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Lettre envoyée le 03/08/2015


Lundi 3 août 2015                                La Lettre N°232

 

Qui ne rêve pas de vivre en bonne santé, et le plus longtemps possible ? Le peuple Hunza, lui, vit au nord de l'Inde et ignore la maladie : ces gens ne connaissent ni les maladies communes aiguës ou chroniques, ni les maladies de vieillesse comme le diabète, le cancer ou l'infarctus. Leur force organique hors du commun, leur équilibre nerveux et psychique rare et leur résistance aux infections leur procurent une immunité presque sans faille. Contrairement à nous, le cœur des Hunzas ne s'altère pas avec la vieillesse et garde toute son élasticité et sa tonicité. Leurs vue et ouïe ne diminuent pas non plus, d'où un nombre élevé de centenaires parmi ce peuple, c'est à dire des êtres qui vivent jusqu'à 120 ans, voire ...140 ans ! Certains d'entre eux procréeraient encore après avoir atteint l'âge de cent ans, ça fait rêver ! Point de registre de naissance pour ce peuple dont on ne connait pas la date de naissance. On vérifie donc leur longévité par la voie orale, car chaque Hunza doit connaître les noms, les particularités et les évènements marquants de la vie de leurs ancêtres, tant du côté maternel que du côté paternel, en remontant jusqu'aux huitième et neuvième générations.

Ce peuple est réputé en si bonne santé que les voyageurs occidentaux choisissaient autrefois de préférence leurs guides et porteurs parmi les membres Hunzas pour effectuer leurs expéditions en haute montagne. Encore aujourd'hui, ils gravissent les pentes raides et glissantes avec agilité, même lourdement chargés, pouvant à l'occasion courir jusqu'à une ville éloignée sur 230 kilomètres pour apporter un message par exemple. Ce peuple vit dans une longue vallée creusée par le fleuve Hunza (qui se jette ensuite dans l'Indus), dans le sud du massif du Pamir, zone surnommée « Toit du monde » à cause de la hauteur incomparable de ses sommets (qui mesurent en moyenne entre 4500 et 7000 mètres). Situé au nord du Pakistan, à un point de rencontre approximatif entre l'Afghanistan, la Russie et la Chine, le pays du peuple Hunza se trouve à l'ouest du Népal et du Tibet. Les habitants vivent sur des petits plateaux ou balcons escarpés, accrochés aux flancs de la montagne. Des falaises de 600 à 900 mètres d'altitude les séparent du fleuve qui s'écoule au fond de la vallée, tandis que des flancs rocheux et vertigineux des sommets montagneux environnants les surplombent jusqu'à plus de ...7000 mètres d'altitude ! On compte environ 10 000 Hunzas qui se répartissent dans environ 150 villages, situés sur les quinze kilomètres de balcons étroits de la rive droite du fleuve Hunza, à une hauteur de 1600 à 2500 mètres. Le chef-lieu de l'endroit s'appelle Balbit et se trouve à cent kilomètres de Gilgit, le centre commerçant le plus proche, en réalité simple petite localité assez primitive. Bien entendu, aucune route ne relie les deux points et il faut effectuer un trajet risqué comprenant le franchissement de passerelles suspendues au-dessus du vide, des sentiers étroits, avec parfois éboulements de terrains et chutes de pierres. Les Hunzas travaillent sans relâche pour mettre en valeur ces terres incultes, sans verdure ni forêts, et principalement recouvertes de pierres et de boue. Ils construisent ainsi des murs de soutènement plus ou moins hauts selon l'intensité de la pente, puis cultivent différentes céréales (froment, millet, orge, blé noir), des légumes (carottes, courges, concombres, aubergines, pommes de terre, tomates..) sans oublier les fèves, les lentilles, les haricots, et les pois chiches. Les fruits font aussi partie de l'alimentation de ce peuple extraordinaire : mûres, abricots (qu'ils font sécher l'été avec leurs noyaux), cerises, prunes-cerises, pêches, baies de jujube, grenades, melons, poires, pommes, raisins et...baies de goji !

Les fruits sont abondamment consommés au long de la saison ou séchés pour la saison froide. Les légumes constituent quant à eux une nourriture moins importante car fruits et céréales représentent l'essentiel de l'alimentation des Hunzas. Céréales consommées sous la forme de bouillies, ou bien de galettes fines faites sans levain. Il arrive aussi que les habitants consomment des graines crues (sous forme de salades) lorsqu'elles sont encore laiteuses. Le manque d'espace privilégie les cultures de céréales, de fruits et de légumes, en délaissant l'élevage du bétail. On trouve d'ailleurs peu d'herbe verte à cette altitude et seuls moutons et chèvres sont élevés sur place ainsi que des vaches de petite taille (une ou deux vaches par famille, qui donnent chacune deux litres de lait chaque jour!). Le fourrage est constitué de pâturages éloignés , de mauvaises herbes arrachées aux cultures et des branches tendres et feuillues des saules et des peupliers spécialement plantés. Cette nourriture maigre procure une viande maigre, sans graisse, consommée surtout l'hiver à raison d'une fois par mois, ou tous les dix jours en été, par les habitants les plus privilégiés et en faibles quantités. La production de lait est également réduite : le lait donné par une chèvre durant tout un été suffit par exemple tout juste à obtenir...deux kilos de beurre (celui-ci est mis de côté pour être consommé lors des grandes occasions ou pour les fêtes). Le lait sert aussi à fabriquer du fromage, du fromage frais consommé de suite et du fromage fermenté consommé durant la saison froide. En fait, les Hunzas ne consomment presque que des graisses végétales, comme cette huile provenant des noyaux d'abricots, ou des graines de lin et de moutarde. La particularité de l'alimentation des Hunzas réside dans le fait qu'elle est composée d'aliments cultivés directement par ce peuple et aucun aliment n'est acheté à l'extérieur, car l'autarcie complète est ici de rigueur. Une exception toutefois : le sel. Celui-ci provient d'une haute vallée éloignée accessible par des chemins rocailleux.

Les Hunzas ne fument pas, mais boivent un peu de vin fourni par une vigne longuement travaillée. Inlassables travailleurs et inépuisables marcheurs, les habitants se forgent ainsi une santé à toute épreuve. Ils se lavent régulièrement, été comme hiver, à l'eau glacée des torrents, tout comme leurs habits régulièrement entretenus. Cette extrême propreté fait qu'il n'existe aucune vermine, mouches, ou puces au pays des Hunzas. Ni indiens, ni arabes, ni tibétains, ce peuple a la peau blanche et...les yeux bleus ! Certains avancent qu'ils descendraient des trois soldats d'Alexandre le Grand qui se seraient établis dans cette contrée. Vers décembre, ce peuple entre en quelque sorte en hibernation et réduit son activité, à cause de l’absence de soleil et des trop épais nuages, sans compter l'installation du froid. Et de s'affairer à l'intérieur de leurs maisons, en se nourrissant des réserves accumulées à la belle saison, tout en se chauffant au feu de bois jusqu'au mois de février. Les réserves de nourriture sont souvent épuisées avant les prochaines récoltes et les Hunzas de pratiquer « le printemps de la faim » qui consiste à jeûner, en se nourrissant des derniers abricots séchés, voire de mauvaises herbes ou autres verdures glanées ici et là, jusqu'à ce que les premières récoltes d'orges soient effectuées ...en juin. Cette rudesse de vie n'empêche pas le puple des Hunzas d'exprimer leur joie de vivre, de faire preuve de politesse, d'égard et de patience envers leur entourage. Quel peuple !

En ce qui me concerne, je poursuis encore pour quelques jours mon périple dans l'ouest de la France avec une escale sur l'île de Noirmoutier. Je vous emmène cette semaine au grand pardon de Sainte Anne d'Auray, où je me suis rendu fin juillet, sous une pluie battante. Je vous souhaite bonne lecture de ce reportage et vous dis à la semaine prochaine !

 

Yves

 

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