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Exposition "Le Blason des temps nouveaux"
(Musée national de la Renaissance,Ecouen,Val d'Oise, France)
Heure locale

 
 

Lundi 9 janvier 2023

 

En ce début d’année, et à une époque ou le nouvel ordre mondial fait tout pour effacer les traces de notre civilisation , le château d’Ecouen nous convie à découvrir une passionnante exposition « Le blason des temps nouveaux » qui traite des signes, emblèmes et couleurs dans la France de la Renaissance.

L’usage de l’héraldique est alors une pratique générale et habituelle dans les vie sociale et artistique, et incarne l’expression visuelle de l’identité d’une personne, d’une famille, d’une profession ou d’une ville.

 

C’est dans le magnifique cadre du château d’Ecouen, propriété d’Anne de Montmorency, grand seigneur de la Renaissance que se trouve le musée national de la Renaissance.

Situé à une vingtaine de kilomètres de Paris, le château surplombe la belle étendue de la plaine du pays de France lancée à la rencontre de la forêt de Chantilly.

Symbole des ambitions et des succès d’Anne de Montmorency, proche du roi François 1er et homme puissant qui sera à la fois mécène et esthète passionné d’art.

 

Ardent collectionneur, cet homme de goût amassera une fortune colossale, savamment accrue par une judicieuse politique d’acquisitions, par son mariage avec Madeleine de Savoie et par la faveur royale. A sa mort, on dénombrera pas moins de 130 châteaux et deux résidences parisiennes, dont son hôtel de la rue Sainte-Avoye, et le château d’Ecouen qui reste le plus bel écrin pour le musée national.

 

Provenant du nom « héraut », c’est à dire celui qui annonçait et décrivait les chevaliers entrant en lice (tournoi) ou qui portait les déclarations de guerre comme officier public au Moyen-Âge, l’héraldique désigne la science du blason, l’étude des armoiries et un champ d’expression artistique, un élément du droit médiéval et du droit de l’Ancien Régime.

Développée au Moyen-Âge dans toute l’Europe comme un moyen d’identifier les personnes et les lignées, c’est au sein de la chevalerie qu’elle apparait au XIIème siècle, sur les champs de bataille, avant de se diffuser largement dans l’ensemble de la société occidentale (clercs, nobles, bourgeois, paysans, femmes, communautés de personnes, corporations de métiers, villes voire pays).

Tout au long du XVIème siècle, l’héraldique constitue un miroir de l’époque et de l’évolution de ses mentalités mais également une ambiance inventive et colorée qui marquera la France de la Renaissance et laisse voir encore bien des traces de nos jours.

Les décors du château d’Ecouen et les collections qu’il abrite forment l’axe principal de la scénographie de l’exposition qui nous intéresse.

C’est dans la chapelle du musée que débute le parcours de la visite, avec une introduction de Laurent Hablot, co-commissaire de l’évènement et auteur du « Manuel de Héraldique Emblématique Médiévale » (Presses Universitaires François-Rabelais).

 

L’exposition se poursuit au rez-de-chaussée du musée, dans la grande salle de la Reine, puis dans la chambre de la Reine, avant que la visite ne se prolonge dans les pièces du château qui servent habituellement d’écrin aux collections permanentes du Musée national de la Renaissance.

Il est vrai que la demeure du connétable Anne de Montmorency, qui fut particulièrement féru d’héraldique, est l’écrin idéal, avec son décor sculpté extérieur et intérieur, ses cheminées, ses lambris peints à l’or, ses carrelages de faïence armoiriés comme ses vitraux.

En guise d’introduction, la chapelle du château invite le visiteur à une initiation au vocabulaire héraldique à travers le décor de la voûte, de la tribune et de l’oratoire ainsi que par les œuvres exposées, dont un retable émaillé dans son cadre armorié d’origine et la copie par Marco D’Oggiono de La Cène de Léonard de Vinci.


Le visiteur est ensuite incité à traverser les salles du premier étage par l’escalier monumental aux paliers de voûtes sculpté aux armes d’Anne de Montmorency et de Madeleine de Savoie. Il lui est ainsi donné d’admirer la cheminée peinture avec les fausses tentures semées des alérions des Montmorency, puis l’armure de François de Montmorency damasquinée à son chiffre.

Il pourra aussi admirer les panneaux armoriés de la salle de bal de Fontainebleau, le lit des ducs de Lorraine en bois sculpté, peint et doré aux armes, et chiffres et devises d’Antoine de Lorraine et de Renée de Bourbon-Montpensier avant de traverser la grande salle des appartements du roi où se trouve le pavement armorié commandé en 1542 à Masséot Abaquesne.

Le visiteur (re) découvrira les vitraux héraldiques d’origine du château et la broderie de l’Arsenal aux armes de Sully puis la grande plaque de cheminée à la devise d’Henri IV avant de rejoindre le rez-de-chaussée pour accéder aux appartements de Catherine de Médicis, ornés à son chiffre et à sa devise, où est présentée l’exposition.

 

La première partie de l’exposition, abritée dans la grande salle de la Reine, offre quatre sections thématiques qui regroupent des œuvres de techniques diverses, ponctuées par des textes illustrés de reproductions de dessins tirés de la collection du célèbre érudit Gaignières, acquise sous Louis XIV par la Bibliothèque royale et désormais conservée à la BnF.

 

En premier lieu, on découvre l’usage social de l’héraldique et la variété des formes d’usage du blason par des collectivités, des professions et des personnes issues de toutes les couches de la société.

Les armes peuvent même être parfois liées à des dons, ou à des validations impliquant l’autorité publique, sans omettre leur rôle dans le domaine militaire.

Est ensuite abordé le thème de l’Eglise face à l’héraldique, en associant sculpture, peinture, orfèvrerie, céramique et tapisserie où l’on retrouve les blasons des donateurs ou possesseurs enrichis des marques de leur dignité ecclésiastique.

 

Puis l’emblématique royale française dévoile le champ d’utilisation des armes royales comme de la devise et du chiffre de chaque souverain, que ce soit pour sa personne ou au contraire en tant que marque d’identification des officiers royaux.

 

L’exposition affiche en exemple l’exceptionnelle armure du dauphin Henri, futur Henri II, où le décor damasquiné utilise les couleurs choisies par le prince qui s’était voué à la lune et à sa déesse.

 

Enfin, le dernier thème de cette partie étudie la femme et le couple en insistant sur l’importance des règles de l’héraldique pour offrir à la femme, mariée ou veuve, une place équivalente à celle de l’homme, même lorsque celui-ci bénéficie de la place d’honneur à dextre. On s’aperçoit aussi que si le mariage reste une occasion marquée de commandes d’oeuvres d’art ornées des armes des deux familles, les témoignages héraldiques liés à Catherine de Médicis exposent une recherche emblématique aussi fouillée que celle de son époux.

 

L’Antichambre, la pièce suivante, propose une sélection numérique de dessins de la collection Gaignières. On y rappelle aussi la place tenue par l’héraldique au sein des grands décors muraux religieux et profanes, grâce aux prêts des relevés de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie.


 

La seconde partie de l’évènement se tient quant à elle dans la Chambre de la Reine et comporte deux sections :

 

L’héraldique comme décor est en effet abordée sous le jour de l’inventivité. Blasons, devises et chiffres se combinent alors avec un décor ornemental, se substituant même parfois à lui. Le grand bassin doré lié aux Gondi (en photo ci-dessous) va même jusqu’à rendre presque invisibles les marques héraldiques inscrites dans sa riche ornementation.

 

L’art funéraire, lui, rappelle le caractère déterminant de l’héraldique en tant que marqueur d’identité du défunt et de sa famille et montre l’influence de la tradition héritée du Moyen Âge ainsi que son assimilation dans les formes propres au style Renaissance.

D’autres œuvres, exposées au rez-de-chaussée et au deuxième étage soulignent la place de l’héraldique au sein de la création artistique de l’Europe de la Renaissance. Il est à ce propos fort conseillé au visiteur de ne pas quitter le musée avant de s’être rendu à la Bibliothèque du connétable, avec ses lambris dorés et d’avoir admiré la nouvelle présentation de livres qui fait la part belle à l’héraldique.

 

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Exposition « « Le Blason des temps nouveaux », jusqu’au 6 février 2023, au Château d’Ecouen, Musée national de la Renaissance, rue Jean Bullant à Ecouen (95). https://musee-renaissance.fr
  • Catalogue de l’exposition disponible sur place.









 



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