Mardi 19 novembre 2019
Histoire de mettre au vert, je pars ce matin à la découverte du parc national Wilderness, à une quinzaine de kilomètres de la ville de George où je séjourne actuellement. Ici encore, tout est conçu pour le randonneur puisque l'endroit qu'on surnomme également la région des lacs d'Afrique propose de nombreux itinéraires à travers le parc. Pas très étendu, puisqu'il ne fait que 2,612 hectares de superficie, le parc national Wilderness s'étend par contre sur 28 kilomètres de littoral et abrite 230 espèces animales. Ma première visite sera pour le bureau du parc afin de m'enquérir de ce qu'on peut voir en voiture. D'où le circuit que je vous offre maintenant.
Même si le fond de l'air reste frais, le soleil brille et le temps est idéal pour aller respirer l'air pur. De George à la petite station balnéaire de Wilderness, je n'aurai aucune difficulté à trouver ma route, mais devrai en revanche demander mon itinéraire pour le parc national. Les panneaux indicateurs manquant cruellement dans ce pays, j'interpelle généralement les habitants qui me renseignent volontiers. J'aperçois enfin une entrée sud et une entrée nord qui se font face. J'interroge l'agent de sécurité de l'entrée sud qui m'ouvrira finalement la grille du parc pour accéder au bureau d'information. J'y croiserai plusieurs cyclistes, et pas que des jeunes gens. Une charmante dame me propose très vite un itinéraire : emprunter la piste gravillonneuse sur ma droite en sortant par l'entrée sud du parc, puis, prendre la route N2, en tournant à gauche. Conduire sur plusieurs kilomètres, en traversant au passage les localités de Hoekwill, puis de Touwsranten. Deux kilomètres après ce dernier village, j'apercevrai sur la gauche un panneau mentionnant BIG TREE. C'est la première attraction du jour. En tournant au niveau de ce panneau, j'emprunte une piste en plus ou moins bon état qui m'amène jusqu'à un parking. Là, se trouve deux agents du parc à qui je montrerai ma carte d'abonnement aux parcs et réserves sud-africains, ce qui m'évitera de payer le droit d'entrée. Je conseille fortement de porter des chaussures montantes car je croiserai un (petit) serpent sur ma route et on ne connait jamais la réaction possible d'une telle bestiole, surtout si on marche dessus.

Le gros arbre en question (ci-dessous en photo) a 800 ans d'âge, une hauteur de 33 mètres, et le tronc fait douze mètres de circonférence. Il s'agit là d'un arbre que l'on rencontre souvent dans la forêt de Knysna. Ses fruits sont très appréciés des chauve-souris, des cochons de brousse et des oiseaux comme le perroquet du Cap ou le tauraco de Knysna. Sa large couronne en fait un endroit idéal pour venir s'y percher ou pour nidifier. Plusieurs espèces d'oiseaux l'ont bien compris. Le bois du « Big Tree » était autrefois utilisé pour fabriquer des meubles, des parquets, des poutres de toit et des encadrements de portes ou de fenêtres. Ses branches, lorsqu'elles étaient droites, convenaient parfaitement pour la construction navale et pout la fabrication de mâts. Désormais, l'arbre est protégé et a été placé sous protection. Cet arbre pousse habituellement dans les régions de montagne et dans les forêts.
Pour les amateurs de balades, il existe une randonnée circulaire de deux kilomètres (45 minutes) qui conduit à l'intérieur de la forêt indigène. Départ depuis l'arbre et retour au même endroit.

En revenant sur mes pas, je m'arrête en bord de route pour photographier les montagnes environnantes (ci-dessous) qui forment l'arrière-pays de Wilderness, à la fois rural et montagneux. Une riche flore (protées, orchidées...) s'y développe pour le plus grand plaisir des promeneurs. Car nous sommes ici sur la route des jardins et la nature offre à notre regard ce qu'elle a de meilleur : un littoral magnifique (deuxième photo) où il est malheureusement très risqué de se baigner à cause de puissants courants marins.


En redescendant vers Wilderness, je tourne à gauche pour emprunter la piste qui mène aux lacs. En effet, le parc national abrite cinq lacs d'eau douce ou salée, au pied des pentes boisées des montagnes Outeniqua. Trois de ces lacs (Island Lake, Le Langvlei et le Rondevlei) sont alimentés par la rivière Touws (ci-dessous) qui passe à Wilderness. Ils sont reliés entre eux par un canal appelé Serpentine. Les deux autres lacs (le Swartvlei et le Groenvlei) bénéficient d'une ouverture sur l'océan indien (via un canal ensablé six mois par an, qui isole le Swartvlei, plus étendu et plus profond lac des cinq cités). Aucune rivière ne se jette dans le Groenvlei, seul lac situé à l'extérieur de la route des Jardins. Ce dernier n'ayant non plus aucun accès à la mer, dépend totalement des sources et des chutes de pluie pour son alimentation.
A peine engagé sur la piste conduisant aux lacs, je tourne à droite pour rejoindre l'Island Lake (deuxième photo), nommé ainsi car l'étendue d'eau possède un île en son centre. Quelques pas sur le ponton ne tarderont pas à faire fuir une famille de canards qui ira se réfugier dans les roseaux tout proches. Ce parc abrite une riche avifaune, et 79 espèces locales d'oiseaux aquatiques ont fait de ces plans d'eau leur habitat naturel. La chance est élevée, avec un peu de persévérance, d'apercevoir pas moins de cinq variétés de martins-pêcheurs. L'Island Lake attire aussi pêcheurs et kayakistes qui, tantôt débarquent pour observer la faune, tantôt d'attraper perches noires et brèmes au bout de leur hameçon.


Jadis, les gorges profondes des rivières Touw et Kaaimans représentèrent un obstacle de taille pour faire passer les chars à bœuf et contribuèrent longtemps, et bien malgré elles, à l'isolement de cette zone. Il faudra attendre la construction de la route menant à Knysna vers la fin des années 1860, axe de circulation surnommé Route des Sept cols, pour que les Européens investissent peu à peu l'endroit, comme le fermier Van der Bergh, premier Européen du coin arrivé ici, puis George Bennett, originaire de Liverpool, qui bâtira sa ferme en 1877, à laquelle il donnera le nom de Wilderness. Après la seconde guerre des boers, en 1902, une autre route (White's road) offrira un accès plus facile à travers collines et lagons. En 1928, on fêtera l'ouverture d'une ligne de chemin de fer reliant George à Knysna, après une halte à la gare de Wilderness. Jusqu'en 2006, on pouvait encore emprunter cette ligne ferroviaire longue de 56 km, à bord du train à vapeur Outeniqua Choo Tjoe, lequel restera longtemps une attraction locale. Malheureusement, de graves intempéries endommagèrent durablement la ligne qui reste à ce jour non rétablie.

Après l'Island Lake, je reprends la direction de Wilderness. En partant de la pharmacie (que je laisse sur ma droite), je continue ma route jusqu'au rond-point et je tourne à gauche et suis tout droit ma route sur quelques kilomètres, jusqu'à apercevoir un panneau sur ma gauche indiquant MAP OF AFRICA. Suivez ce panneau et empruntez la piste qui vous conduire deux kilomètres plus loin à un petit parking. D'un côté, vous profiterez d'un somptueux panorama côtier, de l'autre, d'une vue imprenable sur la « carte de l'Afrique » (du Sud). Il est vrai qu'en regardant bien, la boucle opérée par la rivière Kaaimans en contrebas fait penser à la pointe australe du continent africain (ci-dessus). Certains s'en donnent à cœur joie en pratiquant le parapente, tandis que d'autres, comme Helenn (que j'ai interviewée dans ma vidéo) reste tout simplement assise sur un banc, des heures durant, pour contempler le paysage.
Il est temps pour moi de rentrer à George, par la route de la corniche qui offre au niveau d'un virage, Dolphin Point, une aire de stationnement (dans le sens de circulation Wilderness-George) permettant aux touristes de profiter d'un superbe point de vue. Nous sommes alors au col de la rivière Kaaimans, dont la route fut tracée en 1752. Le col, lui, culmine à 184 mètres, alors que le parking ne se trouve qu'à 67 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce col, qui relie George à Wilderness offre au passage de superbes paysages et le premier pont courbé d'Afrique du Sud qui fut érigé en 1952.
INFOS PRATIQUES :