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Exposition "Séduction et Pouvoir. L'art de s'apprêter à la cour"
(Musée du Domaine royal de Marly, Marly-le-Roi, Yvelines, France)
Heure locale

 

Lundi 10 juillet 2023

 

Afin de fêter dignement sa réouverture, le Musée du Domaine royal de Marly offre à ses visiteurs un parcours muséographique rénové et un programme d’expositions et d’évènements étoffé. « Séduction & Pouvoir. L’art de s’apprêter à la cour »s’intéresse aux accessoires de mode et de beauté aux 17ème et 18ème siècles. Entre les règnes de Louis XIV et de Louis XVI, Versailles, puis Paris, s’arrachent le titre de capitale de la mode. Qu’il s’agisse de désir de séduction, d’affirmation de pouvoir ou de la manifestation d’un statut social, ces accessoires contribuent à la mise en scène de soi sous l’Ancien Régime.

 

L’exposition du musée du Domaine de Marly est un ravissement car elle retrace les usage d’objets aussi divers que les coiffes, perruques, maquillage, parfums, ornements de vêtements, bijoux, objets de galanterie et chaussures.Elle comprend également une dimension sensorielle avec la découverte de trois parfums caractéristiques des règnes des souverains ayant séjourné à Marly. Et les restitutions de ces fragrances d’avoir été proposées par un parfumeur reconnu de l’industrie du parfum en s’inspirant des codes olfactifs des différentes époques.

Plus d’une centaine d’accessoires de mode et de beauté pour homme et femme sont présentés au public sur un parcours qui se déploie au sein des collections permanentes, une originalité qui permet à ces objets de dialoguer avec les tableaux, sculptures, dessins, gravures et mobilier réunis pour créer un décor d’époque.
Le Château de Marly est le lieu idéal d’une exposition telle que celle-ci car ce chef-d’oeuvre de l’architecture du 17ème siècle avait été conçu par Louis XIV pour faire de cet endroit un lieu secret et intime.Et puis, il y a la court,où le roi Louis XIV et son entourage rivalisent dans l’art de paraître. Chaque accessoire, chaque geste ou chaque attitude répond à des normes et à des codes qui évoluent dans le temps et accompagnent les changements de moeurs. Mieux vaut donc connaître les usages et les règles et de s’y conformer pour bénéficier de la faveur royale et attester de son identité sociale.

 

Le corps, lui, est paré d’artifices variés : perruques, maquillage, bijoux parfums, dentelles ou objets de poche et de galanterie. La noblesse fait grande consommation de ces accessoires, rivalisant ainsi d’audace et de distinction dan le choix de leurs parures sous l’Ancien Régime.

Quant à l’aristocratie, à la suite du roi, elle tient à marquer son rang et sa spécificité en adoptant un « dress code » qui affiche son statut social à l’extérieur. Et les costumes d’être alors complétés par des broderies, des dentelles ou autres rubans sophistiqués et raffinés.

A cette culture du paraître correspond une parfaite maitrise de soi et des expressions du visage soignées à l’aide de fards, de poudres, de mouches et de parfums.

Les 17ème et 18ème siècles verront naitre la galanterie de poche qui s’exprime à travers l’utilisation de petits objets précieux (tabatières, éventails, carnets) que l’on garde sur soi et qui peuvent être de véritables œuvres d’art miniatures.
Toutefois, au cours du 18ème, la culture de cour évolue avec la mode, l’arrivée des pratiques d’hygiène et les critères de beauté. Parallèlement à l’existence des perruques et des fards, on observe alors une plus grande place pour le naturel, toutes ces armes de séduction servant l’esprit d’une société élitiste où se mêlent des enjeux amoureux, politiques et religieux
.

 

Penchons-nous désormais plus en détails sur cette exposition répartie dans six salles, chacune d’entre elles se consacrant à un thème particulier :

 

  • La première salle s’intéresse aux coiffures à la cour

 

A cette époque le terme coiffure fait tout autant référence aux cheveux et à l’art de la perruque qu’à la confection d’éléments de dentelle, de bonnets et de chapeaux, le tout formant un même ensemble.

 

Coiffeurs, perruquiers et marchandes de mode partagent alors cet art de la parure capillaire.

 

Les coiffures montées, véritables prouesses surnommées poufs sont inventées sous la Régence, et la spécialiste de ce genre de compositions était Rose Martin, la célèbre marchande de modes. Ces mélanges de chapeaux et de coiffures en cheveux seront présentes durant toute l’époque prérévolutionnaire et seront le fruit de l’imagination débordante des modistes et des coiffeurs et le résultat est impressionnant: le pouf consiste en effet en une coiffure verticale, extravagante et ornée de divers objets (fleurs, fruits, légumes, oiseaux empaillés, plumes, perles et figurines variées).

Les cheveux sont fixés au moyen d’une structure métallique, sur laquelle on ajoute tissus, morceaux de gaze et de crins et des faux cheveux mélangés à ceux de la cliente.

Ce style de coiffure, qui pouvait atteindre un mètre de haut et peser plusieurs kilos sera inaugurée en 1774 par le célèbre coiffeur Léonard-Alexis Autié, dit Monsieur Léonard, puis popularisé par Marie-Antoinette qui la portera lors du sacre de son époux Louis XVI, le 11 juin 1775.

Bientôt, on ajoutera à cette « composition » des chapeaux alors à la mode en Angleterre. Et ce sont près de 200 noms de « bonnets (ensembles de coiffures en chapeaux) différents qui seront ainsi répertoriés à la veille de la révolution française.


 

  • Les attributs de la beauté occupent la seconde salle

 

Sous l’Ancien Régime, la fonction du maquillage était d’éclaircir le teint, la blancheur du visage étant un symbole distinctif à la cour.On utilise alors la céruse, de couleur blanche pour recouvrir la peau bien qu’elle masque le teint et aussi les expressions du visage. On farde de noir les yeux et les sourcils et l’on maquille la bouche de rouge pour accentuer les contrastes, l’ensemble étant mi en valeur par une mouche (grain de beauté artificiel).

La mouche est un morceau d’étoffe de soie, de taffetas, de velours ou de satin noir, de forme ronde,que dames et hommes placent sur leurs visages pour dissimuler un défaut sur leur peau ou bien pour mettre en valeur la blancheur de leur teint. Quant à la boite à mouche, elle est un véritable élément de parure et trouve une place de choix sur la table de toilette parmi les fards, poudres, les rouges et les blancs, les brosses et les miroirs. Ces mouches recouvrent le visage des femmes de la famille royale. Celles-ci porte ce faux grain de beauté par pure coquetterie ou pour rehausser la blancheur de leur peau. Les femmes plaçaient leur mouche à des endroits différents selon qu’elles soient effrontées (sur le nez), passionnée (près de l’oeil), baiseuses (au coin de la bouche), coquettes (sur la lèvre), majestueuses (sur le front), galantes (en milieu de joue) ou enjouées (dans le creux de la joue)...

Ces accessoires de maquillage sont rangés avec soin dans des boites ou des flacons. Véritables objets d’art car conçus par des artisans joailliers, ceux-ci sont ensuite revendus par les orfèvres, bijoutiers et marchands merciers qui sont à la fois négociants, importateurs et créateurs, se chargeant d’assembler ou de travailler certaines pièces de luxe pour en faire de nouveaux objets. Ces précieux objets de grande valeur seront souvent offerts comme cadeaux de mariage.

 

  • Pénétrons à présent dans la salle 3, consacrée à l’apparat olfactif et à ses accessoires

 

Les courtisans de cette époque raffolent des produits parfumés non seulement par plaisir mais aussi par devoir de se conformer à un apparat olfactif normé et à une odeur commune à tous, car le contrôle de l’apparence est étroitement associé au contrôle de l’odeur.

Les gantiers-parfumeurs se chargent alors de proposer à leur clientèle plusieurs parfums et cosmétiques parfumés tandis que les eaux de senteur parachèvent la toilettes de ces dames et de ces messieurs.

Certaines eaux mélangent plusieurs odeurs, comme l’eau de la Reine de Hongrie même si la majorité des eaux fabriquées puis vendues, sont des eaux simples ne contenant qu’une seule matière odorante (citron, jasmin, fleur d’oranger, lavande, tubéreuse, bergamote, cédrat, limette, thym, ambre, rose, iris...).

Chaque eau joue son rôle : l’eau de la Reine de Hongrie et l’eau de rose étaient utilisées pour l’agrément mais aussi à des fins thérapeutiques. L’eau de fleur d’oranger a la préférence de Louis XIV au 17ème siècle, mais l’on observe qu’au siècle suivant, les eaux florales les plus consommées (indifféremment par les hommes et les femmes) sont l’eau de rose et l’eau de lavande.

Chez le parfumeur, le client achète son eau dans un simple flacon de verre ou de porcelaine, mais les plus riches font l’acquisition de superbes flacons pour y transvaser l’eau. Et le 18ème siècle de connaître la diversification des matériaux, formes et décors de ces contenants.

On trouve également les pomanders (pommes de senteur richement ornées contenant un ou plusieurs parfums solides) que l’on porte sur soi pour prévenir les maladies, et les vinaigrettes (apparues au 17ème siècle) équipées d’un morceau de coton ou d’éponge imbibé de vinaigre aromatique.

Lors des déplacements, on se munit d’un nécessaire à parfum composé de plusieurs flacons et d’un petit entonnoir rangés à l’intérieur d’un coffret en bois de rose,d’ébène ou en laque richement décoré (première photo ci-dessous). L’exposition présente enfin un ensemble de flacons ornés de décors typiques du 18ème siècle (deuxième photo) destiné à conserver des sels de vinaigre aromatique (ou « sels de pâmoison »), mélange de plantes aux propriétés stimulantes en cas d’évanouissement ou de migraine. Ce remède fut mis au point à Florence (Italie) par l’office florentin Santa Maria Novela, fondé en 1221.


 

  • Arrêtons-nous maintenant sur les ornements du vêtement (salle 4)

 

Ces ornements (boutons, dentelles, broderies...) sont essentiels dans l’art du paraitre à la cour. A tel point que la mode française des 17ème et 18ème siècles permet le développement de manufactures de dentelles toutes plus virtuoses les unes que les autres.

Marie-Antoinette a par exemple jeté son dévolu sur le point d’Alençon (dont elle porte un voile le jour de son couronnement en juin 1774). La dentelle compte d’ailleurs parmi les attributs de la parure les plus prisés à la cour. Et malgré le fait que la France développe la production de dentelle, le royaume restera tributaire des importations (vénitiennes...) pour les pièces les plus luxueuses. Colbert tente bien d’interdire l’achat de dentelles étrangères , en vain. Et de se résoudre d’en lancer la production en France, avec cinq manufactures (dont celles d’Alençon et d’Argentan) destinées à la fabrication du point de France.

La mode, elle, est commentée à la cour dès la moitié du 17ème grâce aux revues publiées à Paris comme « Le Mercure galant » ou « La Galerie des modes et costumes français » et par le biais des marchandes de mode à partir de la deuxième moitié du 18ème siècle (période durant laquelle la dentelle deviendra un attribut principalement féminin)(deuxième photo ci-dessous).

A côté de la dentelle, les applications de passementeries ou de broderie contribuent également au cachet des vêtements et à celui des tissus d’ameublement. Ainsi voit-on apparaître des carnets ou recueils d’échantillons d’étoffes (soie, coton, laine, fils métallisés) servant souvent de base aux broderies.

Cette broderie s’impose nettement dans les costumes masculins et les costumes de cour, et la qualité du dessin de départ est déterminante dans la qualité de celle-ci. Certains peintres et illustrateurs à l’instar de Saint-Aubin ou d’Antoine Berjon se spécialisent dans les compositions de natures mortes ou de semis de fleurs utilisés par les dessinateurs des fabriques de soieries et tissus. Comme l’illustre la photo ci-dessous, on rencontre aussi de véritables paysages ou scènes de genre comme sur ce modèle de broderie pour gilet avec ses motifs de chien et de coq. A cette époque, le gilet constitue une des pièces de ce qu’on appelle « l’habit à la française ». Un gilet brodé qui deviendra à la mode sous le règne de Louis XVI.

Au final, les broderies les plus riches se trouvent sur les parements, les cols, les revers de manches, l’ouverture du dos, les poches et leur entourage en ce qui concerne les vêtements masculins, tandis que la broderie de fils d’or et d’argent est réservée pour l’ornement du grand habit de cour, ainsi que les accessoires élégants comme les pochettes ou les portefeuilles.


 

  • La cinquième salle présente les bijoux et objets de galanterie

 

Aux 17ème et 18ème siècles, les gens de la cour arboraient leurs bijoux sur les vêtements. Colliers, boucles d’oreilles, broches, médaillons, bagues et bracelets rivalisaient avec les luxueuses parures de pierres précieuses directement cousues sur les étoffes. Le bijou était alors l’accessoire indispensable pour embellir l’habit ou la robe des grands du royaume de France.

On mélangeait ainsi métaux, pierres précieuses, verre et strass, y compris des semences de perles fines et d’émail afin de réaliser ces fameux bijoux de la cour. Les médaillons à l’effigie de l’être cher étaient offerts en gage d’amour et d’amitié, et dénotaient une charge affective particulière lorsqu’ils étaient sertis de pierres ou de perles. Certains de ces médaillons, comme les « pend-à-col » pouvaient se porter au cou, ou être cousus ou encore utilisés en broche.

Autres témoins des relations intimes ou des amitiés sincères : le bijou et la montre de cour. Les montres de poche ou de col, véritables ambassadrices du savoir-faire horloger français, constituaient de somptueux cadeaux que l’on offrait aux hôtes de marque, dignitaires ou souverains étrangers qui venaient en visite à la cour de France.

Ces objets de poche et de galanterie ne cesseront de gagner en beauté et en raffinement au fur et à mesure de l’épanouissement de l’art et de l’artisanat durant les 17ème et 18ème siècles. Résultats de matériaux et de savoir-faire rares et précieux, ils étaient à la fois fonctionnels et décoratifs.

Il en existait de toutes sortes : nécessaire à parfum, tabatière, boite à message, miroir de poche, éventail, ou tout autre accessoire raffiné que l’on conservait sur soi, ou à portée de main. Leurs détenteurs étaient des clients fortunés auprès des marchands merciers parisiens, une profession qui contribua alors à faire de Paris la capitale européenne de la mode et du luxe à la française.

Une fois en main, ces objets mettaient en valeur une gestuelle codifiée, une élégance des mouvements du corps et des mains qui révélait le rang des personnes qui les possédaient. Aussi bien portés par les hommes que par les femmes, et parfois d’un usage commun aux deux genres, ils ne se distinguaient que par leurs formes et leurs décors.

 

Parmi ces accessoires précieux, on trouve l’étui à message, richement décoré de scènes champêtres et galantes, et doté de deux compartiments : l’un abrite un mini-flacon en cristal taillé renfermant des sels de vinaigre aromatiques de pâmoison cristallisés, l’autre, des messages galants ou secrets.

Cet étui a été réalisé en bois et en vernis Martin, une laque française introduisant des fonds colorés jaunes, verts, bleu, blanc ou or, du nom de son inventeur, les Frères Martin, en 1728. Maitres vernisseurs à Paris, ils se spécialisent dans la copie des laques de Chine et du Japon, avant de mettre au point un vernis gras qui servira aussi à recouvrir carrosses, chaises à porteur, meubles et petits objets.


 

  • La dernière salle d’exposition nous parle du soulier et de ses parures

 

Le soulier est en effet l’apanage des puissants et des plus fortunés. Les mules sont destinées à l’intérieur de la maison et les souliers à talons hauts réservés pour la représentation. Les chaussures à talon apparaissent dans la première moitié du 17ème siècle et le soulier dit à pont-levis est vite adopté dans toutes les cours européennes. Le talon marque quant à lui un rythme à la marche en marquant l’allure tout en donnant hauteur et prestance.

Dans la seconde moitié du 17ème, les formes carrées séduiront une large clientèle d’hommes et de femmes. Le dessus du soulier se pare alors de tissus précieux (velours de soie brodé de filés métalliques dorés ou argentés, soie brochée avec dessins en relief ou cuir brodé de soie.

Au début du 18ème, on assiste au retour des souliers à bout rond ou pointu.

Prisés par les courtisans, les talons atteignent une hauteur vertigineuse et une surenchère d’ornements sous le règne de Louis XV et au début de celui de Louis XVI. Ils restent cependant moins hauts sur les mules pour femme réservées à l’intimité et tendent à se raccourcir sur la dernière partie du 18ème siècle.

Les attaches (rubans, lacets, dentelles et boucles) demeurent incontournables pour parer les souliers selon les saisons.Chez les hommes, les boucles de souliers sont très prisées à la cour de 1650 à 1670,, avant d’être délaissées, puis de redevenir à la mode dès la fin du 17ème. C’est sous le règne de Louis XIV que l’on abandonne le port de rubans sur les chaussures pour ne porter que des boucles dont l’origine remonterait à une tradition antique. Le port de la boucle devient alors obligatoire à la cour de Versailles. A la fois utile et décorative, elle permet de fermer la patte de la chaussure sur l’empeigne. Sous Louis XV, apparaissent des boucles de chaussures à décor de coquilles, puis des boucles rectangulaires sous Louis XVI.

En argent, laiton, acier ou argent doré ciselé pour le quotidien, ces boucles sont serties de diamants ou de strass lors des occasions solennelles. Ces mêmes attaches forment généralement une parure avec les boucles de jarretières, plus petites, qui ferment la culotte aux genoux. Les femmes de la cour, elles, adoptent les boucles de forme ronde ou ovale.


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition « Séduction & Pouvoir. L’art de s’apprêter à la cour », jusqu’au 27 août 2023, au Musée du Domaine royal de Marly, à Marly-le-Roy (78)











 



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