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Exposition "Bourdelle, la mémoire des objets"
(Musée Ingres Bourdelle, Montauban, Tarn-et-Garonne, France)
Heure locale

 

Lundi 14 août 2023

 

C’est à une visite au Musée Ingres Bourdelle de Montauban (82) que je vous convie aujourd’hui, à l’occasion de l’exposition «Bourdelle, la mémoire des objets », présentée jusqu’au 12 novembre prochain.Cette exposition estivale lève une partie du voile sur les coulisses du célèbre sculpteur en nous offrant le rare privilège de visiter son atelier et de découvrir ses objets quotidiens et son album-souvenir.

 

Unique au monde, le Musée Ingres Bourdelle de Montauban est riche de 4500 dessins, 45 peintures et un violon, sans parler des collections personnelles et de la documentation.

Installé dans un édifice classé aux Monuments historiques au cœur de la ville, le musée abrite le legs de Jean-Auguste-Dominique Ingres, enfant prodige du pays, mais aussi l’oeuvre d’Antoine Bourdelle que la ville a vu naître.

 

A l’issue d’une rénovation complète qui dura trois années, ce musée se déploie désormais sur 2700 m2 avec de nouveaux espaces, une accessibilité renforcée, une nouvelle muséographie, un somptueux cabinet de conservation accueillant les dessins d’Ingres et un étage entier consacré à l’oeuvre de Bourdelle.

S’il existe plusieurs lieux consacrés au célèbre sculpteur, (dont le musée parisien ou le musée-jardin d’Egreville), le musée montalbanais est l’unique musée au monde consacré à l’oeuvre du maître tout en offrant la plus importante collection d’oeuvres de Bourdelle en région, avec quelques 70 sculptures et une centaine de pièces graphiques qui permettent de parcourir l’intégralité de la création de l’artiste, depuis ses débuts, lors de ses premiers pas de jeune sculpteur à Montauban, Toulouse puis Paris, jusqu’à la fin de sa carrière, autour d’un ensemble unique par sa richesse et sa diversité.


 

Dès l’entrée, on peut admirer dans la cour de l’édifice des pavillons de verre dédiés à l’accueil des visiteurs. Au deuxième étage, le corps central du bâtiment a été restitué afin d’offrir un tout nouvel espace d’exposition précisément dédié à Antoine Bourdelle, un espace qui représente l’enfant du pays (qui fut l’élève et le praticien de Rodin) dans toutes ses périodes par des marbres, des bronzes, des plâtres, des maquettes et œuvres achevées ainsi que par un bel ensemble d’oeuvres graphiques. Doit-on rappeler que la collection Bourdelle du musée de Montauban comporte 68 sculptures, 102 pièces d’art graphiques, une gravure d’après Bourdelle et une peinture ?

 

Le troisième étage, lui, abrite l’exceptionnelle collection de dessins d’Ingres.

 

Une muséographie repensée repose sur un parcours en « bouquet » qui fluidifie la visite et permet au public qui le souhaite de privilégier Ingres, Bourdelle ou les expositions temporaires. Une présentation innovante des œuvres permet également d’admirer celles-ci sous un nouveau jour en faisant la part belle au numérique et au multimédia à l’intérieur des nouvelles salles d’exposition.

 

Outre les œuvres emblématiques d’Emile-Antoine Bourdelle, à l’exemple de l’Héraklès Archer que le maître réalisera en 1909 pour le présenter au Salon de 1910, le musée procède régulièrement à de nouvelles acquisitions, comme tout récemment la peinture « Le Condottiere », œuvre de Jean-Auguste-Dominique Ingres datant de 1921, qui est à ce jour le 45ème tableau de cet artiste à avoir rejoint les collections du musée.


 

Intitulée « Bourdelle, la mémoire des objets », la grande exposition estivale du Musée Ingres Bourdelle, réalisée avec le soutien exceptionnel du musée Bourdelle de Paris, nous transporte dans l’univers de l’un des sculpteurs français les plus importants de son époque.

Cele-ci met en lumière le quotidien d’Antoine Bourdelle, son histoire, ses goûts artistiques et son travail à travers la présentation de 220 œuvres et objets (photographies, croquis, tenues, outils...).

En effet, tout au long de son existence de sculpteur, l’artiste s’est entouré d’un nombre d’objets considérables, dont certains sont aujourd’hui exposés pour la première fois. Des objets qui nous révèlent les clés pour comprendre la démarche artistique de Bourdelle, grâce à leur pouvoir d’évocation et par le détour auquel ils nous invitent sur les chemins de l’émotion et de l’intime.

C’est tout le pari de cette exposition : établir des liens entre objets, sculpture, dessin, photographie et archives afin de raconter la vie de ce grand sculpteur, son attachement à son Quercy natal et son œuvre immense, par des chemins détournés.

 

Il semblerait que rien ne vaut la visite de l’atelier d’un artiste pour se faire une idée de sa personnalité, de son œuvre et de ses tendances. C’est du moins l’avis de l’orfèvre Henri Nocq, en 1896, lequel est alors persuadé qu’il y a une ressemblance frappante entre l’artiste et son atelier. L’atelier comme le costume disent quelque chose de l’homme et, partant, de son art. Ce lieu peut parler en l’absence de son occupant et le cadre, l’ameublement, les objets y sont chargés de suggérer la présence hors champ ou symbolique de l’artiste, par une sorte de délégation affective.

Antoine Bourdelle a une nette conscience de la symbolique de l’atelier et de l’importance du médium photographique pour la diffuser ou la garder en mémoire.

Le sculpteur s’installera donc Impasse du Maine et ne manquera pas de photographier régulièrement,, et dès le début, son lieu de création (ateliers et jardins). Le musée dispose ainsi de centaines de clichés de son atelier , couvrant plus de quarante ans jusqu’à sa mort en 1929. A contrario, il n’existe quasiment aucune vue de l’appartement où il vit dès 1919.

A son arrivée sur place (au 16 de l’Impasse), en janvier 1885, se trouve une cité d’artistes dans un quartier faubourien derrière la gare Montparnasse, un endroit où la clientèle des peintres mondains n’aurait jamais osé s’aventurer. Ce quartier bon marché attire des sculpteurs, dont l’art requiert du plain-pied et de l’espace. Un endroit auquel Bourdelle, même une fois le succès venu, restera fidèle, déconcertant au passage ses élégants visiteurs qui décrivaient l’endroit comme « une impasse triste et grise, aux maisons lépreuses et blêmes, de vieux murs lézardés, une chaussée aux pavés disjoints, boueuse, un cul de sac ignoré des services de la voirie ».


 

En 1909, Bourdelle se préoccupait déjà, face à ses élèves, de savoir les souvenirs laissés derrière soi. L’artiste a en tous cas transmis ses œuvres à la postérité, mais aussi et peut être de manière inconsciente, de nombreuses traces matérielles là où il vécut et travailla. C’est que l’homme gardait tout...

Après sa mort, en 1929, sa veuve Cléopâtre et sa fille Rhodia gardèrent religieusement l’ensemble de ses objets et souvenirs, tantôt dans des recoins de l’atelier, tantôt dans des couloirs ou des placards de l’appartement. Bourdelle a manifestement transmis à ses proches son goût pour les objets-souvenirs.

En 2020, lors du déménagement des ateliers du sculpteur, quantités d’objets ressurgirent, y compris ses habits, chapeaux et vêtements de travail (dont certains furent teints, voire dessinés par Bourdelle en personne). Encore faut-il se poser la question de savoir si tous ces objets ayant appartenu à l’artiste, disposent d’une légitimité muséale suffisante.Avec le recul, il semblerait que l’objet de mémoire, fonctionnel ou non, possède dès lors une force évocatrice capable d’actualiser le passé.

 

On dit souvent que l’homme retourne tôt ou tard à sa terre natale. Pour Antoine Bourdelle, ce sera le Quercy. Cette région, qu’il qualifiera de « plus beau pays du monde ». A croire que les liens du sculpteur avec sa terre d’enfance ne seraient plus à remettre en question. Et pourtant, cet « amour du pays » est à nuancer : à Montauban, nombreux sont ceux qui se souviennent des déboires répétés de l’artiste avec la municipalité même si la discrétion en pareil cas reste de mise. Seules les archives du musée en témoignent dans leurs dossiers.

L’abondant fonds d’archives et d’imprimés d’Antoine Bourdelle dresse à la fois le portrait de l’homme et de l’artiste. Tout au long de sa vie, le sculpteur engrangera les traces de son activité et de son quotidien, de ses écrits d’art ou de simples notes griffonnées sur un bout de papier. Des traces précieuses qui permettent de pénétrer dans l’inimité du personnage, et un fil rouge, l’attachement profond et constant de Bourdelle à sa terre natale. Un besoin viscéral de maintenir un lien étroit avec son cercle de connaissances montalbanaises. D’ou l’échange d’une abondante correspondance avec ses mécènes locaux, les écrivains occitans, les amis de la première heure et ceux de toujours.

 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Exposition «Bourdelle, la mémoire des objets », jusqu’au 12 novembre 2023, au Musée Ingres Bourdelle, 19 rue de l’Hôtel de ville, à Montauban (82)
  • https://museeingresbourdelle.com

  • Catalogue de l’exposition, au prix de 30€.










 



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