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Exposition "La scandaleuse vie de la nature, Sex-Appeal"
(Muséum de Toulouse, Haute-Garonne, France)
Heure locale

 



 

Lundi 23 octobre 2023

 

Etonnante cette exposition que nous propose le Museum de Toulouse (31) en cette rentrée. Des siècles durant, la sexualité a alimenté de manière directe ou indirecte l’imaginaire de l’espèce humaine à travers des représentations de vulves sur les parois des grottes ornées ou la sensualité des chefs-d’oeuvre de la peinture ou de la sculpture. Souvent réduite aux fonctions de reproduction, la sexualité est pourtant omniprésente à travers l’ensemble des espèces animales et végétales. A l’heure où le monde scientifique nous alerte sur l’érosion de la biodiversité et sur les prémices de la sixième extinction, l’exposition «La scandaleuse vie de la nature, Sex-Appeal » nous invite à la découverte du monde discret, mais bien réel, de l’homosexualité des primates, de l’hermaphrodisme des escargots, du changement de sexe chez des poissons et de la polyandrie chez les oiseaux.

 

L’être humain n’a rien inventé. La nature faisait déjà son œuvre avant notre arrivée sur Terre : en effet, le sexe n’est-il pas l’élément clé de l’évolution et donc de la biodiversité sur cette planète qui regorge de vie ?

Les animaux ne nous ont pas attendu, puisque entre la masturbation des primates, la fellation de la chauve-souris, la polygamie des chimpanzés, l’hermaphrodisme des escargots et bien d’autres pratiques encore, tous les goûts sont dans la nature. Et ne nous leurrons pas, entre tendresse, séduction, exubérance, domination, érotisme ou bestialité, la vie sexuelle des animaux est bien plus riche qu’il n’y paraît.

Quant à la sexualité des fleurs, c’est une autre histoire : si celle-ci se fait plus discrète,on assiste à une mise en scène luxuriante qui donne naissance à des relations uniques et inédites grâce à des interactions très perfectionnées et surprenantes, voir exclusives (certaines plantes ne pouvant par exemple pas se reproduire sans leur pollinisateur attitré).

L’exposition dévoile ainsi l’ingéniosité créatrice et effrontée de la nature tout en retraçant la construction d’un savoir scientifique autour de la sexualité. Et de nous démontrer que l’évolution n’est pas uniquement le résultat d’une adaptation à un milieu mais aussi l’aboutissement des parades amoureuses dans une lutte pour la séduction.

 

En matière de séduction,des exemples concrets ne valent-ils pas mieux que de longs discours ?

 

  • Chez les renards, mâles et femelles marquent leur territoire. C’est que Monsieur parcourt de longues distances à la recherche de sa promise, laquelle est repérable par ses cris et les marques laissées derrière elle. De son côté, il utilise son urine pour signaler sa présence, en privilégiant pierres, buissons, touffes d’herbe et souches d’arbre tout en renouvelant ce marquage tous les deux à trois jours.

     

  • Généralement silencieux, on n’entend qu’eux à la période des amours : les batraciens se regroupent alors par dizaines, par centaines, que dis-je, par milliers autour d’un plan d’eau. Seuls les mâles émettent un chant faible, un petit son fluté faute de disposer d’un sac vocal tandis que les grenouilles coassent sans retenue durant la période de reproduction et pour s’exprimer.

     

  • Chez la violette, petite fleur hermaphrodite composée de cinq pétales, la discrétion reste de mise. A la fin du printemps,et en l’absence de pollinisateur, la plante crée d’autres fleurs encore plus discrètes qui ne s’ouvrent jamais. Les grains de pollen mûrs se déposent alors facilement sur le pistil et la violette s’autopollinise.

     

  • L’oiseau jardinier, lui, brille, par ses talents d’architecte. Oiseau au plumage noir discret, il est capable de composer des nids parmi les plus complexes au monde à seule fin d’attirer les femelles pour l’accouplement. Il utilise pour cela des objets colorés, surtout bleus, voire violets, verts et jaunes. Ceux-ci peuvent être d’origine naturelle (graines, fleurs, fruits, plumes, feuilles ou coquilles) ou artificielle (déchets, sacs plastique, capsules de bouteilles, paille ou briques...). Concevoir un tel nid (appelé ici tonnelle ou berceau) requiert plusieurs jours, mais une fois l’ouvrage achevé, une forme de compétition s’instaure entre les mâles qui se mettent à attaquer puis à piller les nids de leurs potentiels rivaux. Au final, seul le mâle avec le plus beau nid pourra s’accoupler avec plusieurs femelles, tandis que que son congénère peu talentueux ne pourra pas se reproduire.

     

  • Les orchidées ont également leur façon de séduire, et utilisent l’art de la duperie sexuelle. Ainsi, les espèces du genre Ophrys excellent dans cette fourberie en dupant les jeunes mâles pollinisateurs naïfs et juste éclos par l’imitation de la forme, des couleurs, des motifs, de la texture, voire de l’odeur (phéromones) des insectes pollinisateurs femelles. Le mâle tente vainement de s’accoupler avec l’orchidée mais repart avec des petites masses de pollen fixées sur sa tête qu’il déposera sans s’en rendre compte sur une autre fleur lors d’un prochain accouplement.

     

  • Chez les grues du Japon, la danse se fait à deux. Le couple enchaine les mouvements (saut, battement d’ailes, vol près du sol, courbette, reculade, hochement de tête et même parfois projection de matériaux divers) afin de créer une chorégraphie suffisamment élégante dans le but d’attirer un partenaire, mais aussi pour renforcer les liens d’un couple uni pour la vie.

 

 

Après la séduction arrive l’instant intime de l’accouplement :

 

  • L’escargot de Bourgogne, bien qu’hermaphrodite, ne pratique pas l’autofécondation et la recherche d’un partenaire est donc essentielle. Pour s’accoupler, chaque individu tente d’enfoncer un dard de 5 à 10 mm dans le corps de son partenaire afin de provoquer chez l’autre un stimulis mécanique favorisant la fécondation.

     

  • Pour les bonobos le sexe est un moyen de communication imparable pour éviter les conflits, se réconcilier à la suite d’une dispute ou renforcer les liens sociaux. Aussi invitent-ils leurs congénères à une partie de plaisir que les intéressés ont le droit de refuser.Quant aux femelles, elles se frottent le vagin l’un contre l’autre en se balançant de droite à gauche.

     

  • Le plus souvent solitaires, les chats forestiers se rencontrent pourtant entre eux lors des périodes de rut. Les chattes en chaleur s’accouplent alors jusqu’à 20 fois par jour avec jusqu’à six chats différents. Elle a en moyenne une portée de 3 à 4 jeunes par an.

     

  • Si la monogamie est bien connue chez les cygnes blancs,celle-ci ne rime pas toujours avec la fidélité. En effet, certains cygnes recherchent chaque année un nouveau partenaire, et la monogamie reste une stratégie qui leur permet de mieux se protéger mutuellement face aux prédateurs et d’augmenter les chances de survie de leurs petits.

     

 

Parcourons semble l’exposition pas à pas, laquelle s’ouvre sur de nombreuses disciplines (botanique, entomologie, zoologie, biologie, éthologie et même histoire de l’art) et est organisée en deux grandes zones de natures et de registres différents. Son fil conducteur suit un ordre narratif qui aborde le règne végétal d’un côté et le règne animal de l’autre.

 

La première partie de l’exposition est consacrée à la sexualité discrète :

 

Même si la sexualité des plantes nous semble aujourd’hui naturelle, celle-ci ne sera identifiée par les botaniste qu’à la fin du 17ème siècle, à l’issue de longs débats et conflits entre philosophes, hommes d’église et scientifiques. Avant cette date, on considérait les végétaux comme des êtres vierges n’ayant pas besoin de sexe pour procréer.

Cette partie invite également le public à découvrir l’ingéniosité des plantes, leurs différents organes, stratégies et jeux de séduction, sous la forme d’un labyrinthe, zone spiralée et mystérieuse où s’animent des figures mythiques, animales et végétales.

 

La deuxième partie aborde la sexualité bestiale :

 

On y découvre que la reproduction sexuée est une machine génératrice de différences indispensables dans le processus évolutif pour permettre aux espèces de survivre et de s’adapter.

Cette zone présente les multiples facettes de la sexualité des animaux observées par la science. Elle illustre l’art de la séduction où ceux qui réussissent ne sont pas toujours les plus forts mais les plus originaux les plus fanfarons, les plus séducteurs, les plus opportunistes ou...les plus violents !

Cet espace nous rappelle enfin que l’homme est un animal, au cas où nous l’aurions oublié...

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition «La scandaleuse vie de la nature, Sex-Appeal », du 14 octobre 2023 au 7 juillet 2024, au Muséum de Toulouse, 35 allée Jules Guesde à Toulouse (31). https://museum.toulouse-metropole.fr/

  • Revue « Sex appeal » (Collection ExpoVerso), 144 pages, 24,50€. En vente à la boutique, sur le site du Muséum et en librairie.

 






 



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