apparaitre entre le Mont Bischoff (mine d'étain) et Emu Bay, pour mener le précieux minerai à...bon port. Les travaux de cette ligne débuteront en 1875 et l'arrivée du train à Burnie bouleversa la vie de bien des pionniers qui avaient jusqu'ici connu une existence misérable, en faisant du port de la ville un véritable site d'activité.

 

Et les femmes dans tout cela ? Leur place n'était pas facile à tenir car la vie était rude. L'existence d'alors était avant tout faite pour les hommes, et par les hommes. Et les femmes, de s'insérer tant bien que mal dans ce tissu social, fait de journées harassantes de travail et de nombreuses corvées. Tout devait en effet être fait à la main : la lessive, la traite des vaches, la fabrication du beurre...l'existence était aussi incertaine en l'absence de soins médicaux sur place en cas de maladie. Il fallait ainsi affronter les feux de brousse, les piqûres de serpents, les maladies infantiles, et autres accidents de la vie qui pouvaient parfois s'avérer fatals. Il arrivait par exemple qu'en l'absence de l'homme à la maison, une femme doive accoucher toute seule. Souvent isolée en zone rurale, la femme de cette époque restait parfois bloquée dans sa ferme pendant des jours face aux rudes conditions climatiques qui rendaient les routes impraticables.


 

INFOS PRATIQUES :

  • Burnie Regional Museum, Little Alexander Street, à Burnie. Tél : 03 6430 5746. Ouvert du lundi au vendredi de 10h00 à 16h30, les samedi et dimanche de 13h30 à 16h00. Entrée adulte : 8 AUD$. Accès internet gratuit : Museum (code 3682-4197). Site internet : http://www.burnieregionalmuseum.net/Home
  • Un grand merci au musée pour son accueil chaleureux !

 








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