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Le Parc Terra Botanica
(Angers, Maine-et-Loire, France)
Heure locale

 

 

Jeudi 29 octobre 2020

 

De passage chez des amies dans la région angevine, c'est tout naturellement que j'ai fait une halte au parc d'attraction du végétal, Terra Botanica. Accompagné de deux « belles plantes », Muriel et Odile, je pars me mettre au vert le temps d'une visite partielle de ce parc à thème de 27 hectares (dont douze sont accessibles au public). C'est dimanche, et nous y sommes dès l'ouverture histoire d'éviter la foule. Et d'effeuiller en fin d'article la marguerite : « je t'aime, un peu, beaucoup... ». Quant au bouquet final, n'oubliez pas de visualiser ma vidéo associée à ce reportage.

 

Cela fait déjà dix ans que Terra Botanica a ouvert ses portes au public. L'Anjou ayant toujours fait figure de jardin, l'initiative de ce parc fit surface pour la première fois en 1998 alors que le Conseil général de Maine-et-Loire (49) cherchait un moyen pour développer le tourisme local. Plusieurs projets se succédèrent avant de laisser la place à la création d'un parc ludique et pédagogique centré autour du végétal, dont les travaux débuteront en février 2008 sur le site de l'ancien aérodrome d'Angers-Avrillé. Terra Botanica domine ainsi les Basses vallées angevines, site classé Natura 2000 pour sa faune et sa flore, et s'étend sur une surface accessible de douze hectares incluant jardins, paysages (70000m2), espaces aquatiques (25000m2), bâtiments et serres (10 000 m2), l'ensemble incluant aussi dix kilomètres de cheminements.

Je suis avant tout surpris par l'impeccable tenue du parc et la propreté des lieux. Terra Botanica semble avoir trouvé sa place après des débuts difficiles. Après tout, ne sommes-nous pas sur les terres du roi René, lequel régna sur le royaume au 15è siècle, lui, l'amoureux des plantes et des jardins fleuris ? N'oublions pas que ce souverain introduisit ici des essences méditerranéennes, avant que des grands explorateurs ne rapportent à leur tour de nombreuses plantes de leurs voyages, des espèces qui prirent racine dans les jardins de châteaux angevins, à la faveur de la douceur climatique locale. Espèces végétales qui peupleront ensuite les pépinières angevines dès le 19è siècle. En effet, jusqu'à la fin du 18è siècle, des villes comme Angers possédaient étables, champs cultivés et enclos de vignes, autant de surfaces agricoles plus tard repoussées en périphérie à la suite de l'urbanisation croissante, même s'il en ira différemment pour la cité angevine, sans doute plus consciente que ses voisines de l'enjeu des cultures horticoles. Angers créa ainsi les premières pépinières de France, nurseries d'abord destinées à la culture de spécialités délicates, qu'il s'agisse de plantes, de fleurs ou d'arbres fruitiers. Les progrès constants réalisés en horticulture permettront plus tard le développement d'exploitations en proche banlieue, puis dans le Val de Loire, sans pour autant délaisser Angers qui deviendra la capitale de l'horticulture. La ville, qui détient ses propres champs, conservera toujours l'initiative, forte de cette richesse due aux marchands, négociants, sociétés d'exploitation et capitaux, sans parler des importants gisements d'emplois.

Le temps ensoleillé qui prévaut lors de notre visite, associé à des températures clémentes ne me surprendra pas : dès le Moyen-Âge, les Bénédictins avaient été les premiers à se livrer à la culture des plantes médicinales et plantes vertes décoratives dans leurs abbayes de Saint-Aubin et de Saint-Nicolas. Puis les seigneurs de Montgeoffroy, de Brissac et de Serrant rentreront de leurs expéditions lointaines avec des plantes exotiques avant que le roi René ne cultive lui-même les arbres et les plantes rapportés de ses voyages, dans sa retraite de la Baumette et dans ses superbes jardins de la Reculée.

 

Sans attendre, nous faisons la queue pour monter à bord du ballon captif si impressionnant qui domine le parc. Par manque de chance, nous n'y monterons jamais suite à une avarie matérielle. Heureusement, Terra Botanica dispose de bien d'autres endroits de découvertes et d'explorations, dont certains sont davantage destinés aux enfants : l'Île des Lutins et ses tours suspendues, projections dynamiques en 4D, ou promenades bucoliques en barque...Justement , les filles désireuses de me mener en bateau me proposeront d'embarquer pour une Odyssée botanique (consistant à descendre la Loire à bord d'une barque locale surnommée « gabarre » pour découvrir les richesses angevines au fil d'une histoire contée tout en glissant sur l'eau). Et de prendre place à bord de cette embarcation désignant à l’origine plusieurs types de bateaux fluviaux à fond plat autorisant la navigation à pleine charge avec un faible tirant d'eau. La Loire voyait ainsi passer des gabarres chargés de marchandises de toutes sortes (minerai, produits agricoles, vins, matériaux de construction...)

Cette promenade au cœur de la capitale du végétal est un ravissement et nous dévoile la longue histoire des plantes. Patrimoine et nouveautés végétales sont mis en avant avec 500 000 végétaux venant du monde entier. Muriel, qui connait déjà l'endroit, nous conduit ici et là, à travers des jardins extraordinaires, qu'il s'agisse de la Serre tropicale (cocotiers, ylang-ylang, arbres du voyageur, fougères arborescentes...) des Comptoirs du monde ou de la serre aux papillons, à l'image des grands explorateurs des 17è et 18è siècles qui rapportèrent dans leurs malles des milliers d'espèces végétales du Vietnam, d'Amazonie, de Nouvelle-Zélande et d'ailleurs. Le parcours botanique nous révèle à chaque instant de nouvelles découvertes : fleurs phosphorescentes, arbres millénaires, plantes carnivores, légumes oubliés, selon que l'on parcoure la jungle tropicale ou les déserts arides, les forêts primaires ou les allées de la Roseraie, les rizières d'Orient ou les terrasses méditerranéennes. Originalité du parc : la possibilité de profiter des conseils avisés des jardiniers de Terra Botanica même si nous regrettons que ces plantes ne soient pas (encore) commercialisées auprès du public. Muriel s'en émouvra auprès d'un responsable en lui suggérant la production de plantes en pépinière, puis leur commercialisation auprès des visiteurs (le client, via une application Terra Botanica, saisira le code-barres de la plante désirée, laquelle lui serait livrée à domicile une fois la commande passée, ou disponible pour retrait l'heure suivante à un endroit du parc).

 

Nous nous rendons au spectacle « A l'épreuve des extrêmes », un film surprenant qui nous révèle, grâce à la projection d'hologrammes, comment certaines plantes parviennent à s'adapter pour résister à des conditions climatiques extrêmes. Et de poursuivre notre visite en pénétrant dans quatre serres reconstituant une reproduction fidèle des quatre climats extrêmes et de leur environnement.

Autre attraction à ne pas manquer : Le Trésor de La Pérouse. L'attraction est formée par les cales d'un galion d'époque, avec tangage simulé, maquette que sommes invités à visiter en traversant plusieurs scènes de vie reconstituées avec effets spéciaux, rebondissements et émotions destinés à nous plonger dans l'odyssée d'un équipage à la recherche de La Pérouse. Une occasion de plus pour revivre les grandes explorations des botanistes et des aventuriers du 18è siècle dont deux Angevins célèbres : Aristide et Louis-Marie Aubert du Petit-Thouars, partis quelques années plus tôt à la conquête de deux navires mystérieusement disparus, découvrent lors de leur périple d'inestimables trésors botaniques.

Un petit tour s'impose également au jardin des dahlias, situé juste à côté du parcours de l'Insolite, au milieu des champs de verdures et à la rencontre de « phénomènes » naturels. J'apercevrai bien sûr le Mammouth végétal, qui se tient non loin de l'univers des Origines de la Vie. Présent depuis 2019, l'animal ancestral est animé et mesure quatre mètres de haut (pour six mètres d'envergure). Ne vous en approchez pas trop car vous pourriez bien être surpris. Ce qui me surprendra le plus, c'est d'apprendre que l'Anjou abrita vers – 30 000, mammouths et rennes, avant de laisser la place aux sangliers et aux cerfs, à la fin de la période glaciaire (vers -10 000).

Durant notre balade, nous croiserons le « Voyage en coquille de noix », un bon moyen pour flirter avec la cime d'arbres légendaires et mieux appréhender leurs essences. Et puis, près de l'entrée du parc, il nous sera donné d'admirer l'Oasis, la plus grande structure en bambous d'Europe. D'une hauteur de sept mètres, et d'une superficie de 600 m2, cette œuvre nécessitera sept tonnes de bambous en provenance majoritaire du sud de l'hexagone. Comme on peut s'en rendre compte, l'ouvrage consiste en un tissage de plus de 1300 cannes de bambous, afin de créer un espace de rencontres entièrement végétal.

La journée passe extrêmement vite à Terra Botanica, et je considère cette expérience comme très enrichissante, même si je déplore deux choses : l'absence d'un accès wifi gratuit à l'intérieur du parc (accès qui serait pourtant fort utile compte tenu de la mauvaise couverture locale du réseau téléphonique) et l'absence de fontaines d'eau le long de cheminements (ce qui peut s'avérer dangereux en cas de fortes chaleurs). La valeur ajoutée de Terra Botanica réside avant tout dans la qualité de son personnel, la richesse des attractions présentées et la propreté de l'endroit.

 

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