Revoir le globe
Top


Insolite Buenos-Aires
(10) (Argentine)
Heure locale

 

Mardi 18 mai 2021

 

Le dixième épisode de ce Buenos-Aires insolite me conduit cette fois du côté du quartier de Palermo. Le temps ensoleillé se prête à la promenade et Palermo est l'endroit idéal pour me mettre au vert. L'endroit, situé au nord de la ville, forme l'un des 48 quartiers de la capitale argentine et représente pas moins de 15 km2 de superficie (Palermo est d'ailleurs le quartier le plus étendu de Buenos-Aires). Ce quartier, aux rues très arborées, est surtout résidentiel et abrite de nombreuses résidences élégantes de classes moyennes et supérieures. L'autre caractéristique du lieu est constituée par Los Bosques de Palermo (le bois de Palermo), un vaste ensemble de jardins botaniques, lacs et espaces verts dans lequel je vais me promener aujourd'hui.

 

Précisément dans ce quartier vert de la capitale portègne, je vais m'arrêter quelques instants Plaza Sicilia, sur l'Avenue Sarmiento (entre les avenues Figueroa Alcorta et Libertador) afin d'admirer l'unique monument au monde dédié au petit chaperon rouge. Du moins, c'est ce que prétendent les gens d'ici, probablement par chauvinisme car il existe bel et bien des sculptures similaires en Australie, en Allemagne, en Espagne et en Russie. Personnage mythique de la littérature enfantine, le Petit Chaperon rouge (auquel des badauds qui ne manquent pas d'humour ont rajouté du rouge à lèvres sur la bouche du personnage!) possède sa statue à Buenos-Aires. Celle-ci, sculptée en marbre blanc par le Français Jean Carlu, fut acquise par la ville en 1937.

L'oeuvre fut à l'époque installée sur La Place Lavalle (quartier Tribunales), avant d'être transférée sur son emplacement actuel, au cours des années 1970. On peut ainsi admirer la célèbre petite fille aux cheveux bouclés, vêtue de sa cape et de son chaperon, son panier d'osier à la main..Le loup, lui , se tapit à ses côtés, une posture qui surprend souvent les promeneurs. Malheureusement, l'oeuvre de Jean Carlus fut dans le passé la cible de vandales et la sculpture dut être restaurée en urgence, le petit chaperon étant devenu méconnaissable et le loup, mutilé d'une oreille. Sachez que la capitale argentine abrite également la ruelle Caperucita (du petit chaperon) dans le quartier de Chacabuco. Cette minuscule rue n'est longue que du pâté de maisons qu'elle longe et se trouve entre la rue Picheuta et l'avenue del Barco Centenera (à hauteur du N°1650).

 

Non loin de là s'élève un petit arbuste depuis le début du 19è siècle : l'arbre surnommé « L'arôme du pardon ». Cet arbuste aurait été planté à cet endroit par Manuelita, la fille de Juan Manuel de Rosas, gouverneur de la Province de Buenos-Aires de 1829 à 1832 et de 1835 à 1852. A l'époque, Manuelita était très amie avec Camila O'Gorman, une jeune fille de bonne famille qui s'amourachera d'un prêtre avec lequel elle s’enfuira. Après s'être sauvée, Camila adressera une lettre à Manuelita afin qu'elle interfère auprès de son père gouverneur pour que les fugitifs ne soient pas poursuivis. En apprenant la nouvelle, Jean Manuel de Rosas était dans une telle colère qu'il ordonna l'exécution des deux fuyards, alors que Camila était enceinte de huit mois. On dit que c'est à l'ombre de cet arbre que les deux amies s'asseyaient pour discuter en buvant du maté. En 1974, il fut décidé de clôturer l'arbre en question et d'y apposer une plaque commémorative.

 

Toujours à Palermo, je me rends maintenant au Jardin japonais de Buenos-Aires. Celui-ci fut aménagé dans le parc 3 de Febrero en 1967, à l'occasion de la visite en Argentine du Prince héritier de l'époque Akihito. Ce parc représente ici un îlot de verdure inespéré au milieu d'une zone où la circulation est relativement dense. C'est en quelque sorte un petit morceau du Japon en Argentine, et quelques instants me suffisent pour être replongé dans l'ambiance nippone puisque l'endroit est géré par des Japonais. A l'entrée, il est demandé aux visiteurs de s'acquitter d'un modeste droit de visite (cet argent servant à l'entretien du jardin) tandis qu'une sonorisation extérieure diffuse de la musique japonaise. Un plan des lieux permet d'apprécier l'ensemble des attractions offertes : centre d'activités culturelles,, restaurant, vivier, boutique, cascade d'eau...et la cloche de la Paix (ci-dessous).

Située à seulement quelques mètres du fameux pont rouge taiko-bashi, qui mène à la traditionnelle Île des Dieux, la cloche de la Paix est protégée par une structure de bois haute de presque cinq mètres dont il est interdit de s'approcher sans autorisation. Il n'existe qu'une quinzaine d'exemplaires de cette cloche à travers le monde et ladite cloche porte le nom de Tsuri-Gane au Japon et utilise un manche en bois pour la faire tinter, contrairement à Buenos-Aires où la cloche ne sonne que deux fois par an : une première fois le 21 septembre, comme toutes les autres cloches de ce type sur la planète, pour célébrer le Jour international de la Paix, puis pour marquer la fin de l'année et l'arrivée de la nouvelle. Cette dernière fête vient d'une ancienne tradition bouddhiste qui veut que 108 coups de cloche résonnent à cette occasion. Pourquoi 108 ? Parce que le bouddhisme estime que l'homme est coupable de 108 péchés, et que chaque tintement de cloche lui permet de les reconnaître puis de s'en débarrasser.

Par ailleurs, la Cloche de la Paix est ornée de médailles et de pièces de monnaie provenant de plus d'une centaine de pays. L'objet fut inauguré en février 1998 pour célébrer l'anniversaire de la signature du traité d'amitié entre l'Argentine et le Japon.

 

Ma promenade dans ce jardin japonais est très agréable et je fais le tour du lac central qui accueille de grosses carpes habituées à l'affluence des visiteurs et qui viennent quémander un peu de nourriture. J'aperçois également un Ishidoro, une grosse lanterne de pierre japonaise. Cet objet est venu tout droit de Corée et de Chine durant la période Asuka et fut d'abord utilisé comme lumière votive à l'intérieur des temples, puis plus tard dans les sanctuaires. La lumière de la lanterne symbolise le savoir bouddhiste, c'est à dire l'éclat lumineux qui permet à l'homme de sortir des ténèbres de l'ignorance. De nombreux sutras bouddhistes encouragent l'offrande de cette lumière contenue dans la lanterne, comme offrande à Buddha. La période Asuka (538-645 après J.C) correspond quant à elle à l'introduction du bouddhisme au pays du soleil levant. Le trajet maritime qu'effectuaient alors certains artisans coréens (la Corée était à cette époque sous domination chinoise) pour venir s'installer au Japon était hasardeux et risqué, mais ces migrants apportaient avec eux leur art et leur savoir-faire. Les Japonais les accueillirent et leur firent ériger le premier temple bouddhiste au Japon, le temple Asuka de Nara.

 

Les jardiniers en herbe ou tout simplement les amateurs de plantes apprécieront les nombreuses plantes japonaises dans ce parc, parmi lesquelles le sakura, l'Acer Palmatum et les azalées. L'art du jardin équivaut pour nos amis japonais à une peinture dans laquelle chaque élément à son importance. Le but étant de reproduire dans un espace restreint des paysages variés. Et le jeu de perspectives d'être primordial pour le rendu final. Le jardin japonais portègne utilise cette technique afin de reproduire tout à la fois lac, montagne, rivière et forêt. Et de me donner l'impression de me trouver au milieu d'un Japon miniaturisé.

INFOS PRATIQUES :

  • Sculpture du Petit Chaperon rouge, Plaza Sicilia, Bois de Palermo. Sur l'Avenue Sarmiento (entre les avenues Figueroa Alcorta et Libertador).
  • Arbre « l'arôme du pardon », Plaza Sicilia, Bois de Palermo, Avenue du Libertador et Sarmiento.

  • Jardin japonais,Avenue Casares 3401, Palermo, à Buenos-Aires. Ouvert tous les jours de 10h00 à 18h00. https://jardinjapones.org.ar/

  • Cloche de la Paix, visible au Jardin japonais, Avenue Casares 2966, à Buenos Aires.








 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile