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Saint-Renan
(Finistère, France)
Heure locale

 

Jeudi 30 juillet 2020

 

 

Sachez-le, Saint-Renan, cité médiévale située dans le Finistère et classée parmi les 100 plus beaux détours de France, vaut en effet la peine qu'on s'y arrête. Marie et moi faisons une halte au Musée du Ponant, lequel permet aux visiteurs d'en apprendre davantage sur l'histoire de ce petit village dont on suppose que la première implantation humaine aurait eu lieu grâce à l'exploitation de gisements d'étain dès l'Age du Bronze ancien.

 

Si le nom de la localité fait référence à l'Irlandais Ronan qui aurait établi ici un ermitage avant de se diriger vers la forêt de Névet, la petite ville de Saint-Renan ne prendra forme qu'aux 10e ou 11e siècle autour d'un des châteaux des vicomtes du Léon. Ces derniers céderont Saint-Renan dou Tay au duc de Bretagne en 1276, tandis que Jean III y érigera une cour de justice en 1340. Dès lors, Saint-Renan n'aura de cesse de s'affirmer : la barre ducale deviendra royale en 1532, et le développement des fonctions administratives et judiciaires confortera une prospérité commerciale croissante dans le Bas-Léon, dont les maisons à pan de bois des 16e et 17e siècles témoignent encore.

Malheureusement, Saint-Renan se retrouvera en concurrence avec Brest, sa voisine, dont Louis XIV voudra se servir pour y transférer durablement le siège de la sénéchaussée en 1681. Désarroi chez les Renanais, vite dissipé face au succès des marchés hebdomadaires du samedi qui permettaient de maintenir longtemps une certaine animation commerciale (malgré la disparition des foires dans les années 1960-1970).


 

Chance ou destinée, on ne le sait pas mais Saint-Renan a une capacité étonnante pour rebondir. Face à cette diminution de son attractivité commerciale, la petite ville va miser sur l'exploitation de l'étain au cours des années 1960-1975, avec un succès tel qu'elle deviendra quinze années durant la capitale européenne de l'étain. Il faut dire que ce minerai est une (très) vieille histoire puisqu'il détermina la création de la cité dès l'âge de Bronze en Armorique. Quant aux gisements d'étain, de nature alluvionnaires, ils étaient faciles à exploiter. De nos jours, plusieurs pièces de monnaie à l'effigie des empereurs romains (Vespasien, Titus, Hadrien et Commode...) retrouvées sur place témoignent de la présence romaine à Saint-Renan. Une « Route de l'étain » conduisait même vers les ports d'embarquement entre Brest et Le Conquet.

Une vitrine du musée expose par ailleurs des costumes bretons, dont une tenue de cérémonie de femme portée jadis dans le Bas-Léon (en photo ci-dessous). A noter que l'extension du groupe de costume de Saint-Renan est l'une des plus importantes de Bretagne, juste après le comté rennais, le Trégor et le bassin Nantais. Le Bas Léon est ainsi le pays des grands châles, une pièce vestimentaire autrefois introduite par les caboteurs qui se livraient jadis au trafic saisonnier (légumes, oignons, pommes de terre et blé...) entre la Bretagne et l'Angleterre (dont les fabriques textiles auraient fourni la matière première). Pièce dominante de cette tenue, la coiffe appelée choukenn est une évolution de l'ancienne coiffe la Supellinenn. Similaire sur tout le Bas-Léon, mais pliée différemment selon les endroits, elle enveloppe la tête d'où son surnom de Penn Paket (tête enveloppée, empaquetée). On porte celle-ci au mariage. Un tablier complète le costume, en satin noir brodé , de la même couleur que le fameux châle, noir brodé ton sur ton en fil de soie et bordé de franges, l'importance de la broderie étant proportionnelle à la richesse de la femme. Détail intéressant : la façon dont le châle est plié indique la commune d'origine de celle qui le porte. Enfin, après leur mariage, l'épouse avait pour habitude de teindre son châle en noir. Autres pièces de la tenue : la camisole, de couleur noire, et la jupe qui descend jusqu'aux chevilles (en 1910) et confectionnée de mérinos noir et d'apparence froncée. A Saint-Renan, le costume de cérémonie féminin est identique à quelques détails près (tablier en satin de soie noir brodé « Richelieu », bavette attachée sur les plis du châle, châle en laine mérinos brodé et frangé ton sur ton lie de vin, et ajout de bijoux sur le grand châle selon le rang social de la femme).

 

Dans une autre pièce du musée a été reconstituée une pièce de vie léonarde (du Bas-Léon). Ce type de pièce se rencontrait dans les chaumières de la région et cette salle-là représente plus particulièrement une demeure bourgeoise (d'après l'inventaire après décès de 1811). La cheminée, pièce maitresse de l'endroit, est comparable à celles des plus grands manoirs du Léon. La vie tournait en effet autour de l'âtre (chaleur, cuisine et lumière) notamment lors des veillées. Une table à pétrin (ou table à ventre, dont le couvercle se soulevait) renfermait farine et autres provisions de réserve, tandis qu'au-dessus, trônait un porte-cuillères et une étagère haute où l'on entreposait le pain. A côté, un vaisselier faisait office de vitrine pour présenter ses plus belles assiettes de faïence. Dans un coin de la salle se tenait le lit-clos (ou armoire à sommeil) qui cumulait les fonctions de lit, de coffre et de banc. Souvent disposés en enfilade contre les murs, ces lits-clos procuraient chaleur et intimité. Quant au berceau du bébé, il trouvait sa place sur le banc-coffre qui jouait le rôle de marchepied. Les corniches des lits-clos étaient souvent sculptées avec goût et présentaient diplômes, photos de famille, médailles et images religieuses. Une armoire, autre pièce majeure de l'ameublement, abritait le trousseau apporté en dot par la nouvelle maîtresse de maison lors de son mariage. Reste l'immuable horloge à balancier pour rythmer le temps.

 

Autrefois, ici comme ailleurs, les enfants qui vivaient loin du bourg et de l'école étaient mis en pension dès l'âge de six ans (j'ai connu cela moi-même). Et de ne rentrer chez eux qu'au moment des vacances, pour aider aux travaux des champs lors des périodes estivales. Les parents pouvaient toutefois venir rendre visite à leurs progénitures le dimanche lors de leur venue au bourg pour assister à la messe ou faire des courses. Les pensionnaires vivaient ainsi leur existence dans un cadre strict, avec nuit au dortoir, repas au réfectoire, toilette collective à l'eau froide et cheveux coupés courts. Chaque élève était astreint à tour de rôle aux travaux d'entretien et mieux fallait être poli et obéir aux ordres des professeurs et des surveillants, sous peine d'être puni. Le pensionnaire avait aussi le droit à la promenade, le dimanche et le jeudi, promenade organisée dans la campagne, sous la forme d'une longue marche en rang par deux, et accompagnée d'un surveillant. Le musée reconstitue une salle de classe à l'ancienne avec tableau noir, et autres vieilles cartes géographiques, dont celle de la Bretagne (ci-dessous) en...langue bretonne. Je découvre ainsi à quoi ressemblait l'univers de ces élèves qui fréquentèrent la première école du canton, ouverte à Saint-Renan en 1806, sous l'autorité de Mr Lannelongue. Le mobilier (tables d'écoliers...) date de la première moitié du 20e siècle, tout comme les divers autres objets présentés dans cette exposition. Une classe d'école primaire de cette taille pouvait alors accueillir jusqu'à ...soixante élèves.


 

En 1908, Saint-Renan accueillera favorablement la proposition de Mr Feillard, alors minotier à Kerguillo en Bohars d'éclairer les rues du village à la lumière électrique. Et des fils électriques d'être progressivement tirés jusqu'aux commerces et maisons particulières (dès 1916, une douzaine de commerces étaient déjà raccordés) pour parvenir à offrir à terme ce nouveau confort moderne, à savoir l'installation de becs électriques dans le centre ville dès 1910, avec éclairage de 5h00 du matin au lever du soleil et du coucher du soleil à 23h00. Un autre pas sera franchi en 1926 avec l'électrification des campagnes et l'arrivée d'une première ligne à haute tension. A l'époque, la commune et les particuliers s'acquittaient de 60 F (en 1924) par an, soit 5 F par mois et par bec électrique pour profIter de ce nouveau service. Une modernité qui sera célébrée en 1930 par une Grande fête organisée à Saint-Renan lors de l'inauguration du service d'eau, de l'éclairage électrique et du lavoir de la Place aux chevaux.

Il y aurait encore bien des choses à dire sur Saint-Renan, mais que vous restera t-il à découvrir si je vous révèle tout dans mon article ? Une visite en ville vous en apprendra plus que de longs discours et les amateurs d'Histoire se réjouiront de parcourir le circuit dans cette cité médiévale, ponctué de treize panneaux explicatifs situés sur les lieux d'intérêt. La brochure de ce circuit découverte est à retirer (gracieusement) auprès de l'Office de tourisme avant de vous lancer pour cette balade de 45 minutes. Un autre circuit, celui des lacs, (d'une durée de 1h30) est aussi disponible et accessible aux personnes à mobilité réduite.

 

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