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Les Héros de la France éternelle - Charles Martel
(3) (France)
Heure locale

 

Mardi 3 novembre 2020

 

Fils de Pépin d'Herstal (ou Pépin Le Gros), Charles Martel nait en 688 à Andenne (Belgique) et apparaît dans l'histoire au lendemain de la mort de son père (en 714). La disparition de Pépin Le Gros qui était alors maire des palais d'Austrasie, de Neustrie et de Bourgogne entrainera des troubles violents dans le royaume franc, un royaume alors confronté à la menace extérieure, une alliance entre Neustriens, Aquitains, Frisons et Saxons qui a juré d'abattre la puissance austrasienne (nom donné au royaume franc à l'époque carolingienne). Et le premier « Charles » de rester dans la mémoire collective comme l'unificateur des royaumes francs mais aussi comme le grand vainqueur de la bataille de Poitiers (en 732).

 

Une page se tourne, celle de la dynastie mérovingienne (de 481 à 752) surnommée ainsi du nom de Mérovée, l'un des ancêtres de Clovis. Loin de posséder le talent de leur père, les quatre fils du roi des Francs se partageront la Gaule, chacun d'entre eux dirigeant simultanément son territoire, en se chicanant, en tentant de se voler mutuellement tout en se laissant vivre, d'où leur qualificatif de « rois fainéants » qu'il faut lire « des rois fait néant » (des rois qui n'ont rien fait). Ces rois, trop jeunes, n'entreprendront en effet aucune réforme d'envergure et accéléreront de fait la fin du règne mérovingien. Toute ressemblance avec l'histoire actuelle de notre pays ne serait que pure coïncidence...et pourtant). C'est dans ce contexte que le pouvoir royal finira par être usurpé par l'aristocratie, en particulier par les Maires du Palais (intendants des rois et deuxièmes plus hauts dignitaires des royaumes francs), dont Charles Martel.

Précisons qu'au début du 8è siècle, les Francs étaient divisés en plusieurs royaumes, dont la Neustrie (partie ouest de notre pays actuel), l'Austrasie (partie Est de la France et l'ouest allemand) et la Bourgogne (centre et sud-est de notre pays). A un moment où les rois fainéants n'ont pratiquement plus de pouvoir ni de richesses, Charles Martel va faire figure d'homme providentiel pour recoller tous ces morceaux et unifier l'ensemble.

 

Charles Martel est un conquérant, tout le contraire de ses prédécesseurs. Et de guerroyer sans relâche face aux menaces extérieures : il luttera ainsi contre les Saxons (peuple germanique) en 720, 722, 724 et 738, et les Frisons du Nord (autre peuple germanique) en 733 et 734, conquérant au passage la Bavière (en 725, puis 728) et l'Alamanie (entre 728 et 730). L'homme sera confronté très jeune à son futur destin : dès la mort de son père, il devra vaincre ses rivaux avec ses partisans lors des batailles de Compiègne, de Cologne, d'Amblève, de Vinchy et de Néry, sans parler de la Guerre Civile Franque entre 714 et 718, une guerre reflétant des rivalités de pouvoirs. Et pour cause : Plectrude, la belle-mère de Charles le fait emprisonner mais celui-ci parvient à s'échapper puis à être acclamé puis reconnu comme Maire du palais d'Austrasie. Devant l'invasion des Frisons et des Neustriens, Charles affronte Radbo, en vain. Qu'à cela ne tienne, notre homme reprendra sa revanche à la bataille suivante, celle d'Amblève. En 717, lors de la bataille de Vinchy, Charles attaque et vainc à nouveau l'armée de Chilperic II de Francie, près de Cambrai (aucune « bêtise » n'y est alors relevée). Et de proclamer un deuxième roi des Francs, Clotaire IV de Francie. Deux ans plus tard, en 719, Chilpéric II, le décidément remuant roi des Francs, marche sur Soissons et contraint à nouveau Charles Martel à intervenir. Notre homme mettra en fuite l'adversaire qui rejoindra Toulouse, ville bientôt ravagée par l'invasion omeyyade (arabe). Durant toutes ces années de campagnes au nord de la Francie, Charles saisira l'occasion de discipliner son armée et de l'exercer à vaincre. La pratique régulière des arts de la guerre n'est-elle pas la meilleure garantie de la victoire ? Le temps presse car Charles va bientôt être confronté à un ennemi redoutable venu du sud.

 

Cette fois, la menace est de taille. La conquête musulmane du Maghreb correspond aux première conquêtes musulmanes survenues après la mort de Mahomet en 632 et vise directement les territoires contrôlés par les Berbères et les Byzantins en Afrique du Nord. En 642, les Arabes occupent Barqa et Tripoli, puis l'Egypte est conquise. Nouvelle invasion musulmane entre 665 et 689 donnant naissance à Kairouan en 670, qui devient la capitale de la province omeyyade d'Ifrikiya (un des principaux centre culturels musulmans du Moyen-Âge). S'ensuit la traversée du désert pour atteindre la façade atlantique en 682. Puis survient en 698 la bataille de Carthage (actuelle Tunisie) qui est remportée par les Musulmans. En 709, la conquête de l'Afrique du Nord est alors presque achevée. Pourquoi s'arrêter là ?

Ni une ni deux, en 711, les Musulmans débarquent à Gibraltar, avant de s'emparer de Barcelone (Espagne) entre 714 et 716, présageant ainsi une occupation musulmane de l'Espagne qui ne prendra fin qu'en.... 1492. En 717, les Omeyyades entreprennent la traversée des Pyrénées Orientales en territoire aquitain et en Septimanie (province de Narbonne) province qui s'étendra jusqu'aux côtes méditerranéennes (Bouches-du-Rhône) en incluant Carcassonne, Béziers, Nîmes, Agde et Castel-sarrasin. Et Narbonne de venir la capitale de la Septimanie musulmane en 720 , pour une durée de quarante ans. Cinq ans plus tard, des razzias (attaques) sont lancées par les Musulmans en Aquitaine, lesquels rencontreront bientôt Charles Martel sur leur route. Charles entreprend alors de rattacher Bourges au royaume de France (en 731) après avoir reproché à Eudes d'avoir violé le traité de paix de 720.

Le contexte local est alors le suivant : Un certain Eudes, ennemi des Francs, est duc d'Aquitaine. Il s'alliera avec Munuza Utaman Abu Nasar, gouverneur berbère de la Catalogne en Al-Andalus (Espagne), et lui offre même sa fille, Lampégie, en mariage. A noter que des querelles entre Berbères et Arabes avaient eu lieu lors du partage des biens des vaincus. De même, Munuza Utaman Abu Nasar refusera d'attaquer les Chrétiens comme le lui avait ordonné Abd-al-Rahman qui préparait alors son offensive sur la Gaule. Abd-al-Rahman se débarrassera de Munuza, et Lampégie, fille du duc d'Aquitaine, finira ses jours à Damas dans le sérail du calife.


 

Plus enhardi que jamais, Abd-al-Rahman entreprend d'attaquer les royaumes francs sur plusieurs fronts : en Aquitaine, et en Bourgogne (via la vallée du Rhône). Eudes d'Aquitaine a de son côté subi un revers face à Charles Martel sur Bourges et le nord de l'Aquitaine dès 731. Bien seul (par manque de combattants), Eudes ne pourra contenir le déferlement des troupes arabes d'Abd-al-Rahman et le seigneur aquitain, de perdre la Bataille de Bordeaux en 732. A l'issue de cette victoire les forces omeyyades foncent vers le nord en direction du Poitou, dans le but de piller la Basilique Saint-Martin de Tours. Heureusement, le duc Eudes d'Aquitaine parvient à alerter à temps Charles Martel du danger imminent et Charles se met alors en ordre de bataille : la célèbre bataille de Poitiers (ou bataille du Pavé des Martyrs pour les Musulmans) livre peu de détails sur son déroulement. Même les historiens divergent sur le lieu des combats. Une chose est sûre, Charles Martel arrache la victoire, Abd-al-Rahman est tué et Eudes sort affaibli de cette histoire. Des chroniqueurs du 9è siècle, puis des auteurs de chansons de gestes y verront pour certains un châtiment de Dieu envers l'envahisseur, et d'autres surnommeront le Maire du Palais Charles Martel du surnom de « marteau ». On diverge également sur l'importance de cette bataille car, au final, la Septimanie ne sera conquise par Pépin (fils de Charles) qu'en 739, même si les historiens s'accordent pour dire qu'elle marqua une étape dans l'établissement de la dynastie carolingienne. Certes, la mort du redoutable Abd-al-Rahman, gouverneur général d'Al-Andalus, mit fin aux incursions musulmanes par l'Aquitaine. D'autres offensives arabes auront bien lieu par la vallée du Rhône, dès 734, mais la bataille de Poitiers marquera toutefois le début de la reconquête des territoires francs occupés par les Arabo-berbères. Dès 736, Charles Martel repoussera en effet les troupes musulmanes au sud de la vallée du Rhône, juste après l'invasion d'Arles par les forces omeyyades. Et les Francs de reprendre possession d'Avignon cette même année, et du reste de la Provence deux ans plus tard. Charles récupérera Bordeaux, puis l'Aquitaine (qu'il ne soumettra pas immédiatement)

Cette trêve ne sera que provisoire, puisque les Musulmans se livreront encore à des razzias durant plusieurs décennies. Et Charlemagne de battre ainsi une troupe musulmane qui se livrait à des exactions en Saintonge en 800. Et les forces omeyyades d'occuper à nouveau la zone entre 890 et 973 (année de la dernière bataille, à Tourtour). Une victoire n'est toujours qu'éphémère et nos ennemis restent des ennemis, n'en déplaise aux bien-pensants de tous bords dont l'indulgence (ou l'inconscience?) s'apparente d'une certaine manière à de la trahison. La menace existe toujours, sous une autre forme, et l'assaillant ne se cache pas, en se rappelant ici et là à notre bon souvenir. Qui est le plus fautif ? Celui qui a l'ambition de (re)conquérir des territoires ou nos dirigeants qui se soumettent à l'envahisseur pour des intérêts bassement financiers? (dixit projet Eurabia : https://www.editionsjcgodefroy.fr/livre/eurabia-laxe-euro-arabe/ )

 

Quant à Charles Martel, devenu le maitre du royaume des Francs, il dotera notre pays d'une solide armée, en créant une cavalerie rapidement opérationnelle et mobile, une force d'intervention couteuse mais rompant avec la tradition. Notre homme distribuera donc des terres aux vassaux les plus robustes du maire du palais, n'hésitant pas à séculariser durablement les biens de l'église. Et chaque homme d'armes, gratifié d'un bénéfice (qui deviendra plus tard un « fief »), d'être tenu d'élever son propre cheval de guerre et de fournir le service militaire adéquat en cas de réquisition. Un serment de fidélité viendra aussi renforcer cette obligation. Le vassal, jadis simple serviteur, devint ainsi un soldat dont l'existence fur assurée par un lopin de terre .Cette réforme militaire restera la plus importante réforme du genre en Europe avant que n'apparaissent les armées permanentes.

Bien qu'il ne fut jamais roi, Charles cumula plus de pouvoir que n'importe quel monarque de l'époque, un pouvoir dont il se servit pour marquer les prémices de la lignée carolingienne confirmée par Pépin le Bref en juillet 754. Charles Martel est enfin considéré comme un personnage fondateur du Moyen-Âge européen. A la fois administrateur et guerrier, il sera à l'origine des responsabilités des chevaliers des tribunaux, et donc indirectement, de l'essor du système féodal franc. Gravement malade depuis 739, le valeureux chef partagera le royaume entre ses deux fils, Carloman (qui recevra l'Austrasie, la Souabe et la Thuringe) et Pépin (qui recevra la Bourgogne, la Neustrie et la Provence), avant de s'éteindre en 741 au palais de Quierzy-sur-Oise (02) à l'âge de 52 ans, après avoir brillamment gouverné vingt-cinq années durant la France, à force d'expéditions éclatantes. Charles Martel, à jamais un héros de la France éternelle.

 

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