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Les Beautés naturelles de Knysna et des environs
(Province du Cap-Occidental, Afrique du Sud)
Heure locale

 

Jeudi 21 novembre 2019

 

Cette journée, une fois de plus placée sous le signe de la découverte, m'emmènera successivement au jardin de l'Eden (The Garden of Eden) et à Knysna. Là encore, la région était jadis peuplée par le peuple Khoï avant l'arrivée des premiers Européens vers 1760. Et la petite ville de tout devoir à George Rex, présenté comme le fils illégitime du roi anglais George III. A peine débarqué dans la colonie du Cap, en 1797, le fameux Georges Rex entretiendra une liaison avec une esclave qu'il fera affranchir, puis ira s'installer avec sa famille dans une ferme de la lagune de l'actuelle Knysna. A l'époque, il n'existait encore aucun aménagement et notre homme fera construire un quai sur l'embouchure de la rivière pour permettre aux bateaux d'accoster. Géographiquement, l'estuaire était formé d'une baie naturelle mais peu profonde et étendue, protégée de l'océan Indien par un passage étroit appelé The Heads.

 

Je ne suis qu'à douze kilomètres du Jardin de l'Eden, un petit parc rattaché aux parcs nationaux sud-africains. La présentation de ma carte d'accès annuelle me dispensera donc de verser mon écot à l'entrée. On ne s'y rend pas pour faire de la randonnée mais pour marcher et s'oxygéner au milieu de la forêt humide qui forme cette réserve. Partie intégrante de la Route des Jardins, ce jardin-là est très (presque trop !) accessible par le route N2 qui le longe, à grand renfort de bruits de voitures et de camions. Durant ma promenade, j'entendrai bien chants d'oiseaux et croassements de grenouilles mais nos amis les bêtes n'auront que très rarement le dernier mot.

A l'entrée du parc, se trouvent deux grands panneaux d'information décrivant en détail la faune et la flore de l'endroit. C'est là que je rencontrerai Marvin, un artisan qui crée de très jolis animaux en perles (ci-dessous).

 

J'ai rarement vu dans ce pays un descriptif si détaillé avec d'aussi belles illustrations. Un panneau présente ainsi les animaux de la route des jardins dont le gros chat caracal, la chauve-souris, le cochon de brousse, le blaireau ou l'oriole à tête noire. Quant aux dessins, ils parleront davantage aux enfants qu'une photo. Je découvre au passage que la région sud du Cap offre la plus grande forêt (soit 60500 hectares) du pays, répartie sur une zone située au sud des chaines montagneuses de l'Outeniqua et de Tsitsikamma. Faune et flore se répartissent ainsi sur trois niveaux, depuis les pentes montagneuses les plus hautes, le littoral avec la forêt et les rivières en zones vallonnées. Un autre panneau s'intéresse aux différents peuples qui ont vécu dans cette région et ont façonné la nature telle qu'elle est aujourd'hui, comme les travailleurs forestiers, les guérisseurs, les fermiers et les jardiniers, les devins...Enfin, une courte histoire de la gestion de la forêt le long de la route des jardins est proposée, depuis la période pré-coloniale (avant 1700), l'arrivée des Néerlandais (1750-1855), la période instable entre 1812 et 1820, l'apparition de la gestion du domaine forestier en tant que tel (1856-1939), l'époque des bûcherons (1892-1939), la mise en place d'un système forestier reposant, sur la protection, l'exploitation des ressources et l'accès au grand public de cette forêt (1967-1983) et, depuis 1984, l'existence d'une gestion moderne du domaine forestier.

Dans le présent jardin d'Eden, se trouve un arbre géant à bois jaune, l'arbre roi par excellence dans les montagnes d'Outeniqua, qui franchit la canopée avec son tronc semblant sans fin. Il est difficile d'imaginer que ces géants aient commencé à germer au temps des croisades et des chevaliers , et pourtant...Ces arbres peuvent dépasser les 45 mètres de haut et les trois mètres de diamètre au niveau de la base du tronc.


 

Je reprends la voiture après cette pause salvatrice et me dirige vers Knysna. En début d'article, je vous parlais de l'arrivée de Georges Rex dans la lagune de Knysna. Dès 1817, le site pouvait déjà accueillir des navires commerciaux permettant d'exporter le bois abondant dans la forêt, toute proche. Trois ans plus tard, Georges Rex cédera une partie de ses terres à l'amirauté britannique pour permettre la construction d'un port militaire mais le projet n'aboutira finalement pas. A la place, deux villages sortiront de terre, jusqu'à créer, avec d'autres communes voisines l'actuelle ville de Knysna (qui signifie « endroit boisé »). George, lui, quittera ce bas-monde en 1839, après avoir consacré 35 années de sa vie à cette jolie ville de la route des jardins.

Kitty, ma logeuse, m'a conseillé quelques endroits incontournables. La circulation étant toujours aussi détestable, je décide de partir d'abord aux Heads, le passage étroit de l'estuaire de Knysna qui débouche sur l'océan indien. Sur mon chemin, je prendrai une photo de la réserve naturelle de Steenbok, une aire protégée de 17 hectares placée sous l'autorité des parcs nationaux sud-africains. On peut s'y promener ou y pêcher tout en admirant les différents paysages qui s'offrent à notre regard. Je filerai directement sur les hauteurs, en laissant Leisure Island sur ma droite. Cet îlot qui a l'air pourtant fort sympathique est presque entièrement entouré d'eau et n'est rattaché au continent que par une chaussée. L'endroit n'est rien d'autre qu'une zone résidentielle de 450 maisons, dont la moitié sont des résidences secondaires. La principale curiosité est son eau potable qui repose sous la forme d'une nappe à seulement trois mètres sous terre.


 

Grimper jusqu'au sommet des Heads, même en voiture, requiert prudence et attention. La route est en effet étroite, comporte de nombreux virages et est très fréquentée. Des dizaines de résidences, avec vue imprenable sur les alentours s'accrochent à la montagne tandis, qu'en ce qui me concerne, je guette le panneau qui m'annoncera la vue panoramique promise par Kitty. En fait, l'endroit consiste en un parking de stationnement surveillé par un agent officiel portant un bob sur la tête et un gilet rouge. Il est le seul désigné à pouvoir percevoir des pourboires à cet endroit (un panneau le mentionne bien). Depuis le parking, un petit sentier vous conduit sur plusieurs sites aménagés pour permettre aux visiteurs d'apprécier une vue superbe sur les environs (photos ci-dessus).

L'étroit chenal qui permet aux bateaux d'entrer et de sortir de l'estuaire est malheureusement parsemé de dangereux rochers. Le navire marchand « Emu » en fera les frais en avril 1817, lorsqu'il tentera de pénétrer dans l'estuaire. Premier bateau européen à tenter la manœuvre, celui-ci percutera un rocher (qu'on appelle d'ailleurs le rocher de l'Emu, en souvenir de l'évènement) et fera un trou dans sa coque. Pour lui éviter de couler, l'équipage réussira à échouer le bâtiment, en attendant les secours qui interviendront un mois plus tard pour remettre le bâtiment à flot après réparation. Sur place, j'entends parler français. Et de tomber sur une famille de Saint-Malo, ma ville natale. En échangeant quelques mots, nous découvrons avoir vécu la même arnaque de la part d'individus douteux. L'escroquerie aura tout de même couté 1000 € à cette famille. Alors que je rejoins mon véhicule, je tombe en arrêt devant un panneau qui informe les visiteurs que la municipalité décline toute responsabilité en cas de vol ou d'attaque dans cette zone. Cà, c'est ce que j'appelle de la promotion touristique de premier ordre et une certaine forme de lâcheté face aux malfrats.


 

Plus bas, beaucoup plus bas, je découvrirai Thesen Islands et son côté bobo. L'impression de surfait qui domine dans un premier temps cache pourtant des atouts indéniables qui intéressent le vieux briscard que je suis. Il faut savoir que cette île tire son nom de Charles Wilhelm Thesen, armateur et marchand de bois africaneer d'origine norvégienne. Entrepreneur talentueux, notre homme se fera un nom en développement chantiers navals et commerce du bois. En souvenir de ce monsieur, l'île Paarden (acquise en 1904 par Charles lui-même) sera rebaptisée Thesen Island. Sur les conseils de Kitty, je me rends d'abord au Turbine Boutique Hotel (en photo ci-dessus), un établissement qui est bâti autour d'un ancien générateur électrique. Celui-ci était autrefois chargé d'alimenter l'île, Knysna et Plettenberg Bay en énergie électrique. L'électricité, produite par cinq turbines activées par un moteur à vapeur (alimenté de détritus de bois, abondants dans la région), d'où le nom de l'hôtel, sera fournie des années durant par le réseau électrique d'Eskom. Et la centrale électrique, construite en 1939-40 de fonctionner jusqu'au 26 juin 2001. Le concept de musée qui avait un moment été envisagé restera sans suites et l'ancienne centrale sera cédée à deux investisseurs, Geoff Engel et Dandre Lerm-Engel, en septembre 2007. Trois années seront nécessaires avant que le projet d'hôtel ne prenne définitivement forme. Je dois avouer que je trouve l'idée très originale d'avoir restauré et intégrer les anciennes machines et tuyauteries de la centrale à l'intérieur de cet hôtel luxueux. Ainsi, la salle du restaurant a t-elle disposé des tables dans ce décor d'un autre temps mais qui s'inscrit à jamais dans l'histoire patrimoniale locale.

 

Si vous voulez tout savoir sur l'hippocampe, je vous conseille de vous rendre sur le parking situé en face du Garden Route National Park. Là, un panneau nous explique qu'il existe trente espèces d'hippocampes à travers le monde, dont la grande majorité survit en milieu marin. Les eaux sud-africaines en abritent déjà cinq espèces, dont l'hippocampe endémique Hippocampus capensis qui fréquente uniquement les estuaires de Knysna, Keurboom et Swartvlei où ils se nourrissent de manière adéquate. L'hippocampe de Knysna, lui, est directement menacé d'extinction et des tentatives de reproduction par élevage sont actuellement tentées. Chose curieuse chez cet animal, le mâle vit chez son épouse, ne possédant qu'un petit chez-soi à l'intérieur du vaste territoire détenu par la femelle. Le moment venu, et à l'issue d'une danse nuptiale de plusieurs jours, celle-ci dépose ses œufs dans la poche ventrale du mâle. La grossesse masculine, d'une durée d'environ quatre semaines, s'achèvera par la naissance de minuscules bébés de couleur noire, lesquels devront échapper à leurs prédateurs en utilisant le camouflage, leur meilleure arme. Je me rends à l'intérieur du bâtiment abritant l'accueil du Garden Route National Park et aperçois dans le hall un petit aquarium avec plusieurs hippocampes à l'intérieur. Des images à découvrir dans ma vidéo.

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Garden of Eden, sur la route N2 entre Knysna et Plettenberg Bay. A 12 km de Knysna. Le parcours de marche fait 1,5 km et bancs et tables sont installés sur le parcours afin de pouvoir se poser un peu.
  • Steenbock Nature Reserve (www.steenboknaturereserve.org.za) , ouverte en permanence et à seulement 4 km de Knysna par la route.

  • Association des résidents de Leisure Island : www.leisureisleknysna.co.za

  • The Turbine Boutique Hotel & Spa, 36 Sawtooth Lane, Thesen Island, Knysna. Tél : +27 44 302 5746. Site internet : https://www.turbinehotel.co.za Un grand merci à Diana Kamfer, chef de la réception de l'établissement pour m'avoir accordé un entretien.










 



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