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Combourg, entre Bretagne et Normandie
(Ille-et-Vilaine, France)
Heure locale

Lundi 1er novembre 2021

 

Non loin de mon village se dresse la petite ville de Combourg. Celle-ci ne se trouvant qu'à une vingtaine de kilomètres de mon domicile, j'enfourche mon vélo et pars pour environ une heure de trajet entre routes cantonales et départementales. Je m'aperçois vite que ma batterie électrique, rechargée la veille, me sera très utile car le relief traversé est plutôt valloné. J'ai préalablement entré ma destination dans Google Maps mais, loin d'être parfait, ce logiciel me conduira...dans une cour de ferme. J'en serai quitte pour rebrousser chemin et prendre la direction recommandée par la charmante fermière locale. Un peu moins d'une heure plus tard, j'atteignais la petite cité de caractère.

 

Lorsqu'on parle de Combourg, on cite immédiatement le château, forteresse dominant le lac tranquille situé en contrebas, qui occupe une place de choix parmi les attractions offertes sur place. Les tours du château se reflétant sur le plan d'eau confère un caractère romantique à cette petit ville pleine de charme. Devenue la propriété de la famille de Chateaubriand en 1761, c'est à l'intérieur de cette puissante forteresse que l'écrivain François-René passera sa jeunesse. Il faut savoir que les vicomtes installés au 11è siècle à Alet (Saint-Malo) contrôlaient alors le nord de la Haute-Bretagne et sécurisaient leurs positions à l'aide de sites fortifiés. C'est dans ce contexte que sera construit le château de Combourg, entre 1040 et 1064, pour défendre le fier épiscopal de Dol-de-Bretagne. Après la réunion de la Bretagne à la France, en 1532, la vie combourgeoise s'apaise trois siècles durant. La cité se développe dès le 16è siècle autour de l'activité de tannage liée à la création d'une chaine d'étangs capables de fournir l'énergie nécessaire à plusieurs moulins.

 

La formation du Lac Tranquille serait quant à elle liée à des circonstances légendaires : à la suite d'une querelle entre Rivallon (seigneur de Combourg) et une vieille femme, cette dernière se vengera en faisant déborder la fontaine de Margatte. Cette même pièce d'eau si convoitée par les seigneurs locaux qui en tireront de confortables revenus grâce aux moulins à eau mus par l'énergie hydraulique apparue au 13è siècle. Cet étang servira aussi de réserve alimentaire pour les alevins élevés en bassin. Dans les Mémoires d'Outre-Tombe, Chateaubriand évoque le charme et le mystère de ce lac qu'il emprunte sur sa barque au crépuscule. C'est d'ailleurs à cet écrivain que l'on doit la dénomination de « Lac Tranquille » pour parler de cet étang sur les rives duquel un parcours d'interprétation a depuis été aménagé.

En remontant du lac vers le château, j'aperçois une statue (ci-dessous), celle de Chateaubriand, une œuvre d'Alphonse Terroir, qui fut Grand Prix de Rome. Cette statue se dresse ainsi sur la place...Chateaubriand (anciennement place de l'Hospital, à cause de la présence d'ne maison de bienfaisance sur le bord de l'étang, maison qui abrite désormais l'Hôtel du Lac.

 

La trame urbaine de Combourg date en partie du Moyen Âge, d'où ces demeures en granit et en bois ainsi que certaines cours que l'on peut admirer ici et là. Autant de témoignages historiques du riche passé de la cité. La Cour du Temple (ci-dessous) en offre un parfait exemple : cette maison des Templiers dite « La Templerie » évoque la présence dans la ville de moines-soldats chargés de la défense de la Terre Sainte au Moyen-Âge. Et leur fief de devenir la propriété des Hospitaliers après l'extinction de leur ordre au 14è siècle. Désormais aménagé en restaurant, l'endroit permet toujours d'accéder le passage de « la Cour du Temple », qui mène à une cour intérieure où subsistent de nombreux éléments architecturaux des 16è et 17è siècles, comme, par exemple, des fenêtres moulurées ou des arcs en plein cintre.

Demeures en pierre et maisons à pan de bois forment un heureux ensemble qui donne tout son cachet à la petite ville. En effet, cette tradition des maisons à encorbellement (avec un étage en saillie sur le rez-de-chaussée, et un pignon sur rue) qui perdurera à Combourg jusqu'au 17è siècle, cohabitera petit à petit avec des maisons de pierre bâties, moins sujettes aux incendies. Non loin de l'office de tourisme, se dresse la maison de la Lanterne (deuxième photo) sur laquelle figure une inscription précisant que la demeure en question fut bâtie en 1597 par Perrine Jonchée, dame de la Chasse, issue d'une famille d'armateurs malouins et épouse de Jean Trémaudan. On pense que ce dernier était un représentant du seigneur de Combourg, ce qui explique l'architecture ostentatoire de la maison faisant écho au château. Jusqu'à la Révolution, les propriétaires étaient tenus d'allumer des flambeaux dans la lanterne à l'angle de la façade afin d'éclairer la foire de l'Angevine et de sécuriser la place. A noter que cette foire se perpétue tous les ans début septembre depuis...1547 !

De l'autre côté de la place Albert-Parent, se trouve « Le Relais des Princes », l'une des dernières maisons à pan de bois construite à Combourg au 16è siècle. L'endroit servit autrefois de relais de poste au carrefour des routes royales Fougères/Dinan et Saint-Malo/Rennes. L'auberge en question deviendra célèbre lorsque le marquis de Coulanges (cousin de madame de Sévigné) l'adoptera comme lieu de rendez-vous de chasse. Plus tard, au 18è siècle, la maison abritera un transport de voyageurs par diligence, alors capable d'accueillir simultanément jusqu'à quatre voitures et postillons.

 

Revenons quelques instants sur la maison de la Lanterne : à côté de celle-ci se dresse une maison qui abrite les chambres d'hôtes de la Goutte d'Or, endroit facilement reconnaissable à la peinture murale qui recouvre la façade, une fresque dédiée à Chateaubriand réalisée par le graffeur malouin, Axo Bzh. Didier Hérault, le propriétaire des lieux, a choisi de légender cette œuvre avec des mots écrits par François-René de Chateaubriand à Juliette Récamier avec laquelle l'écrivain entretiendra une longue amitié amoureuse jusqu'au terme de leurs vies. Cette œuvre picturale est symbolique car elle formalise la rencontre de deux artistes : celle de Vincent Monet (alias Axo Bzh), qui s'exprime par la peinture à l'intérieur du pays malouin (Cancale abrite également plusieurs fresques de l'artiste) et de Didier Hérault, lequel tenait à ce que la peinture murale reflète la continuité avec l'histoire combourgeoise.

 

L'église Notre-Dame est la dernière étape de mon incursion éclair à Combourg : l'édifice est situé à l'emplacement d'une première construction qui remonterait au 6è siècle et dont il ne reste aucune trace. Je suis impressionné par l'aspect monumental de ce qu'on nomme ici l'église-cathédrale, lieu de culte consacré en 1887. A l'intérieur, la chapelle absidiale accueille les reliques de saint Gilduin, fils de Rivallon, chanoine de Dol et patron des pèlerins de Chartres et des émigrés bretons. A gauche du choeur, se trouve un petit oratoire réservé à la famille de Chateaubriand bienfaitrice de la paroisse. Je remonte sur mon vélo pour rebrousser chemin en croisant certains de ces habitants autrefois surnommés « les gros chevaux ». Ce surnom viendrait du très mauvais état des chemins d'accès à la ville et que les agriculteurs utilisaient de préférence de gros chevaux de trait pour effectuer les labours.Heureusement, de nos jours les accès routiers desservant Combourg sont de bonne qualité !

 

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