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Nagasaki et le christianisme
(Nagasaki, Préfecture de Nagasaki, Kyushu, Japon))
Heure locale

 

Samedi 29 janvier 2011.


 

Mon arrivée à Nagasaki a lieu à la mi-journée.

Nagasaki , qui signifie « longue pointe » comptait près de 450000 habitants en 2010. Cette ville doit presque entièrement son histoire aux étrangers: Les Portugais en feront une ville prospère au XVIè siècle. Durant la période de fermeture du pays ( soit 300 ans), période connue sous le nom de Sakoku, la ville sera le seul point d'entrée pour les marchandises et la culture occidentales. Sous la période Tokugawa , la persécution des Chrétiens sera très vive , puis la ville sera à nouveau ouverte aux étrangers après la restauration Meiji. De nos jours , Nagasaki est connue comme la ville ayant ( tout comme Hiroshima) souffert des bombardements américains lors de la Seconde Guerre mondiale.

Fondée il y a environ 500 ans par les Portugais, Nagasaki n'était au départ qu'un village isolé. Les explorateurs européens qui naviguaient dans la région au XVIè siècle s'y arrêtèrent par accident: En 1543, un navire portugais s'échoua sur les rives de la préfecture de Kagoshima.

En 1549, le missionnaire jésuite François Xavier arrive au Japon. Il y restera peu de temps car il repartira en Chine en 1551 ( où il mourra quelques temps plus tard), mais il aura le temps de convertir des japonais dont des chefs de guerre ( les daimyos) parmi lesquels Sumitada Omura qui recevra par la suite une part du commerce des navires portugais de passage dans le port de Nagasaki ( qui sera construit tout comme la ville , en 1571, et sous son impulsion).

Nagasaki grandit rapidement et vit du commerce dont l'importation de produits comme le pain, le tabac, les beignets ( les tempura en tiennent leur origine), les vêtements occidentaux ou encore les gâteaux ( dont la spécialité de Nagasaki, le castella).


 

En 1587, la prospérité de la ville fut menacée par l'arrivée au pouvoir de Hideyoshi Toyotomi, deuxième des trois unificateurs du Japon, durant la période Sengoku. Il combat en effet, aidé de 150 000 hommes, dans le Kyushu ,le daimyo d'alors, Yoshihisa Shimazu. Inquiet de l'influence des Chrétiens dans le sud du Japon, il ordonna aussitôt leur expulsion. Or, le daimyo Omua avait offert aux jésuites un contrôle partiel de la région administrative de Nagasaki. Les Chrétiens japonais et étrangers furent persécutés et Hideyoshi fit crucifier 26 d'entre eux ( six missionnaires étrangers et vingt chrétiens japonais dont Paul Miki) le 5 février 1597, pour usurpation de pouvoir. Un monument a été érigé en leur mémoire en 1962. Il est à deux pas de la gare de Nagasaki.

Prison individuelle de l'époque


 

Le monument des 26 martyrs fut créé par Takayama Ukon , daimyo ( chef de guerre) converti au christianisme à l'époque Sengoku. Arrêtés à Kyoto et à Osaka, dix ans après la promulgation d'un décret interdisant la pratique du christianisme au Japon, les 26 chrétiens furent envoyés à Nagasaki où ils furent crucifiés, après une marche de mille kilomètres dans la neige. Ces martyrs seront canonisés par le Pape Paul IX en 1862.

Le 5 février 1597 n'est que le premier des nombreux martyrs japonais qui auront lieu à l'encontre des Chrétiens dans ce pays.

Juste à côté de ce monument se trouve le Musée du Sanctuaire des 26 martyrs. Ce musée, créé le 6 juin 1962 à l'occasion du centième anniversaire de la canonisation des premiers martyrs) fut fondé par la Société de Jésus.

IL décrit, en dix étapes, l'histoire de la Chrétienté au Japon.

Tout commence par un incident qui a lieu le 19 octobre 1596: Un galion espagnol, le San Felipe , venant de Mexico, s'échoue sur la côte de Shikoku. Le capitaine du navire refuse d'obtempérer aux ordres des autorités japonaises qui veulent confisquer le navire. Ce qui occasionnera l'arrestation et la crucifixion des 26 premiers martyrs, en signe de représailles.

La zone 1 du musée aborde le voyage de ces martyrs, tandis que la zone 2 parle de l'évangélisation au Japon ( qui commencera le 15 août 1549 avec l'arrivée de Saint François Xavier ainsi que deux autres jésuites sur l'île.


 

Ci-dessus, une lettre originale de Saint François Xavier à John III , Roi du Portugal, datant du 16 mai 1546.


 

La zone 3 du musée est consacrée à l'acceptation, au développement et à l'échange. Le christianisme aidera ainsi le Japon à se moderniser , grâce à l'apport de techniques, à l'installation d'hôpitaux, et à la mise en place d'un système éducatif. Une première délégation d'étudiants japonais se rendra en Europe dès 1582.

La zone 4 nous évoque la persécution et les martyrs. On apprend ainsi que sous le clan Tokugawa, les Chrétiens seront plus particulièrement chassés. D'abord convoitée par les Portugais, Kyushu le sera par les Hollandais qui trouveront là un bon filon commercial. La concurrence commerciale s'accroit alors entre les deux pays. Et la peur du pouvoir japonais augmente, et provoque un développement de nouvelles persécutions dès 1614 ( avec l'expulsion de Chrétiens). Puis les martyrs de Kyoto en 1619, d'EDo en 1623, de Unzen en 1627 , d'Owari en 1667. On comptera 250 000 chrétiens martyrisés au Japon ( dont 42 furent canonisés et 393 béatifiés). Rien que sur la colline de Nishizaka ( le lieu de crucifixion des 26 martyrs) , on en comptera 600.

Le temps passant, la rébellion de Shimabara s'organise contre le clan Tokugawa. Son chef est un jeune chrétien de 17 ans, Amakusa Shiro qui mobilise les paysans japonais. Les causes de ce soulèvement n'étaient pas uniquement religieuses mais il se trouve que ces gens étaient portés par la foi chrétienne. Les missions jésuites implantées depuis plus d'un siècle dans ces régions pauvres rencontraient un vif succès , au point de provoquer la conversion de certains daimyos. Le 27 janvier 1614, le Shogunat Tokugawa promulgue un décret prévoyant de renvoyer les missionnaires vers Nagasaki pour les faire embarquer ensuite pour Macao. Les Chrétiens désormais seuls, furent persécutés vingt années durant. D'autre part, la paysannerie se voyait réclamer de plus en plus d'impôts. Fils d'un samourai chrétien, Amakusa Shiro fut alors nommé chef des rebelles. Cette révolte s'éternisera, plusieurs attaques des armées japonaises furent repoussées et ce sont finalement les Hollandais et leurs canons qui auront raison des assiégés. Le massacre durera trois jours et la tête décapitée d'Amakusa sera envoyée à Edo.

Le Glory Hall (ci-dessus) commémore la vertu des martyrs. Des reliques sont contenues dans un petit coffre. Une lumière bleue ( comme l'espoir) jaillit de l'endroit. Et la fleur de prunier représente février, le mois de la crucifixion, c'est en effet en février qu'apparaissent les premières fleurs de cet arbre.


 


 

La zone 5 évoque la pratique cachée du Christianisme après tant d'années de persécutions. On évoque ces Chrétiens japonais de l'ombre, les Kakure Kirishitan (dont les traditions disparaissent peu à peu, par manque d'adeptes nouveaux) . La zone 7 porte un regard sur le Christianisme en général. En zone 8, on nous parle de ce qui se passait à cette époque dans le monde ( avec l'expansion du Portugal et de l'Espagne en direction de l'Asie, puis l'expansion de la Chine).

Le Japon, 500 ans après l'arrivée de Saint François Xavier, est abordé en zone 9. Au deuxième étage (2F) , on peut admirer une grande fresque montrant le chemin des martyrs.

De nombreux objets sont présentés dans les vitrines et viennent enrichir cette passionnante visite.


 

Juste un peu plus haut se trouve la cathédrale d'Urakami dont la construction originale fut achevée en 1925 après trente années de travaux. Autrefois la plus grande église d'Orient, cette cathédrale fut soufflée par la bombe atomique du 9 août 1945.

Un autre monument célébrant la présence chrétienne à Nagasaki est l'église catholique Oura , achevée en 1865 sous la supervision d'un missionnaire. Elle fut érigée en mémoire des martyrs chrétiens exécutés en 1597. De style néo gothique, on peut y admirer de superbes vitraux. Elle a été depuis classée Trésor national du Japon.

Juste à côté se trouve le jardin Glover, à proximité duquel ont été rassemblés plusieurs bâtiments de style étranger datant de l'époque Meiji . Une de ces maisons appartenait à un riche commerçant anglais, Thomas Glover, qui installa à cet endroit une société de négoce en 1859. Du jardin, on peut admirer la ville de Nagasaki et son port.


 


 


 


 


 

INFOS PRATIQUES:


  • Sanctuaire des 26 martyrs: En sortant de la gare de Nagasaki, traverser l'avenue en face de la gare ( avec lignes de tramway) en empruntant un pont pour piétons, puis redescendre de l'autre côté en prenant sur votre gauche ( vous apercevrez en bas des escaliers un panneau annonçant le monument à 200 mètres. Marcher tout droit jusqu'au bâtiment de la NHK ( TV japonaise). Là, prendre sur votre droite ( un autre panneau vous y invite) et grimper une côte raide, puis tourner à gauche et vous y êtes: 10 minutes à pied.

    Musée du sanctuaire des 26 martyrs, Nishizaka-machi 7-8 , NAGASAKI. Tel: (095) 822 6000. Email: martyrs@hotmail.com. Http://www.26martyrs.com , ouvert tous les jours e 9h00 à 17h00. Entrée: 500 yens ( paiement en liquide uniquement). Interdiction de photographier à l'intérieur du musée. Possibilité de confier votre bagage à la réception le temps de la visite. Explications traduites en anglais, coréen et japonais. Pour des informations complémentaires, demandez à parler à Renzo De Luca , directeur du musée et argentin d'origine ( mais parlant très bien l'anglais). Il se fera un plaisir de répondre à vos questions.

  • Cathédrale de Urakami, 1-79 Motoo machi Nagasaki-shi. Arrêt de tram: Matsuyamamachi. http://www1.odn.ne.jp/uracathe/

  • Eglise catholique Oura , arrêt de tram: Oura Tenshudo-shita. 5-3 Minami Yamate-Machi , agasaki-ken . Tel: (095) 823 2628. http://www1.bbiq.jp/oourahp/

     













 



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