Mardi 8 février 2011
Lors de mon passage à Fukuoka, j'effectue une visite au Musée des Arts Asiatiques de Fukuoka FAAM). Ce musée, ouvert en 1999, est consacré aux œuvres d'arts asiatiques. Fukuoka étant devenue depuis fort longtemps la porte méridionale de l'Occident, il ne pouvait pas y avoir de choix meilleur pour installer pareil musée.
Il est installé sur deux étages: Au 7è étage se trouvent les salles d'exposition permanentes et temporaires , un café, une boutique de souvenirs et un salon avec des sculptures. Au 8è étage, la bibliothèque, une nursery, une galerie d'artistes , un studio ouvert sur l'art et Ajibi Hall (salle polyvalente pour concerts, projections,conférences).
J'ai visité les collections permanentes qui offrent aux visiteurs des oeuvres d'art moderne et contemporain de pays asiatiques différents. Le musée en compte 2400 oeuvres ( inventaire de janvier 2011) . C'est la plus grande collection au monde consacrée uniquement au continent asiatique depuis les temps modernes.
Lakshmi with elephants (années 1920) de Mahendranath Mukhopadhyay (Inde)
La galerie asiatique montre différentes tendances d'art moderne et contemporain en Asie au travers de collections du XVIIIè siècle jusqu'à nos jours. 23 pays ou régions d'Asie sont représentés.
Je débute ma visite par la naissance de l'art moderne, avec les peintures occidentales. On apprend qu'à l'époque pré-moderne asiatique (19è siècle), les artistes utilisaient des peintures à huile et à eau pour la réalisation de leurs composition. Les peintures sont alors faites surtout pour alimenter un marché de souvenirs ( les Occidentaux aiment alors rentrer en Europe avec une peinture exotique représentant des lieux visités) . Afin de répondre à cette demande, on assiste alors au développement d'une peinture exotique ( on retrouve ainsi les fameux paysages de la région de Canton en Chine, ou encore des scènes de vie de Calcutta...)
Au 20è siècle, naissent de nombreux courants nationalistes et parallèlement, des mouvements indépendantistes de développent à leur tour dans les pays asiatiques. C'est alors la naissance de nouveaux modèles d'éducation artistique (les jeunes artistes asiatiques ayant étudié en Occident jouent un rôle pivot dans la création de l'art moderne de leur pays respectif).
Beaucoup d'artistes indiens s'éprirent par exemple de Gauguin, Van Gogh, Matisse et autres peintres de la période impressionniste et arts fauves.
A la fin des années 1950 , on observe la formation des pays asiatiques tels qu'on les connait aujourd'hui. Et avec eux , de nouvelles formes d'expression. Par exemple, au Sri Lanka, on trouvait dans les années 1930 des artistes intéressés par le modernisme occidental qui expérimentèrent aussi l'art abstrait. Sans pour autant copier systématiquement en suivant la vague occidentale.
Lady of Dignity (1896) oeuvre d'un artiste malaisien, Yong Mun Sen. Artiste influencé par Gauguin. Il naquit à Kuchin en Malaisie et passera sa jeunesse à Canton (Chine). On le reconnaitra, en Malaisie, comme le père de l'art moderne dans son pays.
J'aborde maintenant une autre galerie: L'art contemporain en Asie, des thèmes sociaux aux expressions diversifiées.
Après la Seconde guerre mondiale, les pays asiatiques abordèrent une nouvelle ère. Celle de la diversité et de la globalisation. Et avec cette globalisation, apparaît une instabilité sociale dans de nombreux endroits , mais aussi des dictatures militaires et toujours parallèlement , des mouvements démocratiques naissent comme pour contrebalancer la situation. Les effets négatifs du capitalisme et de la mondialisation ne tardent pas à se faire sentir: Division croissante entre populations urbaines et rurales, mauvaise répartition des richesses. De nombreux artistes s'expriment alors sur ces thèmes dans les années 1980, critiquant les systèmes politiques menés, soulignant l'injustice , et focalisant souvent sur les petites gens, les vraies victimes de cette nouvelle donne.
Fin années 1980, les modes d'expression progressent encore et on en découvre de nouveaux.
Années 1990: L'Asie assiste à l'apparition des marchés d'art et des expositions internationales dans différents pays. Un réseau artistique déjà en développement se diversifie encore plus. Les sujets abordés portent sur les thèmes sociaux historiques mais aussi sur la vie quotidienne des gens et sur l'identité personnelle ( apparition dans la même période de galeries participatives).
Han Kwang -Wandering About (1991), oeuvre d'un artiste thailandais , Chatchai Puipia, né en 1964.
Ci-dessus, Orkhon (1993), une peinture de Tserennadmidin Tsegmed ,artiste mongole né en 1958. Le fleuve Orkhon mesure 1124 kilomètres arrosant au passage la Mongolie. La scène représente les « Red Falls »(chutes rouges), situées dans la partie supérieur du fleuve. Endroit mythique pour les Mongols car cette région est un mélange de déserts et de plaines verdoyantes. L'expression du pouvoir de la Nature réside dans la représentation des chutes par un dieu féminin(partie intégrante de la tradition bouddhiste mongole).
Une salle de projection, découverte sur le parcours de la visite, offre un film de Chen Chien-Jen , artiste taiwanais: Factory (2003) d'une durée de 30 minutes.
Un peu plus loin, me voici nez à nez avec une représentation cambodgienne d'une robe japonaise ( ci-dessous)
Japanese dress (1999) de Marine KY, artiste cambodgienne.
L'autre partie de l'exposition est consacrée aux peintures de Paubha au Népal ( exposition temporaire, n'autorisant pas la prise de photos). Paubha peint les dieux bouddhistes , hindoux et mandala reproduits par le peuple Newar ( indigènes népalais). Ce peuple de la vallée de Katmandou passe le plus clair de son temps à la célébration de rituels mystiques très complexes.
Les peintures exposées sont reconnues comme traditionnelles même au Népal.
L'exposition présente 51 oeuvres de 31 artistes différents. A noter que plusieurs mois sont nécessaires à la réalisation d'une seule peinture, et le travail réalisé est effectivement d'une finesse extraordinaire. Cette exposition peut aider à comprendre la culture népalaise. Vous trouverez en partie finale de ce reportage l'affiche de l'exposition.
INFOS PRATIQUES
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Fukuoka Asian Art Museum, 7 & 8 floors , Riverain Center Building , 3-1 Shimokawabata, Hakata-ku , Fukuoka. Métro: Nakasu-Kawabata (sortie N°6) puis prendre un escalator, puis un deuxième, avant d'arriver à l'étage où vous prenez l'ascenseur pour le 7F. Tel: (092)263 1100
http://faam.city.fukuoka.lg.jp
Ouvert tous les jours ( sauf mercredi) de 10h00 à 20h00. Entrée: 200 Yens. Photos possibles sans flash dans les expositions permanentes.
Boutique du musée: ouverte de 10h30 à 19h30 les jours d'ouverture du musée. CB acceptées.