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La Cité du Train
(Mulhouse, Haut-Rhin, France)
Heure locale

Lundi 12 juillet 2021

 

C'est à un musée d'exception que je vous amène aujourd'hui. Anciennement Musée Français du Chemin de Fer, La Cité du Train-Patrimoine SNCF de Mulhouse (68) nous transporte dans le monde ferroviaire de notre pays, plus grand musée de ce genre en Europe. 2021 est par ailleurs une année faste puisqu'on fête cette année le cinquantième anniversaire de ce lieu qui abrite la seule collection entière de l'histoire des chemins de fer français et est chargé de conserver les principales pièces du patrimoine historique de la SNCF, sur 60000 m2.

 

L'aventure commence par la cession d'un terrain par la ville de Mulhouse (Haut-Rhin) pour permettre à la SNCF d'exposer aux yeux du public engins et matériels représentatifs de l'histoire du transport ferroviaire français. C'est en effet en 1961 que le transporteur décide de regrouper les matériels préservés puis de publier le catalogue «Chemins de fer d'hier pour un musée ferroviaire français ». Il faudra l'initiative conjuguée de deux passionnés du rail, l'industriel Jean-Mathis Horrenberger et l'expert en histoire ferroviaire Michel Doerr, pour que naisse dix ans plus tard le musée français du Chemin de fer (actuelle Cité du Train, depuis 2005).

Que de chemin parcouru en cinquante ans ! Les Français aiment assurément le train puisqu'on compte à ce jour 5 600 000 visiteurs accueillis au musée depuis son ouverture en 1971. La surface totale d'exposition de 60000 m2 permet d'accueillir 138 matériels roulants, grâce à la bienveillance de 14 salariés (épaulés par 40 bénévoles actifs) qui gèrent le musée au quotidien.

 

Michel Doerr, à qui l'on doit le catalogue cité plus haut retiendra l'attention du jeune industriel Jean-Mathis Horrenberger. A l'époque, plusieurs villes françaises se portent candidates pour abriter le futur musée mais Mulhouse remportera la mise en 1969. Cette même année, est fondée l'Association du Musée Français du Chemin de fer qui sera chargée de développer le musée. La détermination des décideurs et industriels locaux, et le fait que Mulhouse fut une ville pionnière en matière de chemin de fer, joua certainement en faveur de son élection. C'est effectivement depuis cette ville que la première liaison par voie ferrée en Alsace vit le jour au printemps 1966, au même titre que la première ligne ferroviaire internationale entre Strasbourg-Bâle, et Mulhouse d'être finalement choisie pour accueillir en son sein l'une des plus grandes usines de locomotives.

Le 3 juillet 1971 était inauguré le Musée Français du Chemin fer, et le président de la SNCF de l'époque, André Ségalat, de déclarer lors de son allocution : «ce Musée définitif devra recueillir autre chose que des locomotives à vapeur ; les premiers échantillons de la traction électrique et de la traction thermique auront terminé leur service à point nommé pour y entrer. Et la puissante CC qui se trouve devant la rotonde deviendra à son tour, une pièce historique comme le sera aussi, un jour, le turbotrain. La vision du passé nous engage à nous interroger sur l’avenir. Un remarquable congrès traitait récemment de l’état de la technique de l’an 2000. Il concluait que la population du monde atteindrait six milliards d’habitants, que l’énergie, sans être rare, devrait être ménagée, que cette énergie serait produite à 85% sous forme d’électricité, que la défense contre les pollutions deviendrait un souci constant et que les besoins de transport ne feraient que croître. Or, le Chemin de fer est un transporteur de masse, très économe en énergie, qui s’accommode particulièrement bien de l’énergie électrique et qui n’est pas polluant ».


 

Le plus dur reste à faire, lorsqu'en 1974, la ville se lance dans la construction d'un bâtiment sensé abriter la collection des matériels du patrimoine SNCF. Une première tranche de travaux (comprenant six voies d'exposition de 860 mètres) démarre le 29 juin de cette même année et aboutit à l'ouverture du site deux ans plus tard, avec la présentation de 52 matériels roulants. 1982 verra le début d'une deuxième tranche de travaux (avec l'installation d'un pont tournant et d'un chariot transbordeur) incluant la construction de six autres voies d'exposition. Puis, d'autres travaux auront lieu régulièrement jusqu'à offrir la surface d'exposition actuelle.

Entreprise de longue haleine, La Cité du Train retrace désormais une part de l'histoire nationale et de notre mémoire collective à travers sa riche collection de matériels roulants, de maquettes, d'objets ferroviaires, d'affiches et d'objets d'art. Et les visiteurs de retrouver cette histoire ferroviaire qui façonne nos paysages et nos modes de vie depuis maintenant deux siècles.

Souvenez-vous des propos d'André Ségalat, en 1971, qui souhaitait que le musée ne soit pas uniquement dédié aux locomotives à vapeur. Ces dernières ouvrent le bal du fantastique patrimoine ferroviaire exposé ici : on peut admirer une trentaine de machines ayant officié de 1844 à 1950 et presque exclusivement sur le site de Mulhouse. Plus d'une trentaine de locomotives électriques sont également mises en valeur dont la célèbre locomotive « Capitole » (BB9200 Capitole) surnommées les BB rouges, et produites en six exemplaires. Cette locomotive à grande vitesse (la première du genre à la SNCF) sera chargée de tracter les trains rapides « Le Capitole », de Paris à Toulouse et à plus de 160 km/heure (de 1967 à 1970)(ci-dessous). Les connaisseurs reconnaitront par ailleurs les autres locomotives répondant aux doux surnoms de Maurienne, Boite à sel, Biquettes, Nez de Cochon, BB Midi, Nez cassé, danseuse, Jacquemin, Sybic, Les belles vertes ou Fer à repasser.


 

Outre un tender (chargé du combustible et de l'eau nécessaire à la locomotive) datant de 1920, une douzaine de locomotives thermiques s'offrent à nos yeux, avec leurs surnoms (Nez cassés, Mouettes ou Moustaches, Plathée, Deux chevaux,Yaya les bœufs ou les bleues et Yaya ou Baldwin...comprenne qui pourra!), dont la bien nommée « Sous marin » (en photo ci-dessous) ou CC65000, premières locos diesel de ligne et de construction française, mises en service dès 1956.

Cinq locotracteurs sont aussi exposés (datant de 1916 à 1960), tout comme le turbotrain (équipé d'une turbine à gaz), un train conçu au début des années 1970 pour rouler à 200 km/heure maxi (la vitesse commerciale ne dépassera pas 160 km/heure) à une époque où le réseau français était encore peu électrifié et où la traction diesel était encore peu performante. Neuf autorails (qu'aurions-nous fait sans eux?) trouvent bien sûr leur place dans le musée sous les noms de Bugatti, Iroquois, Micheline, Renault ABJ2, Nez de cochon, Picasso, Boite à chaussures et Les 600 chevaux. On trouve même une remorque d'autorails, puis onze automotrices répondant aux surnoms de P'tit Gris, Les Zezettes, Budd et Sprague. Fourgon/Tombereau automoteurs, motrice à crémaillère et TGV qui sont aussi de la partie.

Après les locomotives, les voitures, au nombre de trente, entrent dans la danse (aux noms de Club 32, Spéciale Audiovisuelle, Corail, TEE Grand confort, TEE Inox Mistral, Salon présidentiel PR2, ou Mixte Saucisson en photo ci-dessous). Le vieux bonhomme que je suis se souvient encore avoir voyagé à bord d'une de ces voitures alors que, haut comme trois pommes, je me rendais à Rouen chez mes grands-parents. J'avais alors été marqué par la hauteur de la marche d'accès (à cause de mes petites jambes) et par la forme arrondie des fenêtres. Fourgons, wagons et autres matériels utilisés pour la construction /entretien des voies complètent cette visite très enrichissante.

 

Si, comme moi, vous aimez les trains, réjouissez-vous car 2021 est l'année du train en Europe, et la France s'apprête aussi à célébrer les 40 ans du TGV. A cette occasion, la Cité du Train inaugurera le 18 septembre prochain une nouvelle section de l'exposition permanente « Les Quais de l'Histoire », un espace dédié à la grande vitesse ferroviaire et à ses origines. Une date qui prendra tout son sens lors des Journées Européennes du Patrimoine. La rame RTG et la motrice N°61 seront bien entendu mises à l'honneur (ci-dessous en photo) et les visiteurs découvriront sur place le système TGV : spécificité des voies à grande vitesse, signalisation, infrastructures nouvelles et gares livreront leurs secrets grâce aux archives, supports audiovisuels et maquettes d'objets inédits remontées des réserves pour l'occasion. L'exposition « Kilomètre Zéro » nous invitera aussi à revivre la création de la première ligne internationale de chemin de fer par le mulhousien Nicolas Koechlin, qui reliera Strasbourg et Bâle en 1839, à travers 33 planches de bande dessinées. Et de nous rappeler que tant le rail que le TGV restent encore aujourd'hui une aventure humaine, esthétique et technologique qui révolutionna notre rapport au temps et au territoire.

La Cité du Train s'évade enfin hors les murs, avec « Le Train en fête ! » du 14 au 18 juillet 2021. Une fête qui se déroulera à Mulhouse et dans la vallée de la Doller, et pour cause : à seulement vingt minutes du musée, le train touristique Thur Doller Alsace (deuxième photo ci-dessous) célèbrera lui aussi son cinquantième anniversaire ! Tout un symbole, puisque ce train touristique, qui fit partie des premiers du genre dans notre pays, a gardé toute son authenticité au même titre que la ligne et les bâtiments d'époque remontant aux chemins de fer secondaires du début du 20è siècle à la fin des années 1960. Cette commémoration offrira de nombreuses manifestations parmi lesquelles la circulation de plusieurs matériels ferroviaires anciens, à La Cité du Train et sur la ligne de Cernay-Sentheim, une exposition, de surprenantes visites guidées, des conférences et des projections.


 

Les visites guidées de La Cité du Train restent un atout précieux du fameux musée puisqu'à travers elles, sont révélés l'un après l'autre les secrets de l'endroit :

 

  • Des ateliers au musée : des premières réflexions lors de l’Exposition Universelle et Internationale de Paris en 1900 à son ouverture en 1971, le musée invite les visiteurs à découvrir son histoire et dévoile les secrets de cette aventure humaine, esthétique et technique.

  • De la locomotive à vapeur au TGV : plongeon immédiat dans le passé avec une sélection de véhicules emblématiques ayant marqué l’histoire du chemin de fer en France, du XIXe siècle à nos jours.

  • Le chemin de fer au 19ème siècle : L’apparition du chemin de fer a bouleversé le paysage économique, social et culturel du pays. Les visiteurs embarquent ici pour un voyage dans le temps au cœur du 19ème siècle et partent à la rencontre des inventeurs et artistes de cette période particulièrement riche.

  • En voiture Simone!: Depuis 2018, la Cie Versatile invite les visiteurs à monter à bord de trains habituellement fermés au public, accompagnés de drôles de guides. De train en train, ces attachants personnages, aussi déjantés que colorés, font revivre aux visiteurs une histoire d'amour bouleversante, celle de Madeleine et Paul. Nous sommes en 1940, à Langres.

 

INFOS PRATIQUES :








 



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