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Exposition "Cités millénaires, voyage virtuel de Palmyre à Mossoul"
(Institut du Monde Arabe, Paris, France)
Heure locale

Mercredi 24 octobre 2018

 

Palmyre, Mossoul, Alep ou Leptis Magna résonnent encore dans nos têtes comme des empires qui ont été bâtis sur des sites évoquant jadis des merveilles aux explorateurs du monde entier. La guerre passa malheureusement par là, avec son lot de destructions et de massacres de populations. Ainsi le site antique de Palmyre fut-il en partie détruit, tout comme une partie des cités de Mossoul et d'Alep, sans parler de Leptis Magna qui souffrira lui aussi. Mais comment, dans ces conditions, rendre compte de l'importance de ce patrimoine arabe tout en transmettant la majesté de ces sites antiques ?

L'Institut du Monde Arabe a eu la fantastique idée de mettre sur pied une exposition sans œuvres, en présentant seulement au public de grandes projections qui transportent l'auditoire au coeur de ces cités. Ainsi l'évènement offre t-il un accès direct en 3G pour montrer au détail près ces vestiges de l'humanité, en restaurant par exemple le temple de Baalshamïn à Palmyre ou bien la mosquée des Omeyyades à Alep, grâce aux nouveaux outils technologiques apparus ces derniers temps. C'est à cette expérience innovante et entièrement virtuelle, que vous convie l'Institut du Monde arabe, jusqu'au 10 février prochain.

 

Le choix des quatre cités (Palmyre, Alep, Mossoul et Leptis Magna) permet de plonger au cœur de civilisations brillantes (Perses, Grecs, Romains, Arabes...) tout en prenant conscience de leur diversité et en donnant la parole aux populations. Sont décrits également les contextes géopolitiques de notre époque et l'évocation de ces cités comme des lieux de vie dont la résilience force l'admiration. Ainsi les quatre villes retenues l'ont été parce qu'elles appartiennent au monde arabe et qu'elles sont porteuses d'une histoire et d'une identité tout en étant victimes de destructions récentes. L'exposition s'articule donc autour d'une dizaine de vidéos mettant à l'oeuvre différentes techniques et offrant une immersion visuelle et émotionnelle aux visiteurs. La poésie et la littérature ne sont pas oubliés puisque des espaces leur sont dédiés entre chaque salle.

Le visiteur débute son parcours par la découverte d'une grande carte localisant les quatre sites présentés. Puis, Mossoul ouvre le bal : nouvellement reprise par l'Etat islamique, les stigmates de la guerre y sont omniprésents. On découvre aussi ses principaux monuments en ruines, jusqu'à ce qu'une nouvelle image virtuelle et en 3D se superpose à la première et permette de (re)découvrir le monument tel qu'il était avant sa destruction. Face à cette projection géante, une autre remonte le temps en montrant architectures et rues à différents moments du siècle dernier. Et la ville de renaitre grâce à des photographies d'archives animées. Un autre espace invite à découvrir les témoignages d'archéologues, de conservateurs ou de simples civils en train de décrire leurs efforts pour mettre à l'abri les trésors de Mossoul tandis que ceux qui le souhaitent peuvent ensuite s'attarder dans d'autres salles pour approfondir encore plus leurs connaissance sur cette cité.

 

Nous sommes maintenant invités à monter au premier étage pour découvrir d'autres points de vue sur la célèbre ville irakienne, avant de partir à la conquête d'Alep (Syrie). Et des grands voyageurs et écrivains de livrer alors leurs vision de Mossoul puis d'Alep à l'aide de citations littéraires calligraphiées sur des murs. Les mêmes principes scénographiques sont repris pour nous dévoiler Alep depuis les toits de sa fameuse citadelle, puis d'arpenter les rues de la vieille ville qui nous conduisent bientôt à la grande mosquée des Omeyyades, l'édifice religieux le plus emblématique de la cité. Et son minaret totalement détruit de réapparaitre sous vos yeux par la magie des procédés technologiques de la numérisation en 3D. Juste à côté, d'autres espaces et d'autres grands écrans abordent d'autres points d'intérêt spécifiques de la ville syrienne, comme le souk d'Alep, marché souvent couvert où se regroupent des activités commerciales séparées des espaces domestiques. Les souks répondaient jadis aux besoins des habitants et jouaient le rôle de cité d'affaires au cœur de la ville, la Mdiné. Le souk Al-Zarb, lui, fut pour sa part construit au 19è siècle pour les bédouins et fait partie, comme les autres, du patrimoine culturel immatériel. Avant 2012 et le début de la guerre à Alep, le souk Al-Zarb nouveau s'était par exemple spécialisé dans le commerce avec les touristes étrangers, des produits n'ayant d'ailleurs rien de typiques et qui remplaçaient alors la production artisanale déjà disparue.

 

Une fois franchi l'espace décrivant les deux sites urbains de Mossoul et d'Alep, le visiteur pénètre directement dans le deuxième espace de transition de cette exposition qui introduit Palmyre (Syrie) et Leptis Magna (Libye) par le biais de la littérature classique et de voyage. Ces deux derniers sites sont deux grands sites archéologiques qui possèdent une autre histoire que les deux villes précédentes et méritaient une autre approche : la surface de projection s'allonge, suit les lignes de fuite du bâtiment et traduit un horizon lointain. Cette projection d'un genre nouveau nous transporte dans un vrai voyage au cœur des sites. Et le visiteur de pouvoir déambuler à sa convenance dans cet espace, de s'y asseoir ou de s'approcher des tables d'orientation.

Leptis Magna (en photo ci-dessous) est le seul des quatre sites du parcours à ne pas avoir été détruit malgré le conflit en Libye. Il est en revanche menacé par les pillages, l'abandon et l'avancée de la mer, mais garde tout de même sa superbe comme sur ces images prises en avril dernier qui permettent une véritable déambulation au milieu de cette cité millénaire. Peu connue du grand public, la ville romaine de Leptis Magna est pourtant parmi les mieux conservées au monde et rassemble toutes les architectures emblématiques de cet empire (temples, basiliques, forum, théâtre, amphithéâtre, thermes). On peut aisément se promener autour des édifices pour en contempler les détails sculptés. Quant à la Libye, elle présente la particularité de détenir un patrimoine fascinant mais assez méconnu, à commencer par les Libyens eux-mêmes, ce qui a paradoxalement eu pour effet de limiter le commerce illicite d'antiquités illégales. Son patrimoine archéologique a ainsi été épargné car il n'a jamais constitué un enjeu stratégique pendant la guerre, sauf dans des rares exceptions. On doit enfin une fière chandelle au personnel du Département des Antiquités de Libye qui, dès le début du conflit, a su prévenir les risques de vol en fermant hermétiquement les musées et en mettant à l'abri des collections entières. Des bénévoles se sont même organisés en bandes armées pour protéger la cité romaine. Quel bel exemple !


 

Palmyre (en photo ci-dessous), prise de guerre de l'Etat islamique, subit des destructions si importantes que ce fut un désastre pour le patrimoine mondial de l'humanité. Ses édifices les plus célèbres comme le temple de Bel et celui de Baalshamin furent mis à bas. La vision de ce site aujourd'hui en ruines est complétée par la reconstitution de ses monuments phares, et tout particulièrement du temple de Baalshamin. Parallèlement aux images récentes, on peut visualiser des images d'archives des grands archéologues (dont Paul Collart) avec photographies anciennes, dessins et relevés. Les tombeaux sont également mis à l'honneur dans cet espace, bien qu'ils aient été, eux aussi, souvent détruits. Une exception, les tombes souterraines, comme celle des « Trois Frères ».

 

INFOS PRATIQUES :

  • Exposition « Cités millénaires, Voyage virtuel de Palmyre à Mossoul », jusqu'au 10 février 2019, à l'Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés Saint-Bernard, à Paris (5è). Tél : 01 40 51 38 38. Site internet : https://www.imarabe.org/fr/expositions/cites-millenaires . Ouvert du mardi au vendredi de 10h00 à 18h00, les samedi, dimanche et jours fériés de 10h00 à 19h00.
  • Merci à Frédéric Pillier (Agence Pierre Laporte) pour son aide précieuse et le prêt des visuels.

  • Le catalogue de l'exposition (120 pages en français et en anglais) est en vente sur place au prix de 20€ et complète cette visite.

  • Nocturne, le vendredi 9 novembre 2018, de 19h00 à 23h00 : plongez dans l'aventure du voyage virtuel en découvrant l'Egypte antique avec le Discovery Tour by Assassin's Creed et vivez d'incroyables expériences virtuelles. 10€ en prévente et 15€ sur place.

  • Visites guidées de l'exposition jusqu'au 30 décembre , avec une conférencière. Durée : 1h00. Du mardi au vendredi à 14h30 et à 16h00. Les samedis, dimanches et jours fériés à 11h30, 14h30 et 16h00. Visite en anglais les samedis à 11H00, à partir du 20 octobre (tarif : de 6 à 18€)

 

 



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