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Le retour de l'Orient Express
(France)
Heure locale

 

Lundi 12 décembre 2022

 

C’est à Georges Nagelmackers que l’on doit les premiers trains de luxe Orient Express. Et cela fait 140 ans que la légende se perpétue, même s’il faut bien vivre avec son temps et qu’on parle désormais du futur train de l’Orient Express avec d’anciennes voitures historiques réaménagées. Le départ du train n’est pas si lointain puisque prévu en 2025. Et le groupe français Accor de nous dévoiler aujourd’hui les décors inédits du célèbre train, dans le cadre d’une exposition sensorielle « Orient Express Revelation ».

 

Derrière ce projet se cache Maxime d’Angeac, architecte talentueux qui réalise depuis 20 ans des chantiers de restauration et de décoration de prestige pour de grandes maisons de luxe (Daum, Hermès, Guerlain). Il faut dire que l’homme a toujours été fasciné par les grands mouvements artistiques révolutionnaires. Amoureux de la Renaissance italienne comme de l’Art déco, féru tant de romans de voyages que des récits de Jules Verne, d’Henry Miller ou de la bande dessinée du Transperneige, l’artiste décide de réinterpréter l’Orient Express en en faisant une nouvelle ambassade du luxe à la française, sublimé par le savoir-faire et les talents des meilleurs artisans français.

 

A l’occasion de la semaine de l’art contemporain, l’expérience « Orient Express Revelation » a, pour la première fois, dévoilé en octobre 2022, et en exclusivité, ce train de légende disparu, le Nostalgie-Istanbul-Orient-Express ré-imaginé dont la Voiture-Bar est la pièce maîtresse grâce à son écrin somptueux qui invite les voyageurs sous de larges coupoles de lumière inspirées du style Second Empire. C’est à cette exposition sensorielle que cet article est aujourd’hui consacré.


 

Maxime d’Angeac nous confie que tout est parti d’un rêve. Suivirent les premiers croquis, dessins et maquettes réalisés à la main en gardant toujours en tête l’esprit des créateurs, de René Prou à Suzanne Lalique. Le but étant de prolonger l’histoire de ce train mythique sans tomber dans la nostalgie.

L’architecte est alors confronté à un défi technique, celui de réinventer un objet en mouvement, complexe, défini par les lois de la gravité et en même temps traversé par des révolutions technologiques et l’histoire des inventions et du design. Au final, l’homme accoucha d’un projet inédit contemporain et à échelle humaine respectant les proportions originelles et recherchant le meilleur confort à bord.

A la manière d’un ouvrage d’art, l’Orient-Express de demain nait d’une merveille, le Nostalgie-Istanbul-Orient-Express, avec complète remise à plat de l’aménagement et ajout d’équipements hors-pair. De ce cadre s’ébauche un décor, sans époque, inspiré par les codes de l’Art déco et des styles Empire et contemporain. Un passé recomposé qui s’affranchit des modes. Et un immense défi à relever pour pouvoir exposer les premières voitures dès 2024, à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris.


 

Sous de larges coupoles de lumière au style Second Empire, chacune portée par quatre colonnes, les salons intimes de la Voiture-Bar révèlent leur tonalité au vert spectaculaire, tandis que bois de palissandre et marbre des tables et bronze des chapiteaux évoquent tout à la fois élégance et voyage. L’aménagement de l’espace, lui, a été pensé avec intelligence de façon à optimiser la circulation à bord tout en ouvrant des espaces de convivialité.

Pièce maitresse de la Voiture-Bar : le comptoir tout en verre, qui rend hommage à Lalique à travers une œuvre moderne. Chaque table est garnie d’une pendule qui sonne l’heure du cocktail et du diner et deux discrets boutons d’appel (l’un réservé au service du champagne et l’autre au personnel). Le charme du passé conjugué au présent.

 

Spectaculaire et inattendue, la Voiture-Restaurant (ci-dessous) réinterprète les codes du train de légende en alliant luxe et confort : en s’inspirant des motifs des tapisseries signées Suzanne Lalique, des œuvres qui entraient dans la composition des premiers trains Orient Express, Maxime d’Angeac réinterprète le motif « rail » détourné sur les cloisons grâce au carton-pierre, une technique apparue au 19ème siècle servant à réaliser des ornements de moulures et de décors de plafonds.

La Voiture-Restaurant offre un plafond miroité traversé d’une série d’arches reflétant une douce lumière tamisée. Tables nappées et fauteuils s’alignent, équipés de lampes à abat-jour à l’image des modèles d’autrefois. Un salon privé met en valeur les panneaux de marqueterie originaux du train. Au fond de la voiture, se trouve la cuisine dont l’accès est masqué par une paroi de verre, un espace réservé au chef et à sa brigade.


 

Les couloirs d’un train sont autant de lieux du voyage synonymes de rencontres et de surprises. Ceux de l’Orient Express revisité  (photo ci-dessous) offre un plafond vouté, ponctué des lampes « fleurs » signées Lalique, des pièces authentiques récupérées des anciennes voitures du Nostalgie-Istanbul-Orient-Express. Au sol, une moquette graphique et rythmée anime l’espace pendant que de larges fenêtres, lieux idéaux pour admirer les paysages qui défilent, sont ornées de rideaux brodés et de barres d’appui.

 

Les suites du célèbre convoi conjuguent à la fois grand luxe, confort absolu et esprit fonctionnel. Pour casser les lignes strictes du train, Maxime d’Angeac y introduit la figure du cercle porteuse de douceur et d’harmonie. Les angles s’arrondissent, tandis que les fenêtres deviennent des tableaux vivants ouvrant sur la Nature et que des miroirs sorcière s’amusent des perspectives.

Les cloisons se couvrent de bois précieux et d’un cuir mural reprenant le fameux motif « rail » de Suzanne Lalique. Les têtes de lit offrent des broderies de bois agrémentées de perles de nacre et de bronze et une moquette « comète » invite le voyageur à la rêverie. Des niches se parent des panneaux Lalique « Merles et Raisins » originaux, là encore récupérés dans les voitures du Nostalgie-Istanbul-Orient-Express. Non loin de là, des tablettes en ellipse accueillent journaux, objets et souvenirs de voyage et porte-bouteilles et verres trouvent d’astucieux agencements.

En configuration « Jour », canapé et sofa invitent au repos, à la détente ou à la lecture. Le soir venu, la Grande Transformation (entendez le passage en configuration « Nuit ») laisse la place à un lit de 2 X 1,40 mètres , une invite à un sommeil profond et réparateur.

Quant à la salle de bains, elle est aussi discrète que confortable, avec ses portes coulissantes qui ouvrent sur un espace garni de marbre, avec un cabinet de toilette et un dressing savamment aménagés.


 

De là où il est désormais, Georges Nagelmackers, jadis fondateur de l’Orient Express doit se souvenir des grandes capitales européennes que le train le plus luxueux du monde traversa alors, jusqu’en 1977, date de fin de cette épopée magique.

Au début des années 1980, Albert Glatt, voyagiste et homme d’affaires d’origine suisse, entreprend de ressusciter la légende en rachetant des anciennes voitures pour constituer le Nostalgie-Istanbul-Orient-Express, un train-croisière de rêve qui circulera entre Zurich et Istanbul. L’opération connaîtra un tel succès que le train accueillera même Mickaël Jackson à son bord, lors de la tournée européenne du chanteur en 1992.vLe célèbre convoi effectuera aussi le plus long parcours jamais réalisé durant ces mêmes années en reliant Paris à Tokyo. Malgré cet exploit, le train disparaitra quelques années plus tard.

 

C’est alors qu’en 2015, Arthur Mettetal, chercheur spécialisé dans l’histoire industrielle, est amené à dresser un inventaire mondial des voitures de l’Orient Express à la demande de la SNCF. Et de découvrir, à force de persévérance, les voitures du Nostalgie-Istanbul-Orient-Express, alignées à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, à partir d’une simple photo aérienne. Quelques mois plus tard, et au terme de 4 heures de route depuis Varsovie (Pologne), la découverte du trésor a enfin lieu : en partie conservées, les intérieurs des voitures dévoilent des marqueteries Morrison et Nelson, mais aussi des panneaux Lalique, emblématiques du style Art déco, intacts et gravés des motifs « Merles et Raisins ». Deux années de tractation seront nécessaires avant d’entrer en possession du fameux trésor, en juillet 2018.

 

Artisan du voyage depuis 1883, Orient Express sublime l’Art du voyage autour de ses trains de luxe, ses collections d’objets rares et bientôt ...ses premiers hôtels autour du monde : Orient Express La Minerva (Rome, Italie) et Orient Express Palazzo Dona Giovannelli (Venise, Italie) dès 2024. Un projet d’hôtel similaire existe aussi à Riyad (Arabie Saoudite). Enfin, et en parallèle du lancement du projet Orient Express imaginé par Maxime d’Angeac, Orient Express La Dolce Vita accueillera ses premiers passagers à bord de ses trains de luxe en 2024 également.

 










 



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