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Les Héros de la France éternelle - Henri III
(29) (France)
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Lundi 27 février 2023

 

Dans le précédent article, nous avons vu qu’Henri III, qui s’apprêtait à demeurer roi de Pologne, rebroussa chemin dès qu’il apprit le décès de son frère Charles IX, pour rejoindre le royaume de France. Quatrième fils du roi Henri II et de la reine Catherine de Médicis, Henri n’est pourtant pas destiné à la couronne mais durant le règne de Charles IX, il s’illustrera comme chef de l’armée royale en remportant les batailles de Jarnac et de Moncontour, sur les protestants. Il décide malgré tout, âgé de 21 ans seulement, de se porter candidat pour le trône vacant de Pologne et se voit élu roi de Pologne et grand-duc de Lituanie en 1573. La mort de Charles IX va redistribuer les cartes, le frère d’ Henri III n’ayant aucun héritier mâle, seul Henri III sera en mesure d’accéder au trône de France.

 

 

En devenant roi de France, Henri III devient aussi le dernier monarque de la dynastie des Valois et le premier Capétien qui mourra assassiné (mais cela, il ne le sait pas encore).

Henri III hérite surtout d’un royaume divisé où son autorité n’est que partiellement reconnue. Son règne est en effet marqué par d’importants problèmes religieux, politiques et économiques :

 

- Problèmes religieux : pas moins de quatre guerres de religion se déroulent sous son règne. Dès son avènement, le jeune roi est confronté à la guerre menée par Henry de Montmorency, comte de Damville, surnommé « roi du Languedoc ». Au sein même de la cour, le monarque doit également affronter les complots fomentés par son frère François d’Alençon, qui se trouve à la tête du parti des « Malcontents ». Ce parti, qui finira par s’entendre avec les Huguenots, rassemble, lors de la cinquième guerre de religion, les gentilshommes opposés à la politique d’Henri de Valois, c’est à dire Henri III.

 

Le roi doit aussi faire face au roi de Navarre, futur Henri IV. Ce dernier et François d’Alençon finissent par quitter la cour, l’un pour retourner à la religion calviniste, et l’autre, pour s’allier aux protestants.

Henri 1er de Bourbon, Prince de Condé et rival d’Henri III, mais aussi protecteur des protestants, fait appel à Jean Casimir (fils du comte palatin du Rhin) pour menacer Paris avec ses mercenaires. Le 6 mai 1576, Henri III s’incline et signe l’édit de Beaulieu (ou « Paix de Monsieur ») qui nomme son frère François duc d’Anjou et accorde aux protestants de nombreux avantages.

 

Dans l’esprit d’Henri III, l’heure est à la revanche : après avoir réuni les états généraux à Blois, il décide sous la pression des députés catholiques, de reprendre les hostilités envers les protestants après s’être réconcilié avec son frère, puis le duc de Montmorency. Ainsi débute la 6ème guerre de Religion, conflit que se déroule principalement dans le Languedoc. La ville de Montpellier, prise par les protestants est bientôt rasée par les troupes catholiques.

Henri III confie à sa mère de négocier la paix , mais ces efforts ne parviennent pas à mettre un terme au conflit.Une 7ème guerre de religion, aussi appelée « guerre des Amoureux » nait en 1580 mais est de courte durée. La paix (ou « paix du Fleix ») qui est signée le 26 novembre de cette même année, prévoit une trêve de six ans.
Enfin, et sous la pression de la Ligue et de son chef, le duc de Guise, le roi de France est contraint de ratifier le traité de Nemours en 1585, ce traité prévoyant de bouter hors du royaume de France les hérétiques et de livrer bataille au roi de Navarre. La 8ème et dernière guerre de Religion (ou guerre des Trois Henri) commence.

 

 

- Problèmes politiques : Henri III aime être tenu au courant de tout et s’entoure d’un conseil formé de juristes compétents. A la cour, il aime promouvoir des hommes de noblesse moyenne, à qui il va confier de très hautes responsabilités, à l’exemple des ducs de Joyeuse et d’Epernon. C’est sur ces hommes neufs que le monarque veut s’appuyer durant son règne.

Marginalisant ainsi les plus grandes familles de la noblesse, il va parallèlement placer des favoris (ou « mignons ») qui vont, grâce au roi, se constituer des fortunes conséquentes.Dans la foulée, il crée en 1578 l’ordre du Saint-Esprit, un ordre de chevalerie très prestigieux rassemblant les gentilshommes les plus distingués de la haute société.

Henri III aime impressionner ses hôtes et organise des fêtes somptueuses, comme celle donnée en l’honneur du duc de Joyeuse en 1581. Et d’offrir aussi d’importes récompenses en argent aux serviteurs les plus zélés.

Reste la Ligue, mouvement protestataire née de la rancoeur des Catholiques envers les avantages concédés aux protestants lors de l’édit de Beaulieu. La paix relative qui règne depuis quelques années est mise à mal lorsque François, le frère d’Henri III, meurt de la tuberculose, et sans enfant. Dès lors et dans la mesure où même Henri III ne parvient pas à donner naissance à un héritier mâle, la dynastie des Valois est menacée d’extinction. Méfiant, le duc de Guise signe un traité secret avec l’Espagne. Moyennant 50000 écus mensuels, le duc s’engage à empêcher Henri IV de devenir roi de France et à placer de préférence le cardinal de Bourbon, catholique, sur le trône.


 

 

- Problèmes économiques : Henri III, qui hérite dès le départ d’une situation économique précaire au royaume de France s’avère très dépensier. Outre les importantes sommes d’argent offertes à ses serviteurs les plus zélés, le monarque emprunte beaucoup d’argent auprès du Grand Prévôt Richelieu (père du cardinal Richelieu) ou au financier Scipion Sardini, et a pour priorité de restaurer la puissance royale.

 

Le roi organise aussi plusieurs réformes importantes, dont des réformes monétaires censées régler les difficultés financières du moment. Soucieux de la grandeur de la monarchie et de l’unité du royaume, roi à la fois intelligent et lucide, Henri III rédige de nombreux actes législatifs que Barnabé Brisson (premier Président au Parlement de Paris) rassemble dans le « Code Henri III », avec d’autres lois alors en vigueur.

 

Parmi les nombreuses réformes mises en œuvre, on note l’institution d’un bureau des finances au chef-lieu de chaque généralité en 1577, la formation de cinq grosses fermes en 1584, la création d’une unité de compte, l’écu d’or, en 1577, pour enrayer la hausse des prix liée au désordre monétaire. Il y a également la généralisation des taxes à l’importation en 1582 dans un but protectionniste et fiscal. Et enfin l’extension à tout le royaume des métiers « jurés » en 1581.

 

La personnalité d’Henri III cache renferme plusieurs facettes : à la fois fier (il se distingue par des attitudes solennelles) et extravagant (il prise les divertissements et les plaisirs), le roi, malgré une douceur apparente, dissimule un esprit nerveux et inflexible.

 

Homme élégant , il incarne grâce et majesté. Appréciant la mode, il porte des boucles d’oreilles et une fraise imposante.Contre la violence, il évite toute confrontation belliqueuse et délaisse les activités physiques bien qu’il soit l’une des plus fines lames du royaume. La chasse le dégoûte, tout comme les activités guerrières, qu’il laisse à la noblesse.

 

Formé dans un milieu humaniste, le monarque encourage le monde des lettres et protège les écrivains (Desportes, Montaigne, Du Perron...) tout en s’adonnant lui-même à la philosophie.

 

Il préfère travailler dans son cabinet, entouré de ses ministres plutôt que faire la guerre, d’autant qu’il est d’une santé fragile. Cela ne l’empêche pas de camper fermement sur ses positions lors des quelques campagnes militaires qu’il effectue. D’une vive intelligence, il fait généralement preuve de mansuétude envers ses adversaires et les villes qu’il reconquiert, tout en recherchant toujours les solutions diplomatiques.

 

Homme pieux et très croyant, sa piété grandit avec l’âge. Vers la fin de sa vie, il s’adonne aux processions des pénitents et passe son temps à se mortifier dans les monastères lors de retraites spirituelles afin de demander pardon pour ses péchés, qui, selon lui, expliquent sa santé précaire, l’absence d’héritier et les afflictions du royaume de France.

 

 

Du côté des Catholiques, la rancune est tenace et la Ligue qu’ils ont créée n’hésite pas à calomnier le roi sur ses fréquentations des favoris. Le coup de grâce lui sera porté par le moine dominicain ligueur Jacques Clément, en ce 1er août 1589. Celui-ci se rend à Saint-Cloud où Henri III est installé dans l’attente du siège de Paris. Le roi reçoit le moine qui se dit porteur de nouvelles en provenance du Louvre, lorsque l’homme d’église enfonce un poignard dans le bas ventre du monarque. Aussitôt, les gardes du roi accourent et transpercent le moine de leurs épées avant de le défenestrer.

Les médecins, eux, minimisent la plaie qui se transforme en péritonite, laquelle emporte Henri III en moins de 24 heures.

 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Livre « Henri III » de Jean-François Solnon (Tempus Perrin).








 



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