Revoir le globe
Top


Le Quartier The Rocks
(Sydney, Nouvelle-Galles du Sud, Australie)
Heure locale


Vendredi 8 avril 2016

 

Comment passer à Sydney sans s'arrêter à l'Opéra ? L'un des plus célèbre bâtiments du XX ème siècle se dresse toujours dans le port, plus exactement à Bennelong Point, entouré d'un parc boisé au sud et à deux pas du Harbour Bridge. Certains voient dans son architecture un voilier, d'autres des coquillages, c'est selon l'envie du moment et son propre état ...d'ébriété. L'opéra est depuis fort longtemps devenu une attraction touristique incontournable malgré le fait qu'il est plus difficile d'assister à une représentation. Siège de l'Opéra d'Australie, de la Compagnie de théâtre de Sydney et de l'Orchestre symphonique de Sydney, l'endroit accueille régulièrement des productions étrangères en tournée.

D'une longueur de 183 mètres et d'une largeur maximale de 120 mètres, l'édifice s'étend sur près de deux hectares. Il est supporté par 580 piliers de béton qui s'enfoncent jusqu'à 25 mètres au-dessous du niveau de la mer. Côté énergie, ses besoins équivalent à une ville de 25 000 habitants et le courant est distribué par 645 kilomètres de câbles. L'Opéra de Sydney est innovant par définition : l'ensemble est organisé par l'empilement de deux ou trois coquillages qui se recouvrent partiellement les uns les autres, et les coquilles sont entourées par des terrasses faisant office de promenades piétonnes. Les voûtes supportant la construction sont de conception inédite tandis que le toit est constitué de 1 056 006 tuiles de céramique blanche, autonettoyantes, conçues à partir d'une même figure géométrique et fabriquées en Suède. La décoration intérieure (ci-dessous) est quant à elle assurée par du granit rose extrait des carrières de Tarana (Nouvelle Galles du Sud). C'est au suédois Jorn Utzon, architecte de son état, qu'on doit l'Opéra de Sydney. Aujourd'hui disparu, notre homme avait avoué un jour avoir créé une sculpture, une chose vivante qu'on ne se lasse pas de regarder. L'oeuvre est effectivement une totale réussite. A l'origine, c'est Eugène Goossens, alors directeur du conservatoire de musique de l'Etat de Nouvelle Galles du Sud qui, à la fin des années 1940, réclama un lieu adéquat pour recevoir ou concevoir des productions théâtrales ou musicales. Il faudra attendre 1955 pour que soit retenu le projet de l'architecte Jorn Utzon (parmi 233 autres projets). Trois ans plus tard, la construction de l'opéra démarrait. Elle allait durer quinze années. Et couter 102 millions de dollars australiens (loin des sept millions initialement prévus en 1957). Sa Majesté la Reine Elizabeth II inaugurera l'édifice le 20 octobre 1973, avec feux d'artifice et exécution de la neuvième symphonie de Beethoven à la clef. Cet événement sera suivi par des millions de téléspectateurs.

Depuis, l'endroit accueille chaque année 1500 spectacles et abrite pas moins de cinq théâtres, cinq studios de répétition, deux grands halls d'entrée, quatre restaurants, six bars et plusieurs magasins de souvenirs.

 

A deux pas de l'Opéra de Sydney, se trouvent les Jardins botaniques royaux. La première ferme du continent australien, celle qu'on surnommait « neuf hectares de blé » fut créée à cet endroit (Farm Cove) en 1788 par le gouverneur Phillip, mais ne fut pas une réussite compte tenu de la pauvreté des sols. On enrichira donc ces terres sur lesquelles le gouverneur Macquarie décidera de donner naissance à ces fameux jardins, en 1816. Une longue collecte et des études des plantes débutera alors sous l'égide de Charles Fraser, premier botaniste colonial, en 1817. Et ces jardins botaniques de rester ainsi la plus ancienne institution scientifique d'Australie. Un premier zoo trouvera refuge sur place de 1862 à 1883, puis l'endroit sera aménagé en parc tel qu'on le connait aujourd'hui. Entre temps, une grande partie de la végétation d'antan fut arrachée et seuls les figuiers de la baie de Moreton sont d'origine et dominent encore de nos jours le paysage. D'une superficie de trente hectares, les jardins offrent aux promeneurs un vaste espace naturel où se reposer, tout en côtoyant des oiseaux pas farouches puisqu'ibis et perroquets peuvent être approchés jusqu' à un mètre.


 

Dans le plus ancien quartier de Sydney, surnommé The Rocks, se dresse encore le plus vieil hôtel d’Australie, le Lord Nelson Hotel (ci-dessous en photo). L'établissement fut fondé en 1841 et produit depuis six bières différentes. Il fut baptisé du nom de Lord Nelson, de son vrai nom Horatio Nelson, jadis Premier vicomte Nelson et vice-amiral britannique. Il s'illustra durant les guerres de la Révolution française et napoléoniennes, tout particulièrement à la bataille de Trafalgar, lors de laquelle il remportera une victoire décisive, inaugurant ainsi la suprématie de la Royal Navy, mais y perdant du même coup la vie. De nos jours, l’hôtel offre encore le charme colonial d'antan. Une expérience à tenter, ne serait-ce que pour prendre un verre...

Désormais quartier touristique réputé, The Rocks est situé au sud du port, près du quartier d'affaires. Il fut créé en 1788 à la suite de l'arrivée des colons britanniques sur le continent australien, à l'aide du grès, pierre locale abondante, d'où son nom. Jadis fréquenté par les marins et les prostituées, puis par des gangs, The Rocks ne bénéficia pas toujours de la réputation qu'il a de nos jours. En 1900, une épidémie de peste bubonique ravagea l'endroit au point que la zone fut un temps abandonnée et promise à la démolition. Plus de 3800 maisons furent inspectées, et des centaines d'autres mises à bas, mais le quartier survécut grâce à la Première guerre mondiale. Toutefois, quelques centaines d'autres maisons y furent démolies afin de permettre la construction du pont Harbour Bridge, au cours des années 1920.

En 1968, les autorités locales avaient toujours l'intention de détruire des maisons d'origine, mais une association de résidents se mit en place en 1971 pour s'opposer à ce projet. Cela ne suffisant pas, c'est un véritable mouvement de fond qui apparut pour imposer la préservation de ce qui était en fait un quartier historique. Et l'affaire devint politique, tandis que les manifestations se succédèrent sur place, deux semaines durant, donnant lieu à de nombreuses arrestations. The Rocks survécut finalement et un plan de restauration fut mis sur pied afin de transformer l'endroit en une zone commerciale et touristique. Le quartier s'est depuis embourgeoisé, même si des gens d'origine modeste y sont toujours hébergés à l'intérieur de logements sociaux. Le promeneur trouvera sur place de vieux pubs et d'autres maisons historiques. Chaque fin de semaine, un marché d'une centaine d'échoppes s'y tient également mais en semaine, on peut aussi s'arrêter dans les nombreuses galeries de peintures qui ont élu domicile dans le quartier, galeries appartenant la plupart du temps à des artistes australiens. Parmi les bâtiments remarquables des Rocks, le Cadmans Cottage (deuxième photo) occupe une place remarquée puisqu'il s'agit de la plus ancienne maison de Sydney. Elle fut bâtie en 1816 pour abriter les barreurs d'Etat et leurs équipages (jusqu'en 1845), avant d'abriter les bureaux de la police maritime de Sydney, de 1845 à 1864, puis la Maison du Marin (de 1865 à 1970). Des travaux de restauration débutèrent en 1972 alors que l'endroit avait été classé comme bien historique inaliénable. Des recherches archéologiques furent enfin entreprises sur place en 1988 et la maison accueille depuis un bureau d'information sur les parcs nationaux. John Cadman (dont la maison porte le nom) arriva en Australie en 1777, âgé de 25 ans. Accusé de vol de chevaux, il sera amnistié en 1821 par le gouverneur Macquarie puis vivra dans la maison en question avec sa femme et ses deux belles filles, entre 1827 et 1845, occupant le poste de super intendant des bateaux.


 

The Rocks abrite encore aujourd'hui l'Observatoire de Sydney (ci-dessous) localisé au sommet d'une colline, sur laquelle se dressait jadis un moulin à vent, construit par les colons, en 1797. Mais le moulin sera hors d'état au bout d'une dizaine d'années : on vola ses voiles, son mécanisme fut détérioré et ses fondations disparurent vers 1800. On y bâtit à la place le Fort Philip (en 1803), dans le but de défendre la colonie britannique en cas d'attaque française ou de rébellion de prisonniers. Vingt-deux ans plus tard, et faute d'avoir été utilisé en tant que tel, ce fort fut transformé en station de signalisation (on utilisait alors drapeaux et pavillons pour communiquer au large avec les bateaux).

Dès 1788, un premier observatoire avait été créé au pied de cette même colline, dans l'espoir d'apercevoir la comète de Halley deux ans plus tard. Un deuxième observatoire sera également bâti en 1821 à Parramatta par le gouverneur Thomas Brisbane. 1848 vit quant à elle l'érection d'une nouvelle station de signalisation en haut de la fameuse colline au moulin, avant qu'ordre ne soit donné de bâtir un véritable observatoire à côté de cette station. L'observatoire fut ainsi achevé en 1858. Une des fonctions de cet observatoire était alors de donner l'heure exacte aux navigateurs qui pouvaient ainsi régler leurs chronomètres de marine. L'observatoire de Sydney est une construction de pierre et de style italien, possédant deux dômes à télescope, un bureau de calculs, et la résidence de l'astronome. Une aile ouest y fut ajoutée en 1877, qui accueille un bureau, une bibliothèque, et un dôme à télescope. L'endroit servit longtemps à la collecte d'informations qui rendra possible la publication du premier atlas céleste au bout de 70 années de labeur, de 1899 à 1971, soit 53 volumes au total. De nos jours, l'observatoire fournit encore quotidiennement des informations (heure de lever et de coucher du soleil, position de la lune et des planètes) aux journaux locaux. On menaça de le fermer en 1926, mais, au milieu des années 1970, les problèmes de pollution de l'air ainsi que la pollution lumineuse de la ville toute proche, auront raison de son utilité. Il sera alors transformé en musée de l'astronomie.


 

Autre endroit remarquable du quartier The Rocks : Dawes Point Battery (ci-dessous). Un magasin à poudre sera construit en 1789, puis une batterie verra le jour deux ans plus tard, sur un site préalablement utilisé comme cimetière pour les prisonniers. Ce qui était déjà une fortification sera agrandi en 1819, sur ordre du gouverneur Macquarie, dans le but de protéger les positions du port de Sydney. Et le site de Dawes Point d'être renforcé à plusieurs reprises au cours du XIX ème siècle, dans l'éventualité d'une attaque espagnole (en 1790) ou de l'hypothétique venue de l'armée napoléonienne (en 1810). En 1850, lors de la Guerre de Crimée, on craignit aussi de subir des attaques de la flotte russe et la batterie de Dawes Point fut équipée de magasins de poudre souterrains supplémentaires, avec présence continue de l'artillerie royale. C'est à cette époque que cette batterie deviendra le point de commandement des diverses fortifications qui avaient été érigées alentours (dont le Fort Denison). Lorsque les défenses du port de Sydney furent concentrées à l'entrée de Port Jackson, à la fin du XIX ème siècle, la batterie de Dawes Point perdit de son attrait et fut utilisée pour abriter le commandement de l'armée australienne entre 1901 et 1903. La plus grande partie du fort fut quant à elle démolie en 1925 afin de fournir des matériaux pour la construction du pont Harbour Bridge, puis le reste des constructions subirent le même sort en 1932, laissant désormais place à un espace accessible au public, sous le pont Harbour bridge.


 

 

Pont en arc métallique, le Harbour Bridge (ci-dessous) est tout un symbole. Les premiers projets remontent à 1815, lorsque Francis Greenway proposa de bâtir un pont pour traverser le port, en vain. Ce ne fut qu'en 1890 que les autorités commencèrent à se pencher sur l'idée de notre architecte, pour voter la construction du pont actuel en...novembre 1922. Détail d'importance : tous les ouvriers qui participèrent au chantier furent australiens, même si c'est l'ingénieur français Georges Imbault qui présentera le projet final (sous l'égide d'un ingénieur anglais, histoire de faire bonne mesure), projet dont le début de construction, en 1923, coïncidera avec le chantier de la ligne de train City Circle. Pas moins de 800 maisons devront être détruites afin de permettre le passage de l'ouvrage. Les fondations furent coulées en 1925, puis les points d'ancrage érigés, puis achevés en 1928. Vint alors l'assemblage du gigantesque mécano métallique que constituait le pont lui-même : des grues flottantes stabilisaient alors les pièces montées les unes à la suite des autres et les deux demi-arches, elles, furent maintenues en équilibre par un savant système de câbles jusqu'à ce que le pont métallique soit enfin terminé d'une rive à l'autre et que les deux parties du pont se rejoignent. Route et voies ferrées seront achevées en 1931 et le pont d'être inauguré un an plus tard.

Aujourd'hui, le Harbour Bridge dispose de six voies pour le trafic automobile sur la partie centrale du tablier, de deux voies pour les voitures (qui servaient autrefois au passage des tramways) et un passage pour piétons sur la partie Est, deux voies de chemin de fer et une voie pour les cyclistes sur la partie Ouest. La route traversant le pont s'appelle Bradfield Highway et mesure 2,4 kilomètres de long, l'une des autoroutes australiennes les plus courtes.


INFOS PRATIQUES :








Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile