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Exposition "On sort! Les loisirs avec Bonnard et son époque"
(Musée Bonnard, Le Cannet, Alpes-Maritimes, France)
Heure locale

 

Lundi 11 septembre 2023

 

L’exposition « On sort ! Les Loisirs avec Bonnard et son époque », présentée au public jusqu’au 5 novembre prochain, propose un éclairage nouveau sur le thème des loisirs, après la génération des impressionnistes jusqu’à la première guerre mondiale. Plus d’une quinzaine de peintres sont ainsi réunis, de Seurat à Toulouse-Lautrec, Anquetin, Roussel, Vallotton ou Dufy, mais également des peintres moins connus comme Ibels, Pourtau, Chabaud ou Albert André. Ce sont au total plus de 70 œuvres qui sont offertes au regard des visiteurs, avec un même centre d’intérêt : les loisirs.

 

 

La fin du 19ème siècle et le début du 20ème amorcent un véritable tournant dans la modernité culturelle. Loisirs et spectacles, de jour comme de nuit, attirent alors un public toujours plus nombreux et d’origines sociales variées.

A Paris, c’est tout particulièrement dans le quartier de Montmartre que se donne rendez-vous cette société parisienne composée de mondains, demi-mondains, gens du peuple et de ses artistes.

Les cafés-chantant, appelés plus tard cafés-concerts, se multiplient et attirent tout autant que les music-halls. Le Mirliton, situé au pied de la Butte, et surtout Le Moulin Rouge, sis boulevard de Clichy, et qui gagnera en célébrité grâce au French Cancan, font salle comble.

 

L’exposition du musée Bonnard propose d’étudier dans le détail le monde du spectacle et des loisirs qui ouvre les portes d’un registre visuel nouveau. Et Pierre Bonnard, figure centrale de cet événement, célèbre pour ses compositions inspirées du Paris transformé par le baron Haussmann, consacra une part importante de sa production à l’évocation de la vie moderne, des loisirs et des grands boulevards.

L’occasion rêvée pour le visiteur d’admirer une quinzaine de ses œuvres parmi les plus connues : L’Ecuyère, Parade, Le Concert Lamoureux ou Les Courses à Longchamp. On trouve même un tableau inédit de l’artiste, une œuvre ayant appartenu au marchand Vollard, Le Jardin de Paris.


 

Plusieurs sections s’articulent autour de ces nouvelles pratiques culturelles :

 

  • Les promeneurs 

 

L’émergence des loisirs fait immanquablement penser aux canotages et autres promenades au fil de l’eau qui firent les grandes heures de l’impressionnisme. A cela s’ajoute la fréquentation des champs de courses et des hippodromes qui apparaissent à la même époque, tout comme l’arrivée d’un loisir d’un genre nouveau, le patin à glace ou à roulettes arrivé d’Angleterre.

Après Degas, Manet, ou Renoir, les jeunes générations adoptent une nouvelle mise en page et un traitement renouvelé de la couleur. Dans ce domaine, les plus prolixes sont Anquetin (Femme dans une calèche) et Bonnard (Les Courses à Longchamp, les Patineurs et Canotage). Vallotton fait quant à lui le choix du regard ironique et sarcastique (Baignade à Étretat,1899) pour donner une dimension encore plus sociale aux loisirs en retraçant dans cet instantané photographique aux couleurs intenses toute la joie de la baignade.

Le Pêcheur de Roussel reste l’un des chefs-d’oeuvre nabi de l’artiste, tandis que Léon Pourtau, contemporain et ami de Georges Seurat, convie le visiteur à une scène poétique portée par un langage pointilliste maitrisé par le traitement qu’il fait de la lumière, à travers son tableau « Scène de plage ».

Raoul Dufy, lui, nous plonge dans la mode des bains de mer (Les Bains Marie-Christine à Sainte-Adresse, 1903) dans une représentation visuelle et descriptive préfigurant le fauvisme.

Les grands boulevards eux aussi deviennent de véritables théâtres de plein air par la transformation et l’animation des rues parisiennes. L’attrait des bals publics qui réunissent une foule joyeuse de personnes de tous les milieux sociaux dansant, bavardant et buvant, ne se dément pas (comme dans les oeuvres de Hermann-Paul « Le bal » et Steinlen « Bal de barrière »).


 

 

  • En matinée ou en soirée, les spectacles 

 

Les loisirs, c’est aussi et surtout le formidable développement des lieux de spectacles, le plus souvent nocturnes,lesquels rivalisent d’ingéniosité en créant les spectacles les plus originaux pour attirer le plus grand nombre. Et Montmartre de se caractériser par une identité propre, cet « esprit montmartrois » qui joue un rôle clef dans la vie culturelle de cette fin de siècle. Bonnard, Toulouse-Lautrec, Anquetin mais aussi Ibels ou Steinlen restent certainement les plus grands témoins de cette vie diurne et nocturne de ce monde du spectacle en cours de renouvellement.


 

  • Cabarets, cafés-concerts et cafés

 

Beaucoup de cafés-concerts apparus au milieu du 19ème siècle portent des noms qui résonnent encore aujourd’hui dans l’imaginaire collectif : Le Chat noir, le Divan japonais, Le Mirliton, les Ambassadeurs, le Jardin de Paris, Le Moulin de la Galette ou encore le Moulin Rouge font partie des plus connus.

Le plus fameux des portraitistes des cabarets reste sans aucun doute Toulouse-Lautrec, qui concentre l’attention sur le geste et l’expression des chanteuses ou danseuses,le tout sur un ton caricatural. On se souvient en effet de son affiche « Troupe de Melle Eglantine » ou du « Moulin Rouge » (où l’artiste aura d’ailleurs sa table attitrée). L’exposition consacre une place particulière à ce dernier lieu de divertissement en réunissant les différentes études de Bonnard, mais aussi les compositions d’Albert André.

Pierre Bonnard, grand observateur des divers aspects de la vie nocturne parisienne nous plonge dans l’atmosphère des cabarets et de la vie montmartroise avec des œuvres comme « Le Moulin Rouge « , « Place Blanche » ou « la Sortie du Moulin Rouge ».

Pour sa part, le peintre provençal Auguste Chabaud livre un versant impressionniste de cette vie nocturne (« French Cancan », « Le Moulin de la Galette »).

La terrasse des cafés retrace l’esprit de ce Paris fin de siècle en pleine métamorphose sociale et morale, comme le montre Pierre Bonnard dans « Jardin de Paris », un cliché par excellence de cette société bourgeoise en pleine mutation. A l’aide dans tous les milieux, il prend un malin plaisir à décrire le pittoresque de la vie (« Au Bar ») tout comme Picasso (« Café-concert El Paralelo ») encore sous l’influence de Lautrec qui l’avait impressionné lors de son premier séjour à la capitale.


 

  • Cirques et théâtres

 

S’attachant une clientèle différente et plus populaire ainsi qu’un grand nombre d’artistes-peintres et de photographes, les troupes de cirque, d’abord ambulant, finissent par s’implanter durablement à Paris. Le plus connu est le cirque Fernando qui deviendra Médrano fin 19ème siècle. La seule configuration circulaire de la piste et des gradins incite les peintres à des compositions audacieuses. Georges Seurat ne manque pas à l’appel avec « Parade «  et « Cirque » (cette dernière œuvre ne voyageant qu’exceptionnellement, c’est son étude qui est exposée) : l’artiste implique le spectateur en lui faisant vivre la montée émotionnelle face aux acrobaties d’une écuyère.

L’exposition nous fait par ailleurs découvrir d’autres numéros de cirque, avec le célèbre duo de clowns « Footit & Chocolat » peint par Ibels.

Le théâtre draine quant à lui un large public en matinée et en soirée. Félix Vallotton fait partie de ces artistes qui croquent de manière incisive la comédie humaine aussi présente dans la salle que sur scène (« Troisième Galerie au Châtelet ». Lautrec et Bonnard sont pareillement aussi à l’aise au milieu d’une foule dans un cabaret qu’à l’intérieur d’une loge de théâtre occupée par des aristocrates (« La Loge au Macaron doré »).

 

Ainsi ce parcours nous conduit-il dans un va-et-vient incessant entre monde de la nuit et celui des boulevards, voire celui encore plus fermé des courses hippiques, en incitant les peintres à faire de l’émergence des loisirs un constat social à travers un nouveau langage plastique.


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition « On sort ! Les loisirs avec Bonnard et son époque », jusqu’au 5 novembre 2023, Au Musée Bonnard, 16 boulevard Sadi Carnot, au Cannet (06)

  • www.museebonnard.fr











 



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