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Exposition "Charles Gounod et les Beaux-Arts, la constellation artistique d'un musicien"
(Musée des Avelines, Saint-Cloud, Hauts-de-Seine, France)
Heure locale



 

Lundi 4 décembre 2023

 

Le Musée des Avelines, musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud (92) nous offre de découvrir l’exposition « Charles Gounod et les Beaux-Arts – La constellation artistique d’un musicien », jusqu’au 18 février 2024. Entre la musique et la peinture, l’homme penchera finalement pour cette première, lui qui, toute sa vie, entretiendra des relations amicales avec des artistes dont certains deviendront même des membres de sa famille.

Et l’évènement présent nous propose justement de mesurer les liens de Charles Gounod avec les arts visuels de la seconde moitié du 19ème siècle. Son entourage semble alors vouloir figurer son univers musical, ses muses, et ses salles de spectacle.

 

Charles Gounod a de qui tenir. Il est en effet le second fils du peintre François- Louis Gounod qui reçoit son éducation artistique dans l’atelier de Nicolas-Bernard Lépicié.

Ayant finalement choisi la musique, le jeune Gounod entretient des liens étroits avec le milieu artistique parisien, tout particulièrement par son mariage en 1852 avec Anna Zimmermann. Anna a trois sœurs, dont Juliette qui a épousé le peintre Edouard Dubufe dix ans plus tôt.

Une fois beaux-frères, Charles et Edouard continueront de se fréquenter assidument même après la disparition de Juliette en 1855, tandis que Guillaume Dubufe, le fils d ‘Edouard, témoignera aussi d’un fort attachement envers celui qu’il considérera comme son « oncle ».

 

De son côté, Charles aura un fils, jean, lequel renouera avec la passion de son grand-père pour la peinture en devenant peintre lui-même, épousant d’ailleurs Alice Galland, fille du peintre et décorateur Pierre Victor Galland.

 

Choisissant Paris comme lieu de résidence hivernal, Charles Gounod passe l’été dans le chalet qu’il a fait bâtir au lendemain de son mariage dans la propriété de ses beaux-parents, à Saint-Cloud, en bordure du parc de Montretout. L’hiver, il occupe le second étage du 20, boulevard Malesherbes à Paris, et ce, à partir de 1879 : il est partout chez lui puisque la cage d’escalier de sa demeure parisienne est décorée d’une peinture de son neveu Guillaume Dubufe et que les murs du chalet de Saint-Cloud sont tapissés d’oeuvres, dont un ensemble de médaillons en plâtre représentant une partie des amitiés artistiques du musicien.

 

C’est donc entouré d’artistes que vit Charles Gounod. Il considère aussi que les rapports entre les arts traduisent une conception de l’univers subjective, poétique et unificatrice. Et le compositeur de comparer l’art lyrique à celui du portraitiste.

Ses plus précieux amis sont la plupart du temps peintres, sculpteurs, dessinateurs ou graveurs. Citons Ernest Hébert qu’il rencontre pour la première fois à la Villa Médicis en 1940, sous le directorat d’Ingres, et à qui il fait découvrir la musique. Le peintre représente alors des muses fidèles à la figure mythologique de Sapho que Charles Gounod intègrera en 1851 dans l’un de ses plus célèbres opéras.

On pourrait ainsi citer bien d’autres noms d’artistes proches du compositeur, comme, par exemple, Jules Richomme, son ami d’enfance, ou Jean-Léon Gérôme qui lui rendra un fervent hommage lors de son inhumation au cimetière d’Auteuil.

 

Quant à l’oeuvre et la personnalité de Charles Gounod, elles participent directement à la fierté que la Nation éprouve pour ce compositeur. Sa renommée lui permet d’être élu à l’Académie des Beaux-Arts en mai 1866, et fait de lui l’une des plus grandes figures de son temps. Comme bien d’autres, Jean-Baptiste Carpeaux réalisera d’ailleurs son portrait en 1873.

 

Durant les années 1890, même le chalet de Montretout attire des artistes de la génération suivante qui s’installent dans un rayon d’une centaine de mètres autour de la demeure de Charles Gounod : Edouard Dantan en fait partie, qui le représente aux abords de La Gare de Saint-Cloud et lors d’une Entracte à la Comédie française aux côtés du peintre Ernest Meissonier, partisan d’une évolution de l’art académique, au moment où le Salon (officiel) des artistes français ne répond plus vraiment aux aspirations des créateurs. C’est ainsi que Charles Gounod encouragera la fondation d’un salon dissident, le Salon de la Société nationale des beaux-arts, un salon favorable au renouvellement de l’iconographie des œuvres et des formes d’expression artistique moins rigides. Les artistes qui y exposeront trouveront dans ses opéras une source d’inspiration inégalée.

 

Découvrons maintenant ces opéras qui feront la renommée de Charles Gounod :


Sapho

L’histoire des amours compliquées de la poétesse grecque du 7ème siècle avant J.C, Sapho de Mytilène,est restée célèbre depuis l’Antiquité. C’est sur ce thème que Gounod crée l’opéra du même nom le 16 avril 1851, à l’opéra de la rue Le Peletier, mais le succès n’est pourtant pas immédiat malgré la présence sur scène de deux des plus célèbres chanteurs de l’époque, la mezzo-soprano Pauline Viardot et le ténor Louis Gueymard.

 

L’oeuvre ne sera présentée qu’à neuf reprises, avant de quitter la scène pour y revenir en 1858, puis en 1884. Un retour auquel sera associé le peintre Gustave Moreau qui connait bien le thème de Sapho pour l’avoir traité à plusieurs reprises. Celui-ci réalisera en 1883 plus de trente études de costumes.

 

Cependant, Gustave Moreau n’est pas le seul à s’intéresser au mythe de Sapho. Il suffit en effet de fréquenter les salons officiels en ce 19ème siècle pour vivre l’évocation des épisodes de sa vie et en particulier, celui de sa fin tragique lorsqu’elle se précipite d’un rocher de l’île ionienne de Leucade dans la mer.

 

En 1849, c’est Léopold Burthe qui représente l’héroïne, puis Théodore Chassériau en 1850-1851. Un an plus tard, et peu de temps après la représentation de l’opéra de Gounod, on découvre, parmi d’autres œuvres, le marbre de James Pradier (dont une version en bronze est offerte au regard des visiteurs de cette exposition).

 

Enfin, la présence de six évocations de Sapho au Salon de 1859 laisse à penser que la nouvelle version de cet opéra donnée en 1858 ait pu influer sur l’intérêt que peintres et sculpteurs portent au compositeur.


Faust

Après le succès mitigé de Sapho, Charles Gounod consacre un opéra à l’histoire de Faust, savant déçu par l’aporie à laquelle il condamne son art. Et Faust de contracter un pacte avec le diable qui met à son service un de ses Esprits (Méphistophélès) pour lui procurer un serviteur humain, l’étudiant Wagner. Ce dernier lui offrira, au prix de son âme, une seconde vie orientée vers les plaisirs sensibles.

 

La première de cet opéra est jouée le 19 mars 1859, au Théâtre-Lyrique, avec, dans le rôle de Marguerite, Marie-Caroline Miolan Carvalho, épouse de Léon Carvalho, alors directeur de ce théâtre. Quant au livret, il s’inspire du texte de Goethe, paru en 1808, et très apprécié par Gounod.

 

Peintres et sculpteurs, eux, n’avaient pas attendu notre compositeur pour entretenir le souvenir de l’auteur germanique, à l’instar d’Eugène Delacroix et de ses deux œuvres « Marthe à l’église » et « La mort de Valentin ».

Le succès de Faust est cette fois immédiat et unanime. Sa diffusion devient bientôt internationale, et plusieurs Faust et Marguerite sont exposés au Salon. Ces deux personnages sont alors dépeints par les artistes, dans des scènes d’inspiration médiévale. James Tissot créera ainsi « La rencontre de Faust et de Marguerite » qui sera affecté au palais de Saint-cloud.

En ce qui concerne la reprise des différents thèmes de l’opéra, elle ne s’arrêtera pas au lendemain des premières représentations, mais se poursuivra jusqu’au superbe ouvrage illustré par Guillaume Dubufe en 1887, dans lequel sont insérées deux aquarelles évoquant « Marguerite au jardin » et « Marguerite à l’église ».

 

Mireille

Après l’Antiquité et le Moyen-Âge comme liens d’inspiration, Gounot choisit « le poème provençal », texte contemporain publié par Frédéric Mistral sous le titre Mirèio, qui raconte l’histoire des amours contrariées d’une fille aisée, Mireille, et d’un pauvre vannier, Vincent.

 

C’est en 1863 que le compositeur se rend chez l’écrivain, à Saint-Remy-de-Provence pour préparer la partition. La première représentation de l’oeuvre se déroule le 19 mars 1864 au Théâtre-Lyrique, mais malgré les décors de Philippe Chaperon et la musique placée sous le signe de Mozart, et pour diverses autres raisons, la pièce ne s’impose pas. L’auteur revoit alors sa copie et propose une nouvelle version de l’oeuvre le 16 décembre de la même année. Cette fois, ça marche, à tel point que dix années plus tard, à l’Opéra-Comique, le scénographe Auguste Rubé donnera ses lettres de noblesse à un décor qui sera visuellement le plus abouti mais dont seules quelques esquisses ont été conservées à ce jour.

 

Quant au texte ayant inspiré cet opéra, il ne sera édité qu’en 1859-1860.

 

Roméo et Juliette

 

Trois ans après Mireille, C’est au tour de « Roméo & Juliette » d’entrer en scène, avec une partition inspirée de la pièce de Shakespeare qui raconte l’histoire de deux jeunes gens, amoureux malgré la haine existant entre les deux familles au destin funeste.

 

La première représentation est donnée le 27 avril 1867, au Théâtre-Lyrique, au moment où se tient la deuxième Exposition Universelle parisienne. Profitant certainement de l’affluence des visiteurs à ce moment-là, « Roméo & Juliette» connait un succès immédiat avant de conquérir les salles du monde entier.

La pièce shakespearienne, datant de 1597, est publiée en français vers 1780. D’autres éditions suivront, dont celle de François-Victor Hugo.

 

Même le monde artistique se laissera séduire par le théâtre shakespearien et par « Roméo & Juliette ». Les deux héros véronais s’illustrent dès 1800 grâce aux pinceaux de Jean-Michel Denis, dit La Fontaine. Plus tard, et de façon régulière, de nouveaux épisodes sont illustrés y compris par les plus grands artistes comme Eugène Delacroix qui expose au Salon de 1846 « Les adieux de Roméo & Juliette », puis à celui de 1855 « Roméo et Juliette (scène du tombeau des Capulet».

 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Exposition « Charles Gounod et les Beaux-Arts, la constellation artistique d’un musicien », jusqu'au 18 février 2024, au Musée des Avelines, musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud, Jardin des Avelines, 60 rue Gounod, à Saint-Cloud (92)








 



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