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Sur ma route pour Saint Helens
(Tasmanie, Australie)
Heure locale


Jeudi 1er décembre 2016

 

Je quitte mon bel hôtel de Launceston pour arriver quelques heures plus tard à Saint Helens, et sous la pluie. Je rejoins en effet aujourd'hui le côte Est, dernière étape de mon voyage, mais la route sera sinueuse et le temps pluvieux. Tout va bien lorsque je pars de Launceston. Je prends immédiatement la direction de Lilydale, car ce parcours m'offrira plusieurs points d'intérêt culturel. Il existe en effet trois routes pour se rendre à St Helens, de durée équivalente. J'ai prévu de m'arrêter à Lilydale, petit village situé au nord de l'île de Tasmanie. On l'appelait autrefois Upper Piper, et la commune compte quelques 300 habitants. Si j'ai choisi de faire une courte halte ici, c'est que ce village a peint des fresques sur ses poteaux télégraphiques (ci-dessous). Différentes scènes sont ainsi relatées, qui représentent la vie locale, entre les troupeaux de vaches et l'escalade. Il est vrai que le Mont Arthur n'est pas si loin, montagne dont la particularité est d'abriter en son sommet les émetteurs de plusieurs stations de radio, à 1188 mètres d'altitude. La proximité avec l'agglomération de Launceston lui a ainsi trouvé un rôle sur mesure.

Il est neuf heures environ lorsque je me gare devant l'épicerie IGA Bargenhagens, dans la rue principale. L'heure est à l'affluence mais l'épicière prendra le temps de me montrer quelques une de ces peintures murales qui garnissent aussi l'intérieur de son magasin. Ah cet accueil tasmanien...


 

Le temps se couvre dangereusement et c'est bien dommage car des chutes d'eau, Lilydale Falls, se trouvent sur ma route. Tant pis. Je découvrirai également une autre fois les réserves forestières qui émailleront mon voyage durant les deux heures trente de trajet. Deux habitants de Lilydale me conseillent de m'arrêter à la ferme à la lavande, qui se trouve en direction de St Helens, à trente minutes de voiture. Je m'y rendrai effectivement mais l'époque n'est pas encore à la floraison de cette fleur que nous connaissons bien en France. Voici toutefois, et en quelques lignes, l'histoire de cette entreprise : Charles Denny et sa famille débarqua en 1921 d'Angleterre pour s'installer à Lilydale, avec des graines de lavande française dans les poches, des graines en provenance des Alpes. Charles avait choisi cette région car elle offrait un climat similaire à celui de la Provence. La lavande prit effectivement goût au terroir et se multiplia. Et de bientôt produire de l'huile de lavande, au point de devenir le fournisseur de la célèbre marque Yardley. En 1944, la ferme s'étendra par nécessité, et Tim, le fils de Charles, de prendre directement part à la gestion de l'affaire. De nouvelles terres furent ensemencées et une nouvelle distillerie fut aussi créée. Au début des années 1970, la maison, qui avait acquis une stature internationale, prit ses nouveaux quartiers à Bridestowe Estate.

 

Ma prochaine escale est Scottsdale, la ville agricole et forestière par excellence. Une première étude, menée en 1855, montra que les meilleures terres de l'île s'y trouvaient alors, avec une bonne irrigation et un climat doux. Ce n'est pas moi qui l'affirme mais un certain James Scott, d'où provient d'ailleurs le nom de la ville. Curieusement, il ne ressort pas d'attractions particulières dans cette cité uniquement tournée vers l'agriculture (culture de pommes de terre, production laitière, culture du pavot) et l'exploitation forestière (pin, eucalyptus). J'apprendrai plus tard qu'en écocentre forestier a été créé à la fin des années 1990, mais que celui-ci, qui était géré par Forestry Tasmania, a depuis fermé ses portes.

L'office de tourisme m’oriente vers le musée militaire qui a été érigé en mémoire de toutes les victimes australiennes des différents conflits auxquels ces citoyens participèrent à travers le monde (il y en eut huit). Le musée permet d'aborder la guerre des Boers (1899-1902) au cours de laquelle 16000 Australiens combattirent en Afrique du Sud, perdant là-bas 600 de leurs camarades. Vint ensuite la Première guerre mondiale (1914-1918) qui fera plus de 60000 victimes australiennes à Gallipoli, et sur les fronts moyen-oriental et européen. Puis, quelques années plus tard, survint la Seconde guerre mondiale, qui verra périr quelques 40000 soldats australiens sur le front. Vint ensuite la Guerre de Corée, puis celle du Vietnam (521 tués sur presque 60000 soldats australiens participant au conflit), d'Irak, d'Afghanistan, sans parler des participations diverses aux conflits proche-orientaux.

La star du musée reste sans aucun doute l'hélicoptère Iroquois (ci-dessous en photo), qui participa à la guerre du Vietnam. Il sera construit 40 années durant (et c'est sans doute l'hélicoptère qui fut à ce jour le plus fabriqué au monde) et entrera en service en 1962. J'aurai aussi une attention particulière pour ces enfants de Scottsdale figurant sur un tableau (deuxième photo). On fêtera également ici le centième (triste) anniversaire de la Première guerre mondiale, la plus meurtrière de toutes. Pour l'occasion, un fanion (troisième photo) sera créé avec, d'un côté, le soleil illuminant une croix et signifiant les nombreuses pertes humaines lors de ce conflit, à droite, Simpson et son âne, symbolisant l'esprit civique et le courage des troupes de l'ANZAC. Une autre scène représente des silhouettes de combattants oeuvrant sur le front en France et en Belgique, et enfin, en bas du fanion, ces coquelicots qui refleurissent sur les champs de bataille européens, où sont tombés tant de soldats de tous pays


 

Sur ma route pour St Helens, je trouverai le minuscule village de Legerwood, qui, lui aussi, célèbre aujourd'hui ses soldats à sa manière : En 1918, neuf arbres avaient été plantés en face de la gare de chemin de fer, le long de la rue principale, et en mémoire des sept soldats tués lors de la Première guerre mondiale. Un autre arbre avait quant à lui été dédié à la bataille de Gallipoli et aux soldats de l'ANZAC. En 2001, ces arbres avaient considérablement grandi et devenaient dangereux d'après le conseil municipal, qui voulut les abattre. La population protesta aussitôt et demanda au sculpteur Eddie Freeman de sculpter dans chacun des troncs les statues des hommes pour lesquels les arbres avaient été plantés. Eddie débutera son œuvre en décembre 2004 et l'achèvera en août 2005, laissant ainsi aux touristes du monde entier une œuvre sublime et inattendu, taillée dans des arbres toujours vivants. Tout un symbole ! Cette œuvre, qui aura couté aux généreux donateurs 27000 AUD$, fut inaugurée le jour de l'ANZAC Day de 2006. Entre temps, la gare disparut, laissant sa place à des toilettes publiques. Juste à côté se trouve une boutique de souvenirs, aménagée à l'intérieur d'un ancien wagon de chemin de fer. Dona, qui est bénévole, et tient aujourd'hui la boutique, m'y accueille. Et voilà comment une petite communauté soudée est parvenue jusqu'à aujourd’hui à rendre hommage à ses disparus. Si vous passez par là, n'oubliez pas d'aller faire un tout au parc de la mémoire de Legerwood.


 

INFOS PRATIQUES :

  • Bridestowe Lavender Estate, entre Lilydale et Scottsdale. 296, Gillespies Road, à Nabowla. Tél:03 6352 8182. Entrée : 10AUD$. Site internet : http://bridestowelavender.com.au/

  • Office du tourisme, 4 Alfred Street, Scottsdale. Tél:03 6352 6520. Ouvert tous les jours de 8h00 à 17h00. Accès WiFi gratuit : sélectionner SVIC, puis entrer le code fourni à l'accueil (accès pour 20 minutes). Site internet : http://www.northeasttasmania.com.au

  • Scottsdale RSL Military Museum, 32A George Street, Scottsdale. Tél:03 6352 3193. Ouvert tous les jours de 10h00 à 16h00. Entrée : 5 AUD$.

  • Parc de la mémoire de Legerwood : la boutique de souvenirs est ouverte tous les jours, de 10h00 à 16h00 et propose des boissons chaudes, des souvenirs et des ouvrages sur l'histoire de cette commune.

  • Weldborough Hotel, sur la Tasman Highway, à Weldborough. Tél:03 6354 2223. Accueil fort sympathique et cuisine copieuse.




 



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