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Les Héros de la France éternelle - Charlemagne
(5) (France)
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Jeudi 5 novembre 2020

 

Charles 1er, ou Charles le Grand, c'est surtout sous le nom de Charlemagne que l'on connait le petit-fils de Charles Martel et fils de Pépin le Bref. L'homme sera à la fois roi des Francs et Empereur, c'est dire si le personnage occupe une place de choix dans la mémoire des Français. Roi guerrier,Charlemagne agrandira de façon notable son royaume en guerroyant par tous les moyens pour former le « Saint Empire romain » destiné à succéder à l'empire carolingien. En revanche, et contrairement aux idées reçues, Charlemagne n'inventa pas l'école, celle-ci étant apparue bien avant lui.

 

Le règne du roi des Francs se fera d'abord dans la continuation de celui de son père, Pépin le Bref. Il poursuivra tout naturellement les alliances avec l'Eglise, intensifiera la lutte contre les Païens, les Lombards et les musulmans puis adaptera sa politique à l'évolution de la société. Les relations diplomatiques seront développées avec l'empire byzantin et le Califat abbasside de Bagdad. Le souverain victorieux combattra les Lombards en Italie et se fera couronner « roi des Lombards » après les avoir vaincu en 774. Il affrontera aussi les musulmans d'Al-Andalus. L'armée de Charlemagne est alors constituée de 10000 à 40000 hommes libres ayant le droit et le devoir de participer à la guerre, c'est à dire tous les ans, excepté en 790 et en 807. Les forces mobilisées se partageaient entre la cavalerie lourde, la cavalerie légère et l'infanterie. A noter que Charlemagne disposait aussi d'une garde rapprochée destinée aux opérations urgentes.

La consolidation et l'extension du territoire nécessiteront de nombreuses opérations militaires au cours des trois premières décennies:intégration des duchés d'Aquitaine et de Bavière, conquête du royaume des Lombards, de la Saxe et de quelques territoires espagnols, dans les possessions byzantines et des les pays slaves, et enfin des expéditions contre les Avars (cavaliers nomades huns, turcs et mongols) et les Bretons (Celtes). Concernant l'Espagne, il faut souligner que les musulmans n'avaient plus menacé la Gaule depuis la défaite de Poitiers (sous Charles Martel). Quant à l'arrière-garde qu'ils avaient laissé à Narbonne, Pépin le Bref l'avait refoulé. Et l'Emirat de Cordoue de se tourner désormais vers le sud et ses établissements islamiques proches de la Méditerranée. L'islam sera alors à l'origine de nombreux apports en matière de science, d'art, d'industrie et de commerce (Cf https://www.leglobeflyer.com/reportage-2-747-le-muse-vivant-dal-andalus-cordoue-andalousie-espagne.html), des progrès qui furent plus tard accompagnés de querelles politiques et religieuses, ce qui contraindra bientôt Charlemagne à franchir les Pyrénées : l'empereur accueillera en 777, en Saxe, des émissaires de plusieurs gouverneurs musulmans d'Espagne, dont Suleyman ibn al-Arabi qui s'engagera à permettre aux Francs de s'emparer de la ville de Saragosse. Et Charlemagne de partir en expédition l'année suivante avec deux armées, mais les choses ne se passeront pas comme prévu une fois arrivé à Saragosse (ville alors tenue par les loyalistes, contre toute attente). Menacées d'une intervention de l'émir de Cordoue, les troupes franques rebrousseront chemin, mais l'arrière-garde de Charlemagne subira un sérieux revers face aux Vascons, notamment lors du passage du col de Roncevaux, où Roland trouvera la mort.


 

Réformateur, Charlemagne sera soucieux d'orthodoxie religieuse et de culture et protègera les arts et les lettres en confiant au moine anglais Alcuin, son plus proche conseiller, le soin d'occuper le poste de ministre de l'instruction publique (le premier du genre) et d'instruire les jeunes nobles du palais d'Aix-la-Chapelle : grammaire, rhétorique, calcul, astronomie... seront ainsi organisés en matières et le clergé aura dans le même temps la charge d'ouvrir des écoles dans tout l'empire, sur le modèle de la capitale. Ce volontarisme contribuera grandement au renouveau culturel de la « renaissance » carolingienne.

 

Revenons quelques instants sur le contexte géopolitique de l'époque : la chute du royaume wisigoth lors de l'invasion de l'Espagne par les Sarrasins (peuples de confession musulmane) aura pour conséquence de pousser de nombreux intellectuels et ecclésiastiques à rejoindre la cour de Pépin le Bref (père de Charlemagne). Des personnages comme Théodulf d'Orléans ou Benoit d'Aniane dispenseront ainsi leurs connaissances aux Carolingiens, un apport culturel qui sera complété par le monachisme en fort développement depuis le 6è siècle à l'exemple de l'Irlande qui sera le siège d'un vie intellectuelle intense. Cette poussée monastique et la diffusion de l'écriture permettront une plus grande circulation des savoirs et de nombreux érudits afflueront bientôt à la cour de Charlemagne, depuis toute l’Europe. Le moine Alcuin (lequel, venu d'Angleterre en 782, participera au renouveau biblique, après avoir lui-même écrit sa propre Bible) instituera une école palatine pour former les futures élites laïques et religieuses du royaume. Théodulph d’Orléans (venu d'Espagne) fera valoir ses talents de poète et de théologien, tout comme Pierre de Pise, lettré italien, Paul Diacre (qui enseignera le grec aux clercs) ou Eginhard (historien et biographe de Charlemagne). Quant à Benoit d'Aniane, il sera à l’origine de la réforme religieuse en Aquitaine et de l'unification de la liturgie (en 817). Notre homme formera des centaines de moines qui essaimeront ensuite dans tout l'empire pour diffuser la règle bénédictine.

Charlemagne imposera l'écriture comme moyen de diffusion de la connaissance tout en promouvant la poésie. Il encouragera les évêques à améliorer l'instruction des clercs et la diffusion des véritables règles du chant. L'étude des livres saints et des lettres antiques sera également mise à l'honneur. Et de favoriser aussi l'étude de certains auteurs de l'Antiquité, tout en ordonnant dans le même temps la création d'une école destinée aux enfants laïcs dans chaque évêché.Toutes ces mesures conduisant à un renouveau de l'activité intellectuelle et finalement à cette renaissance carolingienne exclusivement ecclésiastique et chrétienne qui ne conçoit alors l'étude qu'à des fins religieuses.

 

Une (fausse) idée reçue prétend que le roi des Francs aurait inventé l'école. A tort, car cette institution existait déjà dès l'Antiquité, sous une forme embryonnaire, il est vrai. L'Egypte antique inculquera une première écriture commune (hiératique) à une élite très minoritaire occupant des fonctions administratives et religieuses. Puis la Grèce antique franchira une nouveau seuil d'enseignement avec la diffusion de matières nouvelles (littérature, la guerre et le sport) destinées à former à la fois le corps et l'esprit des jeunes gens issus de familles aristocratiques. La Rome antique s'inspirera directement de ce modèle.

Charlemagne, lui, s'efforcera également d'instruire son administration, en formant ses fonctionnaires laïcs à l'école de l'Eglise. Et les agents de l'Etat d'être formés à la grammaire et à l'écriture grâce aux méthodes du clergé, son idéal étant alors d'organiser son empire sur le modèle de l'Eglise, à partir d'un personnel constitué d'hommes instruits et éduqués de la même façon, et se servant du latin comme langue administrative à travers le royaume. Les scriptoria (ateliers d'écriture) se démultiplieront dans les abbayes carolingiennes (Saint-Martin de Tours, Corbie...), encouragés par l'invention d'une nouvelle écriture, la Minuscule caroline, plus lisible car séparant les mots les uns des autres et formant mieux les lettres. C'est Alcuin qui mit au point cette nouvelle écriture, à la demande de Charlemagne et dans le but d'uniformiser les écritures régionales et de remplacer l'écriture mérovingienne par une écriture plus facile à déchiffrer et à rédiger dans tout l'empire.

L'empereur sera aussi sensible à la poésie et l'homme apparaitra d'ailleurs dans plusieurs chansons de geste (comme dans la Chanson de Roland), de longs poèmes versifiés. On retrouve aussi son image dans des enluminures, où il est représenté dans la scène de couronnement, en tant que guerrier et défenseur de la Chrétienté. Enfin, l'art préroman apparaitra sous le règne de Charlemagne et un grand nombre de cathédrales seront construites à cette époque dans tout le royaume. Certaines d'entre elles reprendront au passage le plan hexagonal des églises d'Orient.


 

Autre caractéristique de Charlemagne : il a plusieurs visages et apparaît même comme le « Père de l'Europe » pour avoir assuré le regroupement d'une partie notable de l'Europe occidentale, sans parler des principes de gouvernement dont hériteront les Etats européens. L'histoire se souviendra du Charlemagne de la société vassalique et féodale, celui de la Croisade et de la Reconquête, l'inventeur de la Couronne de France et de la couronne impériale, le Charlemagne saint de l'Eglise et celui des écoliers.

Disposant de ressources limitées, Charlemagne s'appuiera sur l'aristocratie à laquelle il imposera un serment de fidélité semblable à celui des vassaux. Les ressources du pays reposent alors sur le trésor impérial alimenté par le butin de guerre (source de revenu aléatoire) et les revenus des domaines appartenant à la dynastie (rentrées régulières). L'empire, organisé en de grandes circonscriptions (elles-mêmes divisées en comtés) reposait sur l'action conjuguée des envoyés spéciaux (missi dominici), des laïcs et des ecclésiastiques pour sa gouvernance. L'argent étant le nerf de la guerre, Charlemagne développera les monnaies en argent (qu'il généralisera en 781) qui feront date puisqu'elles resteront en usage en Europe jusqu'à l'adoption du système métrique, et en Grande-Bretagne jusqu'en 1971.L'unité de valeur est alors la livre, divisée en vingt sous (un sou équivalant à douze deniers). Sous son règne, des mesures seront prises afin d'encourager le commerce et les échanges (entretien des routes, organisation de foires...) tout en encadrant les prix et en interdisant l'exportation des armes.

Le modèle économique franc basé sur la guerre devenant moins viable, les campagnes militaires se feront de plus en plus rares à partir de 800. L'agriculture, elle, reposera sur une main d'oeuvre servile mais peu productive, d'autant plus que cette main d'oeuvre d'hommes libres choisira de déposer les armes pour travailler la terre, lorsque cela s'avèrera plus rentable. Et ces hommes de confier leur sécurité à un protecteur contre ravitaillement de ses troupes ou de sa maison. Les esclaves seront quant à eux transformés en « serfs » placés sous l'autorité d'un seigneur et auquel ils verseront une redevance. Deux populations cohabiteront ainsi : les hommes libres et les esclaves.

Charlemagne s'éteindra à Aix-la-Chapelle le 28 janvier 814, suite à une affection pulmonaire. De son vivant, l'empereur transmettra la couronne impériale à son seul fils survivant, Louis (puisque Pépin d'Italie perdra la vie en 810, et le cadet, Charles, en 811), mais ne se préoccupera pas réellement de ses funérailles. Et d'être inhumé dans une fosse de la Chapelle palatine, le jour même et lors d'une simple cérémonie mortuaire s'étant tenue dans la cathédrale d'Aix-la-Chapelle. Au lendemain de sa disparition, Charlemagne nous laisse un vaste empire délimité à l'ouest par l'océan Atlantique (excepté la Bretagne), par le fleuve Ebre (Espagne) et le fleuve Volturno (Italie) au sud, par la Saxe et la rivière Tisza, les contreforts des Carpates et l'Oder à l'est et la Baltique, le fleuve Eider, la Mer du Nord et la Manche au nord. Sacré Charlemagne !

 

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