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Le Parc de la Mefou
(Yaoundé, Département de Mfoundi, Cameroun)
Heure locale

 

Arrivé hier soir à Yaoundé , j'ai pour projet de partir à la découverte du parc de Mefou, situé à 38 kilomètres de la capitale du Cameroun.

Nous sommes six membres d'équipage à nous inscrire pour cette sortie qui promet d'être passionnante. Je n'ai jamais encore eu l'occasion de visiter le Cameroun, ne restant que quelques heures dans ce pays, à Douala. La perspective d'observer les primates dans leur milieu naturel m'enthousiasme plutôt même si notre guide nous a déjà averti que les singes seraient visibles uniquement derrière des grillages électrifiés.

 

Le parc de Mefou se trouve dans le village de Ndandeng, à une heure de route de Yaoundé. Créé en 1999 par le docteur vétérinaire Sheri Speede, sur plus de mille hectares, il accueille uniquement des primates ayant été pourchassés par des braconniers et retrouvés blessés dans la jungle, ou encore orphelins car les parents avaient été tués par des chasseurs. On y observe des dizaines d'espèces de singes ( babouins, hocheurs,mandrills, cercocèbes à collier blanc, mones, gorilles, chimpanzés et des talapoins qui sont les plus petits singes d'Afrique). Son objectif: La conservation des espèces menacées. Une fois les primates soignés, ces derniers sont relâchés dans la jungle.

Dès 1997, l'idée de ce parc est apparue avec l'assistance du zoo de Bristol ( Angleterre). Ce zoo soutient financièrement la CWAF ( Cameroon Wildlife Aid Fund) et permet à une vingtaine de volontaires venus du monde entier de se consacrer à la protection et aux soins des primates.

 

 

Nous partons de notre hôtel à 9h45 et prenons la route de l'aéroport. Il faut bientôt s'acquitter d'un péage de 500 FCFA ( même s'il n'y a pas d'autoroute). C'est comme çà. Un panneau routier précise même que « tout le monde paie ». A peine partis, notre véhicule tombe en panne sèche, heureusement pas très loin d'une station service. Dans l'intervalle, nous dégustons de délicieux beignets de farine et de mais, offerts par le Commandant de bord. Au Cameroun, le prix de l'essence ferait des envieux en métropole: 569 FCFA le litre de super et 350 FCFA le litre de gazole ( 0,50 €).

Nous repartons bientôt vers Nsimalen. Et arrivons très vite au parc de Mefou. Il faut emprunter une piste en terre les derniers kilomètres et une conduite prudente doit être observée. Nous rencontrons une petite fille sur notre route. Les habitants des lieux répondent à nos salutations, un peu curieux de notre présence.

 

 

A notre arrivée dans le village de Ndandeng, nous sommes accueillis par un guide de la CWAF. Celui-ci va nous montrer les différents endroits où nous pourrons observer des primates. La balade dans la forêt sera pour nous l'occasion de découvrir aussi d'autres espèces animales comme les chenilles, les papillons et les mille-pattes. Sans oublier les fourmis carnivores dont certaines jambes se souviennent encore...

Il faut savoir que chaque année, dix mille gorilles sont massacrés pour leur viande. Et qu'à ce rythme, ils auront totalement disparu dans dix ans. Il est donc urgent de les protéger et d'alerter le plus grand nombre de personnes sur cette nécessité.

Les premiers singes que nous apercevons sont les babouins doguera. Ces derniers marchent sur de longues distances afin de chercher leur nourriture. On les retrouve en groupes de 30 à 60 individus , près des points d'eau et dans les pâturages d'herbes. Ce sont d'excellents nageurs.

Le groupe est dirigé par un mâle dominant qui possède des canines de 5 centimètres en général. C'est le mâle alpha. S'il baille parfois, c'est précisément pour laisser apparaître ses belles dents. Un signe de dissuasion en quelque sorte , et non pas de fatigue comme on pourrait le croire. Le mâle dominant est deux fois plus grand que les femelles et passe des alliances avec les autres mâles ( solidarité masculine oblige!). On trouve beaucoup de babouins au nord Cameroun car les Musulmans, plus nombreux dans cette région ne consomment pas ce type de viande et ne pourchassent donc pas ces singes là.

 

 Un peu plus loin, voici les cercocèbes à collier blanc. Cette race de singes vit dans les vallées forestières et dans les forêts galerie. Les cercocèbes ressemblent un peu aux guenons. On les trouve en groupe de 14 à 23 individus ( avec quelques mâles et de nombreuses femelles). Les fesses des mâles ont une particularité: Elles sont soudées. En cas d'agression imminente, le cercocèbe secoue la tête en baillant ou baille tout simplement.

Ces singes ont la queue souvent en l'air ( et à l'air!). Des poches buccales leur servent de garde-mangers. Les femelles mettent bas la première fois à l'âge de cinq ans.

Malheureusement, la déforestation, importante au Cameroun comme ailleurs réduit l'habitat des cercocèbes. La chasse représente un autre danger pour ce singe pourtant sympathique et leur espèce est en baisse d'effectif. A signaler enfin: Les cercocèbes adultes émettent parfois un son strident qu'on peut entendre un kilomètre à la ronde.

 

 

 

Notre balade nous permet de faire la rencontre d'un arbre dont les habitants tirent le rotin essentiel dans la confection de paniers. Nous croisons aussi quelques termitières dont certaines ont élu domicile sur des tronc d'arbres. Les termites sont probablement , après les abeilles et les fourmis, les insectes les plus intelligents en matière d'organisation.

J'aperçois ici et là des fèves de cacao. Et puis des fruits un peu plus petits, les afromomans dont sont friands les primates. Ils poussent en grappes au ras du sol.


 

 

 

Les mandrills sont derrière un enclos entouré d'un double grillage , ce qui ne facilite pas la prise de photographies.

 

 

Et puis apparaissent les gorilles des plaines de l'ouest. On les rencontre en groupes de 5 à 15 animaux. Ils sont paisibles, ennuient rarement les autres. Ils sont intelligents, sociables et ont de nombreuses expressions corporelles et faciales. Ils sont capables d'émettre de nombreux sons qui leur servent à communiquer.

La troupe est dirigée par un mâle dominant appelé dos argenté.

Le dos argenté est suivi par les dos noirs, puis par les femelles avec leurs petits, puis enfin par les autres femelles.

Les femelles s'accouplent avec le dos argenté et donnent naissance à des bébés gorilles au bout de 8 mois. On assiste parfois à la naissance de jumeaux.

Le cycle oeastral du gorille est de 27 à 28 jours. La période de chaleur dure entre un à 3 jours. Le gorille est surnommé le roi des grands singes car c'est le plus grand primate sur terre ( par sa taille).

Le gorille boit peu d'eau. Mais ingurgite jusqu'à trente kilos de nourriture chaque jour. On en compte sept spécimens dans le parc de Mefou ( l'année 2009 fut d'ailleurs l'année du gorille à Mefou).

 

 

Un peu plus loin, nous faisons la découverte de singes plus petits, les hocheurs (ci-dessous)

 

 

Et enfin, voici nos plus proches cousins, les chimpanzés pan troglodytes.

C'est le plus sociable des grands singes, proches de l'homme à 99,4 %.

Ils vivent en groupes de 25 animaux ou plus. Quand ils rencontrent des amis, ce sont de grandes embrassades car ils sont très expressifs. Intelligents, ils inventent des outils. Ils font preuve également d'une grande sensibilité et expriment des émotions.

Le groupe est dirigé par un mâle dominant qui tape sur le sol en criant pour se faire reconnaître. L'accouplement a lieu toute l'année chez le chimpanzé. Il n'y a pas de raison de se priver, non mais!

Leur cycle menstruel est similaire à celui des êtres humains. Les femelles sont réceptives jusqu'à 3 à 6 jours sauf si elles sont enceintes. Elles mettent bas un petit tous les trois ans. Le chimpanzé est le seul singe à pouvoir se regarder ( et se reconnaître) dans un miroir. Trop fort!

Ils apprennent aussi les habitudes et les connaissances de leurs mères.

Les chimpanzés ne sont pas en voie d'extinction comme les gorilles. Ils se nourrissent par exemple de bananes mûres et menacent donc moins facilement les bananeraies , contrairement aux gorilles qui , eux, mangent les cœurs des bananiers et sont donc plus directement pourchassés par les agriculteurs.

 

 

Il est déjà 13h30 et il est grand temps de reprendre la route pour nous rendre au village d'Ebogo afin d'y déjeuner. Nous franchissons un pont. Voici le fleuve Nyong , le deuxième fleuve du Cameroun. Le temps aujourd'hui est idéal: Couvert mais pas trop chaud, et il ne pleut pas.

Au menu du déjeuner, salade d'avocats, tomates et œuf, puis poulet grillé avec bananes plantain et pommes de terre frites. En dessert, papaye et ananas.

 

 

Après le déjeuner, nous embarquons sur trois pirogues en acajou , afin de naviguer sur le fleuve Nyong. Ce fleuve camerounais prend sa source dans l'Est du pays à Abong-Mbang. Il est long de 800 kilomètres et n'est pas actuellement à son niveau le plus élevé. Nous sommes à la fin de la saison sèche et le niveau du fleuve montera de quelques mètres d'ici à quelques semaines. Notre promenade est reposante ( sauf pour les piroguiers qui affrontent le courant assez fort par endroits sur la première partie du parcours). Le jacana ( ci-dessous) surnage au-dessus des herbes. Le liseron d'eau nous offre quelques fleurs roses ici et là. Et de nombreuses herbes peuplent les rives du Nyong. Sur la berge, la forêt s'étend avec de grands arbres. Ces derniers accueillent bien souvent des orchidées qui se nourrissent de l'air du temps. Bientôt, nous accosterons sur un autre partie du fleuve et nous promènerons dans la forêt , à la découverte des différentes essences: L'oboto, l'arbre qui soigne les plaies et les maux, l'ebiera, l'ébène, l'assas ( l'arbre qui s'autoprotège jusqu'à trois mètres au dessus du sol grâce à son tronc recouvert de piquants) et le kosipo ( le plus grand arbre de la forêt, promis à l'abattage il y a quelques années mais sauvé in extremis par l'Ambassadeur d'Espagne lors d'une visite officielle au Cameroun). Le kosipo est l'arbre à palabres. Celui devant lequel se trouve Ernest ( ci-dessous) a environ 1175 ans et mesure 80 mètres. Il fait partie de la même famille que le sapeli et le sipo , avec le même feuillage, consommé par les mêmes chenilles noires)

 

 

Ernest, notre guide piroguier nous conte son aventure: Originaire du village d'Ebogo, il a suivi des études et obtenu son diplôme de Sciences économiques à l'université en 1994. Piroguier dès l'âge de 11 ans, il choisit bientôt de devenir guide ( depuis 2005) afin de découvrir la région qu'il affectionne tant aux touristes de passage. Il suit alors une formation bilingue offerte par le Ministère camerounais du Tourisme et par d'anciens guides nationaux. Parallèlement, il fait un stage chez 'Herbier national ( société liée au Ministère des Eaux et Forêts) et apprend à reconnaître les plantes pendant six mois. Grâce à BirdLife, une ONG britannique, il découvre les oiseaux de l'Afrique de l'Ouest. Seul , il se lance à la découverte des papillons et des orchidées ( dont il a , à ce jour, dénombré 21 espèces). Ernest travaille en free lance. Il trouve même le temps de former d'autres piroguiers qui, demain, feront découvrir à leur tour la forêt camerounaise à des touristes toujours plus nombreux. Ernest aime son métier. Il le dit et ça se sent.

Quant à nous, nous sommes rentrés à Yaoundé rassérénés après cette magnifique promenade au milieu de la nature camerounaise si accueillante. Nous n'avons qu'une idée en tête, c'est d'y retourner très bientôt. Si vous passez par là, faites comme nous et laissez-vous séduire par le parc de Mefou et ses environs!

 

 

INFOS PRATIQUES


  • Le parc de Mefou est ouvert de 8h30 à 16h30 – Entrée pour les non camerounais: adulte, 7500 F CFA et enfant (4 à 16 ans) 2000 F CFA . Pour les camerounais: Adulte, 2000 FCFA et enfant, 500 FCFA. Durée de la visite guidée: 1h30 à 2 heures. Prévoir le paiement de 5000 FCFA supplémentaires pour utiliser votre appareil photos.

  • CWAF prend soin de 400 primates orphelins victimes du commerce de la viande : http://www.apeactionafrica.org

  • Hubert EBEDE vous propose de vous emmener en excursion pour la journée au parc de Mefou. Au programme, visite du parc , puis découverte de la forêt ( avec explication des espèces de plantes rencontrées), déjeuner, et balade de deux heures en pirogue sur le fleuve Nyong, avec découverte des espèces végétales. Tarifs: Adulte ( de 1 à 3 personnes) 160 000 FCFA, (de 4 à 6 personnes) 60 000 FCFA (de 7 à 10 personnes) 50 000 FCFA. Paiement cash en Francs CFA ou en euros. Le prix du transport ( effectué en minibus )est bien sûr compris. On peut prendre librement des photos au village d'Ebogo mais ailleurs, mieux vaut demander l'autorisation afin de ne pas heurter la population. Pour les équipages AF: En groupe de six personnes, nous avons payé 22500 FCFA chacun (34 €environ) auxquels il fallait rajouter 5000 F CFA (7,60 €) si on voulait prendre des photos dans le parc. Tous les détails sont disponibles sur la notice du CE Lignes. Pour contacter Hubert:Tel: 00 237 77 61 07 60 . Email: hubebede@yahoo.fr

  • Jean DAVID , chauffeur peut vous transporter également avec son minibus. Tel: 00 237 75 14 06 11.

  • Ernest, guide professionnel formé par le Ministère camerounais du Tourisme vous emmène en pirogue sur le fleuve Nyong. Tel: 00 237 74 11 51 34 . Email: ernestonana@yahoo.fr

  • Emmener son passeport avec soi car les contrôles de police sont toujours possibles le long du parcours.

  • Le village d'Ebogo ( 600 habitants et 175 familles)pratique l'écotourisme solidaire. Ebogo fait partie des rares endroits où les prix sont connus et affichés clairement. Où les touristes ne risquent pas de se faire arnaquer car le développement du tourisme est l'affaire de tous. L'OCDE ( Organisation Communautaire pour le Développement d'Ebogo) a été créée afin de permettre le développement du tourisme communautaire. 20% des recettes récoltées reviennent aux guides.

  • Emporter avec soi crème solaire, couvre-chefs, produit anti-moustiques et chaussures de marche ainsi qu'une bouteille d'eau.

 

 

 

 

 

 



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