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Les Héros de la France éternelle - Louis VII
(13) (France)
Heure locale

 

Lundi 27 septembre 2021

 

Deuxième fils de Louis VI « le Gros », roi des Francs, Louis VII dit « le Jeune », puis « le Pieux », régnera 43 ans en tant que sixième souverain de la dynastie des Capétiens et aura trois femmes. Louis VII n'était pas prédestiné à une carrière royale puisque c'est son frère ainé, Philippe de France, qui aurait du être adoubé. Mais l'histoire en décidera autrement et Philippe de France décèdera en 1131 des suites d'une chute de cheval provoquée par un cochon errant, laissant la voie libre à son frère, à l'origine destiné à un sacerdoce ecclésiastique, voire monastique.

 

Dès lors, six années avant le décès de son père Louis VI, le futur monarque sait ce que l'avenir lui réserve, mais on ne se refait pas, et Louis VII, être pieux et rigoureux, souffrira quelque peu de son inexpérience et de son manque de préparation à sa fonction, et prendra certaines décisions politiques inappropriées lors de son règne, en dépit des conseils de l'abbé Suger. Principal ministre de Louis VI, l'abbé restera en effet aux côtés de Louis VII le Jeune, et sera même à l'origine de la rencontre du souverain avec Aliénor d'Aquitaine en 1137. Devenu régent de la France de 1147 à 1149, lors du départ du souverain pour la deuxième croisade, l'abbé Suger se verra aussi proclamé « Père de la Patrie » lors du retour du roi au terme de ladite croisade. C'est que l'abbé Suger œuvre en faveur du renforcement de l'autorité du roi de France et aide notamment le souverain à donner des droits aux bourgeois. En effet, Louis VII doit combattre sur son propre domaine des sires rebelles et éprouve encore des difficultés à s'imposer en tant que chef en dehors de quelques fiefs. Au début du 12è siècle, l'abbé formule alors et fort judicieusement la théorie de la pyramide vassalique au sommet de laquelle il place le roi en tant que « primus inter pares » (premier entre ses pairs), considérant qu'il n'est pas dans l'ordre des choses que l'Angleterre soit soumise aux Français et vice-versa. Ayant déjà une « certaine idée de l'Etat », notre homme sera l'instigateur des « Grandes chroniques de France » qui constitueront l'histoire officielle de la monarchie et dont il rédigera le premier volume consacré à Louis VI.

 

Le caractère du jeune roi, dévot, ascétique, naïf, maladroit et mou dans ses décisions ne s'accommodera guère mieux de celui fort et sensuel d'Aliénor sa première épouse. Les dix premières années de son règne se passeront sans réelle mésentente, si ce n'est des différends entre Aliénor (nouvelle reine) et Adélaïde de Savoie (mère de Louis VII et ancienne souveraine). Et le roi d'écarter finalement sa mère de la cour tout en conservant l'abbé Suger à ses côtés. Poursuivant la politique de son père, le monarque met alors en valeur son domaine royal, rénove et transforme la basilique de Saint-Denis. Habilement conseillé, il accordera de multiples concessions aux communautés rurales, encouragera les défrichements et favorisera l'émancipation des serfs. Il prendra également appui sur les villes en leur accordant des chartes de bourgeoisie (comme à Etampes et à Bourges) ou en les encourageant ailleurs (Reims, Sens, Compiègne et Auxerre). Il soutiendra enfin l'élection d'évêques dévoués au pouvoir royal.

Nous l'avons vu plus haut, l'inexpérience de Louis VII lui jouera des tours en prenant des décisions parfois maladroites (décisions que certains mettront au crédit de la reine Aliénor, très influente sur le roi). Ainsi, Louis VII combat-il en 1138 la tentative de création de la commune autonome de Poitiers (fief de la reine Aliénor) en prenant en otage les enfants des nobles de la cité, ce qui entrainera la formation d'une ligue avec les bourgs et les villes alentours vent debout contre le pouvoir royal. Pour « couronner » le tout, Aliénor exigera (et obtiendra) le départ de l'abbé Suger du conseil, ce dernier étant intervenu pour faire renoncer le roi à sa prise d'otages. La même année, Louis VII s'oppose au comte de Champagne et au pape Innocent II. Puis, en 1141, il intervient dans le Toulousain pour faire valoir les droits de son épouse sur l'héritage de sa grand-mère, ce qui déclenchera le siège de la cité. Au final, le monarque jouera l'apaisement avec le comte de Champagne en 1143 (Traité de Vitry) et participera à la conférence de Saint-Denis pour solder une fois pour toutes le conflit avec la papauté. Mais que de temps et d'énergie perdus !

 

Pour se faire pardonner, Louis VII accepte alors de prendre part à la deuxième croisade prêchée par saint Bernard de Clairvaux. Et annonce lors du Noël de 1145 qu'il partira porter secours aux Etats chrétiens de Palestine, menacés par les Turcs. Le grand départ du roi et de son épouse a lieu le 11 juin 1147, à la tête de 300 chevaliers et d'une importante armée à laquelle se joindront au fur et à mesure des dizaines de milliers de pèlerins : Metz, la vallée du Danube, puis Constantinople (via l'Asie Mineure) quatre mois plus tard. L'expédition est toutefois marquée par une discorde entre les Français et les Germains (l'armée de l'empereur Conrad III avait rejoint le cortège de Louis VII en cours de route), qui conduira Louis VII à être battu par les Turcs en Asie Mineure et à connaître plusieurs revers en Syrie. Puis le roi rallie avec difficultés Antioche en mars 1148, alors aux mains de Raymond de Poitiers, l'oncle d'Aliénor. Ce dernier accueille chaleureusement son hôte mais déchante quelque peu lorsqu'il apprend que Louis VII a l'intention de poursuivre son voyage jusqu'à Jérusalem. C'est alors que les chroniqueurs d'alors rapportent des bisbilles entre le roi et son épouse, tandis que le couple royal poursuit sa route, atteint Jérusalem où il accomplit le pèlerinage annoncé avant d'échouer dans sa tentative de reprendre Damas.

 

Cette deuxième croisade s'avérera finalement préjudiciable à l'avenir du royaume de France et ce, pour plusieurs raisons : l'expédition, très couteuse, aura lourdement affecté le trésor royal. Sur le plan politique, l'absence deux années durant de Louis VII à la tête du pays aura lâché la bride sur les grands féodaux qui auront repris leurs aises tandis que sur le plan militaire, la croisade aura été une succession d'échecs et entrainé le sacrifice d'une partie de la chevalerie française et de l'armée. Enfin, sur les plans dynastiques, patrimoniaux, stratégiques et territoriaux, le début de rupture du couple royal risquera d'entrainer la récupération par Aliénor des fiefs apportés en dot lors du mariage. Et les craintes de se confirmer lorsque Louis VII se sépare d'Aliénor, laquelle épouse dans les deux mois le jeune comte d'Anjou et duc de Normandie, Henri de Plantagenêt, alors prétendant au trône d'Angleterre. Aliénor apporte alors sa précieuse dot à un vassal déjà plus puissant que le roi de France, sans parler des conséquences de l'extension de l'influence d'Henri de Plantagenêt qui est couronné roi d'Angleterre en 1154 (sous le nom d'Henri II d'Angleterre) et règne bientôt de l'Ecosse aux Pyrénées,et se trouve à la tête de l'Angleterre, de l'Anjou, du Maine, de la Normandie, de l'Aquitaine et de la Bretagne.

Certes, Louis VII et Henri II Plantagenêt se réconcilieront en 1158 autour de la promesse d'un mariage entre Henri le Jeune (fils d'Henri Plantagenêt) et Marguerite de France (fille de Louis VII et de Constance de Castille, seconde épouse du souverain français depuis 1154). Trêve de courte durée. Et Louis VII d'épouser Adèle de Champagne en 1160, union de laquelle naitra Philippe Auguste cinq ans plus tard, unique héritier mâle de Louis VII. C'est le 1er novembre 1179 que le roi, alors épuisé par la maladie, fera sacrer son fils, avant de s'éteindre un an plus tard. Louis VII mourra d'une cachexie paralytique (affaiblissement général de l'organisme avec dénutrition importante) dans son palais royal de la Cité à Paris.

 

Que dire du bilan de Louis VII ? Bien qu'ayant été davantage éduqué pour être clerc ou moine plutôt que roi, ce monarque aura joué un rôle important dans l'histoire de notre pays et ce, pour plusieurs raisons :

  • il consolidera le pouvoir royal dans les provinces qui étaient sous son influence tout en combattant le pouvoir féodal.

  • Il s'entourera de conseillers de qualité et promulguera des ordonnances importantes pour la gestion du royaume comme celle de la paix en 1155.

  • Sous son règne, le royaume de France se sera globalement enrichi grâce à l'augmentation de la productivité agricole, à la hausse du nombre d'habitants, au développement du commerce et de l'industrie, à l'avènement d'une renaissance intellectuelle et à la construction de châteaux forts en pierre sur tout le territoire.

  • Sous son règne, la monarchie jusque là itinérante se fixera à Paris et un embryon d'administration centrale et locale sera formé. Bien entouré, Louis VII bénéficiera de conseils politiques avisés, qu'il mettra en œuvre au sein du Conseil du roi, aidé en cela par les services centraux de la monarchie. En province, des prévôts seront chargés de collecter les revenus, de lever des contingents militaires et de rendre justice.

  • Tout comme son père, Louis VII poursuivra le mouvement d'émancipation des communes, en accordant des privilèges aux communautés rurales et en émancipant les serfs.

 

Restent les erreurs comme la rupture avec Aliénor d'Aquitaine (qui précipita celle-ci dans les bras de son rival) qui entrainera le royaume de France en position d'infériorité territoriale près d'un demi-siècle durant face à l'Angleterre. Il faudra l'action de trois rois illustres (Philippe Auguste, Louis VIII et Louis IX dit Saint Louis) pour redresser la situation. Mais çà, c'est une autre histoire !

 

INFOS PRATIQUES :

  • Livre « Louis VII, 1137-1180 : Père de Philippe II Auguste », de Ivan Gobry (Pygmalion)










 



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