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Exposition "L'Or du Pouvoir, de Jules César à Marianne"
(Crypte Archéologique de l'île de la Cité, Paris, France)
Heure locale

Lundi 23 octobre 2017

 

La Crypte archéologique de l'Île de la Cité (Paris) présente une exposition inédite, « L'Or du Pouvoir, de Jules César à Marianne ». Cet événement retrace l'histoire de Paris à travers une magnifique sélection de monnaies et d'objets présentés pour la première fois au public. L'exposition en question est composée de dix étapes et permet au visiteur de découvrir les personnages historiques qui transformèrent le destin de la ville et de leur époque, en lien avec les vestiges archéologiques de la Crypte. Depuis les Parisii, fondateurs de la cité gauloise, Jules César, le vainqueur de la bataille de Lutèce, l'empereur Julien qui prendra le pouvoir sur l'île de la Cité, Philippe IV Le Bel et Charles V qui moderniseront la ville médiévale, jusqu'à Napoléon III initiateur de la capitale d'aujourd'hui, graveront dans le métal leur effigie et leur symbole.

Ces monnaies sont d'émouvants vestiges et de véritables œuvre d'art tant par leur stylisation que par leur modernité. La fabrique de la monnaie est aussi au cœur d'enjeux politiques et symboliques et apporte des précisions sur la façon dont s'exerçait alors le pouvoir : si Jules César obtint du Sénat le droit de frapper de son vivant des pièces à son effigie, Louis XII sera le premier roi de France à faire figurer son portrait sur une monnaie. Tandis que l'humanisme fait l'éloge de l'individu, la monnaie devient petit à petit l'instrument de propagande et de légitimation de l'autorité royale. Ainsi Louis XIII donnera t-il son nom au fameux Louis d'or. Quant à Louis XIV, il déclinera son portrait avec une grande sophistication symbolique. Napoléon III, lui, reprendra les emblèmes impériaux, bien après César et Charlemagne, c'est à dire l'aigle et la couronne de laurier. La Révolution puis la République s'inscrivent donc dans cette tradition en remplaçant la figure du souverain par un système de motifs allégoriques comme le génie ailé, le coq symbole de la vigilance, le bonnet de la liberté et la figure de Marianne. Dans son ensemble, l'exposition explique ce que représentent ces monnaies et ce qu'elles révèlent de l'histoire de notre capitale. Côté ludique, le jeune public et les familles pourront toucher des agrandissements des monnaies, les redessiner ou se faire photographier en effigie sur une monnaie.

 

Le parcours de l'exposition débute par un exposé sur les Gaulois Parisii : Parisii est le nom d'un peuple gaulois venu d'outre-Rhin vers le III ème siècle avant notre ère pour occuper une petite région dont la ville de Paris est le centre. Ces Parisii pratiquent alors une agriculture et un élevage élaborés et spécialisés pour l'époque. La société est structurée par un système de gouvernement centralisé et dirigée par une élite éduquée suffisamment puissante pour émettre sa propre monnaie (en photo ci-dessous). L'émission de monnaie consiste alors à « battre monnaie », c'est à dire à frapper des pièces et à leur donner une valeur. Paris concentrera surtout les monnaies d'or qui témoigneront de l'occupation gauloise car aucun site majeur n'a encore été localisé. On appelle alors ces monnaies des statères, un terme qui désigne un poids de métal puis une monnaie d'or ou d'argent.

Durant les guerres puniques opposant les Romains aux cités grecques de l'Italie et à Carthage (au III ème et au II ème siècle avant J.C), les guerriers gaulois s'engagent en tant que mercenaires au service des Grecs. Et sont payés en monnaies d'or qu'ils rapportent en Gaule. Ainsi la monnaie grecque portant l’effigie de Philippe II de Macédoine, le fondateur d'un empire et père d'Alexandre le Grand, de devenir le prototype des monnaies gauloises. Au départ, les Gaulois reproduiront fidèlement le modèle puis, au cours du II ème siècle, chaque tribu ou peuple (la Gaule en comprenait une soixantaine) crée localement de libres interprétations du dessin grec. Les graveurs déforment le type original selon leur culture propre et ajoutent des animaux et d'étranges signes, tandis que les traits de Philippe II se décomposent et deviennent abstraits. Ce décor stylisé sera redécouvert par les mouvements esthétiques du XX ème siècle dont le cubisme. D'autres monnaies de moindre valeur, des potins, sont mises en circulation au II ème siècle. Ces potins sont en bronze coulé en chapelet dans des moules. Il s'agit là d'une monnaie fiduciaire, c'est à dire que sa valeur ne correspond pas à la valeur du métal mais à celle que l'on décide de lui donner. Au moment de la conquête romaine, les Parisii émettront de nouveaux bronzes frappés cette fois, et choisiront pour leur monnayage l'image du cheval ou du sanglier.


 

C'est à l'emplacement de la première fortification de Paris, un rempart construit à partir de 308 après J.C que sont présentées les premières monnaies romaines. Alors que la Grèce invente la frappe de la monnaie dès le Vè siècle avant notre ère, deux siècles supplémentaires seront nécessaires pour que les Romains mettent en place un système monétaire.Ce peuple d'agriculteurs échange et troque le bétail, des produits agricoles et des lingots d'or. Imitant les rois de Macédoine, Jules César sera le premier à appliquer son portrait de profil sur les pièces. Pour rappeler sa victoire, il fera frapper une pièce d'or symbolisant le pouvoir absolu, ce qui sera plutôt mal perçu par les citoyens. A cette époque, Rome était encore une république. En Gaule, les monnaies officielles sont alors toujours émises dans les ateliers impériaux romains comme celui de Lyon, capitale des Gaules. Durant la seconde moitié du IIIè siècle, on frappera des monnaies représentant un empereur à couronne radiée. Mais de nombreuses imitations circuleront, des pièces provenant d'ateliers locaux. Ces imitations répondaient alors à une pénurie de pièces et seront utilisées pour les petites transactions, d'où leur nom de monnaies de nécessité. La taille des monnaies, parfois appelées minimi diminue tout comme d'ailleurs leur qualité de frappe et les grandes pièces de bronze, elles, disparaitront bientôt. Au IV è siècle, la monnaie romaine d'or créée par Constantin pour financer son armée prendra le nom de solidus, et sera frappée dans les ateliers d'Etat. Son poids précis sera contrôlé au 1/10 de gramme près. Les titres de l'empereur évolueront aussi. Le souvenir des institutions républicaines s'efface et l'empereur n'est plus un magistrat mais un monarque de droit divin désormais chrétien.

Après sa victoire face à Marc-Antoine, Octave deviendra le maitre de l'Empire romain. Il recevra les pleins pouvoirs : le pouvoir militaire, l'Imperium, le pouvoir exécutif et législatif et le pouvoir religieux. Sous le règne de Octave-Auguste, l'émission de monnaies en bronze est sous le contrôle du Sénat et celle des monnaies en or et en argent sous celui de l'empereur. Un second atelier impérial de monnaies sera créé en Gaule à Lyon où l'or sera frappé jusqu'en 64.

Les femmes de la famille impériale, elles, ont un rôle discret mais déterminant dans les enjeux de la transmission de pouvoir, contribuant aussi à la popularité de l'empereur et à sa renommée. Femmes et filles d'empereurs font également l'objet d'un culte puisque, sous le règne d'Antonin le Pieux apparaitront de grandes émissions monétaires au nom de l'impératrice.

De son côté, l'empereur Julien reste le personnage emblématique de Lutèce-Paris au IV ème siècle car il est l'auteur d'un texte où il fait l'éloge de la cité. Il la découvre un certain hiver 357-358 lors d'une campagne militaire contre les Germains et choisit d'y installer son armée. Et Lutèce de devenir alors l'éphémère capitale des Gaules. Elevé en chrétien, Julien recevra une éducation grecque classique et se convertira au paganisme. Contrairement aux empereurs précédents, il portera la barbe, d'où son nom, Julien le Philosophe ou Julien l'Apostat. C'est à Lutèce qu'il sera acclamé empereur par ses troupes au printemps 360.


 

Depuis l'époque mérovingienne, l'or se faisait rare dans le monnayage en Occident mais de l'argent et du bronze. C'est Philippe IV Le Bel qui réintroduira l'or dans le système monétaire. Bien que le roi possède le monopole sur la frappe monétaire depuis l'ordonnance de Chartres de 1263, le règne de Philippe le Bel connait une grande instabilité financière en raison de la multiplication de nouvelles monnaies monnaies qui entraineront un mécontentement généralisé. D'où son surnom de « faux monnayeur ». Le roi Philippe Le Bel adoptera différentes postures sur les pièces de monnaie : assis en majesté, debout, ou à cheval. Il sera associé à la fleur de lys apparue au XII ème siècle avec la naissance de l'héraldique, ce système d'identification des personnes et des lignées par des symboles. Ces monnaies médiévales seront difficiles à décrypter car elles n'indiquent ni valeur ni numéro d'ordre du roi. Quant aux légendes, elles sont en général inscrites en latin.


 

Au XII ème siècle, Paris devient un grand centre urbain et une capitale politique, économique et culturelle. Le roi Louis VII fait frapper des deniers en argent et des oboles en billon, un alliage d'argent et de cuivre. Plusieurs ateliers royaux frappent la monnaie et il faudra attendre le règne de Philippe Auguste pour voir apparaître une unité dans le monnayage royal. On ne trouve pas de représentation de la figure royale sur les monnaies capétiennes, sauf à de rares exceptions, comme le tête très simplifiée de Louis VII. Sous son règne,, le motif de la croix avec l'alpha et l'oméga devient sur les monnaies l'emblème de l'éternité, et celui du lys l'emblème de la royauté.


 

En 1640, Louis XIII instaurera une réforme monétaire financée par l'afflux d'or généré par le développement des exportations de produits manufacturés français comme les meubles, les tapisseries, la porcelaine ou les miroirs. Et notre roi de frapper une monnaie à son effigie qui portera son nom , le louis. Celui-ci est en or, tandis que l'écu est blanc en argent, le liard, le sol et le denier, en cuivre. Depuis le milieu du XVI ème siècle, un nouveau procédé permet la frappe des monnaies à l'aide d'une presse mécanique appelée « balancier ». Ce système aboutira à l'abandon de la frappe au marteau, d'où le mécontentement des ouvriers des ateliers. Des artistes renommés sont alors choisis pour dessiner les monnaies, comme Guillaume Dupré, ou Jean Varin, si bien que les monnaies de Louis XIII seront réputées être les plus belles faites depuis les Grecs et les Romains. Sous le règne de Louis XIV, on déclinera le portrait du roi sur les monnaies en une grande variété de types : l'écu à la mèche courte, à la mèche longue, aux trois couronnes, aux palmes, Louis à la tête nue ou Louis juvénile lauré. Lorsque Louis XIV meurt, la situation de la France est catastrophique et les monnaies perdent de leur valeur. Et le duc d'Orléans devenu régent autorise l'écossais John Law à créer les première monnaies de papier qui valent 1000, 100 et 10 livres. Sous Louis XV, ces billets deviendront des monnaies d'escompte, et sous la Révolution, des assignats.

En 1791, une loi prescrit le remplacement des monnaies à l'effigie de Louis XVI par de nouveaux modèles comportant des motifs révolutionnaires, comme le génie ailé, le coq symbole de vigilance, ou le bonnet de la liberté. La loi du 18 germinal AN III (7 avril 1795) restera une date historique pour la monnaie avec la naissance du système décimal. Livre et sou seront alors abandonnés au profit des francs et des centimes. Et le franc de devenir la monnaie nationale pour plus de deux siècles.


 

Louis Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er est élu président de la République française le 10 décembre 1848. Il prend tous les pouvoirs lors du coup d'Etat du 2 décembre 1851, et se fait proclamer empereur l'année suivante sous le nom de Napoléon III. Et le pays de connaître un important essor économique deux décennies durant, ainsi qu'un nouveau prestige militaire et diplomatique à la suite de la guerre de Crimée (1853-1856). Avec la croissance, de grandes banques sont créées, la valeur légale du chèque est reconnue et les premiers billets de cent, cinquante et 25 francs sont imprimés. Napoléon III fait aussi éditer des pièces de cent et cinquante francs or, sur lesquelles il apparaît tête nue, puis, dès 1861, la tête laurée pour symboliser ses victoires.

La III ème République est proclamée par Léon Gambetta le 4 septembre 1870 après la capitulation de Napoléon III à Sedan. Les transformations opérées sous le Second Empire se poursuivent et Paris prend l'apparence qu'on lui connait aujourd'hui. Le nouveau régime reprend les types monétaires de la Révolution et de la II ème République tout en faisant appel, à partir de 1895, à de nouveaux artistes graveurs comme Chaplain, Roty et Daniel-Dupuis. La figure du souverain est alors remplacée par l'allégorie de la République, c'est à dire la « Marianne » qui connaitra dès lors une large diffusion. L'Etat et le clergé ne sont pas encore séparés comme l'atteste la mention « Dieu protège la France » mais la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » existe depuis 1848. Quant à la semeuse, elle est imaginée par Oscar Roty en 1897 pour les pièces de la IIIè République. C'est l'un des trois symboles retenus pour la face nationale de l'euro français avec le buste de Marianne et l'arbre de la liberté.


 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Exposition « L'Or du Pouvoir, de Jules César à Marianne »,à la Crypte archéologique de l'Île de la Cité, à Paris (4è). Tél: 01 55 42 50 10. Ouvert du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00. Entrée : 8€. Site internet : http://www.crypte.paris.fr/expositions

 



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