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Kobé et le quartier de Kitano
(Kansaï, Japon) |
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Dimanche 22 mai 2011
Me voici aujourd'hui à Kobé. L'un des premiers ports qui pratiqua autrefois les échanges commerciaux avec les Occidentaux lors de la réouverture du pays aux étrangers en 1868. Elle abrite actuellement une vaste communauté étrangère dont des Chinois, des Coréens qui cohabitent avec des Européens, des Américains et des Indiens. On parla beaucoup de Kobé lors du triste évènement que fut le tremblement de terre de 1995, qui fit plus de 5000 morts. Je choisis de me rendre à Kitano-cho, un quartier de la ville riche de ses maisons étrangères. En effet, lorsque Kobé fut désignée, au début de la période Meiji, comme l'un des grands ports internationaux du Japon, de riches négociants étrangers ainsi que des diplomates construisirent leurs maisons dans ce quartier. Il en reste aujourd'hui plus d'une vingtaine de riches demeures ouvertes au public. Dont des ijikan (maisons faites de pierres et de bardeaux, construites dans le style gothique victorien). Ce quartier témoigne d'une élégance européenne de fin de siècle. Je suis descendu dans un hôtel à proximité de la gare ferroviaire de Sannomiya et il ne me faut qu'une bonne vingtaine de minutes pour rejoindre à pied ce quartier Kitano. Kobé est une ville très active, située entre mer et montagne. J'aperçois déjà sur les hauteurs les nuages qui enveloppent les sommets. Pourvu qu'il ne pleuve pas! Je suis arrivé de Paris il y a seulement quelques heures et je me sens un peu vaporeux. La pluie ne ferait que gâcher un peu plus mon séjour, mais on ne choisit pas le temps qu'il fait. Dans la rue, je remarque ici et là quelques statues de femmes nues, une idée originale qui je l'espère ne distrait pas trop les conducteurs (photo ci-dessous). L'une d'entre elle semble régler la circulation.
Plus grande ville située dans la préfecture de Hyogo, Kobé comptait 1,5 million d'habitants en 2010. Kobé est avant tout connu pour son bœuf de renom. Et pour son quartier européen. Je découvre par hasard que cette ville est (entre autre) jumelée avec Marseille depuis 1961. Ses contreforts me font étrangement penser à Montmartre par endroits. Lorsque j'atteins le quartier Kitano, des jardins en espaliers me rappellent les vignes plantées à flanc de coteaux dans le quartier parisien. Une ambiance similaire se dégage d'ailleurs des lieux. Beaucoup de Japonais se promènent dans ces rues pleines de charme. Attiré par des applaudissements, je tombe sur une place: la Kitano no Plaza (Place de Kitano) , endroit circulaire accroché à la colline où se produit une jaune artiste nippone avec son singe qui exécute des figures acrobatiques (regardez la vidéo dans la section médiathèque). Plusieurs dizaines de spectateurs, japonais pour la plupart ,jouissent de ce spectacle gratuit. A l'entrée de cette place est fixée une place symbolisant le « quartier de l'amitié ».
A deux pas de cette place se trouve une magnifique maison allemande, Weathercock House. Cette demeure de deux étages , d'une surface totale de 607 m², appartenait à un riche négociant de Kobé, G.Thomas. La maison est unique dans ce quartier de Kitano à cause de ses murs extérieurs en briques colorées, différents des autres ijikan. Le coq girouette en métal, perché au sommet de la maison fait plus que de donner le sens du vent. Il éloigne aussi les esprits maléfiques et promeut le catholicisme en veillant sur la nature environnante. La maison possède une vaste entrée, un parloir, un salon, une salle à manger et un bureau (à droite en entrant) dont le plafond est en forme d'ombrelle (photo). Au deuxième étage se trouvent une salle où l'on prenait le petit déjeuner, la chambre des propriétaires ainsi qu'une chambre d'amis , et une nurserie.
Le style architectural est fortement marqué par la tradition allemande tout en reflétant le style Art Nouveau de la fin du XIX ème et du début du XX ème siècle. Chaque pièce reste cependant unique. Ainsi, les visiteurs peuvent-ils remarquer les poignées de style Art Nouveau qui ornent les grandes portes en bois du premier étage. On retrouve ce style également dans les luminaires du salon. En levant la tête, vous apercevrez un plafond rappelant le style médiéval, avec ses poutres de bois. C'est l'architecte allemand G. De Lalande, qui conçut cette demeure et fut le maître d'œuvre d'autres maisons au Japon. Une importante restauration des lieux , de 1983 à 1985,permit de redonner tout son cachet d'antan à la Weathercock House.
Un peu plus en contrebas, se trouve une autre maison, celle de Monsieur Parastin qui était un négociant russe et qui vivait à cet endroit. Aujourd'hui, cette maison peut être visitée gratuitement. Malheureusement, elle était fermée lors de mon passage car de jeunes mariés japonais y célébraient leurs noces. En temps normal, vous pouvez y passer un moment agréable, et un café vous accueille à l'intérieur.
A l'angle de l'avenue Tenjinzaka et de la rue Kitano, j'aperçois l'ancien consulat du Panama: Construit durant la période Meiji, ses murs blancs avec ses touches vertes accrochent le regard. Un bâtiment séparé se trouvait à proximité et était destiné aux domestiques (pratique alors courante dans les demeures étrangères). Rien n'a bougé à l'intérieur: Salle du Conseil, salle à manger, salon et chambres ont gardé le même aspect. On imaginera alors la tenue de banquets avec ses riches invités, fraichement débarqués des bateaux de croisière accostés dans le port quelques heures auparavant.
De l'autre côté de la rue Kitano, presque en face de l'ancien consulat, je m'arrête quelques instants à la England House (Maison de l'Angleterre) qui fut un temps la résidence d'un certain Docteur Fdesck. Une Rolls Royce un peu poussiéreuse trône dans le jardin à l'entrée. On profite d'une meilleure vue extérieure sur l'ensemble de la demeure par l'arrière (photo ci-dessous). La maison fut construite sous l'ère Meiji dans le style colonial, mélangeant le Baroque avec le style Victorien. L'intérieur est magnifiquement conservé:Des meubles et des objets anciens ainsi que des peintures donnent un avant goût de ce qu'était la vie anglaise à cette époque. Au premier étage, une reconstitution d'une pièce évoquant les enquêtes de Sherlock Holmes , le grand détective, vous replonge dans l'ambiance. Le soir, le bar « King of Kings » est un endroit très fréquenté ( photo).
A côté de la England House se trouve Yokan Nagaya ( maison française) , une autre ijikan. A l'origine, cette demeure servait de lieu d'hébergement à des étrangers. Désormais, on y trouve du mobilier et de l'art français.
Le Traité d'amitié et de commerce, signé en 1858 entre le Japon et les Etats-Unis permit l'ouverture du port de Kobé dès 1867. Pour marquer cette occasion, une zone de 27 hectares de terres fut consacrée aux étrangers à proximité de la zone portuaire , à l'endroit même où ces derniers installaient leurs activités de commerce connues alors sous le nom de « hongs ». L'aménagement de ces terres fut conçu par J.W.Hart, un ingénieur civil britannique et par Ito Hirobumi, le premier gouverneur de la Préfecture de Hyogo. On construisit en 1873 un paysage de type européen. A partir de 1887, de nombreux négociants occidentaux ayant conforté leurs affaires se lancèrent dans la construction de riches demeures. Le village de Kitano allait ainsi naître. Dans la rue Yamamoto se trouvent toujours de nos jours de superbes résidences occidentales (ijikan) en bois érigées durant la période Meiji et au début de l'ère Taisho. Conçues par des architectes étrangers, es demeurs furent d'abord utilisées à la fois comme lieu de résidence et de commerce, puis, un peu plus tard, uniquement comme lieu de villégiature. Les salons et les chambres furent plus élaborés. On compta jusqu'à une centaine de ijikan au plus fort de la construction. Il en reste aujourd'hui guère plus de vingt. Chaque maison a son propre style et évoque la nostalgie d'une époque révolue. Le quartier de Kitano fut, pour cette raison, désigné en 1980 comme quartier historique.
Je termine ma visite en découvrant la Rhine House, très jolie et vaste demeure allemande érigée en 1915 sur deux niveaux. L'ensemble de la bâtisse fut ouverte au public dès 1976 et reçut alors son nom actuel: Rhine House. En 1995, lors du terrible tremblement de terre de Kobé, la demeure fut gravement endommagée, sa cheminée s'effondra et les murs intérieurs se fissurèrent. D'importants travaux permirent à cette maison de retrouver son aspect d'autrefois. On y trouve un salon, une salle d'exposition et une boutique de souvenirs. Au deuxième étage, on vous explique l'histoire des ijinkan de Kitano et le fameux tremblement de terre de Kobé en 1995.
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