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Exposition "Imprimer! L'Europe de Gutemberg"
(BnF, Paris, France)
Heure locale

 

Lundi 22 mai 2023

 

Le 15ème siècle fut marqué par la découverte d’une technique de reproduction de livres, à savoir l’imprimerie. Dans toute l’Europe,la production d’ouvrages va considérablement s’accroitre et l’accès au savoir va aussi s’en trouver bouleverser.

La BnF a donc entrepris de revenir sur cette invention en retraçant l’histoire du développement de l’imprimerie en Europe et les clés de son succès.C’est également l’occasion de présenter au public des pièces exceptionnelles issues des collections de la BnF comme le plus ancien bois gravé occidental connu, le Bois Protat, mais aussi le plus ancien ouvrage conservé au monde, imprimé à partir de caractères typographiques métalliques, le jikji, et le premier grand imprimé typographique européen, la Bible de Gutenberg (Allemagne, vers 1455).

 

A cette époque, l’invention de l’imprimerie marque l’entrée dans la modernité et cet évènement est souvent réduit à un fait unique : l’impression à Mayence vers 1455, par l’allemand Johann Gutenberg d’une Bible à 42 lignes.

L’exposition « Imprimer ! L’Europe de Gutenberg » a pour objet de replacer l’invention dans son contexte en rappelant par exemple que d’autres méthodes d’impression ont préexisté, comme en Chine ou en Corée, où la xylographie se pratique dès le VIIIème siècle.

Sans aller aussi loin, en Europe, on était capable d’imprimer et de reproduire une image vers 1400 à l’aide d’une matrice gravée, d’abord sur bois, puis sur cuivre. La nécessité de démultiplier les impressions pour permettre une large diffusion est aussi une préoccupation des artisans du métal que Gutenberg côtoya lors de son séjour à Strasbourg . L’innovation fut donc de combiner trois techniques pré—existantes dans les arts du métal et les arts graphiques : la frappe, la fonte et le transfert par impression, mais également de l’appliquer à un ouvrage d’une ampleur textuelle inédite comme la Bible (près de 1300 pages) avec pour objectif immédiat de mettre sur le marché un nombre important d’exemplaires de ce livre (près de 150).

Et Gutenberg d’entrainer dans son sillage imprimeurs, humanistes et artistes qui expérimenteront son procédé, le perfectionnement rapide de la presse typographique garantissant aux imprimeurs du 15ème siècle une grande efficacité.

L’exposition nous offre ainsi la chance d’admirer au même endroit quelques 270 pièces qui témoignent des tâtonnements et des expérimentations techniques de ce nouveau procédé d’imprimerie. Quant au visiteur, il peut suivre le processus de fabrication d’un livre, de l’atelier de l’imprimeur à l’étal du libraire et de l’artisan au lecteur. Un espace dédié à l’atelier de l’imprimeur permet même de découvrir les différentes techniques et d’en percer les secrets.


 

La Bible dite « de Gutenberg » exprime la naissance d’un mythe : celui d’un ouvrage d’abord anonyme qui aurait été cité comme celui de Gutenberg par un bénédictin lorrain, Jean-Baptiste Maugérard, alors qu’il s’exprimait en 1789 dans une contribution scientifique. Et le fait de concentrer l’attention uniquement sur Gutenberg contribuera largement au perfectionnement de la technique et à l’apparition du livre moderne.

Les défis techniques à relever sont de diverses natures: perfectionnement de la presse et des caractères, mise en page, impression de la typographie non latine (dont le grec et l’hébreu) de la musique, insertion d’illustrations ou mise en couleur du texte et de l’image.Et l’exposition apporte un certain nombre de réponses à ces défis. Certaines resteront éphémères, d’autres connaitront une longue postérité, mais la part belle reviendra aux enjeux liés à l’illustration des imprimés, car cela permet de rendre le livre plus attractif et compréhensible. Petit à petit, des artistes adoptent ce nouveau domaine de production.

Progressivement, le livre perd ses caractéristiques médiévales au début du XVIème siècle, pour endosser sa forme moderne (petit format, avec une page de titres...) et un nouveau marché du livre se met en place. Les libraires développent de nouvelles stratégies commerciales pour se faire connaître, mieux diffuser leurs marchandises et écouler leur stock. Un lectorat plus large est peu à peu conquis et des phénomènes socio-culturels comme l’humanisme et la Réforme connaitront une diffusion massive et rapide grâce à ce moyen de communication.


 

Comme affirmé plus haut, le visiteur entre au cœur de la fabrication d’un livre, aidé des clés qui lui sont fournies sur le parcours pour comprendre les techniques d’imprimerie et la matérialité du travail dans les ateliers. En plus du glossaire, des schémas et du parcours enfant, les audiovisuels, répartis dans chaque espace, décrivent les gestes et les étapes de fabrication : gravure sur bois, gravure sur cuivre, création des caractères mobiles, composition de la page, maniement de la presse à bras, l’atelier Gutenberg, impression des couleurs...

Une animation vidéo montre, de façon inédite l’accélération de la dissémination de la typographie en Europe de 1450 à 1500. Sur place, petits et grands sont enfin conviés à faire eux-mêmes l’expérience de l’imprimerie.

 

Si, à l’école, nous avons tous appris que « Gutenberg a inventé l’imprimerie vers 1450 », il faut nuancer cette affirmation pour plusieurs raisons :

 

- l’imprimerie apparaît en Asie (Chine, Corée, Japon)dès le 7ème siècle.

 

- l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles en Europe relève d’un long processus et Gutenberg ne fut pas un génie solitaire. Au contraire, il s’est entouré des bonnes personnes et s’est inspiré des procédés techniques existants.

La mise au point de l’imprimerie s’étant faite sur plusieurs décennies, on ne peut ignorer la seconde moitié du 15ème siècle qui fut marquée par un incroyable foisonnement d’innovations et d’expérimentations. Les ateliers d’imprimerie se multiplient alors dans toute l’Europe et les premiers typographes mettent en place un nouveau marché du livre tout en perfectionnant leurs techniques.

Autre fait, savants et lettrés de la Renaissance, contemporains de Gutenberg, prirent très tôt conscience de l’enjeu de cette technologie permettant de diffuser textes et idées à grande échelle. L’imprimé ne tarde pas à investir tous les champs de la connaissance, de conquérir l’espace public et de devenir pour les autorités un enjeu du pouvoir. Et l’imprimerie, par son impact et ses conséquences socio-économiques de marquer l’entrée de l’Europe dans la modernité.

En quoi réside le succès du procédé technique de Gutenberg resté sans concurrence jusqu’à l’apparition du numérique ? Comment s’est-il imposé en Europe ? Comment a t-il permis la diffusion massive des savoirs et contribué à leur renouvellement ? Voici des questions auxquelles l’exposition tente d’apporter des réponses.

 

 

Le parcours de la visite s’ouvre en abordant les prémices :

 

Le multiple avant Gutenberg :la question du multiple se pose alors puisqu’ à l’époque de Gutenberg, l’Europe maitrise déjà l’art de reproduire et est capable de « fabriquer du multiple » dans certains domaines. Les techniques métallurgiques (gravure, frappe et fonte) autorisent la reproduction de différents types d’objets. Depuis le début du 15ème siècle, on sait aussi comment reporter le motif d’une planche de bois gravée et encrée sur une feuille de papier. Ces procédés sont certes efficaces pour fabriquer en série mais pas pour multiplier les livres.

Pourtant, les besoins n’ont eu de cesse d’augmenter au cours du Moyen-Âge suite à la fondation des universités, au développement des administrations et à l’essor du commerce qui ont placé la lecture et l’écriture au cœur de la vie courante. Durant ce siècle, on estime que 10 à 15 % de la population était alphabétisée. Il s’agit d’une élite vivant surtout en ville où se concentrent professeurs et étudiants, juristes, médecins ou marchands. On tente alors la mise en œuvre de solutions pour accélérer le rythme de la copie et la standardisation de la production manuscrite mais les résultats sont limités. De plus, les techniques d’impression asiatiques ne semblent pas avoir été transmises à l’Occident.

 

Imprimer en Europe avant la typographie : alors que l’art de l’empreinte est connue, l’impression sur étoffe est déjà pratiquée depuis le 14ème siècle. Une véritable révolution du multiple va cependant avoir lieu vers 1400 avec la mise au point de la gravure sur bois (xylographie), dans un contexte favorable (plus grande accessibilité du papier et augmentation des besoins d’images). La technique se diffuse d’abord dans le monde germanique, puis en Italie et en France durant la seconde moitié du 15ème siècle. Bientôt, vers 1440, apparaît dans la vallée du Rhin une nouvelle technique de gravure, la taille-douce sur cuivre. A la même époque, le texte fait son apparition à côté de l’image gravée (chiro-xylographie).

 

La xylographie chinoise : En Asie, l’imprimerie apparaît dès le 7ème siècle, sous la forme d’impressions réalisées à partir de matrices de bois gravées en relief et à l’envers, puis encrées. Les plus anciens imprimés chinois représentent des images pieuses montrant des effigies bouddhiques juxtaposées. La xylographie a l’avantage de la simplicité et ne nécessite pas de presse à imprimer. Quant aux matrices, elles peuvent être conservées pour des emplois ultérieurs C’est ce qui explique que la Chine ait employé cette technique jusqu’au 20ème siècle.

 

La typographie coréenne : En Chine et en Corée, des procédés d’impression individualisant les signes sous la forme de caractères mobiles, initialement en terre cuite, en bois et en céramique, apparaissent à leur tour. Le grand nombre de signes nécessaire alourdit toutefois la tâche des typographes puisque plusieurs milliers de signes sont requis pour une écriture à symboles graphiques, tels que les sinogrammes.

Quant aux caractères métalliques, ils apparaissent plus tard, vers le 13ème siècle pour la Corée (le plus ancien livre daté et imprimé de la sorte est l’ouvrage coréen « Jijki », une compilation d’enseignements des bouddhas et des patriarches, réalisée en 1377, 80 Ans avant la Bible de Gutenberg).

 

L’exposition présentée comporte trois parties :

 

L’invention de la typographie européenne,

Les voies de l’innovation,

Imprimés et société.

 

 

L’invention de la typographie européenne 

 

Aucun document historique n’apporte tous les secrets de la mise au point de cette typographie, mais des sources médiévales convergent vers Johann Gutenberg et Mayence, sa ville natale. L’homme, issu d’un milieu aisé, passe deux années (décisives) à Strasbourg avant de rentrer à Mayence vers 1448 et d’imprimer la Bible avec succès. Le procédé de l’inventeur combine en réalité plusieurs techniques, métallurgiques et graphiques déjà existantes : la gravure, la frappe, la fonte du métal et le transfert encore par impression. L’emploi de caractères mobiles est une élément clé du dispositif.

 

Gutenberg et la Bible : imprimer quelques feuillets est une chose, mais reproduire une Bible de 1300 pages en est une autre. C’est pourtant ce à quoi Gutenberg va s’atteler avec l’aide du calligraphe Peter Schöffer et le bailleur de fonds Johann Fust. L’opération est un succès et Gutenberg démontre sa capacité à reproduire un livre imposant (la Bible en question mesure plus de 40 cm de haut) grâce à la typographie adaptée et à la lisibilité du texte.

Pour sa part, la BnF conserve deux exemplaires de la Bible de Gutenberg, l’un imprimé sur papier, l’autre sur parchemin. Présentés ensemble pour la première fois, ils livrent des indices sur les choix éditoriaux de l’imprimeur (dont l’évaluation du temps d’impression nécessaire et l’économie du support et des coûts de fabrication).



Mayence, expérimentations initiales : on pense que cette ville est le lieu où la typographie a été mise en œuvre pour la première fois.D’autres impressions de peu postérieures à la Bible allient ainsi prouesse et singularité techniques.

 

Transferts technologiques : C’est à partir de 1460 qu’a lieu la dissémination du procédé typographique avec le déplacement d’imprimeurs allemands formés à Mayence. Strasbourg et Bamberg seront les première villes à se doter de presses suivies par Cologne, Eltville, Bâle, Nuremberg et Augsbourg. Cette propagation typographique s’effectue souvent grâce à des passeurs (hommes d’église, savants, marchands) qui s’associent à des artisans compétents. Cette dissémination gagnera toute l’Europe après 1470 (Italie, Venise, la ville-phare du commerce européen, Paris, le terreau universitaire, Lyon, cité marchande...)

 

Les voies de l’innovation

 

Les laboratoires de l’innovation : Gutenberg, comme cité plus haut, prouve avec la Bible que le procédé typographique est adapté à la reproduction de textes longs, mais encore faut-il que ce nouveau procédé soit largement diffusé et que de nouveaux artisans se l’approprient.

L’historien se heurte à l’absence de sources explicites et rares, car le matériel n’a survécu qu’occasionnellement. Les recherches partent donc plus souvent du livre et des témoins archéologiques. Malgré tout, l’enquête révèle des difficultés à reconstituer les procédés du 15ème siècle.

 

L’atelier est le lieu clé de la fabrication du livre imprimé. Situé en ville, de préférence au rez-de-chaussée, il abrite une presse à bras caractéristique de la typographie occidentale. Viennent ensuite plusieurs étapes : le transfert de l’encre sur un support d’impression (papier), composition du texte disposé sur la forme elle-même reposant sur un plateau de pierre (appelé marbre), encrage de la forme et impression de la feuille de papier. Pour ce genre de manœuvres, deux pressiers sont nécessaires (un pour l’encre et l’autre pour la manœuvre).

 

Il reste que ce travail reste laborieux : au 16ème siècle, le rendement moyen était de 200 à 250 feuillets imprimés par heure (et sur un seul côté), soit 1300 à 1500 feuilles recto-verso par presse et par journée de travail (10 à 12h par jour). Ce qui offre un rendement relativement bon en comparaison d’un scribe qui, lui, copiait en moyenne 2 à 3 feuillets par jour. Quant au tirage moyen d’un ouvrage,il était de 500 à 1000 exemplaires au 15ème siècle, et jusqu’à 3000 exemplaires au début du 16ème siècle.

 

D’autres personne ont un rôle clé dans l’atelier : le compositeur, qui, assis devant sa casse prépare la forme d’impression, le correcteur qui vérifie les épreuves, et, indirectement, d’autres métiers (copistes, orfèvres, artistes et auteurs) qui contribuent à leur manière à l’impression des ouvrages.

Le rôle des femmes à l’atelier n’est que très rarement confirmé et il est difficile de discerner leur intervention dans l’officine.

L’expérimentation typographique joue pleinement son rôle au-delà de la mise en place des éléments de base de la typographie occidentale au début des années 1480. A cela, se rajoute le problème des textes non latins, pour lesquels il faut prévoir des caractères spécifiques afin d’imprimer certains livres destinés à un public spécialisé. Ainsi, l’impression du grec exige une fonte onéreuse et complexe. Autre exemple, celui des livres liturgiques contenant de la musique. Qu’il faut bien reproduire. Plusieurs techniques (impression partielle, impression en deux temps de la portée et des notes, impression xylographique de l’ensemble de la partition) sont alors utilisées.

 

L’expérimentation autour de l’image évolue aussi : les premiers livres sont confiés à l’enlumineur, mais l’extension à l’image des nouveaux procédés d’impression et de mécanisation intervient dès 1457, avec la tentative d’imprimer en bleu et rouge les lettre ornementales. Puis, on produit bientôt des ouvrages richement illustrés de gravures sur bois, en pleine page ou en vignettes. D’autres imprimeurs tenteront l’insertion de gravures sur cuivre en taille-douce.

 

Certaines villes deviennent alors les principaux foyers allemands du livre illustré comme Bamberg, Augsbourg, Ulm ou Nuremberg.Les villes rhénanes de Bâle et Strasbourg acquièrent une réputation pour la qualité de leurs illustrations composées avec l’aide d’artistes. Venise et Paris sont des centres d’imprimerie de premier ordre.

 

Imprimer en couleur est un autre défi que Gutenberg et ses associés sont les premiers à tenter de relever en imprimant quelques lettres de rouge et de bleu. Cependant, avant 2500, seuls 15 % des ouvrages imprimés comportent des caractères imprimés en couleur. Traditionnellement, les illustrations gravées sont rehaussées de couleur à la main, avec ou sans pochoirs. Certains imprimeurs persistent toutefois à vouloir mécaniser cette étape de production du livre. Erhard Ratdolt, imprimeur à Augsbourg, sera le premier à parvenir à imprimer cinq couleurs.

 

Les formes du livre évoluent aussi durant le 15ème siècle : la typographie (technique puissante mais compliquée dans sa mise en œuvre) rivalise avec la xylographie (qui favorise la jonction entre images et texte) et la copie. A côté des ouvrages « grand public », il existe les imprimés de luxe, objets d’exception enrichis par le pinceau des plus grands peintres, qui ne relèvent pas de la logique de production en série.

 

Imprimés et sociétés

Peu à peu, l’usage de l’imprimé se répand dans la société, et l’éventail des productions s’élargit. Dans la seconde moitié du 15ème siècle, les ouvrages religieux représentent plus du tiers de la production. Le choix du contenu est par ailleurs toujours corrélé à celui d’une langue de diffusion : le latin pour l’élite savante et le français du Nord pour l’élite administrative et marchande...Quant au commerce de l’imprimé, il est libre et non contrôlé au 15ème siècle et les typographes, soumis à rude concurrence, recherchent la protection de leur travail auprès des autorités (privilèges d’impression), ce qui aboutit à des amorces de régulation.

 

A l’étal

Progressivement, la mise en place du marché du livre prend forme et, en Europe, l’offre précède la demande. En 1472, les typographes fondateurs du premier atelier à Subiaco (près de Rome) se plaignent de ne pas parvenir à écouler leur stock, d’où l’urgence de développer arguments publicitaires et nouveaux marchés.

La vente d’ouvrages se fait d’abord à l’atelier même, puis via des réseaux commerciaux, lors de foires internationales. Les libraires les plus actifs, eux, disposent de salariés itinérants qui parcourent l’Europe afin de vendre les livres. On prend également l’habitude d’apposer sur l’ouvrage une image distinctive, la marque, qui permet de (faire) reconnaître le nom de l’imprimeur-libraire. Dans le même temps émerge la reconnaissance de l’auteur du texte.

A cette époque, le livre, objet de pouvoir et de prestige, se montre tout autant qu’il se lit. Et il n’est pas surprenant de noter que les lecteurs les mieux documentés appartiennent à l’élite sociale.

 

La diffusion des savoirs

L’imprimerie investit tous les champs du savoir au travers des disciplines enseignées dans les universités comme le trivium (grammaire, rhétorique et logique), le quadrivium (mathématiques, musique, astrologie et géométrie), le droit et la médecine.

Un marché fructueux se développe avec l’essor des écoles paroissiales et urbaines grâce à la vente de manuels d’arithmétique et d’écriture. Autre marché, celui des savoirs pratiques (cuisine, arboriculture) qui concernent les besoins quotidiens des lecteurs. Certains centres d’imprimerie comme Lyon (France) se spécialisent dans la production d’ouvrages concernant les laïcs.

L’imprimerie fait aussi du texte sacré un objet accessible aux laïcs et soumis à la loi du marché. Le rôle du clergé est double : il est l’un des plus fidèles lectorats des imprimeurs mais aussi un important producteur de contenus.

La littérature n’est pas en reste, puisque celle-ci, déjà bien diffusée depuis le 14ème siècle (œuvres écrites et traduites en français) va bénéficier de l’impulsion initiée par l’imprimerie naissante, devenant ainsi plus accessible à un public plus nombreux et moins fortuné. Et l’éventail commercial de s’élargir aux pièces de théâtre, aux opuscules de farces et aux romans.

L’imprimerie se met enfin au service de l’humanisme au moment où l’Europe culturelle est traversée par le courant intellectuel des « humanités », parce qu’elle permet une large diffusion des textes et des idées tout en imposant une grande rigueur dans l’établissement des éditions qu’elle distribue à grande échelle. Elle contribue aussi à rendre compte de l’actualité à l’échelle européenne à l’exemple des plaquettes gothiques imprimées en France de 1490 à 1540. Aux côtés des placards, l’imprimé (parfois illustré) conquiert la rue et s’affiche dans l’espace public pour informer tout un chacun d’’une actualité ou d’un événement ponctuel.

 

En conclusion, si l’imprimerie est « un art divin » pour certains typographes, celle-ci comporte également des dangers. François Rabelais n’en vantait il pas la « commodité d’étude » sans précédent tout en mettant en garde, en bon médecin, qu’une erreur dans un ouvrage de médecine tue aussi sûrement qu’une arme ?

 

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Exposition «imprimer ! L’Europe de Gutenberg », du 12 avril au 16 juillet 2023, à la BnF François-Mitterrand, Galerie 2, Quai François Mauriac, à Paris (13ème)
  • Catalogue « Imprimer ! L’Europe de Gutenberg 1450-1520 », 260 pages, 180 illustrations, 49€.

 








 



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