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L'Art Renaissant florentin
(Florence, Région de Toscane, Italie)
Heure locale

 

Dimanche 23 février 2020

 

La sortie d'aujourd'hui va nous faire découvrir les grands monuments Renaissance de Florence. Cette balade va successivement nous faire découvrir sites et monuments florentins du Ponte Vecchio à la Piazza de San Firenze, puis de la Via del Proconsolo a la Via dei Servi et de la Piazza della Santissima Annunziata à l'église Santa Maria Novella.

Le charme toscan vient entre autres du nombre de bâtiments gothiques et Renaissance qui ont subsisté. Il en va ainsi de Florence, dans le quartier du Mercato Nuovo où des rues entières sont restées pratiquement identiques depuis le 16è siècle. On s'en rend compte en observant le détail des fenêtres. Brunelleschi sera ainsi inspiré par la simplicité des édifices de la Rome classique lorsqu'il dessina la loggia du Spedale degli Innocenti (Hôpital des Innocents), la première de ses oeuvres architecturales de style Renaissance. Et ses concitoyens d'adopter spontanément ce style élégant, considérant leur cité comme une « nouvelle » Rome. Et Vasari de célébrer le génial architecte que sera Filippo Brunelleschi en écrivant « qu'il nous fut envoyé par le ciel pour donner une nouvelle forme à l'architecture ». De fait, entre 1420 et 1446, l'oeuvre de Brunelleschi se situe comme un moment décisif dans l'histoire de l'architecture et de la forme urbaine à Florence, à un moment où la cité avait déjà tracé les limites de son périmètre. A la fois architecte, mathématicien, géomètre, peintre, sculpteur, et concepteur de nouvelles machines, l'homme apparaissait comme universel. Ce personnage était à la fois capable de maitriser l’ingénierie militaire, navale et hydraulique et d'inventer spectacles et instruments de musique. Il est vrai qu'il avait profité d'un climat exceptionnellement riche en ferments culturels issus de cette première génération qui avait fait éclore la Renaissance florentine.

 

Notre parcours débute au centre du Ponte Vecchio où les échoppes d'alimentation qui s'y établirent au 13è siècle laissèrent la place aux orfèvreries trois siècles plus tard. Bâti en 1345, le Ponte Vecchio est sans aucun doute le plus ancien pont de Florence. Convoité depuis l'origine par les échoppes mais également par bouchers, tanneurs et forgerons qui trouvaient l'Arno bien pratique pour se débarrasser de leurs déchets, ces derniers en seront chassés en 1593 par Ferdinand 1er indisposé par leur vacarme et leur pestilence. Et de les remplacer par des joailliers et des orfèvres, une tradition qui perdure encore de nos jours. Un buste sculpté sur place ne représente t-il pas Benvenuto Cellini, l'orfèvre le plus célèbre de son temps ? En observant attentivement sur le côte est le corridor de Vasari avec ses fenêtres circulaires, on imagine l'idée géniale qu'eut l'architecte Georgio Vasari lorsqu'il conçut ce couloir surélevé (aussi appelé couloir du prince) reliant le Ponte Vecchio au Palazzo Pitti en traversant les Offices pour permettre aux Médicis de circuler sans encombres entre leurs résidences et sans se mêler à la foule.


 

J'emprunte maintenant la Via Por Santa Maria, tandis que se dressent sur ma droite le Vicolo Santo Stefano et l'église Santo Stefano al Ponte actuellement fermée pour travaux. Plus loin, je marquerai une pause devant le Mercato Nuovo (ci-dessus) érigé en 1551 par Battista del Tasso. Cette loggia du Marché neuf avait alors pour vocation d'abriter les étals des marchands de soieries et de produits de luxe. L'endroit est aussi surnommé le Marché de paille car on vend ici, et depuis le 19è siècle toutes sortes d'articles de vannerie, depuis les chapeaux jusqu'aux meubles. Au sud de ce marché coule la fontaine del Porcellino (ci-dessous), fièrement ornée d'une copie en bronze d'un marbre romain des Offices qui représente un sanglier. On doit cette œuvre à Pietro Tacca. La tradition veut qu'on caresse le museau de l'animal et qu'on jette des pièces dans le bassin, ce qui assure à la personne de revenir un jour à Florence. Les promesses n'engageant que ceux qui y croient, soyez rassurés car les pièces du bassin sont récupérées puis offertes à des œuvres caritatives. 

 

Mon chemin me conduit désormais en direction de la Place de la Seigneurie en passant par la loggia des Lanzi, déjà abordée dans un autre article. Et de tourner à nouveau à droite pour longer le portique des Offices : c'est Vasari qui eut l'ide d'édifier cet édifice destiné à accueillir les services administratifs (Offices) pour Cosme 1er, entre 1560 et 1580 . Et les Médicis de prendre l'habitude d'agrémenter la célèbre galerie de leurs œuvres, jusqu'à en faire le premier musée du monde.

Je reviens bientôt sur mes pas, emprunte la Via della Ninna en direction de la Piazza di San Firenze, place en forme de trapèze occupée à l'est par l'église Saint Philippe Néri (édifice baroque ayant accueilli les Frères Philippins et dont le plafond est orné de peintures, en photo ci-dessous) avec, au-dessus d'une volée de marches, une façade qui ne fut achevée qu'en 1772, après cinq années de dur labeur. Non loin de là se dresse le Palais Gondi, conçu par Sangallo à la fin du 15è siècle mais non accessible au public. On dit aussi que ce palais date du Quattrocento, c'est à dire du 15è siècle italien, siècle de la première Renaissance, et mouvement qui amorce le début de le Renaissance en Europe. En peinture, on rompt alors avec le goût byzantin tandis que survient à Florence et dans d'autres villes d'Italie un bouillonnement culturel touchant le monde des arts. La cité florentine n'est pas en reste puisque Cosme 1er de Médicis concourra au mécénat d'artistes majeurs comme Paolo Uccello ou Fra Angelico qui participeront à l'Ecole florentine. Sur cette même place, le palais de justice occupe un grand édifice de style baroque situé juste en face.

 

De là où je suis, j'aperçois au loin la tour de la Badia Fiorentina, l'une des plus anciennes églises de la ville. L'endroit abrite plusieurs fresques représentant la vie de Saint-Benoit (ci-dessous) qui sont visibles dans la galerie supérieure du cloitre des orangers. Ces fresques sont l'oeuvre de Jean de Consalvo, peintre portugais et compatriote de Gomezio, alors abbé de l'endroit. Juste en face, la masse imposante du bâtiment me permet de reconnaître aisément le Musée Bargello (deuxième photo ci-dessous), qui fut jadis utilisé comme prison. Construit dès 1255, ce palais abritera au Moyen-Âge le podestat, magistrat alors garant de la paix civile. Plus tard, l'ensemble deviendra prison (au 16è siècle) et siège du capitaine des sbires (bargello) avant d'être reconverti en musée en 1865 et de former ainsi l'un des premiers musées nationaux italiens, renfermant de surcroit une superbe collection de sculptures Renaissance et des bronzes maniéristes.

 

Je poursuis ma balade vers le nord en direction de la Via Proconsolo, rue au N°10 de laquelle il me sera donné d'admirer le palazzo Pazzi-Quaratesi (en photo ci-dessous), ancienne demeure des Pazzi, une famille de banquiers qui fut à l'origine de la conspiration fomentée contre les Médicis en 1478. De style Renaissance, cet édifice fut commandé par Jacopo de Pazzi sera confisque par les Médicis suite à l'échec de cette conjuration : ancienne famille noble, les Pazzi furent des rivaux acharnés des Médicis car ils possédaient de grands fiefs avant leur arrivée. Cette famille s'était illustrée dès la première croisade, en étant le premier chevalier à pénétrer dans Jérusalem. Et de représenter au 15è siècle l'une des plus anciennes familles de Florence, à côté de laquelle les Médicis figuraient comme roturiers ou « nouveaux riches ». Le complot, lui, était destiné à éliminer Julien e Laurent de Médicis, principaux chefs de la famille. Julien succombera à l'attaque des Pazzi, mais pas Laurent, qui sera évacué par ses gardes du corps dans la sacristie de la cathédrale Santa Maria del Fiore. Vite démasqués, les attaquants seront rapidement exécutés.


 

Au N°12 de la même rue se dresse toujours le Palais Nonfinito (ci-dessous) dont la construction, débutée en 1593 ne vit jamais la fin, d'où son nom. L'endroit abrite aujourd'hui le musée national d'Anthropologie qui renferme son lot de curiosités. Au bout de la Via Proconsolo se trouve le Duomo (deuxième photo), autre nom de la cathédrale Santa Maria del Fiore qui domine la cité avec son immense coupole. L'idée était alors de surpasser tout le monde et de bâtir une cathédrale aux dimensions démesurées, une ambition qui faillit s'avérer irréaliste puisque le Duomo, dont les travaux débutèrent en 1296, ne sera consacré qu'en 1436. Le campanile, qui fait partie de l'ensemble, nécessitera à lui seul trois architectes et le baptistère, dont les portes sont célèbres dans le monde entier, remonterait au...4è siècle !

 

En contournant le Duomo par le sud, vous tomberez, avec beaucoup de chance, sur la plaque de pierre Il Sasso di Dante, avant la Via dell Studio où le poète s'asseyait pour contempler la construction de la cathédrale. On pénètre bientôt sur la Piazza di San Giovanni, cœur religieux de Florence, généralement envahie par une foule venue admirer ses nombreux édifices. Non loin de là se trouve la Loggia del Bigallo, construction du 14è siècle. L'endroit, malheureusement en cours de rénovation pour l'heure, n'est pas accessible aux visiteurs.

Après avoir gravi les (plus de) 400 marches du campanile del Duomo et avoir ainsi profité d'une vue panoramique en son sommet, j'emprunte la Via dei Servi, au N° 10 de laquelle se trouve le Palazzo Niccolini , doté d'une façade Renaissance typique conçue au milieu du 15è siècle. De nos jours, l'endroit accueille un hôtel mais en poussant la porte principale, vous en découvrirez la cour, le jardin et sa double-loggia. Un peu plus haut, je m'engage dans la Via degli Alfani où apparaît la Rotonda di Santa Maria degli Angeli, œuvre de Brunelleschi. Plus couramment surnommée Rotonde de Brunelleschi (deuxième photo ci-dessous), cet édifice est l'église de Sainte-Marie-des-Anges, ancien couvent florentin laissé aujourd'hui à l'état d'abandon. Fondé en 1295 par Antonio Viva Guittone d'Arezz, ledit couvent s'inspirera de l'ordre camaldule. En 1434, l'architecte Brunelleschi en réalisera l'église (ci-dessous) de forme octogonale, qui sera le premier bâtiment de la Renaissance à plan centré.


 

De retour à la Via dei Servi, je tourne à droite pour tomber sur la Piazza della Santissima Annunziata (ci-dessous)

pour découvrir la loggia et l'hôpital des Innocents, encore une œuvre de Brunelleschi. La place en question est l'une des plus belles de la ville même si le projet initial ne put être mené complètement à son terme. Ammannati y érigera le Palazzo Grifoni (deuxième photo ci-dessus) entre 1557 et 1563, dont le premier étage offre un joli petit arc de triomphe maniériste. Quant à la statue de Ferdinand 1er, une des dernières œuvres de Jean de Bologne, elle fut achevée en 1608 par son assistant Pietro Tacca, qui créera les deux fontaines en bronze ornant la place. Si vous le pouvez, venez ici le 25 mars, pour assister à la fête de l'Annonciation et dégustez les biscuits brigidini vendus par les marchands pour l'occasion.

C'est en 1419 que la corporation florentine des artisans de la soie commanda à Brunelleschi l'hôpital des Innocents, premier orphelinat d'Europe, avec sa jolie loggia. Des médaillons en terre cuite furent rajoutés vers 1490 par Andrea della Robbia. Ces médaillons représentent des enfants emmaillotés. Une petite porte à tambour, la rota, qui est situé à l'extrémité gauche du portique, servit jusqu'en 1875 à déposer les enfants abandonnés, en pivotant sur elle-même et en permettant au donateur de conserver l'anonymat. Deux cloitres furent également dessinés par Brunelleschi dont un abrite un petit musée agrémenté des meilleurs œuvres de l'endroit (dont l'Adoration des Mages) dans la salle Ghirlandaio.


 

Prenons maintenant la Via Cesare Battisti pour filer sur la Place San Marco, où un ancien hôpital accueille désormais l'Académie des Beaux-Arts fondée en 1784. Sur place, j'aperçois aussi le couvent San Marco : désirant y accueillir les moines dominicains de Fiesole, Cosme l'Ancien confiera en 1437 à Michelozzo l'agrandissement de ce couvent fondé au 13è siècle. Et Fra Angelico de décorer l'édifice.

Je redescend à présent la Via Cavour jusqu'au Palazzo Medici-Riccardi (deuxième photo), nouvelle résidence de Cosme l'Ancien, dont l'édification fut confiée à Michelozzo. Les Médicis y vécurent de 1444 à 1540 avant de le revendre à la famille Riccardi. Son portail principal ouvre sur un splendide cortilé orné de médaillons et de copies de camées antiques transférés depuis au Musée degli Argenti. Sur place, on peut admirer la Capela dei Magi décorée des fresques de Benozzo Gozzoli.


 

Prenons maintenant la Via de Gori jusqu'à l'église San Lorenzo et les tombeaux des Médicis. Brunelleschi débuta la construction de cette église en 1424 et en fit un joyau de la première Renaissance, sur l'emplacement d'un sanctuaire roman du 11è siècle. Les plus grands artistes participeront à sa décoration ainsi qu'à celle des chapelles des Médicis. Quant aux tombeaux, Michel-Ange les orna de quatre puissantes allégories du Jour, de la Nuit, du Crépuscule et de l'Aurore. J'emprunte ensuite la Via del Melarancio, puis je traverse la Piazza dell'Unita Italiana, la Via Panzani avant d'atteindre la Piazza di Santa Maria Novella, qui marque le terme de cette balade. Construite par les dominicains de 1279 à 1360, l'église gothique (deuxième photo) qui s'y trouve reflète par sa simplicité et l'usage de marbres polychromes une adaptation florentine du style cistercien importé de Bourgogne (France). Et les œuvres qui s'y trouvent d'en faire un véritable musée où se mêlent gothique et Renaissance. Un ancien cimetière a lui aussi conservé ses niches funéraires.


INFOS PRATIQUES :

  • Visitez la ville tôt le matin, lorsque les rues sont (presque) désertes. Comptez deux heures pour cette promenade (j'ai passé 3h30 sur place compte tenu du temps nécessaire aux prises de vue) hors visites des monuments, ce qui prend davantage de temps.

  • Evitez le dimanche matin à cause des offices religieux qui ne permettent pas de visiter tranquillement églises et autres lieux de culte.

  • Si, comme moi, vous utilisez Google Maps en guise de plan, évitez l'opérateur TIM et préférez Vodafone Italia, plus fiable en couverture.

  • Badia Fiorentina : la visite de l'église et du cloitre des orangers a lieu chaque lundi, de 15h à 18h. Entrée : 3€

 










 



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