Dimanche 6 mars 2011
Rien de tel que de visiter le bassin d'Arcachon en bateau! On embarque jetée Thiers ( où on achète également son billet). Il doit de préférence faire beau comme ce dimanche après midi . Nous embarquons avec une quarantaine de personnes sur un bateau confortable piloté par celui qui nous servira aussi de guide. La croisière durera 1h45 avant de regagner la terre ferme.
La marée est basse mais a commencé à remonter. C'est l'occasion de prendre conscience du mouvement de l'eau qui a lieu à chaque marée: La petite mer intérieure que représente le bassin diminue de quatre fois sa surface lorsque la mer se retire, laissant ainsi apparaître de nombreux bancs de sable et les parcs à huitres. C'est alors un paysage complètement différent qui s'offre à nous.

Nous suivons un chenal, qui , lui ,reste praticable à tout moment. Ce sont chaque jour 370 millions d'eau qui sont échangés entre le bassin et l'océan atlantique. Les oiseaux marins sont nombreux autour de nous, il faut dire que le bassin d'Arcachon offre un climat doux avec un ensoleillement important toute l'année ainsi qu'une abondance de nourriture favorable aux oiseaux migrateurs.

Tiens, nous apercevons maintenant les cabanes tchanquées sur notre gauche. Encore une curiosité du bassin. Ces cabanes, situées sur le domaine public maritime, appartiennent à l'Etat français. Depuis le XIX ème siècle, deux cabanes tchanquées font partir du paysage du bassin, populairement surnommées « cabanes à échasses ». La première fut édifiée en 1883, par Martin Pibert et permettait la surveillance des parcs à huitres tout autour. Elle sera détruite par une tempête en 1943. Deux ans plus tard, un Arcachonnais bâtit une autre cabane à quarante mètres de l'ancienne, afin de l'utiliser comme lieu de plaisance. La deuxième cabane fut construite au début des années cinquante. C'est aujourd'hui le Conservatoire du littoral et l'Etat qui en sont devenus les propriétaires mais la gestion en a été confié à la municipalité de La Teste de Buch.On ne peut donc pas devenir propriétaire d'une d'une cabane tchanquées mais on peut en être locataire pour une durée de cinq années renouvelable en détenant une autorisation d'occupation temporaire. Les titulaires doivent être en totale conformité avec un cahier des charges architectural pour ne pas porter atteinte au patrimoine. Lorsqu'une cabane tchanquée est vacante, une déclaration est faite à la mairie et dans la presse locale afin d'informer le public. Les personnes intéressées pour louer la cabane déposent une demande d'autorisation provisoire. Les titulaires de l'autorisation doivent respecter certaines règles: Occuper la cabane tchanquée à titre personnel ( il est interdit de la sous-louer), protéger le patrimoine architectural et son environnement, ne pas résider en permanence dans la cabane, ne pas exercer d'activité commerciale sur l'île aux oiseaux, ne pas faire de travaux à l'extérieur de la cabane ni autour de celle-ci.
Les cabanes tchanquées sont ancrées dans le sable, hissées sur des piquets de bois. Construites comme des cabanes d'ostréiculteurs, elles ne sont qu'un lieu de passage et le confort en est donc spartiate ( la présence d'une cheminée permet tout de même de faire un feu à l'intérieur pour se chauffer). Elles sont devenues aujourd'hui de véritables cabanes de loisirs.
A l'intérieur, une cabane tchanquée d'environ 135m² abrite trois chambres, une grande salle à manger, une grande pièce intérieure agrémentée d'une cheminée. On utilise du gaz pour l'éclairage et pour faire la cuisine. On récupère les eaux de pluie qui sont stockées dans des cuves et servent aux usages courants et pour se laver.


Nous apercevons à côté des cabanes tchanquées l'île aux oiseaux. Elle serait soit un ancien banc de sable, soit les restes d'une haute dune. Sa superficie varie en fonction de la marée ( de 300 à...3000 hectares). On y parquait autrefois vaches et chevaux jusqu'à ce qu'une forte tempête n'engloutisse les troupeaux en 1714 et en 1882. Elle devint alors un terrain de chasse et de pêche mais aussi un lieu de refuge important pour les oiseaux migrateurs. Des excursions sont régulièrement organisées vers ce site classé , lieu de rendez-vous des plaisanciers. On trouve même sur place un puits d'eau douce artésien.

La pinasse est une embarcation typique du bassin d'Arcachon et du littoral gascon. Longue, étroite avec l'avant très relevée, elle est à fond plat et construit traditionnellement en pin des landes. Marchant à la voile ou au moteur, la pinasse est redevenue très populaire de nos jours et est utilisée désormais pour la promenade, la plaisance et les régates. En 1727, on rencontre ainsi des pinasses du côté de Saint Girons, Mimizan et sur le bassin d'Arcachon. Le bateau sert alors à pêcher. En 1841, les premiers touristes s'offrent déjà des promenades en pinasses dans le bassin et dans les années 1860, les premiers ostréiculteurs modernes les utilisent pour se rendre dans leurs parcs à huitres. A partir de 1982, des habitants locaux remettent en état d'anciennes pinasses abandonnées, tandis qu'on en construit même une neuve dans un chantier en 1985 et une association, l'Amicale des pinasseyre rassemble les anciennes pinasses pour les restaurer et en construisent de nouvelles. On en compte aujourd 'hui 32 ( dont 22 participent à des compétitions).

Le pilote du bateau qui connaît bien sa région et donne des informations détaillées pendant la croisière nous annonce maintenant Andernos-les-bains à l'horizon. Site préhistorique, la bourgade gallo-romaine fut envahie par les Barbares, et l'on peut trouver des vestiges du côté de l'église Saint Eloi. Le château d' Andernos , classé bien national, n'est situé qu'à un kilomètre du bassin et de l'église. C'est en 1898 qu'Andernos a pris la dénomination « les-bains ».

Le bateau longe ensuite la côte le long des petits villages d'ostréiculteurs : Claouey, Les Jacquets, Petit Piquey,Grand Piquey, Piraillan, sans oublier L'Herbe et Canon, avant d'apercevoir au loin le phare du Cap Ferret.
C'est l'occasion de découvrir côté mer ces cabanes en bois d'ostréiculteurs, ces petites plages , ces villas magnifiques qui ont parfois une histoire et se sont invitées dans le paysage. On découvre ainsi l'Hôtel Chanteclaire (1ère photo ci-dessous) où Jean Marais et Jean Cocteau descendaient en vacances et se baignaient nus le matin dans le bassin, ce qui créait une certaine émotion aux alentours. Puis la villa construite par Le Corbusier ( 2ème photo ci-dessous) , et la Villa de La Madeleine (3ème photo ci-dessous) qui fut la première villa construite sur la presqu'ile du Cap Ferret.



On aperçoit aussi, sur le commune de l'Herbe l'endroit où fut autrefois érigée la Villa Algérienne ( photo ci-dessous). D'inspiration mauresque, cette vaste construction fut bâtie en 1865 par Léon Lescat, un français qui avait fait fortune en Algérie en construisant notamment le port d'Alger. Un magnifique parc de 25 hectares entourait la maison qui fut laissée à l'abandon à la mort de son propriétaire en 1913. Démolie en 1965, elle laissa place à une construction moderne sans attraits. La photo montre la Chapelle de la Villa Algérienne qui est actuellement restaurée. Construite après la villa, et réservée à l'époque au seul usage de la famille Lescat, cette chapelle de L'Herbe offre également un style mauresque. A son sommet, on peut observer l'union de la croix et du croissant. Cette chapelle a survécu depuis à l'histoire. Léon Lescat avait à l'époque introduit la culture de la vigne et l'exploitation rigoureuse de la forêt, et même celle du mimosa qui orne si magnifiquement les jardins de nos jours.

Nous arrivons bientôt devant l'entrée du seul port entrant dans le village et situé dans la presqu'ile du Cap Ferret : Le petit port de La Vigne, construit en 1960 sur l'emplacement d'anciens réservoirs à poissons. Le créateur de ce port privé avait, dit-on, trouvé l'astucieuse idée de vendre les emplacements...27 fois! Cet intéressant concept lui permit de partir couler des jours heureux au Vénézuela. Aujourd'hui, les 300 anneaux de ce petit port ne suffisent plus à répondre à la demande sans cesse croissante du milieu plaisancier.

Nous remontons progressivement la côte en direction de la pointe du Cap Ferret et laissons le phare à notre droite. Puis nous mettons le cap sur la dune du Pyla. S'étendant sur une longueur de près de 3 kilomètres et une largeur de 500 mètres, la dune du Pyla reste la dune la plus haute d'Europe avec ses 117 mètres. Mobile, elle avance continuellement en gagnant du terrain vers l'intérieur des terres, en direction de la forêt. On évalue son volume à environ 60 millions de mètres cube de sable.

Nous terminerons cette croisière en longeant Arcachon. Nous apercevons au passage de célèbres villas de la ville d'été, qui furent habitées par Coco Chanel ou par d'autres personnages illustres. Au loin, le Casino actuel a trouvé refuge dans le Château Deganne, construit en 1853 par Adalbert Deganne , dans un style néo-renaissance et en bordure de plage. Le belvédère Saint Cécile surplombe la Ville d'Hiver, permettant ainsi de profiter d'une vue splendide sur les environs. Ainsi se termine une superbe balade que je vous conseille fortement si le temps le permet !

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