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Les Héros de la France éternelle - Hugues Capet
(10) (France)
Heure locale

 

Lundi 28 juin 2021

 

Fils de Hugues le Grand, Hugues Capet est l'héritier des puissants Robertiens, lignée en compétition avec la dynastie carolingienne et les grandes familles aristocratiques de Francie aux 9è et 10è siècles. Il est aussi le premier roi à ne plus utiliser la langue germanique au profit de l'ancien français (provenant du roman). Cette période de fin du 10è siècle correspond au commencement d'une révolution économique et sociale qui connaitra son apogée vers 1100, un climat favorable qui profitera à Hugues Capet, lequel bénéficiera de l'oeuvre politique de son père.

 

Hugues Capet serait né au Château de Dourdan, vers 940-941. Il n'est qu'adolescent lorsque son père, Hugues le Grand, meurt en 956. La compétition pour le pouvoir donne une nette avance aux Robertiens via le jeu des alliances et aussi par la domination de nombreux territoires. Le père d'Hugues Capet, duc des Francs, sera enfin à la tête d'évêchés et d'abbayes puissantes, d'où proviendrait d'ailleurs le surnom de « Capet » (en référence à la cappa, cape de Saint-Martin de Tours). A son tour, Hugues Capet va se voir confronté au pouvoir. Jeune et inexpérimenté, il est sous la tutelle de son oncle ottonien, Brunon de Cologne, tutelle dont le futur roi parviendra à se libérer grâce à l'Eglise..Après avoir été duc des Francs de 960 à 987, Hugues Capet est élu puis sacré roi des Francs en 987, ce qui met un terme à la dynastie des Carolingiens. Sa relative faiblesse facilitera son accession au trône car il paraitra peu menaçant aux yeux des grands vassaux, ce qui ne l'empêchera pas, une fois sacré, d'imposer sa propre conception du royaume, aidé en cela par l'Eglise, de renouer ainsi avec les principaux évêques et de se rapprocher de l'aristocratie en s'alliant avec des princes territoriaux et en renforçant ainsi son trône.

 

En tant que premier Capétien, notre homme mettra toute son énergie à créer une dynastie en consolidant son pouvoir et en s'appuyant sur son fils, Robert le Pieux. Cette dynastie capétienne règnera sur notre pays jusqu'à la ...révolution française, puis de la Restauration à 1848. C'est dire ! Sans compter les lignées de souverains que cette dynastie donnera à l'Espagne, l'Italie, au Luxembourg, à la Hongrie, au Portugal et au Brésil.

Nous l'avons vu plus haut, l'an 1000 connait un renouveau économique dont l'apogée se fera nettement sentir aux 12è et 13è siècles. Au milieu du 10è siècle apparaît une croissance agraire et la paysannerie parvient à produire mieux et plus. La connaissance des sols augmente, les labours s'adaptent en fonction des terrains, l'assolement triennal est introduit et l'on assiste à une hausse des défrichements afin d'augmenter les surfaces cultivables. La charrue à soc dissymétrique apparaît, au même titre que le fossé de drainage et l'irrigation.

La monnaie d'argent redevient populaire et le fameux denier permet l'introduction de millions de producteurs et de consommateurs dans le circuit commercial. Du coup, les paysans revendront facilement leurs surplus et produiront davantage que le strict nécessaire. On assiste progressivement à la multiplication de marchés et d'ateliers de frappe de monnaie (sous Hugues Capet, on se fiera au poids de la pièce pour en déterminer la valeur) tandis que les propriétaires (ecclésiastiques ou laïcs) fournissent des charrues et investissent dans des équipement plus productifs (moulins à eau, pressoirs à huile ou à vin) et redécouvrent les capacités de l'énergie hydraulique. D'où l'augmentation du rendement des terres cultivées (pouvant atteindre six pour un) qui aura pour conséquence de dégager de la main d'oeuvre pour d'autres activités. La société carolingienne, elle, laisse peu à peu la place aux paysans libres (notamment dans le Midi) alors que la seigneurie banale et l'usage des coutumes font leur apparition.

 

Durant le règne de Hugues Capet intervient un renouveau spirituel : les 9è et 10è siècles seront sources de désordre dans l'Eglise et verront un relâchement de la discipline monastique et une baisse du niveau culturel des prêtres. En revanche, les rares monastère ayant conservé une rigueur irréprochable acquerront une grande autorité morale et recevront d'importantes donations. Le choix des abbés s'orientera, lui aussi, vers des hommes d'une grande intégrité. Et certains monastères d'acquérir leur autonomie, à l'image de l'abbaye de Cluny qui connaitra un développement et une influence remarquables sous la férule d'abbés dynamiques comme Odon ou Maïeul (ami personnel de Hugues Capet) en recrutant une bonne partie de ses membres dans la haute aristocratie. Ces monastères constituent aussi le fer de lance du mouvement de réforme monastique.

A la même époque, la féodalité fait peau neuve : la transmission héréditaire de terres et de charges devient la règle et l'armée devient plus mobile (apparition de châteaux en bois et de mottes castrales vers l'an mille). Et de nouvelles coutumes de voir bientôt le jour avec le château comme nouveau signe d'autorité.

 

Lors de son sacrement à Reims, Hugues Capet a déjà une préoccupation, qui est celle d'assurer la survivance de la dynastie capétienne. Il tente d'abord de convaincre l'archevêque Adalbéron de faire sacrer son fils Robert le Pieux. En vain dans un premier temps. Puis, Hugues reçoit un appel au secours du comte de Catalogne qui est envahi par Al Mansour et son armée. Mis devant le fait accompli, l'archevêque accepte finalement de sacrer Robert le 25 décembre 987. Désormais, la gouvernance du royaume est une histoire de famille et Robert assistera son père pour ce qui concernera les questions militaires et religieuses. Cette collaboration sera bénéfique car Hugues Capet devra affronter de nombreux opposants tout au long de son règne, dont Charles de Lorraine. Par ailleurs, les habitudes carolingiennes subsisteront encore durant ce premier règne capétien et les Catalans seront les premiers à rejeter la légitimité de Hugues Capet, par fidélité aux Carolingiens qui les avaient sauvé des hordes musulmanes. Un règne somme toute bien court puisque Hugues Capet, qui aurait déjà été souffrant dès l'été 996, serait mort de la variole fin novembre de cette même année .Et le roi défunt d'être aussitôt transporté à l'abbaye de Saint-Denis.

Comme ses prédécesseurs, Hugues Capet se fera appeler roi des Francs, confortant ainsi l'idée qu'il est le roi d'hommes libres plutôt que d'une nation dont les territoires sont situés au nord de la Loire. En fait, à la suite de son couronnement, le roi ne récupérera qu'un petit territoire dont il fera un domaine royal (son voisin le duc de Normandie sera plus riche que lui en terres et en hommes), un territoire alors dominé par Paris et Orléans. Le souverain dispose également d'abbayes, dont une à Saint-Martin de Tours, Saint Benoit sur Loire, Saint Maur des Fossés, Saint Germain des Prés et Saint-Denis.

 

Bien que capétien, le roi demeurera très « carolingien » dans certains de ses comportements. Par exemple en associant son unique fils à la couronne, en maintenant dans son entourage d'une monarchie franque ou en faisant confectionner un manteau royal à la demande de la reine Adélaïde. Et Hugues Capet d'apparaitre comme un « roi guerrier », mais aussi comme l'intermédiaire entre les clercs et le peuple. Dès la fin du 10è siècle, on assiste à un nouvel essor culturel avec entre autres l'évolution du paysage monumental et la naissance d'un art préroman (différent de l'art carolingien). Ainsi le roi poursuit-il la construction du monastère Saint-Magloire (Paris) tout en érigeant quelques chapelles (à Senlis et à Argenteuil). Les sanctuaires, eux, sont rebâtis ou agrandis (Beauvais et Reims). La même évolution est observée dans les centres urbains qui se développent aussi, comme à Tours (quartier Saint-Martin), à Châteaudun ou à Paris.

Hugues Capet ne délaisse pas pour autant l'Eglise avec laquelle il entretient de bonnes relations en se liant d'amitié avec Maïeul de Cluny et en faisant montre de dévotions lors des cérémonies religieuses et durant la réforme monastique. Un soutien toutefois mesuré pour éviter de déplaire aux Ottoniens. Et une discrétion qui sera récompensée car, malgré un pouvoir relativement faible, le roi parviendra à obtenir suffisamment de soutiens pour transmettre héréditairement sa couronne malgré la puissance des Ottoniens. En revanche, la ré-instauration d'un pouvoir plus fort passera par la « Paix de Dieu », celle-ci s'employant à fonder peu à peu une société à trois ordres (dont le clergé, bientôt référent culturel, s'imposera dans l'exercice du pouvoir).

INFOS PRATIQUES :

  • Livre « Hugues Capet et les premiers Capétiens (987-1180)» d'Olivier Guillot (Editions Tallandier).









 



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