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Barrage de Salto Grande
(Département de Salto, Uruguay)
Heure locale


Samedi 13 mai 2017

 

Ce matin, je me rends au barrage de Salto Grande, l'ouvrage remarquable de la région par excellence. Le site ne se trouve qu'à treize kilomètres de la ville de Salto et sert aussi de point de passage pour aller en Argentine, puisque l'usine hydroélectrique est coiffée d'un pont à la fois routier et ferroviaire. Il ne me faudra qu'un quart d'heure pour arriver sur place. La route, elle, est en parfait étant et le barrage est signalé par de grands panneaux indiquant « Visitas Represa ».

Le temps est brumeux en ce début de journée et ne m'aidera pas pour prendre des photographies. Qu'à cela ne tienne, je demanderai au service de presse, sur place, à ce me fasse parvenir un cliché aérien de cette réalisation uruguayenne et argentine. L'endroit est ouvert à la visite tous les jours de la semaine, de 7h00 à 16h00. Je me présente au point d'accueil où l'on m'informe que chaque visite débute par la projection d'un film de 20 minutes présentant le barrage. A l'issue de cette première étape, un guide nous explique quelques points particuliers sur l'histoire de l'ouvrage (fonctionnement d'une turbine par exemple) puis nous montons à bord d'un car qui va nous conduire à un point d'observation privilégié pour observer l'usine hydroélectrique de l'extérieur. A cet instant, le barrage relâche des millions de m3 d'eau emmagasinés dans la partie nord de la construction, c'est à dire par la retenue d'eau qui forme un lac de 783 km2, tandis qu'un courant résiduel se forme à la surface du fleuve sur plus d un kilomètre. Le car nous conduit ensuite sur le barrage d'où nous visitons la salle des machines (ci-dessous) qui renferme sept turbines servant à produire l'électricité. Une salle de machines est ainsi disposée à chaque extrémité du barrage qui totalise donc 14 turbines de 8,50 mètres de diamètre chacune, et d'une puissance de 187500 CV. Chaque turbine autorise le passage de 600 m3 d'eau par seconde. Chaque turbine est reliée à un générateur de 13,50 mètres de diamètre. L'électricité passe ensuite dans l'un des 24 transformateurs (troisième photo) pour augmenter la tension du courant et le rendre ainsi exportable. Les lignes électrique à haute tension à la sortie du barrage génèrent ainsi un courant de 15000 volts. Le barrage a une capacité de production de 1890MW et génère annuellement quelques 6640 Gwh, permettant de couvrir 7 % des besoins en énergie électrique de l'Argentine, et jusqu'à 50% de ces mêmes besoins en Uruguay (ce pays ne produit d'ailleurs que de l'énergie propre , qu'elle soit solaire, éolienne, hydroélectrique ou originaire de la biomasse). Une partie de la production du barrage est aussi vendue au Brésil.


 

Il est impératif de respecter le parcours pour piétons qui est tracé sur la chaussée car des véhicules sons susceptibles de passer à tout instant. Mon guide me montre les portes de retenue d'eau par où évacuent les eaux du lac (ci-dessous) dont le niveau d'eau est situé trente mètres plus haut. Quelques autres chiffres permettent de mieux mesurer l'importance de cette usine hydroélectrique : 1 500 000 m3 de béton furent nécessaires à la construction de cet ouvrage qui est large de près de 900 mètres pour sa partie immergée (1,3 km au total). Le déversoir du barrage (partie centrale) est long de 361 mètres et comporte 19 vannes.


 

Le nom de Salto Grande correspond à l'organisme binational qui produit puis gère l'énergie électrique à partir du barrage. Depuis le début de l'exploitation du site, il met un point d'honneur à la préservation de la faune et de la flore environnante, en offrant par exemple un refuge écologique où plusieurs espèces d'oiseaux peuvent trouver quelque repos (plusieurs volatiles ont en effet établi leur route migratoire le long du fleuve Uruguay, lequel mesure 1600 kilomètres du barrage jusqu'à sa source à Rio Canoas (Brésil). D'autres espèces animales (dont des crocodiles) sont aussi présentes sur le site. Chose unique en son genre, le barrage conçut également dès le départ deux écluses à poissons (ci-dessous). Ce système permet à différentes espèces de remonter le courant de l'Uruguay, en franchissant une piscine de stockage, de façon automatisée et selon un cycle de 45 minutes. Périodiquement, les portes se referment et évacuent les poissons côté lac, sur l'autre versant du barrage. On ne connait pas le nombre de poissons transitant annuellement par ce passage mais des études ont montré que le système fonctionne. Heureuse initiative !

 

120 années s'écoulèrent entre le moment où un certain don Gregorio Soler présenta un premier projet de concession afin d'exploiter l'énergie hydroélectrique dans la région et l'inauguration de l'actuelle usine. Les travaux, eux, débuteront en 1974 et le lac de se former cinq ans plus tard, date correspond aussi à la mise en œuvre de la première des 14 turbines du barrage. Le dernier générateur électrique entrera quant à lui en fonction le 27 mai 1983. Situé dans le Ayui (qui signifie « l'eau qui court » en guarani), l'usine produit désormais une quantité d'électricité tout à fait satisfaisante, et sa production totale depuis 1979 a permis d'éviter de brûler 73 millions de tonnes de pétrole. Les travaux représentèrent à l'époque un gigantesque chantier au cours duquel furent utilisées 60000 tonnes d'acier tandis que 5000 ouvriers tant argentins qu'uruguayens participèrent au chantier.

 

Le fleuve Uruguay, lui, prend sa source au Brésil, dans la Serra Geral, à 1800 mètres d'altitude, et se jette en mer avec le Rio Panama dans l'estuaire Rio de la Plata. Son bassin s'étend sur 370000 km2. On observe une rivière plutôt rapide et peu navigable dans la première partie de son cours, puis, à partir de son confluent Rio Cuareim (qui marque en même temps la limite entre le Brésil et l'Uruguay), on remarque la présence de nombreuses îles, de bas-fonds rocheux, et également d'importants affleurements de basalte, facteur déterminant pour démarquer Salto Grande (grande cataracte) et Salto Chico (petites cataractes). Plus le fleuve avance et plus il gagne en largeur, et coule moins vite au niveau des villes de Paysandu et FrayBentos (où un port en eau profonde a depuis été créé). Le cours d'eau sert enfin de frontière entre l'Argentine et l'Uruguay d'une part, et entre l'Argentine et le Brésil d'autre part. Facilement navigable pour les grands bateaux jusqu'à Concepcion del Uruguay (Argentine) et Paysandu (Uruguay), il reste encore praticable pour les plus petits tonnages jusqu'à Concordia (Argentine) et Salto (Uruguay), c'est à dire à 320 km environ de son embouchure.

 

Avec ses 300 km de lignes à haute tension, son ensemble de quatre stations de 500kV et sa capacité de 2000 MW, répartis en Argentine et en Uruguay, le réseau électrique des deux pays est désormais interconnecté, une première en Amérique du Sud. Par ailleurs, une soixantaine de station météo automatisées déterminent chaque jour et par avance la pluviométrie, permettant à l'usine hydroélectrique de prévoir sa production à venir. Ces 34 dernières années, le barrage produisit un total de 265 605 Gwh, couvrant partiellement les besoins énergétiques des deux pays. La meilleure production d'électricité eut lieu en 1990 avec 11 136 Gwh. Seules neuf années (1980 et 1981, 1988, 1991, 1995, 2004, 2006, 2008 et 2012) furent en-dessous des prévisions.

Un musée (qui se trouve côté argentin) permet aux visiteurs de mieux connaître le patrimoine du barrage Salto Grande et de se réapproprier le patrimoine archéologique local. On peut y voir des photographies anciennes et actuelles et une exposition de machines utilisées lors du chantier de construction. Notons enfin que lors de la construction du barrage, certaines populations comme celles des villages de Federacion et Belen (en Argentine) et de Constitucion (en Uruguay) durent être déplacées.

 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Prenez votre passeport sur vous car il vous sera demandé au point d'accueil du barrage.
  • Le barrage (represa) de Salto Grande se trouve à 13 km de Salto. En sortant par le nord de la ville, des panneaux indiquent la direction de Represa de Salto Grande. D'autres panneaux mentionnent votre arrivée sur le site en bord de route (Visitas Represa). La visite, possible tous les jours de la semaine, de 7h00 à 16h00, est gratuite. Départ des visites toutes les 30 minutes. Prise de photos autorisée. Boutique souvenirs sur place. Site internet : http://www.saltogrande.org






 



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